Chapitre 9

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Bri

Toujours dans le SUV venu nous chercher à l'aéroport, j'observe, anxieuse, les alentours en m'intimant de me calmer. Des caméras couvrent presque la totalité de la zone de la cour dans laquelle nous sommes garés. Sur notre gauche se dresse un immense bâtiment, qui ressemble d’extérieur à un vieil entrepôt.

Devant l’entrée, jusque sur le côté droit de l'édifice, s’étend une vaste terrasse toute en bois, sur laquelle sont éparpillés des tables de picnic, le tout bordé d’arbres. Garées devant la terrasse de l’entrée, une trentaine de motos, toutes des Harley plus impressionnantes les unes que les autres.

Ceci dit, la mienne n’a rien à leur envier. Elle n’arrivera que dans quelques jours, avec la voiture et le reste de nos affaires. Ça me fait penser qu’Hunter ignore ce petit détail. En réalité, il ignore encore bon nombre de choses. Et je doute qu’il appréciera quand il les découvrira. Oh et puis merde, après tout, je ne sais pas tout de lui non plus. Une longue discussion s’imposera. J’ignore quand. Ma priorité est de le sortir de là.

À cet instant, la réalité me percute de plein fouet. Nous nous sommes tellement éloignés tous les deux. Devant cet entrepôt, je prends la réelle mesure de ce qu’est Adam. Un biker. Un Sons of Hell. Et un membre important d’après ce que j’ai compris, même si je n’ai pas trop posé de questions. Je découvre ce qu’est sa vie, son univers depuis des années. Contrairement à Nina, je ne suis jamais venue ici. Je ne lui ai jamais rendu visite.

D’ailleurs, est-ce que je sais encore qui il est ? Il n’est plus vraiment Adam, mais Hunter. Et finalement, je me rends compte que malgré nos appels réguliers, on ne se connait plus vraiment. Il est loin le petit garçon avec lequel j’ai grandi.

Et pourtant, tu n’as pas hésité une seconde à tout quitter pour lui, me lance ma conscience.

C’est vrai. Que pouvais-je faire d’autre ? Attendre ? Laisser faire ce foutu destin, qui prend plaisir à jouer avec moi ? Prendre le risque de le perdre ? À cette idée, mon coeur se comprime, mes entrailles se retournent et mon sang se fige. Non. Hors de question. Définitivement impossible.

L’homme, ou devrais-je dire le gamin, qui nous a conduit jusqu'ici, descend du véhicule et vient nous ouvrir la portière. Attentionné et prévenant le garçon. Pas sûr que ce soit des caractéristiques communes aux bikers. Il me propose sa main pour m'aider à descendre. C'est vrai qu'avec ma jupe, ce n'est pas évident.

Une fois descendue du véhicule, j'observe ce jeune homme, qui semble quelque peu mal à l'aise. Il baisse la tête et je crois apercevoir ses joues rougir, alors que ma main est toujours dans la sienne. Serait-ce moi qui lui fait cet effet ? Non, impossible. N’importe quoi Bri ! Tu craques ! Il te l’a assez répété. Tu n’es ni belle, ni jolie et encore moins désirable. Excepté pour lui...

Je repousse très loin cette idée, qui me colle envie de vomir. Plus de mec. Plus jamais. De toute façon, depuis lui, aucun n'a trouvé grâce à mes yeux. C'est comme si j'étais anesthésiée. Je les regarde, mais aucun ne suscite envie ou désir. Et c'est bien mieux ainsi.

Je reprends doucement ma main et le remercie. Il redresse la tête et la hoche en guise de réponse. Il est plutôt beau garçon. Grand, blond, athlétique. Seuls les traits encore juvéniles de son visage le trahissent. Il respire la douceur. Pour un biker, cette idée me fait sourire.

— Je… Je voulais vous remercier pour notre frère. De le défendre, je veux dire. Je sais que vous êtes un crack, dit-il en rougissant, c'est ce que mes frères racontent. C’est bien que vous soyez là. Vous savez, c'est un gars bien.

