11. L'esprit ailleurs - 1/2

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J'erre dans les rues. Mon téléphone ne cesse de vibrer de tous les bruitages qu'il semble capable de produire. D'un appui prolongé, je le coupe complètement. Je marche au hasard, sillonant entre les fientes de pigeons et les lampadaires éteints. Je découvre une nouvelle ville. Éloignée du stress qui m'acompagne habituellement, je me sens étrangement apaisée par les vitrines ouvertes et les étals de marchands.

C'est de cette façon que, une demi-heure plus tard, j'atterris devant le MiIlazzo. Je fixe distraitement l'enseigne lumineuse rouge, me demandant comment j'ai bien pu en arriver là ?, en clignant des yeux avant de me résoudre à entrer.

Dès la porte poussée, une agréable odeur de pain chaud et de fruits frais envahit mes narines affamées. J'avance de quelques pas, observant le décor autour de moi. La première et dernière fois que je suis venue, il faisait nuit noire et nous n'étions éclairés que par de faibles ampoules au mur. En plein jour, je vois le restaurant différement : il me semble chaleureux et convivial, tout le contraire de ce que j'avais imaginé la dernière fois. Toutes les tables sont prises par des familles, des couples ou pour des dîners d'entreprise. Je me faufile entre les serveurs souriants et les poussettes encombrantes pour atteindre le comptoir. Une sublime fille, la vingtaine et de belles boucles rousses qui lui tombent sur les hanches tient la caisse, tout en tendant une sucette à une petite fille et débarbouillant le visage d'un bébé baveux. Je m'approche doucement et commence à distinguer les douces paroles qu'elle prononce à l'intention des enfants :

- Hajina, attends, je vais enlever le plastique. Ne cours pas avec. Oh non Igmar, tu en as encore mis partout !

Je souris faiblement, le souvenir des évenements précédents peinant à disparaître. Je me racle la gorge pour attirer l'attention de la femme. Elle se tourne vivement vers moi, sa main encore en suspens au-dessus de la joue du petit Igmar.

- Oh excusez-moi, mademoiselle ! Je ne vous avez pas vu arriver.

Elle se redresse et essuie ses mains sur son tablier à l'effigie de l'établissement.

- Que puis-je faire pour vous ? demande-t-elle.

Maintenant que je la vois en face, je suis subjuguée par sa splendide beauté. Mon regard se tourne vers son badge : Nicola y lis-je. Je réussis enfin à bafouiller quelques mots qui sonnent étrangement à mes oreilles.

- Je... je cherche Charlie Milazzo.

Ses fins sourcils clairs se plissent alors qu'à côté d'elle, la petite Hajina lèche bruyamment son bonbon.

- Vous voulez dire Cesare, j'imagine ?

J'avais oublié que Charlie n'était pas son véritable prénom mais seulement l'addition des initiales de chacunes de ses appellations.

- Oui, oui, c'est ça.

- Qui dois-je annoncer ?

Ma première réaction est de relâcher mon souffle. Je ne m'étais même pas rendue compte que j'avais arrêté de respirer. Charlie est mon dernier espoir, je ne sais pas ce que j'aurais pu faire s'il n'avait pas été là.

- Kayla.

De grandes dents blanches se dévoilent alors qu'un sourire explose sur son visage.

- J'ai tellement entendu parler de toi ! Cesare ne dit que du bien de toi.

Mes joues se teintent de rose.

- C'est gentil de sa part.

- Est-ce que ça te dérangerai de garder un instant ces petits monstres, le temps que j'aille chercher ce feignant de Cesare ?

- Oh non, au contraire.

Nicola me remercie et me tend une cuillère en plastique machouillée par le temps, que j'estime devoir mettre dans la bouche d'Igmar.

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