9. Sa haine dans les pages d'un manuel - 2/3

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À grands pas, je me dirige vers elle. Mon attention entière reste fixée sur Hailey, ses talons aiguilles d'au moins cinquante centimètres, son sac en peau de crocodile et fourrure de léopard à la main, sa manière de rire et de sourire hypocritement. Son bras serre fermement celui de Noah, comme s'il était sa propriété, et ses deux acolytes, Alberta et Olympe, placées comme deux chiens de garde autour d'elle font rempart avec l'exterieur. À elles trois, elles ressemblent à un Cerbère en habits de marque, gardien de l'enfer lycéen.

Elle n'a pas le temps de me voir arriver que je déboule à tout allure et m'incruste entre elle et Sourire-en-coin. Je plaque le petit mot responsable de mon apparition, désormais corrigé au stylo rouge, contre le casier. Et sans un bonjour à personne, je commence ma réplique.

- Pour commencer, Hailey, tranquille s'écrit quille pas kil. Si tu suivais les cours au lieu de te remaquiller ou d'essayer de détruire la réputation de quelqu'un, tu le saurais aussi bien que moi. Ensuite, les pages d'un manuel, c'est pas super pour transmettre un message. Imagine que je dorme en cours de maths, je ne l'aurais jamais eu. Pas très malin de ta part.

J'ouvre mon sac tout en poursuivant le discours enragé que j'ai eu le temps de peaufiner toute la journée et en sort un livre intitulé : Comment haïr quelqu'un en vingt leçons. Je lui fourre entre les mains et elle est ainsi contrainte de lâcher un Noah incrédule. Du coin de l'œil, je le vois se masser l'avant-bras du plat de la main.

- Tiens, ça devrait t'aider. Ensuite, j'aimerais que tu m'expliques en quoi je suis une s*lope. Pour ça, il aurait fallut que, je ne sais pas moi, j'embrasse plusieurs garçons à la fois, ou quelque chose dans ce genre là. Ce qui n'est pas le cas, je te l'assure. Par contre, si quelqu'un ici mérite bien ce surnom, c'est toi, pas moi.

Livide, ses jointures blanchies contre l'arrête du livre qu'elle enserre entre ses griffes colorées, elle réussit enfin à ouvrir la bouche :

- Moi ? N'... n'importe quoi ! Tu n'as aucune preuve.

Un instant, elle croit réellement à ce qu'elle avance.

- Tu veux peut-être que je parle de Maxime, de Joshua, Lenzo, Sabri, Ralph...

Elle jette un regard paniqué à Noah qui a la bouche grande ouverte de stupéfaction. Je comprends qu'il faut que je m'arrête avant que les représailles ne soient définitivement invivables. Car je sais que ne m'en sortirais pas comme ça. Après ma tirade, elle se fera un plaisir de faire de ma vie un enfer désertique et glacial. J'en suis parfaitement consciente. Mais je ne pouvais tout simplement pas continuer comme ça. Il fallait enfin que je lui dise ce que j'avais sur le cœur.

Je lui offre un salut théâtral et la plante au milieu de ses amies aux sourcils froncés, de son petit ami largué au milieu de mes mots. Et surtout, le plus important, au centre d'un couloir bondé de spectateurs.

Me rappelant d'une dernière chose, je me retourne au dernier moment pour sortir un ultime argument :

- Si tu veux que je laisse ton mec tranquille, c'est à lui que tu dois parler, pas à moi.

Un court instant, je croise le regard de Noah puis tourne les talons et sors du couloir.

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