Chapitre 31

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Sagitta, Douzième Royaume, Palais de Valyar...

Lucas entra dans le bureau du Djicam de Massilia et salua. Plusieurs Mecers étaient présents, leurs ailes créant un assortiment de couleurs. Les Émissaires le saluèrent en retour, les Messagers se contentèrent d’un signe de tête.

–Bien, nous sommes au complet, annonça Ivan en croisant ses doigts sous son menton. Aioros a découvert la raison de la présence des Maagoïs sur Massilia. Zerus do Ninzo, le chef des Clans des Montagnes du Sud, a été assassiné.

Ça, c’était une mauvaise nouvelle, songea Lucas. Et il n’était pas le seul à le penser s’il en croyait l’expression de ses confrères.

–Minos, reprit le Djicam, tu prendras sept Émissaires de ton choix et tu iras assurer la sécurité sur place. Je compte sur ta diplomatie.

–À vos ordres, Djicam, répondit le Messager en saluant.

–Le Commandeur Éric doit être éliminé. Sa connaissance du terrain le rend bien trop dangereux.

–J’en suis conscient, Messager Arcal, dit Ivan, soucieux.

–Le Clan des Montagnes du Sud va se plaindre d’un manque de protection. Ils n’ont jamais porté la Seycam dans leur cœur, surtout depuis…

Arcal s’interrompit brusquement. Le sujet restait sensible pour son supérieur.

–Je sais, s’assombrit le Djicam. Aioros ira se charger de présenter nos condoléances. Pour le reste… nous ferons au mieux.

–Les Clans vont exiger des actions plus concrètes. La présence du Commandeur sur le sol Massilien est une insulte.

Plusieurs Mecers acquiescèrent et Lucas lutta pour rester impassible. Cette affaire prenait soudainement une tournure bien plus personnelle.

–Nous allons nous occuper du Commandeur, Messager, assura Ivan.

Le Djicam exposa ses mesures aux Mecers présents, qui acquiescèrent ou avancèrent des suggestions.

Lucas étouffa un bâillement. Il n’arrivait pas à garder son esprit concentré sur la conversation, et après tout, ils se débrouillaient très bien sans lui. Il lui tardait de récupérer Itzal et de rentrer.

Un point au loin attira son attention, et il se rapprocha de la fenêtre. Une mince colonne de fumée s’étirait dans les faubourgs. Un incendie à Valyar, plutôt inhabituel, mais rien d’anormal pour une ville de cette ampleur. Alors pourquoi cette inquiétude soudaine ?

Qu’est-ce qui te tracasse autant ? demanda Lika.

Je ne sais pas. Une impression…

Puis le Messager eut un déclic.

Dis-moi qu’elle n’est plus chez son père.

Elle y était la semaine dernière.

Le soulagement de Lucas ne fut que de courte durée.

Il faut que j’aille voir sur place.

–Un problème, Messager Lucas ?

Le jeune homme se détourna de l’horizon pour se découvrir au centre de l’attention générale. Bras croisés, le Djicam semblait plus déçu que réellement contrarié.

–Je crains d’avoir été distrait, s’excusa Lucas, s’attirant quelques sourires.

Autant pour son image, il venait de passer pour un jeune Seyhid incapable de se concentrer quelques minutes.

–Par un peu de fumée ? s’enquit Arcal.

Le Messager s’approcha de Lucas et fronça les sourcils.

–Je suis bien placé pour savoir que ce n’est pas une raison suffisante pour te distraire. Qu’y a-t-il ?

–L’endroit me parait bien trop proche de la maison de son père, Messager.

Arcal reporta son attention sur le Djicam Ivan.

–Nous avons plusieurs Mecers sur place, confirma celui-ci. Ils auraient prévenu en cas de problème.

Sauf s’ils sont dans l’incapacité de le faire, rétorqua Fang.

Tu es inquiet ?

Cela ne leur ressemble pas.

–Va donc faire un tour sur place, soupira Ivan.

–Merci, Djicam, salua Lucas.

–Je t’accompagne, ajouta le Messager Arcal. Un Mecer blessé ne part pas seul.

*****

Les deux Mecers gagnèrent rapidement les écuries du Palais, et Lucas maudit sa malchance de ne pouvoir gagner la voie des airs. C’était tellement plus rapide !

Le Messager Arcal perçut sa frustration et posa sa main sur son bras.

–Inutile de regretter ce qui ne peut être, dit-il. Je te suis.