— Oui. Je sais. Comment tu t'appelles ?

— Ranch, madame.

— Ok Ranch. Appelle-moi Bri. Je n'ai que quelques années de plus que toi.

— Ok mad… euh Bri. Faut que j'aille prévenir le Près’ de votre arrivée.

— Ok.

Alors qu'il se dirige vers la porte du bâtiment, de grands gaillards avec des blousons de cuir en sortent. Je fais le tour du véhicule pour rejoindre Nina qui me scrute inquiète et me saisit la main. J'observe discrètement le troupeau de mecs, amassé sur la terrasse à me détailler, quand des sifflements aguicheurs et provocateurs se font entendre. Ils se mettent à m'interpeller avec un langage grossier et fleuri.

Oh purée ! Ok Bri, respire. Tu t'y attendais. Respire. Respire. Ce n'est rien. Rien du tout. Pendant que Nina leur répond et vocifère je ne sais quoi, j’essaie de ne pas succomber à une crise de panique qui me ferait prendre mes jambes à mon cou. Nina, qui devine aisément la tempête qui fait rage à l’intérieur, resserre l’étreinte de sa main sur la mienne, me ramenant à la réalité en endiguant le flot d’inquiétude grandissant.

— Allez ma belle, me lance-t-elle, t’inquiète. Ils jouent les gros durs, mais tu verras, ce sont de supers nounours, hyper attachants !

Si ces mecs-là sont des nounours, moi, je suis la Reine d’Angleterre !

Avant que je n'aie eu le temps de lui répondre, mon portable se met à sonner. Mince. Je me retourne et m'éloigne rapidement des huées de cette meute de mâles en rut pour entendre mon interlocuteur. C'est Annabelle, ma secrétaire.

— Annabelle?

— Oui, bonjour Bri, excuse-moi de te déranger à peine sortie de l'avion, mais j'ai reçu un appel d'un certain Allan Walker, procureur général de Californie. Ta réputation te précède, comme toujours, rit-elle.

Je ne crois pas que ma réputation ait quelque chose à voir avec ça. C'est lui. Sinon, comment le Procureur aurait pu être au courant si rapidement, puisque je n'ai pas encore repris officiellement le dossier de la défense d'Adam. Hunter. Raaah, purée ! Hunter. Hunter. Hunter. Faut que ça rentre !

Bref, ça veut dire qu'il a des amis haut placés. Sont-ils au courant de ce dans quoi ils trempent? Ou ne sont-ils que des pions? Faudra éclaircir la question rapidement. Faut que j'appelle Fred, mon super hacker, qu'il voit ce qu'il peut trouver.

— Bri, tu m'écoutes?

Mince. Annabelle.

— Euh non, pas vraiment, désolée. Mais vas-y, maintenant, je suis toute ouïe.

— Ok, ça avait l'air urgent. Il aurait un marché à te proposer. Je lui ai dit que tu ne négociais jamais, mais il n'a rien voulu entendre. Il veut que tu le rappelles rapidement. Je viens de t'envoyer ses coordonnées par sms.

— Merci Annabelle. Comment ça se passe au cabinet?

— Bien, ne t'inquiète pas.

— Merci. N'hésite pas s'il y a quoi que ce soit.

— Comme toujours. À plus tard, ma belle.

— Bonne journée Annabelle.

Je consulte mes sms, lorsque mon téléphone sonne de nouveau. Un numéro inconnu avec l'indicatif californien. Tiens, tiens. Il n'a pas perdu de temps. Le Procureur Général serait-il inquiet ? En tout cas, il est bien renseigné. Il a obtenu mon numéro rapidement.

— Maître Callaghan, j'écoute.

Au moment où je prononce ces mots, le silence se fait derrière moi. Je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule, pour voir la plupart des hommes entrer à l'intérieur du bâtiment. Seulement trois titans restent et s'approchent de Nina. Cette dernière leur saute au cou.

Bri, concentre-toi.

