CHAPITRE 5 : ETRANGE

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Suffit-il que des choses étranges se produisent régulièrement pour qu’elles deviennent banales et insignifiantes ? Je me pose la question depuis quelques temps. Depuis la survenue de faits inhabituels dans ma routine jusqu’à présent sans surprise.

A bien y réfléchir, les tous premiers désordres ressentis ont été ces petits bruits entendus pendant une phase d’éveil préparatoire. Des petits coups sourds et rapides suivis de petits grincements. Je me souviens que j’étais positionnée devant l’évier pour ingurgiter mes gélules. Je ne les ai plus jamais entendus par la suite. Il y a eu également cette fine poussière blanche découverte sur mon lavabo peu de temps après. J’y ai posé le bout de mon index, la poussière s’est collée à ma peau. Je l’ai approchée de mon nez, elle était inodore. Je l’ai fait rouler entre mon pouce et mon doigt, j’ai senti sa finesse et sa douceur.

Ces deux faits inhabituels sont ensuite sortis de mon esprit à l’arrivée de FIL. La petite créature a occupé toutes mes pensées, repoussant toutes mes interrogations dans un coin de ma tête.

Le répit a cependant été de courte durée. En effet, par la suite, des microcoupures de courant se sont produites à de multiples reprises, me laissant interloquée, dans le noir et le silence total pendant quelques secondes à chaque fois. J’ai pensé que ces dysfonctionnements étaient de mon fait. La possibilité que je fasse des mini malaises et que je puisse avoir des absences a effleuré mon esprit. Je n’en ai rien dit à MOM pour ne pas l’inquiéter. Je me suis rassurée en me disant que si mon capteur ne signalait rien, cela voulait sûrement dire qu’il n’y avait pas lieu de se stresser ni d’en parler.

J’essayais de ne plus penser à tout cela, mais je sentais bien que mon cerveau en arrière-plan, continuait d’analyser ces faits pour leur trouver une signification logique.

A l’instant présent, installée dans mon fauteuil, je trie mes images. Ma phase d’activité a commencé depuis un certain temps. Des ronds verts succèdent à des triangles jaunes, je fais défiler les images d’un léger mouvement de balayage avec ma main droite. Soudain, le ronronnement de ma série est interrompu par un écran totalement noir. Pas une coupure de courant, non. Un écran noir. J’ai beau répéter mon mouvement de balayage avec insistance, l’écran noir persiste. Au bout de quelques secondes néanmoins, les images colorées reviennent. Je suis soulagée, étonnée, mais pas vraiment inquiète. MOM ne s’est pas manifestée. Il s’agit sûrement d’un test de sensibilité.

Le défilement d’images géométriques reprend, monotone et soporifique. Puis, écran noir. Je balaye l’image, et cette fois-ci, des lettres rouges sur fond noir s’affichent devant mes yeux écarquillés. Je lis « LE MOUVEMENT ». Le défilement habituel reprend. Puis à nouveau, écran noir et lettres rouges : « LIBERATION ». Défilement, puis un nouveau mot : « BIENTÔT».

La série géométrique reprend sa place. Ma main semblant déconnectée de ma tête, termine toute seule et mollement de balayer les images jusqu’à la fin de ma phase d’activité. Mon cerveau quant à lui, totalement accaparé par les trois mots qu’il a lus est dans un état de sidération.

Je comprends le mot « mouvement », mais les mots « libération » et « bientôt » n’ont pas de sens pour moi. J’ai beau chercher, je ne comprends pas la signification de tout cela.

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