2. Une surprise peut en cacher une autre...

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Les jours défilaient et se ressemblaient. Anne se levait le matin pour faire un footing, suivit du petit-déjeuner. Ensuite, elle avait cours d'Histoire sur Kalypso avec Emmanuel puis elle s'entraînait au tir à l'arc avec Scott pendant une bonne heure. Ensuite, elle enchaînait avec Jason pour les combats à l'épée et autre instrument. Elle reprenait avec Emmanuel puis arrivait l'heure du déjeuner. Karl s'occupait de lui enseigner d'autres choses en début d'après-midi puis vers 15 heures, Anne était libre de se reposer. Elle en profita ce jour-là, pour envoyer un email à Jérémy afin de lui donner de ces nouvelles. Car vers 17heures, elle reprenait l'entrainement avec Jason.

« Salut petit chou. J'espère que tout va bien pour toi. Je suis désolé de ne pas t'avoir écris ces derniers jours mais j'ai été pas mal occupée. Je suppose que tu vas me prendre pour une folle mais j'ai décidé de suivre les gars. Ils sont plutôt cool dans l'ensemble. Scott m'apprend à tirer à l'arc et j'avoue que je suis une quiche. On rigole bien durant nos séances. Les cours d'Histoires m'endorment à moitié avec Emmanuel et ça a tendance à l'énerver. Quant à Jason, il me traite toujours comme une moins que rien qui ne sait rien faire de ces dix doigts. Bon, il est vrai qu'il n'a pas totalement tort, je suis très maladroite mais tout de même, il pourrait essayer de me traiter différemment. A la longue, ça m'agace. Les combats à l'épée me foutent la trouille. Tu me verrais aujourd'hui, j'ai complètement changée. J'ai pris du muscle, ça me fait tout drôle. Il faut que j'y retourne ou Jason va encore m'engueuler parce que je ne suis pas à l'heure et je ne veux pas lui faire ce plaisir. Bisous. »

Jérémy était devant son ordinateur quand il reçut un nouvel email. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir qu'il s'agissait d'Anne. Cela faisait des jours que c'était le silence radio. Il lut rapidement son mail, impatient de savoir comment elle allait. Il fut sous le choc. Jamais il n'aurait cru qu'elle aurait accepté de croire ces individus. Était-elle devenue folle ? Comment pouvait-on croire à de telles idioties ? La jeune femme était si naïve ? Il ne la reconnaissait pas. Il était sur le point de répondre mais un frisson lui parcourut le dos. Quelqu'un se trouvait derrière lui. Il fit volte-face et se retrouva nez à nez avec deux individus. Jérémy les observa la bouche ouverte incapable de sortir le moindre son.

Anne fut réveillée par la sonnerie de son portable. Elle le coupa dans les dix secondes puis se leva pour enfiler sa tenue de sport. Elle eut un petit sourire en se rendant compte qu'elle nageait un peu plus que d'habitude dans son jogging. Finalement, ça avait du bon cette histoire. Elle avait maintenant l'habitude de courir tous les matins et elle retrouvait sa ligne. Que du Bonheur ! Elle fut la première sur la piste de course. Elle mit sa musique en route tandis qu'elle commençait à courir. Le soleil se levait tout juste. Jason arriva peu de temps après, se joignant à elle. Ils courraient depuis une bonne demi-heure quand Anne décida de s'arrêter. Elle prit sa bouteille d'eau et but une bonne gorgée puis elle s'épongea le visage avec sa serviette. Lorsqu'elle retira sa serviette, elle remarqua que Jason n'était pas loin d'elle. Il avait retiré son t-shirt. Il était vraiment bien fait pensa-t-elle. Elle rougit lorsqu'il croisa son regard. * Et zut, je viens d'être grillé * Elle ramassa sa serviette.

- La vue te déplait ?

- Pardon ?

- Tu détournes les yeux... suis-je si affreux ?

Elle le regarda, interloqué par ce qu'il venait de dire. * Y se fout encore de moi, c'est obligé* Comment pourrait-il croire qu'il était moche ? Il avait tout pour lui et il l'ignorait ? A d'autres... avec elle, ça ne marchait pas.

- Très drôle, tu devrais essayer une autre technique car avec moi celle-là ne marche pas.

- Quelle technique ?

- Laisse tomber... j'ai à faire, Scott doit m'attendre.

Elle prit congé sans attendre. Jason n'était pas de cet avis, il l'attrapa par le bras et la fit se retourner.

- Aie, doucement... Qu'est-ce qu'il y a ?

- Pourquoi me dis-tu tout ça... quelle technique... je ne comprends pas.

- Tu te fous de moi, ou je rêve...

- Mais pas du tout. Je pense simplement que tu te fous de moi pour insinuer que tu puisses être affreux. Oh ça y est, je viens de comprendre. Tu cherchais un moyen de me faire dire ce que je pense de toi, c'est bien ça ? Mais, qu'est-ce que je peux être stupide. Je me suis encore fait avoir.

- J'ignore de quoi tu parles.

- Oui, comme toujours. Jason, l'éternel innocent qui ne fait jamais rien et ne dit jamais rien. D'ailleurs ça se confirme, tu ne dis jamais rien quand tu es près de moi. Dois-je comprendre que je te dérange ? Quelle question... bien sûr que je dérange. Seulement, je me demande pourquoi... qu'est-ce que j'ai fait pour que tu m'en veuille autant ?