Lucas remercia son ancien mentor. Par son geste, il lui montrait qu’il lui restait encore bien des choses à apprendre ; par ses paroles, il se plaçait tacitement sous ses ordres. Une preuve de reconnaissance que Lucas apprécia à sa juste mesure.

Il aurait voulu galoper jusqu’à la colonne de fumée qui déparait les cieux ; mais impossible de s’y risquer dans les rues pavées de la capitale. Le chemin, Lucas le connaissait par cœur. Il avait si souvent quadrillé le quartier lors de ses tours de surveillance…

Arcal et Lucas attachèrent leurs chevaux à un arbre non loin de là. Les bêtes renâclaient comme l’odeur du feu était plus prégnante.

Ils s’approchèrent pour découvrir qu’une chaine était déjà formée, l’incendie éteint. Seules subsistaient çà et là quelques fumerolles au milieu des décombres. Trois maisons n’étaient plus que gravats ; les derniers espoirs de Lucas s’évanouirent quand il constata l’étendue des dégâts.

–C’était là ? commenta Arcal.

–Oui. Tout est détruit.

Les deux Messagers s’immiscèrent dans la foule qui s’était regroupée. La garde de la ville était déjà sur place, repoussant les badauds. Arcal repéra rapidement le sergent aux deux chevrons dorés sur son épaule.

–Que s’est-il passé, sergent ?

–Un incendie, Messager, répondit l’homme après un bref coup d’œil à l’uniforme blanc. Une querelle de voisinage, apparemment. Quel désastre…

–Des blessés ?

–Trois personnes légèrement intoxiquées, deux morts, et… (le sergent hésita un instant). Peut-être devriez-vous voir le dernier par vous-même, Messager, indiqua-t-il.

À quelques mètres de là, un guérisseur soctorisien, reconnaissable à la mèche rouge qui parcourait sa chevelure, était agenouillé près d’un corps immobile.

Lucas et Arcal le rejoignirent.

–Luor, murmura le jeune Messager en reconnaissant son confrère aux ailes bronze.

Le guérisseur fronça les sourcils à leur approche.

–Vous le connaissez ?

–Oui.

–Ses blessures sont superficielles, pourtant… je suis en train de le perdre. Je ne comprends pas.

Au verdict, Lucas avait pâli. Le Messager Arcal posa une main sur l’épaule du guérisseur.

–Il est au-delà de votre pouvoir, guérisseur. Son Compagnon est mort, et il ne va pas tarder à le rejoindre.

L’air sombre, le Soctorisien acquiesça avant de se retirer. Il n’était jamais facile d’accepter son impuissance face à un patient.

L’Émissaire ouvrit les yeux avec difficulté.

–C’est toi, Lucas ? Je… t’attendais.

–Que s’est-il passé ? demanda Lucas en s’agenouillant près de son confrère.

Voir Luor dans cet état lui déchirait le cœur. Nul Mecer ne survivait bien longtemps à son Compagnon ; qu’il ait tenu jusque-là relevait de l’exploit.

–Ils étaient trop nombreux. Je… je n’ai rien pu faire. Ils savaient, Lucas. Wari… C’est arrivé si vite… je n’ai pas pu le sauver. Je suis désolé.

Lucas serra sa main dans les siennes et força les mots au travers de sa gorge sèche.

–Tu as fait de ton mieux, mon ami. Merci. Nous n’oublierons pas ton courage. Puisses-tu trouver la paix dans les Jardins d’Eraïm.

–Merci, souffla Luor.

L’Émissaire parut soulagé d’un grand poids ; ses yeux se fermèrent et ses traits s’apaisèrent comme il passait dans l’autre monde.

Lucas se releva. Ce n’était pas la première fois qu’il accompagnait l’un de ses confrères dans la mort ; jamais il ne s’y ferait. Chaque fois la même douleur s’emparait de lui.

Lucas refoula sa tristesse et s’obligea à se rappeler les bons moments qu’ils avaient partagés.

Mourir au combat était honorable et Luor avait accomplir son devoir jusqu’au bout. Son sacrifice méritait le respect.

Arcal, l’air sombre, lui annonça que Lisko était l’une des deux autres victimes. Les blessés étaient de simples passants qui avaient tenté de s’interposer lors de l’altercation ; Luor avait réussi à avoir l’un des assaillants avant qu’ils ne tuent son Compagnon. L’incendie n’était qu’une couverture bien commode pour que le groupe d’attaque camoufle sa fuite et tente de brouiller les pistes.

