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Cédric Huntzinger

Brighton.
Une fois prise la ferme décision de consacrer sa vie à l’écriture, d’adolescent complexé, il s’était petit à petit métamorphosé en un monstre d’égocentrisme. Lui qui autrefois se voyait comme une itération pâlotte et sans saveur de Steve Urkel, se pensait aujourd’hui la juste réincarnation littéraire de Byron et Bukowski. Le point commun entre les trois ? Le « B » de branleur.
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œuvres
1
défis réussis
7
"J'aime" reçus

Œuvres

Défi
Cédric Huntzinger

L’envol, libéré de toutes contraintes l’espace d’un instant, d’un trop court instant. Puis la chute, implacablement la gravité reprend ses droits. Le sort en est jeté. La fin ne fait plus mystère. Du côté de ses proches, son choix ne fera probablement pas sens. Les pourquoi se multiplieront, mais lui sait. Il sait que son geste tout irrationnel qu’il semble n’en reste pas moins un acte de liberté.
 
Soudain la moindre parcelle de son corps, n’est plus que douleur. Brisé, gisant sur le sombre asphalte, laissant s’échapper fluides corporels et derniers souffles de vie, il s’éteindra sous peu. L’adrénaline et l’exaltation de la chute ne sont plus qu’un lointain souvenir. La raison de tout cela, elle n’a plus vraiment d’importance. Ne reste que la douleur, sourde et cruelle. Glaçant, pernicieux, le doute s’insinue. Son esprit, confus, dans un dernier effort tente de justifier l’acte. Carrière professionnelle en berne, calvitie naissante, rage de dents latente, cette fille qui, après lui avoir dit que l’éternité se vivrait désormais à deux, a trouvé du réconfort dans les bras d’un autre ? Non, tout cela semble dérisoire face à l’inéducable. Le mal se doit d’être plus profond, on ne s’inflige pas cela pour de telles broutilles.  
 
Alors qu’urine et sang s’écoulent le long des gris interstices du trottoir, le romantisme fantasmé de l’acte tout juste accompli ne lui semble plus qu’un lointain souvenir. Reste ce besoin, dorénavant désespéré, de sens. Le monde ou plus précisément la société a tout du parfait alibi.  Populismes et extrémismes de tous bords étendant chaque jour leur ombre sous les hourras hystériques d’une foule qui, s’étant fait entuber trop longtemps, s’entiche, dans un désir morbide de revanche, du premier débile venu ? Indéniablement inquiétant, mais étant d’un naturel egocentré, et même si l’idée de laisser tous ces connards derrière lui a un je ne sais quoi d’enivrant, il n’y avait pas là non plus matière à vouloir en finir.
 
Il n’en a plus pour très longtemps, il lui faut essayer de procéder avec logique. Quand ce dessein lui a-t-il pour la première fois traversé l’esprit ? C’était il y a deux semaines, une soirée chez des amis comme tant d’autres. François expliquait à Aline, avec le plus grand sérieux, comment il se montrait désormais beaucoup plus sélectif dans son choix de contacts Facebook. Aline lui répliquant non moins sérieusement qu’elle avait aussi récemment changé sa « politique Facebook ». S’en était suivi un looooonnnngggg débat sur le sujet.
Soudain, l’évidence lui était apparue. Comment garder foi dans une société où disserter à propos de sa politique Facebook, oui FACEBOOK, d’acceptation, refus, tri (sélectif ou non) d’amis virtuels, passait pour un sujet d’importance au moins aussi capital que la famine au Darfour ? « Quoi, tu acceptes toutes tes demandes ? Mais tu ne lui as parlé que deux fois ! Tu devrais créer des listes pour trier tous ces gens que tu acceptes. »
Brillante idée ! Pourquoi ne pas aller plus loin et mettre sur pied une hiérarchie décroissante ou croissante, des amis proches aux péquins de bases et quelques trous du cul acceptés lors d’une soirée trop bien (peut-elle l’être ?) arrosée ?
Comme si ce genre de réseaux sociaux n’avaient de toute façon pour autres fonctions que de montrer à nos proches, collègues, ex, futurs coups, râteaux d’un soir à quel point notre vie semble exceptionnelle ! « Regarde-moi un peu ces putains de vacances aux Seychelles, cette nouvelle paire de nichons payés rubis sur ongle. Tu regrettes bien maintenant connard de m’avoir royalement ignoré tout au long de mes tristes années collèges. Et tout ça pour quoi ? Parce que la fée puberté n’avait pas daigné toucher mon solitaire petit lit d’adolescente de sa baguette hormone ? » « Regardez comme de ringard de compétition, je me suis, comme par enchantement et à grand coup de chéquiers (la chirurgie dentaire, ça a un prix), de crème auto-bronzante, de costards à trois plaques et d’abonnement au cross fit center, métamorphosé en un monstre de coolitude. »
Bon évidemment, tout cela ne reste finalement que poudre aux yeux, une paire de nibards siliconés ou un trois-pièces n’étoufferont jamais totalement la misère affective dans laquelle les gens se noient chaque jour un peu plus, entre coups minables d’un soir placés sous la bannière de la revanche et érections en bernes que porno et pilules bleues n’arrivent plus que trop rarement à dissimuler. Mais puisque les apparences sont sauves, perpétuons ce jeu de dupe et surtout, ordonnons bien nos petites listes d’amis Facebook.
 
Malgré la douleur et la peur de la fin imminente, il est apaisé, car il se souvient. Ce qui a eu raison de son envie de vivre, c’est la vacuité de l’être humain. Enfin libéré, il les laisse sans regret, eux et leur petite existence étriquée. Dans un dernier soupir, il ne peut s’empêcher de se demander s’il n’aurait pas dû clôturer son compte Instagram.
 
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Cédric Huntzinger

La vie est une liste,
Une putain de liste,
Lentement, implacablement, tu t'égares et te dilues,
Rêves, espoirs ne sont que mirages,
C'est sans issue,
ne reste que la liste.
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Défi
Cédric Huntzinger

« As-tu renoncé ?
- A quoi ?
- A ta quête personnelle, cette recherche d’absolu qui te dévorait de l’intérieur et qui me faisait si peur car te rendant insaisissable. Mais je dois avouer, à posteriori, que ça te donnait un je ne sais quoi d’irrésistible.
- Il doit y avoir erreur, j’ai toujours été quelqu’un de très « simple ». Je ne sais pas exactement ce que tu as cru voir en moi, mais je puis t’assurer que si tu as réellement perçu cette inextinguible soif, ce ne devait être que le reflet de cette flamme qui t’habite. Si tu ne la perçois plus, il est à craindre qu’elle se soit éteinte en toi.
- Ce que tu es con, parfois ! Mais je t’aime. »
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs

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