- Tu n'es pas de taille pour affronter ce qui va se passer. Et je ne crois pas qu'Emmanuel ait fait le bon choix. Tu es loin d'être à la hauteur. Contre l'ennemi, tu ne tiendrais pas cinq minutes.

- Dois-je te rappeler que c'est uniquement de ta faute si je ne progresse pas. Tu ne m'as rien enseigné. Mais à part taper avec un bâton dans un épouvantail.

- Parce que tu es loin d'être prête pour la suite.

- Détrompe-toi.

- Parfait... montre-moi ce que tu vaux dans ce cas. Mais, je te préviens, je ne retiendrais pas mes coups sous prétexte que tu es une femme, car sur le champ de bataille, l'ennemi ne te ménagera pas.

- Je n'ai pas peur...

Jason l'observa un moment avant de sourire. Il ajusta son pantalon puis passa une main dans ses cheveux. Anne jeta sa serviette et sa bouteille à l'écart puis elle fonça droit sur Jason. La voyant approcher, il se décala sans mal et elle finit un peu plus loin sa course due à son élan. Il rit un instant. Il se remit face à elle alors qu'elle faisait demi-tour. Furieuse, la jeune femme serra les poings puis le frappa mais il la contra avec ses mains puis la poussa. Elle tomba à terre sur les fesses mais se releva aussitôt, ignorant la douleur. Elle était tellement énervée qu'elle ne faisait plus attention au reste. Jason se défendait avec une facilité déconcertante. Il bailla pour se moquer d'elle et lui faire comprendre qu'il s'ennuyait. Elle profita d'un moment d'inattention de sa part pour lui balayer les jambes. Celui-ci se retrouva à terre et elle se mit à cheval sur lui, tenant ses bras au-dessus de sa tête.

- Pas mal, non ?

- Bien joué... j'ai eu un moment d'inattention et tu en as profité pour agir. Finalement, tu n'es pas si bête.

Anne eut un sourire et Jason agit au même moment et elle se retrouva à terre à sa place.

- Quoi que.... J'ai parlé un peu vite.

Cela faisait dix jours maintenant qu'elle regardait ses mails. Toujours aucune réponse de Jérémy. Anne commençait à se poser des questions. Avait-il décidé d'arrêter de lui parler ? Lui en voulait-il ? Elle ne supportait plus d'attendre de ses nouvelles. Pour oublier, elle s'entrainait d'autant plus et elle avait fait d'énormes progrès au tir à l'arc pour la plus grande joie de Scott. Par contre, avec Jason, c'était toujours la même chose. Il ne cessait de la rabaisser en prétextant qu'elle n'était pas à la hauteur. Avec Emmanuel, elle commençait enfin à retenir les différents noms des Rois Elfes ainsi que les terres etc...

Alors qu'elle était allongée sur son lit, la carte de Kalypso sous les yeux, elle entendit un bruit. Elle venait de recevoir un mail. Elle sauta du lit pour se précipiter vers l'ordinateur. Comme elle le pensait, c'était Jérémy.

« Bonjour miss. Navré d'avoir gardé le silence ces derniers jours mais j'étais pris. J'espère que tu vas bien. En tous les cas, je suis inquiet à ton sujet. Es-tu sûr qu'il est judicieux de faire ainsi confiance à ces types étranges ? Après tout, tu ne les connais pas depuis longtemps. Et je ne comprends pas comment tu peux leur faire confiance aussi facilement. Tu m'écris à peine depuis que tu es dans je ne sais quel endroit. Pourquoi ne pas me dire ou tu es afin que je puisse venir te voir. J'y songe depuis tellement longtemps et te savoir seule avec ces types... je voudrais vraiment pouvoir te voir afin de m'assurer que tu ailles bien. Réponds-moi vite, tu me manques. Je t'embrasse. »

Anne était très étonnée de découvrir cet email. Jérémy souhaitait la rencontrer. C'était bien la première fois depuis deux ans qu'il lui proposait une rencontre. Etait-il jaloux ? Cela la fit sourire. Elle lui répondit aussitôt.

« Coucou petit chou. Tout va bien de mon côté. Je ne serais pas contre le fait de te rencontrer. Je rêve que tu me le propose depuis tellement longtemps. Mais, pourquoi maintenant ? Serais-tu jaloux ? Crois-moi, tu n'as pas à t'inquiéter. Karl, Scott, Emmanuel et Jason ne me feront aucun mal sinon ils l'auraient déjà fait. Et malheureusement, je ne peux te dire ou je me trouve. C'est bien trop risqué. Mais, promis, quand tout cela sera fini, nous pourrons nous voir autant que tu le souhaites. En attendant, je te souhaite une bonne soirée. Bisous »

Elle n'eut aucune envie d'étudier après cela. Elle se contenta de s'allonger sur le lit puis elle sombra dans le sommeil au bout de quelques minutes.

Le lendemain, elle apprit par Emmanuel qu'elle devait faire ses bagages. Ils allaient partir dans quelques jours. Il ne précisa pas la destination et elle ne chercha pas non plus. Peu lui importait s'il y avait des étapes avant sa destination. Elle était trop préoccupée par autre chose pour penser au futur voyage. Le soir venu, elle commença à rassembler ses affaires. Elle alla dans la salle de bain pour faire sa trousse de toilette. Jason occupait déjà les lieux, elle fit donc demi-tour.

- Tu peux rester... j'ai terminé.

- Je... désolé, j'ai oublié de frapper

- Ce n'est pas grave.