— Maître Callaghan, Allan Walker, Procureur Général de Californie, vous devinez sûrement à quelle fin je vous contacte.

— Je l'ignore monsieur le Procureur, mais je suis certaine que vous allez m'éclairer.

— Adam Thomas. Je me suis laissé dire que vous alliez le représenter. Et j'ai un marché à vous proposer.

— J'ignore d'où vous tenez vos informations, mais elles sont inexactes et prématurées.

— Oh. Alors, la Reine des Glaces n'aurait pas fait le déplacement jusqu'en Californie pour ce dossier.

— Ce sur quoi vous vous méprenez, c'est que votre marché puisse m'intéresser. Je ne négocie jamais monsieur le Procureur. Vous devriez le savoir puisque vous avez de bonnes sources semble-t-il.

— Il risque la peine capitale, me coupe-t-il agacé.

— Et vous et moi savons qu'elle n'a pas été prononcée depuis plus de vingt ans.

— Pour un tueur d'enfants, il se pourrait bien que cela change.

— S'il s'avère coupable monsieur le Procureur.

— Il l'est, sans nul doute. Vous allez perdre. Les preuves sont accablantes.

— Tout comme vous, j’ai lu le dossier. Mais si vous en êtes tellement sûr, pourquoi négocier ?

— Je suis magnanime. Un coupable en prison, c'est toujours une victoire. Donc, pas de peine capitale. Perpétuité avec possibilité de remise en liberté dans trente ans, s'il plaide coupable à tous les chefs d'inculpation.

— Ça vous évite surtout un procès et une défaite. Parce que vous oubliez un point essentiel Monsieur le Procureur : la présomption d’innocence. Et toutes les conférences de presse du monde n’y changeront rien, claqué-je sèchement. Alors non, Monsieur le Procureur, affirmé-je fermement en me rapprochant de Nina et des autres, tellement la colère m'envahit. Nous ne négocierons pas. Est-ce clair? Douteriez-vous de vos compétences? Ou de votre dossier? Dans les deux cas, c'est votre problème, Monsieur le Procureur. Non le mien. Mon client est innocent, il sortira libre et blanchi. Bonne journée.

Lorsque je me retourne, je suis passablement agacée par cette tentative de déstabilisation. Il n'a rien trouvé de mieux. Filer mon numéro à son ami procureur. Croit-il vraiment que je sois une débutante ? Me sous-estime-t-il à ce point ? Mais si c'est le cas, tant mieux. Il risque d'être surpris. Ce ne sera pas mon cas, je sais à qui j'ai à faire.

Il faut que je recouvre mon calme. Je détaille les hommes avec lesquels Nina parle. Deux l'écoutent attentivement et lui sourient. Le dernier, en revanche, ne me quitte pas des yeux. Il émane de lui un puissant mélange de charisme, d’animalité, de virilité et de danger. Oui, ce mec est dangereux, c’est certain ! Mais il a aussi quelque chose d'attirant, de magnétique…

Il est grand. Je dirais environ un mètre quatre-vingt-dix. Une carrure impressionnante, solide, qui me donne immédiatement le sentiment d’être en sécurité et envie de courir me blottir dans ses bras. Putain, Bri, tu dérailles complètement ! Reprends-toi !

De larges épaules et un torse musclé, sans l'être trop non plus, mis en valeur par un tee-shirt blanc près du corps. Dessous, on distingue chaque muscle et de l'encre. Ses bras comme son cou sont tatoués jusque sous sa mâchoire carrée. Des tatouages sinueux de vagues et de combats maritimes. Magnifiques. Vraiment magnifiques. L'œuvre de Nina ? Possible. Alors que mes yeux le scrutent, un détail attire mon regard. Oh mon dieu ! Il a les tétons percés ! Je rougis et commence à avoir chaud. Pour tenter d’arrêter d’y penser, je remonte vers son visage. Sa mâchoire est recouverte d'une barbe noire. Courte, mais juste assez longue pour que je sache qu'elle serait douce au toucher. Des écarteurs noirs ornent les lobes de ses oreilles percées de nombreux autres bijoux. Les côtés de son crâne sont rasés à blanc, dévoilant, là encore, des tatouages. Des navires médiévaux, me semble-t-il, pris dans la tempête. Le rendu est vraiment superbe.