–Je vais m’occuper de rapporter ces faits au Djicam, déclara le Messager Arcal. Nous rassemblerons une équipe pour retrouver leurs traces. Ce crime ne doit pas rester impuni.

Lucas acquiesça.

–Le décès de Luor obligera la garde de Valyar à coopérer avec nous.

–Oui, sous leur juridiction certes mais nous aurons accès à tous les points clés du dossier.

–Très bien. J’imagine qu’il ne me reste plus qu’à lui annoncer la nouvelle…

La tâche s’annonçait ardue et délicate.

–Elle est ton Estérel, dit Arcal avec compassion. Tu sauras trouver les mots.

*****

Le Messager Lucas montait lentement les escaliers de la Tour du Palais quand il croisa Satia et Laria.

–Lucas ! s’exclama Satia. Ça faisait longtemps ! Qu’est-ce qui t’amène ici ? Oh, mais tu es blessé ! continua la jeune femme en avisant l’aile plaquée sur son dos. Comment est-ce arrivé ? Je croyais que tu étais en vacances ?

–Il faut qu’on parle, salua Lucas quand il put en placer une.

Son ton grave était suffisamment inhabituel pour que Satia s’inquiète.

–Venez, dit-elle en rebroussant chemin.

L’ascension se poursuivit dans un silence tendu. Une fois les jeunes gens dans son salon, Satia les invita à s’asseoir avant de se laisser tomber dans un fauteuil. Lucas resta debout.

Satia fronça les sourcils. Son ami paraissait bien préoccupé pour refuser ainsi un siège.

–Alors, qu’y a-t-il ? Pourquoi tout ce mystère ?

–C’est au sujet de ton père.

La jeune femme pâlit. Lucas n’abusait jamais des privilèges que son amitié avec la Durckma aurait pu lui apporter. Pour demander ainsi à lui parler, pour être si hésitant… il s’était passé quelque chose de grave.

De si grave qu’elle n’osait y penser.

–Je t’écoute, dit-elle avec tout le calme qu’elle put rassembler.

–Il y a eu un incendie. Il n’a pas survécu.

Il y avait tant de compassion dans sa voix qu’elle sentit les larmes perler à ses paupières. Il n’ajouta rien de plus ; c’était suffisant.

Elle eut l’impression que tout s’effondrait autour d’elle. Tout devint distant, comme si elle évoluait à travers une épaisseur de coton.

–Comment ? s’entendit-elle demander.

Le Messager lui raconta tout.

–Je veux y aller.

Lucas hésita.

–En es-tu certaine ?

–Il a raison, intervint Laria, soucieuse. Tu es encore sous le choc. Tu as le droit de…

–J’irai, la coupa Satia. Avec ou sans vous.

Elle croisa les bras.

Lucas reconnaissait bien cet air déterminé. Elle ne changerait pas d’avis. Sa tristesse et sa douleur étaient occultées pour le moment, et peut-être pas autant qu’elle le supposait. Il était évident qu’elle était au bord des larmes. Elle craquerait, ce n’était qu’une question de temps.

–Allons-y, capitula le Messager sous le regard surpris de Laria.

–Tu l’encourages dans cette folie ? s’étonna l’Atlante alors que Satia s’élançait vers la porte.

–Elle en a besoin.

–Tu réalises que c’est exactement ce qu’ils attendent d’elle ? dit Laria tout en descendant les escaliers à la suite de la jeune femme.

–Ne me prends pas pour un amateur, avertit Lucas d’une voix glacée. La garde de Valyar est mobilisée et des Mecers sont présents sur place.

*****

Sagitta, Douzième Royaume, Forêt de Farion…

En garde, Itzal attendait de pied ferme ses quatre agresseurs, essayant de se remémorer les leçons de Lucas. Le chef des Faucons Noirs s'avança, désireux de régler son compte à ce petit oisillon.

–Est-ce ainsi que tu nous remercies ? cracha-t-il. Nous t'avons recueilli, nous t'avons tout appris pour qu’un jour tu sois notre guide, et toi, tu fais tout capoter dès ta première mission ! As-tu seulement pensé aux explications que nous avons dû fournir ? Les Faucons Noirs ne ratent jamais leur cible ! À cause de toi, nous avons échoué dans cette opération. Pourquoi, Itzal ?

