55. Les câlins du cocon

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Alexei

Le tonnerre gronde toujours au loin, mais je dois avouer que mes pensées sont bien éloignées du temps qu'il fait. Depuis que Clem est rentrée avec son tee-shirt trempé, je suis comme sur un nuage. Elle s'est en effet montrée câline et sensuelle et j'ai vraiment eu l'impression de retrouver la femme mutine qui m'avait ouvert son cœur avant de m'en expulser brutalement.

Alors que nous sommes installés sur le canapé devant la télé, nous regardons le programme qui s'achève. Cela va bientôt être l'heure de savourer les quinze minutes de célébrité offertes par le reportage. Encore quelques pages de pub avant le grand moment ! J'ai hâte et j'espère que ce sera très positif. On pourra mettre le lien sur le site internet du restaurant et cela devrait permettre de faire venir encore plus de monde. J'ai l'impression que l'opération reprise et sauvetage du Plaisir Normand est en bonne voie, ce qui me met en joie. Encore faut-il que le journaliste ait bien fait son travail !

Je caresse la nuque de ma si jolie voisine. Elle ronronne presque comme un chat et se frotte contre ma main. J'admire la vue qu'elle m'offre avec son tee-shirt coincé dans son dos qui fait ainsi ressortir la forme de ses seins comprimés par le tissu. Son legging moulant met en valeur les courbes de ses cuisses que j'imagine venir à la rencontre de mon corps excité. Je ne sais pas comment cela se fait, mais je ne pense pas pouvoir me lasser de la regarder. Elle est magnifique et me fait rêver.

— Papa, ça y est ! Ça commence ! crie ma fille, toute excitée, en tirant sur mon bras.

Clem se redresse sur le canapé et j'essaie d'arrêter de la regarder pour me concentrer sur l'émission spécialisée sur la présentation des restaurants locaux. C'est une vraie chance pour elle.

Le reportage s'ouvre sur un plan du restaurant pris par un drone qui a survolé cet endroit que j'apprécie de plus en plus. La proximité avec la mer, la plage et le port est bien mise en valeur. Les plans d'intérieur se suivent ensuite, entrecoupés d'extraits d'interview où Clem raconte et incarne le Plaisir Normand. Le journaliste la qualifie de "délicieuse" et je ne peux qu'être d'accord. Quelques images me montrent à l'œuvre sous le regard émerveillé de ma fille qui me rend si fier du chemin parcouru. Avant de conclure ce beau reportage, le journaliste s'attarde sur le rôle ambigu de Hervé et évoque dans un sourire qu'il faut une femme de caractère, une femme exceptionnelle pour relever le défi de préserver un tel joyau de la folie de prédateurs sans scrupule. Il termine en invitant tout le monde à venir nous rendre visite.

Le sourire qui rayonne sur le visage de la femme exceptionnelle est un pur bonheur.

— Eh bien ! Je crois que le décolleté l'a conquis ! dis-je, tout heureux.

— Le décolleté ? T’es sérieux ? rit Clémentine. Tout le monde n’est pas aussi obsédé que toi, Alexei, et heureusement ! J’espère bien que c’est le Plaisir Normand qui l’a conquis, et pas mes seins.

— Tu as raison, je suis sûrement un peu biaisé dans mon jugement !

— Papa ! Trop bien ! Je vais dire à toutes mes copines que mon papa et sa copine sont passés à la télé !

— Tu vas faire des envieuses avec un père comme le tien, rit Clem en la prenant dans ses bras.

— Tu crois que je pourrais faire une soirée avec les copines ici ? Elles adoreraient !

— Lisa, c’est pas bête comme idée, ça ! Clem, ça te dit d’organiser une soirée gratuite pour les enfants qui viennent accompagnés de leurs parents ? Avec un petit karaoké, par exemple. Ça pourrait être cool, maintenant que tu es une star du petit écran !

— C’est une idée oui, pourquoi pas, dit Clem, pensive.

— Tu es contente du reportage ? Moi, je trouve que c’est super ! Ton père serait trop fier s’il était là !

— Mon père ? Je ne sais pas, sourit-elle tristement. Il était particulier, tu sais… Jamais satisfait. Mais, le principal, c’est qu’on y arrive, et que ça nous satisfasse, nous. On tient la barque. Le reportage était bien, j’espère qu’il y aura de jolies répercussions.

— Moi, je suis super heureux de faire partie de cette aventure, Clem. Avec toi.

— Moi aussi ! Avec vous deux ! dit Lisa qui se joint à nous en riant.

— Hum… Je crois que ça mérite un gros câlin de groupe, ça. Enfin, je ne vous propose ça que parce qu’Hervé n’est pas là, sinon beurk !

Lisa, en entendant ça, se lève et se jette sur moi, nouant ses bras autour de mon cou et me fait plein de bisous sur la joue. Je la serre fort contre moi et constate que Clem se fait un peu attendre.

— Ben, tu ne viens pas pour le câlin ?

— Si, si, pardon. C’est juste que… Rien, on s’en fout, répond-elle en souriant et en venant se caler contre mon flanc, passant son bras autour de Lisa.

— Clem, tu peux vraiment être fière, on n’a pas encore gagné, mais le restaurant va bien, grâce à toi !

— C’est un travail d’équipe, c’est pas juste moi.

Je souris et profite de ce moment un peu hors du temps où nous sommes tous les trois enlacés. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu ma fille aussi heureuse. Clem semble elle aussi profiter de cet instant. Alors que je me lève pour finir de préparer le repas et le servir, le téléphone de Clem sonne et elle répond en visio.

— Félicitations Clem ! Super, le reportage ! T’as pas dit au beau gosse de journaliste de venir faire un reportage sur le Truck ?