Il s'essuya la bouche avec une serviette et croisa le regard de la jeune femme. Anne se rendit compte à cet instant que le jeune homme était torse nu. Elle rougit à nouveau et détourna les yeux. Il alla vers la porte tandis qu'elle rangeait des affaires dans sa trousse de toilette. Scott débarqua au même moment.

- Vos affaires sont prêtes ?

- Pas tout à fait en ce qui concerne la jeune femme

- La jeune femme a un prénom, rétorqua Anne en regardant Jason

- Cesse un peu de prendre la mouche

- Aimerais-tu que j'agisse comme tu le fais avec moi ?

- Parce que j'agis comment selon toi ?

- Comme un crétin, répondit Scott

- Merci Scott. Ça me rassure de voir qu'on pense comme moi.

- Bon, je vous laisse à vos chamailleries. Quand vous aurez fini de préparer vos affaires, amenez-les au garage que je puisse charger la voiture.

- Pas de problème.

Scott s'éloigna. Anne se contenta de continuer ce qu'elle était en train de faire. Elle se lava les dents puis se redressa. Elle sursauta. Jason se trouvait juste derrière elle. Il fit comme si de rien n'était et récupéra son tee-shirt pendu à côté d'elle.

- Je t'ai fait peur, peut-être ?

- Un peu. Je ne m'attendais pas à te voir juste derrière moi

Jason sortit. Anne frissonna.

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Le lendemain, le quotidien s'installa de nouveau, Anne se leva, prit son petit-déjeuner puis s'entraina toute la journée. Vers 17 heures, elle retourna dans sa chambre et alla sur son Pc. Jérémy lui avait répondu.

« Bonjour Belle Ange ! Je t'ai peut-être surprise mais je t'assure que je suis sincère dans tout ce que je t'ai dit. S'il te plait, dis-moi, où tu es que je puisse venir, je veux te voir. J'ai besoin de toi, de te voir vraiment. Aller dis-moi, ou tu es, je t'en prie. J'attends ta réponse avec impatience en espérant te voir très bientôt. Je t'aime. Jérémy »

Elle soupira et réfléchit un laps de temps avant d'appuyer sur la touche entrée.

« Kikou petit chou ! Je ne doute pas de ta parole... je ne peux pas te voir, je suis désolée, c'est impossible pour l'instant ! Il faut que je file. Bisous. »

Préoccupée, la jeune femme passa une main dans ses cheveux. Elle ne comprenait pas vraiment l'intérêt soudain pour Jérémy de vouloir la voir. Pourquoi maintenant ? Ou était-il si inquiet à son sujet ? Il avait des raisons de l'être, enfin, avant... Après tout, il ne s'était rien passé de mal depuis son arrivée au manoir. Et rien ne l'empêchait de communiquer avec les gens de l'extérieur alors pourquoi ne lui faisait-il pas confiance ? N'était-elle pas assez grande pour décider seule et se débrouiller ? Désormais, elle était agacée. Elle se leva, enfila une veste et des baskets. Elle devait évacuer ses tensions d'une manière ou d'une autre et elle savait parfaitement ce qu'il lui fallait.

Anne frappait dans le punching-ball depuis une dizaine de minutes. Elle était toujours énervée. Elle n'avait pas trouvé mieux comme solution pour se calmer. Et ça lui faisait un bien fout de frapper dans quelque chose. Elle était tellement concentrée sur ce qu'elle faisait, qu'elle n'entendait rien et ne voyait rien d'autre.

- Serais-tu devenue folle ?

- Jason... ce n'est pas le ... moment dit-elle en frappant avec son pied dans le punching-ball

- Au contraire... tu veux bien me dire quelle mouche te pique

- Non. Et depuis quand, tu t'intéresses à mon état émotionnel ? Si tu es venu te moquer de moi, je t'assure que je ne suis vraiment pas d'humeur pour t'écouter donc tu ferais mieux de partir.

- Je ne vois pas en quoi ma question était une moquerie. Je suis juste surpris de te voir si énervée. Que s'est-il passé depuis ce matin ? Tu as reçu une mauvaise nouvelle ? Tu as tes règles ?

- Va te faire voir... Pour ta gouverne, mes menstruations ne te concernent pas et si je suis énervée, ça me regarde mais ça ne sera rien comparé à l'état dans lequel je vais me mettre si tu continues à me casser les pieds avec tes questions débiles. Sérieux, fous-moi, la paix.

- Tu ne veux pas plutôt t'en prendre à une cible mobile ?

Elle se retourna après avoir frappé avec ses deux poings. Jason voulait qu'elle s'entraine maintenant. Il n'était pas sérieux d'où son volte-face mais lorsqu'elle croisa son regard, elle ne lut aucune once d'humour. Elle retira ses gants d'un geste vif.

- Bien. Tu veux me ridiculiser. Parfait... je suis prête.

Elle s'avança face à lui puis s'installa en position de combat. Ils s'observaient l'un et l'autre. Visiblement, Jason attendait qu'elle fasse le premier pas. Elle ne se fit pas attendre très longtemps. Elle bouillonnait de la tête aux pieds. Elle fonça sur lui mais il dévia de sa trajectoire, elle fit demi-tour et l'attaqua pour lui faire une prise de judo mais l'instant d'après, c'est elle, qui était à terre. Elle roula sur le côté avant qu'il ne l'immobilise avec une autre prise. Elle se redressa et l'attrapa par son tee-shirt au niveau du cou, elle chercha à lui balayer les jambes mais il ne bougea pas d'un centimètre. Elle poussa un juron, furieuse de ne pas parvenir à le mettre à terre. Elle le poussa et elle aperçut un sourire sur ses lèvres, ce qui l'agaça d'autant plus. Sa main partit avant qu'elle ne puisse retenir son geste. Elle venait de le gifler, le bruit retentissant encore dans ses oreilles. Jason posa une main sur la marque rouge présente sur sa joue droite. Anne se mordilla la lèvre, gênée par ce qu'elle venait de faire.

