Naos ne parla pas du dîner, mais elle pouvait davantage sentir son regard sur elle.

Elle ne termina pas son assiette, l’estomac bien trop noué.

— Est-ce qu’on va en parler ?

Il releva les yeux de son verre de vin.

— Du fait que nous ne nous sommes toujours pas mariés ?

Elle plissa les yeux.

— Je n’ai jamais scellé cette promesse, répondit-elle, ni même accepté.

— Et pourquoi ça ?

Elle haussa les épaules.

— Peut-être parce que tu as tué ton père ?

Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il posait son verre sur la nappe blanche.

— Et le tien aussi. M’en tiens-tu aussi rigueur ?

Elle ne répondit pas et le sourire du roi s’élargit.

— Tu vois ?

— Non.

Il fit claquer sa langue sur son palais alors qu’une domestique à la peau givrée faisait son entrée.

— Ne penses-tu pas que j’avais de bonnes intentions en les tuant tous les deux, Lyn ?

Elle haussa les épaules. Dans les deux cas, c’était un meurtre.

— Pourquoi l’as-tu fait ? Pour quelle intention ?

Il haussa les épaules à son tour.

— Tu comptes leur dire ?

— À qui ?

— Ne joue pas les imbéciles, Erlyn.

La domestique prit l’assiette de Naos alors que ce dernier se levait.

— Adriana ?

La jeune femme se tourna vers lui, surprise.

— Oui ?

— Peux-tu dire à Erlyn, ce que tu es ?

Adriana parut mal à l’aise.

— Je fais partie du peuple des glaces, madame.

Il se tourna vers elle.

— Tu peux disposer, Adriana.

Elle se courba et prit leur assiette.

Il s’avança vers elle et lui tendit la main.

— Tu veux des réponses ?

Elle secoue la tête.

— Non.

Il éclata de rire.

— Pourquoi ? Je t’offre de quoi connaitre la vérité, Erlyn, la mienne.

— En quoi ça changerait le cours de l’histoire ?

— Je veux que tu arrêtes de me regarder comme un monstre, s’énerva-t-il. Je ne suis pas un monstre.