— Non, Mathou, rit Clem, mais je lui ai donné ton numéro de téléphone quand il m’a fait des avances, je savais qu’il te plairait !

— Tu as donné ma photo, aussi, celle où je suis en bikini, j’espère ?

— Bonjour Mathilde ! crié-je depuis la cuisine. Tu as aimé le reportage, alors ?

— Tiens, tiens, quand on parle de beau gosse, faut que tu sois dans les parages, toi ! Tu passes bien à la caméra, Thor, ça m’a donné chaud ! Et envie de te faire bien des choses, si tu vois ce que je veux dire !

— Mathilde, calme-toi, y a Lisa aussi dans la pièce, soupire Clem en levant les yeux au ciel.

— Bonjour Mathilde.

Je souris quand Lisa s’approche du téléphone et vient faire un petit signe à la rousse qui est habillée en petite tenue sur le lit du camping-car qui lui sert de maison pendant ses voyages. Mon esprit un peu pervers me fait penser que ce ne doit pas être désagréable de lui faire les choses dont elle parle, mais je réalise aussi qu’elle n’arrive pas à la cheville de Clem qui sourit, elle, beaucoup plus franchement en discutant avec son amie.

— Lisa, ton père, il est gentil avec Clem ou il fait encore des bêtises ? Il a été sage devant la caméra, mais dis-moi ce qu’il en est dans la vraie vie.

Mathilde est toujours méfiante à ce que je vois, et je la comprends. Elle veut vraiment le meilleur pour son amie, et c’est tout à son honneur. Je reste en cuisine et écoute ce que vont répondre ma fille et Clem

— Il est super gentil ! Tu as vu qu’il s’est mis à la cuisine ? Et ils font même des bisous, répond ma fille, alors que Clem rougit et que je fais semblant d’être occupé par ma préparation d’une béchamel pour les pâtes qu’on va déguster ce soir.

— RAS, Mathilde, on en reparlera quand la petite commère ne sera pas là, répond Clémentine en décoiffant Lisa qui bougonne en riant.

— RAS ? Des bisous ? De la cuisine ? Heureusement que la petite est là, sinon j’aurais l’impression de n’être au courant de rien ! Lisa, tu as d’autres secrets à me raconter ? Des trucs qui n’étaient pas dans le reportage, hein ?

— On va manger des pâtes ce soir et c’est Papa qui cuisine !

— Et toi Mathilde, tout va bien ? demandé-je en ramenant à table les casseroles avec le repas. Le service se passe bien ?

— Thor, on s’en fout de moi ! Je veux tout savoir, bordel ! Clem, j’espère qu’il te fait voir des étoiles, au moins ! Et t’as intérêt d’être gentil, sinon, je n’hésiterai pas à malmener tes bijoux de famille, tant pis pour mes fantasmes ! Et sinon, tout va bien oui, merci !

— Il n’y a pas d’étoiles, Mathilde, c’est la tempête ici. Et je suis toujours gentil, tu le sais bien.

— J’espère que tu parles d’une vraie tempête et pas de l’ambiance, le Russe ! Parce que vous étiez canons tous les deux, et que ça me ferait bien chi… Suer, pardon Lisa, que vous ne me fassiez pas de beaux petits bébés dont je serai marraine !

— Oui ! Je veux un petit frère ! crie Lisa qui rentre dans le même délire que Mathilde.

Je lève les yeux au ciel et je laisse Clem répondre à sa copine toujours aussi folle et délurée. Je me dis que ça ne me déplairait pas de faire un petit bébé, mais pour y arriver, il faudrait déjà que tous ces propos de Mathilde ne fassent pas peur à Clem avec qui nous avons juste échangé quelques bisous depuis qu’elle a réussi à me pardonner mes erreurs passées.

— Oui bon, on ne s’emballe pas les filles, personne n’a parlé de bébé et on est loin de tout ça. Mathou, arrête tes conneries deux minutes.

Tout à coup, une voix masculine se fait entendre derrière Mathilde. Elle rougit tout de suite, ce qui est rare pour elle, et met fin à la conversation rapidement.

— Bon, les amoureux, je vous laisse. J’ai mon professeur de tennis qui m’attend pour… Une leçon particulière, rit-elle, particulièrement gênée alors que ce n’est vraiment pas dans ses habitudes. A bientôt ! Et encore bravo pour le reportage ! Vous êtes les meilleurs !

Lorsque Clem raccroche et met fin à la vidéo, nous nous regardons et nous éclatons de rire sous les yeux souriants de ma fille.

— Je crois que Mathou est amoureuse, dis-je. Tu vas voir, c’est elle qui va faire des bébés avant nous, vu comme elle a rougi quand son professeur est arrivé !

— Cette fourbe me cache des choses, j’aime pas ça. Et j’ai peur pour les enfants, si elle nous en fait. Elle est un peu dingue, quand même !

— Tu ne lui as pas tout dit, non plus, dis-je en souriant. Tu crois qu’elle est plus dingue que nous ?

— Assurément, s’esclaffe-t-elle, elle est totalement tarée ! Et je lui dis tout, Papa-Thor, pour ton information.

— Tout ? Heureusement que Lisa n’est pas tout le temps en train de vous écouter alors !

Je souris et sers le potage alors que la tempête fait toujours rage à l’extérieur. Mais clairement, on s’en moque. Dans notre petit cocon, à l’étage de ce restaurant qui nous apporte tant, aussi bien en épreuves et difficultés qu’en joies et découvertes, nous sommes dans notre petite bulle de bonheur. J’espère seulement que rien ne viendra plus l’éclater.

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