- Je... je suis désolée... c'était... excuse-moi

Elle fit demi-tour et quitta la salle de sport en courant. Elle se sentait tellement bête. Elle courut droit devant elle, poussa la porte, puis dévala les escaliers pour atterrir dans le jardin. Elle ne s'arrêta qu'une fois qu'elle fut au fond du jardin, alors, elle se laissa tomber contre un tronc d'arbre. Elle enfouie son visage sur ses genoux et sanglota, incapable de s'arrêter. Finalement, Jason était parvenu à la faire craquer. Depuis, des jours, elle prenait sur elle mais ce soir, elle craquait.

- Est- ce que je peux m'asseoir près de toi ?

Jason était resté sur place alors qu'elle était sortie à la hâte. Il n'avait même pas eu le temps de dire quoi que ce soit. Il resta planté là pendant un bon moment avant de se décider à bouger. Il se frotta la joue alors qu'il montait les marches. Il l'avait peut-être un peu cherché... Scott lui avait répété plusieurs fois qu'il fallait qu'il cesse d'embêter Anne mais c'était plus fort que lui. Et c'était tellement facile de la faire sortir de ses gonds. Mais, il avait eu tort. Elle n'allait déjà pas bien. Elle avait refusée de lui dire ce qui se passait. En même temps, à quoi s'était-il attendu ? Une femme n'allait pas se confier à lui, encore moins, si on n'arrêtait pas de se foutre de sa poire. Il se gratta la tête puis après une longue hésitation, il se dirigea vers la chambre de celle-ci. Il frappa, pas de réponse. Il recommença puis il ouvrit la porte. Elle n'était pas là. Zut ! Ou était-elle passée ? Et si elle était partie ? Il eut un moment de panique. Emmanuel allait l'engueuler si elle s'était enfuie par sa faute.

Il alla dans la salle de bains, elle n'était pas là. Il soupira et continua à chercher dans les différentes pièces du manoir. Quelle idée, d'avoir une si grande baraque ! De plus, il détestait cet endroit. Ça lui rappelait beaucoup trop de mauvais souvenirs. Il croisa Scott dans le couloir.

- Est-ce que tu as vu Anne ?

- Non.

- Si jamais, tu la croise... Dis-lui que j'aimerais lui parler.

- D'accord. Mais, est-ce que tout va bien ? Pourquoi est-ce que t'es tout rouge sur la joue ?

- C'est rien... je vais bien. Je n'ai pas le temps.

Il continua son chemin à la recherche de la jeune femme.

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Anne était en train de pleurer à chaudes larmes quand elle entendit une voix près d'elle. Elle haussa les épaules pour toute réponse puis se frotta le visage. Elle n'aimait pas trop être vue dans cet état.

- Que s'est-il passé ? demanda Karl d'une voix douce

- Rien. Juste... je... je n'ai plus de patience

- Anne, si tu pleures, ce n'est pas sans raison. Laisse-moi deviner... c'est lié avec une certaine personne ayant les cheveux bruns, plutôt grand, et très stupide dans son genre.

- Et encore, tu es gentil... je dirais même que c'est un crétin qui ne comprends rien et qui se sent supérieur aux autres, du moins, il le laisse supposer. Quel est son problème ? Pourquoi est-ce qu'il n'arrête pas de s'acharner sur moi ? Je suis à peine arrivée dans votre cercle, qu'il m'agressait déjà. Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?

- Rien du tout. Rassure-toi, le problème vient uniquement de lui. Seulement, ce n'est pas à moi de te raconter son histoire. Il n'y a que lui qui puisse le faire. Essaie de le repousser dans ses retranchements. Tu sais, Jason n'est pas méchant, il est juste maladroit. Il croit bien faire mais il se trompe. En te repoussant de cette manière, il essaie simplement de se protéger.

- Se protéger de moi ? Mais, je ne lui ai rien fait.

- IL a peur de ce que tu pourrais lui faire

- Comment ça, je ne comprends pas ce que tu veux dire.

- Tu finiras par comprendre. En attendant, sèche tes larmes.

Il lui tendit un mouchoir.

Jason avait traversé chaque recoin de la demeure et aucune trace de la jeune femme. Il soupira. Etait-elle partie du manoir ? Le jardin. Il n'avait pas regardé dehors, il espérait qu'elle soit là. Il faisait le tour du jardin quand il tomba nez à nez avec Emmanuel. Il se mordit la lèvre, soucieux.

- Ça n'a pas l'air d'aller Jason.

- Si, si. Tout baigne.

- Pas à moi. Tu sais bien que tu ne sais pas mentir surtout en face de moi.

- Ecoute, je n'ai aucune envie de parler. Il faut simplement que...

- Hum... tu n'es pas très convaincant Jason. Bref, je n'ai pas vraiment le temps de discuter avec toi. Je dois rejoindre Anne pour notre leçon. On se voit plus tard.