–écoute, Jonis, je n'ai pu…

–Tais-toi donc ! Je ne me suis pas déplacé pour entendre ce genre d'excuses minables ! Tu les as vus mourir, et tu as eu peur, oui, peur qu'il t'arrive la même chose ! Eux sont morts ! Par ta faute ! Ai-je besoin de te rappeler leurs noms? Sivo, Max, Rorbert,…

–Arrête donc ! s'écria le jeune Envoyé, au supplice. Je n'y suis pour rien ! Je…

–Tu étais marqué ! Tes parents le savaient ! Tu es le seul à posséder des ailes aussi noires que la plus obscure des nuits ! Tu étais destiné à devenir notre chef, et tu as tout gâché…Tout ça pour suivre un Massilien de pacotille, un Mecer qui plus est ! T'a-t-il déjà expliqué leurs stupides concepts d'honneur, de justice, et de paix? Il n'y a qu'une seule loi dans ce monde, celle du plus fort ! Le reste ne signifie rien. Oui, tu peux perdre ton temps à aider les faibles, mais tu n’obtiendras jamais rien en retour ! Je te donne une dernière chance, Itzal. Reviens parmi nous. Ta punition sera légère… tu es celui que les Faucons Noirs attendent depuis toujours. Tu seras avec nous… ou tu mourras.

Itzal sentit sa détermination. Jonis ne s'était pas hissé au rang envié de Chef d'Escouade sans difficultés. Il lui avait donné une chance, en effet, mais… Mais Itzal avait désormais une autre vie, un autre but et un passé qu'il désirait oublier.

–Je suis désolé, Janis. Ma réponse est non.

Les yeux bleus se posèrent sur les siens, le jaugeant.

–Tu es sûr?

–Oui, répondit Itzal sans l'ombre d'une hésitation, raffermissant sa prise sur la poignée de son épée.

–Dommage, tu aurais fait un grand Faucon Noir. Krior, Trae, tuez-le. Lentement, je veux le voir souffrir.

Les deux lieutenants se rapprochèrent d’Itzal l'épée au clair, un sourire promettant mille morts plaqué sur leurs visages. Le troisième homme entreprit de monter la garde pour que le Chef puisse savourer le spectacle sans être dérangé.

Le jeune Envoyé recula lentement, réfléchissant à toute vitesse pour trouver une solution à cette situation plutôt désespérée.

–C’est qu’il se dérobe, le petit… je vais te clouer au sol, maudit serpent !

Trae s’envola pour attaquer Itzal par en dessus tandis que son compagnon le pressait. Contrant désespérément les assauts des deux partenaires, l'Envoyé sentait de petites piques toucher tout son corps. Krior se fendit, l’atteignant au bras. Itzal tenta de contre-attaquer, il recula hors de portée, laissant le champ libre à son partenaire, qui lui entailla le front. Aucune blessure sérieuse, oh non, ils avaient l'intention de le faire souffrir longuement. Le sang qui coulait le long de son bras risquait de lui faire perdre sa prise sur son épée : Itzal n’osait imaginer les conséquences d’un tel désavantage. Sa blessure au front l’aveuglait à moitié. Il essaya d'augmenter le rythme de ses attaques, et au bout de quelques secondes sa lame ne fouetta plus que le vide. Un peu inquiet il essuya le sang sur son visage avec sa manche, et distingua la scène plus clairement. Contre toute attente, Krior et Trae avaient reculé. En avait-il blessé un ? Il en doutait, ses coups n’avaient rencontré que le vide.

Il sentit un souffle chaud sur sa main. Un panthirion adulte se tenait à ses côtés, sa fourrure argentée miroitant au soleil couchant, sa silhouette aux contours flous se fondant dans les ombres. Itzal déglutit péniblement. Il avait maintenant le choix entre se faire tuer ou… se faire tuer. Puis les grands yeux du fauve rencontrèrent les siens.

Je te protège, Aile Noire.

Étrange, il avait presque l’impression que la voix venait du félin.

Il n’eut pas le temps d’approfondir la question, car Krior et Trae attaquaient de nouveau, exhortés par leur Chef. Sa lame rencontra violemment le fer de Krior et le choc lui remonta jusqu'à l'épaule. Il se demanda comment il avait pu juger les leçons du Messager inutiles. Il para juste à temps une nouvelle attaque, puis la suivante. Sa satisfaction fut coupée lorsqu'une douleur aiguë lui transperça la cuisse. Lâchant son épée pour comprimer le flot de sang qui jaillissait de la blessure, il se laissa tomber au sol pour esquiver le coup de grâce. La pointe d'une lame le piqua sous le menton, le forçant à lever la tête.

