Chapitre 18. Tout se gâte...

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Il fait nuit, Stan a beaucoup parlé et ne s'est arrêté qu'à la fin. Nous avons mangé en silence, car cette affluence des connaissances m'a fait réaliser certaines choses. La principale étant que je dois renverser un tyran qui ma bannie et séparée de mon père, de ma planète et de mon peuple, j'en fais désormais une affaire personnelle. Si je n'avais pas été sur Terre, c'est méchanceté humaine ne m'aurais pas blessée, humiliée, détruite, ici j'aurais pu être heureuse avec une vraie famille. Cette rage sourde que j'ai ressentie au plus profond de ceux que j'ai rencontré commence à prendre un sens pour moi, au point que je la partage.*

Sauf que je n'ai absolument aucune idée de comment le faire, j'ai soudain peur de ne pas être celle qu'il faut. Je prends aussi conscience que maman savait tout et elle n'a rien dit... Alors que je m'enfonce dans une encore plus profonde réflexion, Stanislas, les sourcils froncés m'avertit qu'il part faire un tour dehors. Il s'étire et quitte la pièce.

Mes doutes s'évacuent en pleurant, tous ces mensonges ça m'use. Je m'endors, épuisée par ce monde hostile, d’un sommeil vraiment réparateur, et mes pupilles voient mon ami rentrer paniqué mais les limbes du rêve m’ont déjà emportée au loin. Je suis sur Terre et c’est mes neuf ans. Essindra m’a emmenée à la mer. Elle a dit que le sable était des éclats d’étoile et que la mer ondulait sous les caresses de la Lune. C’était vraiment très beau. De nuit, si ce n’était pas trop loin, elle m’emmenait vers de beaux paysages et ses mots étaient toujours très poétiques. J’aimais bien ses moments-là. Je me réveille en sursaut et les larmes aux yeux. Trois prénoms me viennent comme un flash ; trois prénoms derrière trois photos dont les visages sont bloqués par ma mémoire. Celui de mon père tout d’abord, que j’ai appris par cœur dès que maman l’a prononcé dans le fourgon. Les autres sont Lucie et Eddie. Ça ne me dit rien, je ne sais pas où j’ai déjà vu ça. Je prends le temps de bien me réveiller pour réfléchir. Stan est devant moi, en train de dormir sur une chaise, dans une position inconfortable pour son dos et son cou.

Je pars boire un verre d’eau dans la cuisine, les mains tremblantes. Je marche dans la maison, évitant le salon pour ne pas faire de bruit. La chambre de Suzanne est grande ouverte, Suzanne avait pourtant bien insisté ; sa chambre serait toujours fermée (puisqu'elle se téléporte) et interdiction d'y rentrer. Je suis tentée de passer la porte mais je me dis qu'elle est peut-être dans les parages et cela me suffit pour continuer ma marche. Après mon petit tour dans la maison sans l'avoir trouvée, je sors dehors. Je ne l'y trouve pas non plus. Malgré l'interdiction, je retourne vers sa chambre. Toujours aucune trace de notre hôte. Je sue, je stresse de rentrer là... La porte a été forcée, je m'en rends compte ; je tourne la tête vers le salon. Se pourrait-il qu'il l'ait forcée, mais pourquoi ? Je sais qu'il ne l'aime pas mais de là à casser sa porte... Je ne cherche pas les ennuis alors je prends soin de ne rien toucher. Un curieux appareil est posé sur le lit et les draps sont froissé, comme si quelqu'un s'était assit juste à cet endroit-là.

J'ai soudain le sentiment que quelque chose ne va pas du tout et je cours chercher Stan. Il grogne quand je le secoue et manque de tomber en voulant se retourner pour rester endormi. Il met du temps à émerger et quand il me voit inquiète, semble se souvenir d'un truc et renforce mes suspicions en disant :

— Suzanne n'est pas rentrée. Il ne faut pas aussi longtemps pour faire des plans. Elle est réapparue tard, mais je ne l'ai pas vue, elle était dans sa chambre et son sentiment était l'envie et la détermination. Dans sa tête flottait la trahison.

C'est la première fois qu'il parle comme ça, je lui fais alors part de ce que je ressens.

— L'objet posé sur son lit m'a donné un étrange pressentiment ; celui que quelque chose n'allait pas, celui qu'il fallait fuir. J'ai une question hors sujet, comment appelles-tu ces choses que l'on est capable de faire ?

— On ne dit pas "don" et encore moins "pouvoir" ce mot étant prohibé au sein de la Bulle. Avec un groupe on a décidé d'appeler ça l'"Aptitude". Tu as raison on devrait partir.

Pendant qu'il mange, mon ventre douloureux se rappelle à moi et je pars dans la salle de bains. Encore environ trois jours à tenir... Si elle nous a vraiment trahis, j'espère qu'elle ne va pas être là avant la fin de ces trois jours sinon je ne vais pas être en bonne posture. Je repense à son histoire et un détail, lorsqu'il a parlé de deux naissances, pendant un instant j'ai cru que cela pouvait être David... Il me manque en tout cas, comme malgré que je la connaisse peu, Raven. Plus que tout, ma mère me manque et plus jamais je ne plaindrais de ma vie d'avant, ce rêve m'a fait souvenir de pleins de choses.

Je me sors ça de la tête, il y a plus urgent à régler. Je propose de piller Suzanne et de partir au plus vite et tant pis pour mes problèmes menstruels. Je mets mes affaires dans un petit sac et aide Stan a faire une valise avec de la nourriture et du matériel de soin. Après avoir vérifié que le soleil ne représentait pas un danger, nous partons. Il n'y a presque rien aux alentours, je vois l'horizon, Suzanne habite vraiment à l'écart de tout... La route va être longue sans repères ni cachettes et possibilités de fuir.

*Certains m’avait fait la remarque comme quoi on ne sait pas pourquoi elle accepte la mission et la prophétie alors que ça ne la concerne pas, en voici la réponse. De plus, il y a aussi la raison de sa colère (j’ai casé ici son ressenti, car sinon je n’en parlais pas ; voyez je fais des efforts ;))

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