Il s'éloigna et Jason se mordait de nouveau la lèvre, inquiet. Anne était-elle toujours présente ? Il eut une boule au ventre et se retourna pour observer Emmanuel. Devait-il lui dire ses craintes ? Il passa une main dans ses cheveux et soupira. C'est à ce moment-là qu'il la vit. Il ressentit aussitôt un énorme soulagement. Elle était en compagnie de Karl. Quand ils furent à sa portée, Karl croisa son regard puis hocha la tête avant de s'excuser auprès d'Anne. Elle suivit son regard mais détourna les yeux lorsqu'elle remarqua que c'était lui.

- Je suis content de te voir.

- Je ne te crois pas et je n'ai aucune envie de discuter avec toi

- Anne, s'il te plait... laisse-moi te dire

- Me dire quoi... Nous n'avons rien de plus à nous dire tous les deux. Je suis déjà en retard pour rejoindre Emmanuel.

- Je suis désolé.

Anne écarquilla les yeux. Elle ne pensait pas qu'il lui ferait des excuses. Il l'avait prise de court. Toujours surprise, elle ne réagissait pas alors qu'il s'approchait d'elle. Il venait de prendre sa main dans la sienne.

- Crois-moi, je suis vraiment désolé de t'avoir ennuyé tout à l'heure. J'ai mérité ce que tu as fait. Tu n'as pas à t'en vouloir pour cela au contraire. C'était le bienvenue. Je pense que j'en avais besoin pour réaliser un peu combien je peux être chiant parfois.

- Parfois ? Tu veux dire tout le temps.

Il éclata de rire à sa remarque et elle arqua un sourcil. Etait-ce si drôle ? Elle haussa les épaules.

- Tu veux bien me pardonner, ajouta-t-il une fois qu'il se fut calmé

- Je ne sais pas.

Elle n'avait pas vraiment envie de lui pardonner aussi facilement. Elle retira sa main.

- Prouve-moi que c'est une bonne idée.

Elle s'éloigna sans rien ajouter. Elle eut un petit sourire en coin.

Vingt heures. Le repas venait d'être préparé par Karl. Il envoya Jason pour prévenir Anne. Il espérait ainsi qu'ils se parlent tous les deux. Jason arriva dans la chambre, après avoir toqué. Anne n'avait pas répondu et il s'était permis d'entrer. La jeune femme était allongée sur le lit, elle dormait. Il sourit en la voyant puis s'avança dans la pièce. Il eut un bruit, l'instant d'après, provenant du bureau près de la fenêtre à sa gauche. C'était l'ordinateur. Il s'approcha de celui-ci, par curiosité. La boite email de la jeune femme était ouverte et il remarqua qu'elle venait d'en avoir un nouveau. Piqué par la curiosité, il cliqua sur le nouvel email et il lut son contenu. Quelques minutes après, il fit demi-tour et quitta la chambre. Il fallait qu'il voie Emmanuel.

Anne se réveilla une dizaine de minutes après le départ du jeune homme. Elle ignorait qu'il était venu alors qu'elle dormait. La première chose qu'elle fit en se levant, ce fut d'aller vers l'ordinateur. Elle trouva la page ouverte sur un email qu'elle n'avait pas vu. Elle se demandait bien pourquoi il était ouvert. Elle lut le mail avant de se rendre à la salle à manger pour le repas. En arrivant dans le hall d'entrée, elle remarqua de la lumière dans la cuisine puis elle entendit deux voix.

- Emmanuel, tu ne crois pas qu'on devrait partir maintenant

- Jason, je te le répète pour la énième fois, il n'y a rien de dangereux. Anne n'est pas bête. Et je lui fais confiance contrairement à toi. D'ailleurs, que s'est-il passé tout à l'heure ? Tu ne m'as toujours pas expliqué ton comportement.

- Il ne s'est rien passé et ce n'est pas le sujet actuel. Mais, pourquoi ce type insiste pour débarquer ?

- Jason, ce type comme tu dis, est un ami d'Anne depuis quelques années et il s'inquiète pour elle, rien d'anormal. Je te signale que nous étions des étrangers pour elle au départ. Et c'est une femme, seule au milieu de nous, dans un manoir. Rien d'habituel, il me semble. Elle nous a fait confiance alors par pitié fais-en de même et laisse la tranquille.

- Je dis simplement que c'est louche.

- Arrête de voir le mal partout. Et la question est plutôt pourquoi ça te dérange tant que cela ?

Anne était sidérée par ce qu'elle entendait. Visiblement, Jason avait lu l'email. Elle poussa la porte d'un geste vif et celle-ci alla claquer contre le mur, ce qui fit pour effet de faire se retourner les deux hommes.

- Comment oses-tu lire mes emails ? Je croyais... tu n'es qu'un sale menteur, Jason. Qu'est-ce que j'ai pu être naïve de croire que tu changerais ne serait-ce qu'un peu à mon égard. Tes excuses tu peux te les garder. J'étais prête à te pardonner mais finalement, tu n'en vaux pas la peine. Tu n'avais pas le droit de lire, il s'agit de ma vie privée.

Jason était sur le point de répliquer mais la sonnette retentit au même moment. Ce fut le silence total. La sonnette se fit à nouveau entendre. Anne observa Emmanuel et Jason. Ils n'avaient pas l'air d'attendre de la visite.

- Quelqu'un attendait de la visite ? demanda Emmanuel au bout d'un moment

- Non, répondirent-ils en chœur.

- Jason, reste avec elle, je vais ouvrir.

Emmanuel quitta la cuisine. Anne se retourna alors que Jason se mettait devant elle, un couteau à la main caché derrière son flanc gauche. Il la tira un peu plus vers lui.