–Alors, on fait moins le fier, n'est-ce pas ? Fais tes prières, car personne ne viendra à ton secours, dit Trae.

–Tu peux le tuer, fit Jonis qui s'était approché. Je veux le voir mourir.

Itzal ferma les yeux comme Trae levait son épée et se préparait à frapper. Il eut une pensée pour ses parents qu'il n'avait pas revus depuis fort longtemps, pour Lucas dont il avait été un piètre élève, pour une Atlante qu'il avait souvent aperçu aux abords au Palais sans oser l’aborder…

Prends soin de Roïk.

Encore ? Qui était ce "Roïk"? Un rugissement suivit d'un cri de douleur lui fit ouvrir brusquement les yeux. La sentinelle venait de se faire attaquer. Trae et Krior se précipitèrent aux côtés de leur frère d'arme, délaissant Itzal. Le regard de Jonis s'obscurcit.

–N'aie crainte, Itzal. Ce n'est qu'un léger contretemps. Tu vas mourir.

–Il est mort, cria Krior. Saleté de bestiole !

–Elle doit être encore dans le coin. Je vais la tuer, dit Trae fermement.

Les deux hommes se dirigèrent en direction du sous-bois.

–Des traces de sang. La bête est blessée.

Ils suivirent les flaques de sang pendant quelques mètres, et finirent par apercevoir la bête gisant sur le flanc, exténuée. Sur son flanc s'étalait une tâche sombre.

–Je n'en attendais pas moins de Vifek, commenta Trae.

Il s'approcha de la bête, qui donna quelques coups de griffes qu'il esquiva aisément. Il plongea sa lame dans son cœur, et après quelques spasmes, le corps devint inerte.

–Magnifique fourrure, cependant, dit Krior tandis que Trae nettoyait rapidement son épée avant de la remettre au fourreau. Dommage que tu l'aies abîmée.

Trae haussa les épaules.

–Elle était tâchée, de toute façon…

Une petite boule de fourrure noire se jeta en grondant sur le chemin tandis qu'ils se dirigeaient vers leur Chef.

–Tiens, encore un qui va mal finir, se moqua Krior. Il dégaina son épée, mais l'éclat du soleil sur l'acier fit fuir le jeune animal qui détala en couinant.

–Qui va mal finir ? interrogea une voix provenant d'une silhouette à contre-jour. Les deux hommes ne distinguaient pas ses traits, pourtant la voix était familière et le gabarit ne correspondait pas à leur chef. L’Envoyé avait profité de sa position pour comprimer sa blessure à l’aide de sa ceinture ; exagérant la douleur, il s’était rapproché de Jonis. De sa jambe valide, il avait fauché le Faucon Noir… qui par pure chance s’était empalé sur son propre poignard. Revigoré par la sensation qu’Eraïm était avec lui, il était bien décidé à en finir avec cet épisode de sa vie.

–Où est Jonis ? demanda Krior sur un ton impérieux.

–Avec ses ancêtres et vous allez bientôt le rejoindre.

–Petit insolent !

Krior se précipita sans réfléchir sur le jeune homme.

–Attends ! s'écria Trae.

Toi faire attention ! Avoir griffe de métal !

C'est bon j’ai vu…

Le Mecer se déplaça légèrement, et le Faucon Noir ne frappa que le vide. Son adversaire ne fit pas cette erreur, et son épée s'enfonça jusqu'à la garde dans le corps de Krior.

–Alors, tu ne viens pas, Trae?

–Tu as progressé, Itzal… mais pas suffisamment pour me battre à la régulière. Tu as eu de la chance, c'est tout. Je ne peux prendre le risque d’être blessé.

Le Faucon Noir s'éleva dans les airs.

–Je dois rentrer rapporter ces faits, mais d'autres viendront ! Tu mourras, Itzal !

Trae hors de vue, Itzal se laissa glisser au sol. Sa jambe le faisait souffrir atrocement.

Toi fort ! Toi sauver Roïk !

Mouais, faudrait plutôt que j'aille voir un guérisseur, c'est pas bon d'entendre des voix aussi souvent.

Roïk te protéger ! Toi te reposer.

Trop fatigué et épuisé pour réfléchir, Itzal se sentit doucement glisser dans l'inconscience. Il ne vit pas une petite silhouette noire s'asseoir à côté de lui comme pour monter la garde.

*****

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