7. Dans un miroir - 3/3

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J'entre doucement dans la chambre de Bryan en veillant à ne pas claquer la porte. Mais, visiblement, mon neveu est déjà éveillé. Je m'approche de son lit et il se relève sur un coude. En le voyant là, allongé sur un lit d'hôpital, si pâle, je sens les larmes me monter aux yeux. Je m'arrête un instant, et je tente de faire les disparaître en battant rapidement des paupières. Je ne veux pas que Bryan me voit pleurer. Personne ne doit jamais me voir pleurer.

Je finis par m'approcher du lit.

- Hey.

Zut, voilà que je me mets à parler comme Noah !

- Ça va ?

Il hoche la tête, un air penaud.

- Kayla, je... je suis désolé.

Des sanglots le secouent et ses yeux s'emplissent de larmes qui creusent un sillon sur ses joues. Je m'approche de lui et le prends dans mes bras. Le voir si triste me fait si mal à la poitrine que moi aussi je me mets à pleurer. Nous nous étreinons un moment jusqu'à ce que d'une voix étouffée, il déclare :

- Kayla, tu m'écrases.

Je me dégage de lui pour lui permettre de respirer convenablement. Il attrape mon visage à deux mains comme une mère le fait normalement et plonge son regard brun dans le mien.

- Je ne voulais pas te faire peur, Kayla. Je te le jure. Je voulais juste qu'elle me regarde, que pour une fois, elle me voit comme son fils et non pas comme un étranger qui habite chez elle. Mais ça n'a pas marché. Elle n'est pas venue, c'est ça ?

Je n'ai pas le cœur à lui mentir alors je hoche la tête. Résigné, il détourne les yeux et les fixe au hasard sur un néon au plafond. Moi non plus je ne veux pas parler de sa relation avec sa mère, mais il faut que je le fasse. Pour lui.

Je lui prends les mains, me préparant déjà au pire venant de cette discussion.

- Tu sais, Bryan, Belle t'aime. Je suis persuadée que tu le sais. Seulement...

Je cherche mes mots. Ceux qui doivent le rassurer. Ceux qui peuvent le sauver.

- Seulement, tu lui ressembles trop. Chaque fois qu'elle te voit, c'est son propre reflet qu'elle observe dans un miroir. Tu ne l'as jamais su, parce qu'elle voulait te protéger d'elle-même, mais quand elle a appris qu'elle était enceinte de toi, elle a voulu mettre fin à ses jours. Elle ne voulait pas que tu souffres à cause d'elle. Mais Sarah est allée lui parler et elle lui a montré toutes les joies qu'Alex et même Sam lui apportaient toute la journée. Elle l'a convaincue de vivre et tu es venu au monde. Si ta mère n'a pas voulu venir aujourd'hui, c'est qu'elle a agi de la même façon pour attirer l'attention du monde sur elle dans le passé. Tu reproduis ses actions avec quatorze ans de retard. Et ça la terrifie.

Enfin, j'ose me tourner vers lui, pour affronter tout ce que je pourrais lire dans ses yeux. Peut-être de la peur, de la tristesse, de l'horreur ou du dégoût, je n'en sais rien.

Mais c'est autre chose que j'y vois, quelque chose qui me gonfle le cœur de la taille d'une mongolfière. Ils sont remplis d'amour, de l'affection à l'état pur et des larmes. Un millier de larmes qui coulent à flot sur ses joues et atterrissent sur mes mains comme un torrent sans fin.

- Merci de me l'avoir dit, murmure-t-il si doucement que je crains de ne pas l'avoir entendu.

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