- Surtout, ne fais pas de bruit, chuchota-t-il

Emmanuel alla vers la porte d'entrée. Il inspira doucement puis tourna la poignée de la porte. Un homme se tenait devant lui, une capuche sur la tête. Il ne distinguait pas son visage. Celui-ci redressa la tête et leva les mains pour retirer sa capuche. Anne qui guettait depuis la cuisine, se demandait qui était arrivé. Elle ne voyait pas bien depuis sa place.

- Qui êtes-vous ? demanda Emmanuel, toujours sur ses gardes

- Pardonnez-moi, mon intrusion, je suis venu voir une amie. Il me semble qu'elle est ici...

- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, répondit Emmanuel

- Ne fais pas l'ignorant avec moi. Je sais qu'elle est avec vous. Je viens voir Anne.

Emmanuel lâcha la poignée de porte et s'écarta d'un pas pour barrer le chemin à l'inconnu

- Je ne vais pas le répéter plusieurs fois, qui êtes-vous ?

- Je m'appelle...

- JEREMY !

Anne avait entendu la conversation et elle s'était jetée hors de la cuisine. Elle sauta dans les bras du jeune homme qui la serra à son tour contre son torse.

- Anne... je suis tellement soulagé... j'étais tellement inquiet pour toi.

Il était tellement content de pouvoir enfin serrer la jeune femme dans ses bras mais il était aussi tellement mal à l'aise dû aux évènements. Il aurait tellement voulu la rencontrer dans d'autres circonstances. Son cœur se serra alors qu'il repensait aux derniers évènements. Anne se recula.

- Je suis tellement surprise de te voir mais si heureuse. Mais, comment as-tu deviné ou j'étais alors que je ne t'ai rien dit.

- Je me suis débrouillé. N'oublie pas que je suis doué en Informatique.

- Tiens tiens, un Informaticien... voyez-vous ça, coupa Jason

Jérémy croisa son regard et les deux hommes furent quelque peu troublés par leur ressemblance physique. Jason détourna aussitôt les yeux. Il s'agissait d'une coïncidence non ? Tout comme le fait qu'il débarquait à ce moment précis. Mais, bizarrement, il n'y croyait pas le moins du monde. Pourquoi débarquait-il et à l'improviste ? Tout était étrange aux yeux de Jason et il n'avait pas confiance.

- Y faut qu'on parte d'ici tout de suite

- Jason, ne recommence pas.

- Emmanuel, je t'assure que c'est urgent. Pour une fois, écoute-moi.

- Non, la vraie raison n'est pas celle que tu essaies de me faire croire.

- Bordel ! Ne viens pas pleurer quand il sera trop tard.

Jason s'éloigna les mains dans les poches. Pourquoi on ne le prenait pas au sérieux ? Etait-ce si compliqué de constater qu'il y avait un problème ? Jérémy débarquait comme une fleur et rien n'était bizarre aux yeux des autres. IL allait devenir dingue. Arrivé dans sa chambre, il ramassa le reste de ses affaires et son sac puis alla le charger dans l'une des voitures présentes dans le hangar.Tout était une question de temps maintenant, il le savait.

Emmanuel invita Jérémy à entrer dans la demeure après le départ de Jason. Il voyait bien que la venue de celui-ci, lui déplaisait beaucoup mais que pouvait-il y faire ? Il n'avait qu'à agir. Chaque fois, c'était pareil avec Jason et après il regrettait ses choix. Mais, Emmanuel restait méfiant. Jason n'avait pas tous les torts. En effet, il était étrange que Jérémy puisse trouver aussi facilement le lieu où ils se trouvaient. L'ennemi l'avait-il convaincu d'être des leur ? Il devrait tirer cela au clair mais pas devant la jeune femme. Elle ne prendrait pas bien la chose et penserait qu'il serait contre elle et Jérémy tout comme Jason alors qu'il ne s'agissait pas de cela. Il prit congé assez rapidement, il devait creuser la question.

Anne se retrouva seule à seul avec Jérémy pour sa plus grande joie. Elle n'était pas très à l'aise qu'on détaille Jérémy de la sorte comme s'il était l'ennemi en personne. Elle l'invita à la suivre dans la cuisine et lui offrit à boire. Elle s'assit en face de lui. Le silence durait et elle commençait à être de plus en plus nerveuse. Jérémy posa une main sur la sienne au même moment.

- Relaxe... tout va bien aller... je... je suis désolé de débarquer sans prévenir. Je vois bien que je suis pas vraiment le bienvenue ici. J'aurais dû t'appeler avant. Excuse-moi, je t'ai mis dans une situation embarrassante. Mais, j'étais si inquiet à ton sujet. J'avais besoin de te voir pour me rassurer sur le fait que tu allais bien. Cela fait déjà plusieurs jours voir semaines, tu comprends, n'est-ce pas ?

- Oui, oui... bien sûr, répondit-elle d'une petite voix.

Elle croisa son regard à cet instant puis elle se sentait rougir. Elle se mordilla la lèvre, gênée.

- Suis-je si intimidant ?

- Non, je... c'est ... tu me prends de court. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de me préparer au fait de te voir aussi vite mais, je suis contente. Ça me fait très plaisir.

- Je te crois. Moi aussi, je suis ravi. Notre rencontre est certes un peu particulière mais j'attendais ce moment avec impatience. L'ordinateur c'est bien mais je me rends compte que la réalité est bien meilleure. Je n'aurais pas dû attendre si longtemps.