Ses cheveux ne sont pas d'un noir d'encre comme sa barbe, mais d'un bleu nuit sur le haut de son crâne, s'éclaircissant un peu sur la fin de sa longueur, rassemblée en une natte complexe et savamment étudiée qui doit lui retomber dans le dos. Le reste de sa silhouette est harmonieuse. Des hanches étroites et des cuisses musclées, mises en valeur par un jean noir déchiré, porté très bas sur les hanches, dévoilant sous le tee-shirt moulant, un V incendiaire.

J'ai chaud. Très chaud. Lorsque je m'approche encore, mon regard s'arrime au sien. Il est d'un gris rappelant une nuit de tempête ou un orage d'été. Je peux y lire de la souffrance et de la détermination. De la colère et une profonde tristesse. Je pourrais me laisser bercer par ce ciel d'orage, doux et tempétueux. Je pourrais m'y perdre. Une douce chaleur m'envahit avant que la réalité ne me frappe durement.

Comment… Enfin comment est-ce possible que... Aucun mec depuis… Enfin, c'est impossible. Non. Aucun mec. Jamais.

Je romps le contact visuel à cette idée et tente de juguler le cocktail d'émotions qui déferlent en moi. Je me concentre sur les deux hommes qui regardent Nina en souriant. Ils sont tous les deux grands et bien bâtis.

Le premier sur lequel elle a sauté est grand, un mètre quatre-vingt-quinze environ, avec des cheveux châtains rasés sur les côtés et un peu plus longs sur le dessus. Ses traits sont anguleux, avec des pommettes saillantes et une mâchoire carrée, recouverte d’une barbe soignement taillée. On dirait un hipster. Mais un hipster qui respire l'autorité et le contrôle.

Il a de très larges épaules et porte un tee-shirt noir moulant, avec un gilet en cuir par dessus qui laisse apparaître des bras imposants et fait ressortir des muscles parfaitement sculptés. Il a un jean troué avec une paire de rangers. J’aperçois également des tatouages sur son cou et ses bras, mais n'arrive pas à distinguer les motifs. Il dégage un charisme naturel, allié à une certaine sérénité, mais aussi quelque chose de redoutable, de dangereux. Quand il s'aperçoit que je le détaille, son regard bleu électrique se plante dans le mien. Bizarre, il me semble presque familier. Je déraille complètement. Toutes ces sensations et émotions sont particulièrement déroutantes. Je remets mon masque et décide que la meilleure défense c’est l’attaque.

J’engage la conversation et le manque de répondant de ces colosses m’amuse. Je croyais que ces montagnes de muscles avaient un peu plus de répondant. En même temps, ce n'est peut-être pas le moment de leur chercher des poux, si ? Je ne les connais pas après tout. Mais ils émanent d’eux une telle masculinité que mes hormones féminines sont en alerte et ressentent le besoin de s’affirmer, de marquer leur présence. Alors, je me campe sur mes jambes, soutient leur regard et vais même jusqu’à défier le chef Titan. Je continue de sentir le regard tempétueux de son acolyte, détailler mes traits avec attention et scruter la moindre de mes expressions. Il laisse comme une traînée brûlante derrière lui, jusqu'à arriver sur mes lèvres.

Je tente de me concentrer. Il le faut. J'en profite pour détailler l'homme d'origine amérindienne qui se tient devant moi. Shadow. Il est presque aussi grand que le Président, brun, les cheveux longs, tressés par endroits avec des plumes, enserrées solidement dans des fils fin de cuir. Son visage est détendu et a quelque chose d'avenant, presque jovial, alors que ses traits demeurent impassibles. Il respire la sérénité, le calme, la bienveillance. Mais ses yeux noirs se révèlent espiègles, bien que remplis de sagesse. Le binôme des deux hommes semble vraiment bien équilibré.