- Tu sais très bien que j'aurais refusé avant

- Et encore maintenant.... Ne le nie pas... tu es tellement méfiante.

- C'est vrai mais pour ma défense, je ne te connaissais pas et tu pouvais être un pervers. Du moins, au début, je l'ai pensé... mais tu as su être persuasif avec moi.

- Et aujourd'hui est-ce que tu regrettes tous ses échanges ?

- Au contraire... j'apprécie beaucoup de choses chez toi.

- C'est réciproque.

Elle sursauta un peu lorsqu'il lui caressa doucement la main. Visiblement, il l'appréciait autant qu'elle. Cela la réconforta car jusque là, elle avait eu des doutes quant à la sincérité de ses paroles. Après tout, sur Internet on pouvait écrire ce qu'on voulait. Mais, le fait de le voir en face d'elle, elle remarquait qu'il avait toujours été sincère envers elle. Elle eut un sourire en coin.

- Et le chevalier servant nous arrive d'où ? coupa Jason qui venait de revenir

Jérémy retira sa main de celle d'Anne à son intervention.

- J'habite à Dreux, près de Versailles.

- Donc, tu as voyagé durant 5 heures environ... cela donne soif...

- Est-ce un crime d'avoir soif ?

- Non pas du tout, loin de là... seulement, j'essaie de comprendre...

- Quoi donc ? Qu'est-ce qu'il y a comprendre ?

- Pourquoi avoir si soif après seulement 5 heures de trajet ? Pas eu le temps de payer un verre ou une bouteille en chemin ? Pas de monnaie peut-être...

- Exactement, je n'ai pas eu le temps de penser à faire de la monnaie et ma bouteille ne faisait que 50cl donc je l'ai fini rapidement. Satisfait ?

- Jason laisse le tranquille, rouspéta Anne.

- Ne fait pas attention à lui, ajouta Anne à l'adresse de Jérémy

- Ne tant fais pas, il ne me gêne pas avec ses questions.

- Parfait, dans ce cas, laisse-moi t'en poser d'autres. Sérieusement, comment es tu arrivé ici ? Qui t'a aidé ? Pourquoi n'as-tu pas prévenu de ton arrivée ? Pourquoi ce soir ? Pourquoi, veux-tu à tout prix voir Anne et ce maintenant ? ça fait un moment que tu discute avec elle pas vrai ? Alors, pourquoi tu décide de la voir maintenant ?

- Par le train. Je n'ai pas eu d'aide pour la trouver, je suis fort en Informatique. Et si je suis venu, c'est uniquement parce que j'étais inquiet à son sujet. Ce qui est compréhensible quand on sait qu'elle était seule avec quatre individus qu'elle ne connait pas.

- Rectification, qu'elle ne connaissait pas. Cela fait des semaines qu'elle est ici et comme tu peux le voir, elle va parfaitement bien, elle n'a pas besoin d'un chevalier servant. Et laisse-moi te dire une bonne chose, tu es autant un inconnu que nous l'étions au départ. Tu lui a simplement parlé sur le net, mec. Rien de très extraordinaire en soi mais peux-tu prétendre que vous êtes de vrais amis ? j'en doute fort. Comment peut-on dire que vous vous connaissez tant que cela alors que c'est la première fois qu'elle te voit. Tu pouvais tout aussi bien inventer n'importe quoi sur la toile sans qu'elle s'en rende compte.

- Ce n'est pas parce que c'est Internet qu'il n'y a que des pervers. Tu ne me connais pas. Donc, avant de juger les autres, apprends à les connaitre.

- STOP ! ça suffit... Jason, je suis assez grande pour me débrouiller et comme tu la dis, je n'ai pas besoin de chevalier servant donc ferme-là ! Et depuis quand, tu es de mon côté... Peu importe, fous lui la paix avec ton interrogatoire. Passons plutôt à table, ça va être froid.

Elle se leva et entraina Jérémy avec elle jusqu'à la salle à manger.

Le repas se passa sans incident et heureusement car Anne n'avait pas envie de se prendre à nouveau la tête au sujet de Jérémy. Karl et Scott avaient été plutôt sympas avec lui contrairement à Jason. Ils n'avaient rien demandé mais la jeune femme se doutait bien que Jason leur avait parlé ou qu'il le ferait une fois qu'elle serait partie avec lui. Elle souhaita une bonne nuit à tout le monde avant de quitter la pièce. Jérémy suivit juste derrière elle.

- Attends... je n'ai pas vraiment envie de rester avec ton ami. Je crains qu'il ne recommence à me poser des tas de questions.

- Oui, je comprends. Excuse-moi, je suis tellement fatiguée. Viens....

Anne l'entraina jusqu'à sa chambre.

- Comme tu pourras le constater, pour un manoir, c'est le comble... on n'a pas de chambre pour toi. Quand je dis que les bourges vivent sur une autre planète, en voici la preuve. Donc, je te propose de passer la nuit en ma compagnie bien que la situation est un peu gênante.

- Il y a un canapé dans ta chambre, je dormirais dessus.

- Mais, tu vas être mal installé

- Ne tant fait pas, j'ai connu pire. Ça ira.

- D'accord.... Merci, c'est gentil mais tu sais, ça me dérange pas si tu dors avec moi.

- Ecoute, je ne crois pas que ce soit une bonne idée... et puis, ton ami a raison.

- Comment ?

- On vient seulement de se rencontrer....

- Et tu me parles sur Internet depuis quatre ans.... Pas lui. Est-ce un crime de dormir ensemble ? Je ne vais pas te sauter dessus et j'ai confiance en toi.

- Même si je dors en boxer ? dit-il amusé

- Oui, petit chou, même si tu dors ainsi... tant que tu supportes le fait que je bouge la nuit et que je risque de t'écraser... je pense qu'on va s'en sortir, dit-elle, un sourire aux lèvres.

- Je pense pouvoir survivre.

- Au fait, pour information, la salle de bains se trouve juste à côté

- Merci.

Jérémy alla dans la salle de bains pour y prendre sa douche tandis qu'Anne se changeait. Quelques instants plus tard, Jérémy revint dans la chambre, une serviette autour de taille. Anne était déjà couchée d'un côté du lit. Jérémy enfila un boxer propre qu'il venait de prendre dans son sac. Il se glissa sous les couvertures à côté d'elle. Anne ne dormait pas encore.

- Bonne nuit belle ange

- Bonne nuit petit chou.

Anne ferma les yeux un sourire aux lèvres. Elle ne pensait pas que sa journée se finirait aussi bien mais elle savourait l'instant. Elle ouvrit à nouveau les yeux et se tourna vers Jérémy. Elle voulait graver ce moment dans sa mémoire. Jérémy tourna la tête vers elle.

- Qu'est-ce qu'il y a ma belle ?

- Rien. Je veux simplement profiter un peu

- Tu n'étais pas fatiguée ?

- Si. Mais, je veux te regarder pour avoir un souvenir....

Elle bailla plusieurs fois. Jérémy l'attira contre lui et elle se retrouva, la tête posée sur ses pectoraux.

*Ce qu'il est baraqué * Il l'embrassa sur le front.

- Repose-toi. Nous aurons tout le temps de nous faire de vrais souvenirs demain.

- Tu as raison...

Anne s'endormi peu de temps après dans les bras de Jérémy. Quant à lui, il caressa ses cheveux un long moment. Malgré, la fatigue, il n'arrivait pas à dormir. Il était inquiet, il ne savait pas comment faire. Il était dans une impasse et il s'en voulait de ne pas être totalement franc envers Anne.

Jason était installé dans le fauteuil du salon une cigarette à la main. IL souffla la fumée lorsqu'il croisa le regard d'Emmanuel qui se trouvait assis sur le fauteuil en face de lui.

- Est-ce que tu comptes me dire ce qui te tracasse ou tu vas rester silencieux ?

- A quoi bon, tu ne m'as déjà pas écouté tout à l'heure.

- Jason, je n'ai pas dis pour autant que je n'étais pas d'accord

- Tiens, tu es d'accord maintenant.... Tu es influençable, ma parole.

- Non, je ne voulais simplement pas parler de tout ça devant Anne

- Et pourquoi ? Elle est la première concernée à ce que je sache

- Et tu ne t'aies pas demandé ce qu'elle pourrait ressentir

- Parce que c'est mieux d'attendre, peut-être ? Tu es sadique ou je rêve ? Je pensais que tu serais le premier à me soutenir et à confirmer. Au lieu de ça, tu as fais comme si j'étais l'illuminé de la baraque. D'accord, je le conçois, j'ai un mauvais caractère, je n'ai pas cessé de lui faire des crasses et je ne suis pas ravi d'accueillir ce type en ma demeure mais tout de même... ce que je pense est au-dessus de ce qui se passe en ce moment. Je te le redis, il faut qu'on parte et vite. On est en danger, elle est en danger. Je t'assure que je le sens pas ce type. Il débarque sans prévenir, c'est beaucoup trop louche.

- Je sais. J'ai vu qu'il était mal à l'aise avec nous.

- IL te répondra qu'il se sent gêné de débarquer et parce qu'il ne nous connait pas.

- Tu as étudié la question ? Bref... tout ce qu'on peut faire pour le moment, c'est attendre. Tu sais aussi bien que moi, qu'elle en a besoin. Et, c'est cette raison qui fait que tu es énervé en ce moment même. Tu aimerais être à la place de ce type, reconnais-le.

- Mais pas du tout. Tu délires complètement... je suis juste énervé de voir que ce mec la fout en danger tout comme nous tous. Il n'aurait jamais dû se pointer.

- Et tu crois sincèrement qu'il a eu le choix ? S'il s'avère que tout est vrai. Crois-moi, il n'a pas eu le choix, ils l'ont obligé à se rendre ici. Dans quel but ? Je ne sais pas encore mais nous devons le surveiller, c'est tout ce qu'il reste à faire pour l'instant.

- Le surveiller... tu n'as rien d'autre à proposer ? On va le laisser faire sans agir

- Je ne veux pas qu'elle soit bouleversée

- Pourquoi ? Si Anne l'apprend après, elle nous en voudra qu'on ne lui ai rien dis

- Et si on se plante, on aura l'air bête. Je préfère attendre d'avoir des preuves

- Donc, tu ne me fais pas confiance

- Bien sûr que si

Jason ne répondit pas. A quoi cela servirait-il ? IL voyait bien qu'il perdait son temps avec Emmanuel.

- Et je me répète mais avoue, tu aimerais être là-haut à sa place

- Non pas le moins du monde.

- Tu es toujours un piètre menteur.

- Bon sang, ce que tu peux être casse-pied. Faut que je te l'explique en quelle langue

Il écrasa son mégot dans le cendrier posé sur la table basse avant de se lever. Il n'avait aucune envie de s'étendre sur le sujet.

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