Tout comme ses acolytes, ses bras et son cou sont ancrés de symboles, probablement tribaux, d'animaux et d'entrelacs complexes. Plus athlétique que ses compères, il porte un tee-shirt noir AC/DC et un jean noir usé et déchiré. Question muscles, il n'a rien à envier aux deux autres. Quoique le chef Titan est franchement impressionnant et n’a pas l’air commode. Le regard noir qu’il tourne à Nina lorsqu’elle pouffe pourrait en dissuader plus d’une, mais pas ma lionne. Mais la tendresse que je lis ensuite lorsqu’il la regarde ne m’échappe pas. Nina lui plaît ? Piste à creuser…

Puis, il me présente d’un hochement de tête, le regard acier qui me scrute depuis tout à l’heure. Le Sergent d’Armes. Oh purée ! C'est donc lui, que j'ai eu au téléphone. Lui, qui nous a annoncé la mauvaise nouvelle avec une voix à faire fondre les petites culottes à cents mètres à la ronde. Le meilleur pote d'Hunter. Super. Manquait plus que ça. Ok. Respire. Il faut que je reste à distance. Vraiment loin. Quoi de mieux que jouer la Reine des Glaces?

— C’est vous que j’ai eu au téléphone, dis-je glaciale.

À cette affirmation, les deux autres sourient comme des idiots. À leur tête, je me doute qu'il n'a pas dû apprécier que je le rembarre comme je l'ai fait. Mais nous n'avions pas de temps à perdre. Et puis, mieux vaut qu'il garde ses distances. Je leur serre la main, en terminant par Anchor. À son contact, mon corps réagit et se couvre de frissons. Purée. Mince. Pourvu qu'il ne l'ait pas remarqué. Si lui n'en a rien vu, Nina en revanche, n'a rien manqué. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Et elle m'adresse un clin d'œil qui veut tout dire. Mince.

Le chef Titan exige de savoir ce que voulait Monsieur le Procureur, mais je coupe court et le rembarre. Hors de question de discuter stratégie ici, au beau milieu d’une cour alors qu’il en va de la vie d’Ad…, d’Hunter. À ma réponse tranchante, son corps se tend. Visiblement, il n’a pas l’habitude qu’on le remette à sa place. Ça me tire intérieurement un sourire. Aie. Aurais-je heurté le Près' ? Il semblerait.

— Ça, c’est à moi d’en décider, gronde-t-il. Mon club, mes hommes, mes règles.

Oh non Monsieur le Titan ! Je ne suis pas là pour obéir et satisfaire des hommes de Néanderthal tout juste bons à huer une femelle à leur goût quand ils en voient une ! Et puis quoi encore ! Personne ne me traînera par les cheveux dans sa caverne ! J’ai les ovaires bien accrochés ! Je défie quiconque d’essayer ! Plus jamais je ne me soumettrai à un homme !

— Ma famille, mon job, mes règles, tranché-je avec fermeté.

On se défie du regard pendant quelques secondes. S’il croit que je vais baisser les yeux devant lui, il rêve. Plus jamais. Il finit par lâcher sans que nos regards ne se quittent. Mais je le coupe. Je n’ai pas de temps à perdre. Qui sait ce qu’il va encore trouver pour m’atteindre ? Essayer d’attenter à sa vie ? C’est possible. Donc plus vite Hunter sera dehors, plus vite ils seront tous en sécurité. Et je pourrais m’occuper de lui. Le Président serre de nouveau les dents devant mon attitude volontairement autoritaire, voire provocatrice. Mais je ne céderai pas. Je suis là pour Hunter. Uniquement pour lui.

— Dans mon bureau.

Il fait un signe de tête aux yeux tempétueux qui ne me quittent pas et avance en direction du bâtiment. Je lui emboîte le pas, Nina près de moi charriant Shadow. Ces deux-là ont l'air assez proches, ce qui me fait sourire. J'aimerais tellement qu'elle trouve l'amour, qu'elle soit heureuse. Même si c'est un biker qui doit en être à l'origine. Seul son bonheur m'importe.

Lorsque nous entrons dans le bâtiment derrière le titan, je m’arrête quelques instants pour balayer les lieux du regard. L'entrepôt est immense, très bien aménagé. Le sol est en béton ciré et la carcasse du bâtiment faite de grosses poutres métalliques qui donnent un caractère industriel à ce lieu. Les murs recouverts de planches de bois brut, donnent un effet plus chaleureux, bien qu'assez masculin, qui contrastent et en même temps s’allient à merveille avec la rigueur de la structure métallique.

Sur notre droite, il y a un grand bar, derrière lequel s’active un homme d’une quarantaine d’années, grand, élancé, mais néanmoins musclé. Et un second plus jeune. Grand, brun et bien bâti. Des hommes sont accoudés au bar, portant tous un blouson ou cut de cuir avec l'emblème du club.

Au milieu des flammes, émerge une série de crânes. Sur l’un d’eux, à gauche, s’appuie d’une main squelettique, une silhouette vêtue d’une cape noire en haillons surmontée d’un capuchon. Dans son ombre, un regard flamboyant et flippant, qui nous scrute. Le bas du visage squelettique arbore un sourire carnassier, tout aussi effrayant que son regard démoniaque. Dans sa main droite, une faux. La grande faucheuse. La mort. Elle fait froid dans le dos. Et l’inscription en dessous n’arrange rien : nous sommes ce que tous redoutent.

Oh purée, qu’est-ce que je fous là déjà ?!!

Je n’avais jamais vraiment prêté attention à leur emblème. Pourtant, je l’ai déjà vue. Hunter l’arbore fièrement, tatouée dans la chair de son dos. Ça annonce clairement la couleur. Ce ne sont pas des enfants de chœur ou des nounours ces types là, c’est sûr ! Et Hunter est l’un des leurs !

Tous les gars présents se sont tournés et nous scrutent depuis que nous sommes entrés. Certains hochent la tête en direction de Nina. Les regards s’attardent sur moi et me reluquent de la tête aux pieds. Je tente de les ignorer, de contenir la panique que je sens poindre en continuant mon tour d'horizon.

En face de nous, un large escalier métallique qui semble conduire aux étages supérieurs. À gauche, un vaste espace avec un salon, un immense écran plat et des canapés en cuir brun sur lesquels sont installés d'autres hommes avec sur leurs genoux, des femmes très peu vêtues, voire quasi nues. Ces dernières nous lancent des regards noirs. Ok. Il va falloir qu'elles se détendent. Aucun risque qu'on marche sur leurs plates-bandes. Et si elles continuent, il se pourrait que Nina tente un strike avec l'une d'entre elles en guise de boule et les autres de quilles. Cette idée a le mérite de me faire esquisser un sourire.

Je reprends ma découverte visuelle de ce lieu très masculin. En guise de tables basses, des fûts de bière. Derrière, les canapés, plusieurs tables de billard, jeux de fléchettes, etc… Les regards se font plus lourds et insistants. Je suis de plus en plus mal à l'aise. Il faudra que Nina et moi en discutions, mais les recherches d'appartements vont devenir prioritaires. Il va m'être difficile de vivre, de me concentrer et de travailler au milieu de tous ces mâles en rut, de leurs regards concupiscents et de leur attitude d'hommes des cavernes, cédant à leurs moindres pulsions.

J’opte pour le repli stratégique et continue mon chemin en direction des escaliers pour rejoindre Apocalypse, Nina et Shadow, qui m'ont quelque peu devancée. Le Sexy Navy ferme la marche quelques mètres derrière moi. Au moment où je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule pour vérifier, on me saisit violemment par le bras et me tire en arrière. Forcée de faire volte-face, je me retrouve devant une brune, à forte poitrine, très, très légèrement vêtue, dont les yeux noirs me lancent des éclairs.

Ok Bri, respire. Respire.

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