Ma chère vieille ennemie,

Cela fait fort longtemps que je ne t'ai pas croisée sur mon chemin. Je t'écris aujourd'hui cette lettre pour que tu saches à quel point je te déteste.

Je sais bien que tu ne liras jamais ces mots, mais j'aime à penser que mon venin t'atteindra et que tu te décomposeras d'horreur face à ma haine, même si cela est impossible.

Je me souviens encore de la première fois oú je t'ai rencontré, c'était il y 46 ans. Tu rôdais près d'Eloïse et moi, scrutant celle que j'aimais comme si elle était ta proie. Tu me l'as prise, sans aucun scrupule, je ne pourrais jamais te pardonner pour ça.

Eloïse était la femme de ma vie, tu n'avais pas le droit de me la voler. Il existe tant de femmes dans ce monde, alors pourquoi ne pas en avoir pris une autre ? Pourquoi Eloïse ?

Tu me dégoûte, j'aimerais te voir disparaitre de la surface de la Terre. Et figure toi que je ne suis pas le seul à penser comme ça. Et oui, avec le temps tu t'es attirés la haine de beaucoup de personnes.

De plus, puisqu'on en est aux confessions, j'ai toujours eu en horreur cette manie que tu avais de tout prendre. Tu ne donnais jamais rien à personne si ce n'est du chagrin, en revanche tu étais la première à prendre ce qui ne t'appartenait pas. Eloïse ne t'appartenait pas. Et je ne t'appartiens pas non plus.

Je suis fatigué de me battre contre toi. Je sais que tu vas venir me rendre visite, je le sens. Tu as toujours aimé prendre les gens par surprise comme la petite vicieuse que tu es. Mais je ne te ferai pas le plaisir de laisser apparaître une quelconque once de peur sur mon visage ridé. Je te déteste tellement que je n'ai plus de place en moi pour la peur.

Lorsque tu passeras ma porte pour venir me rejoindre dans ma chambre, je te regarderai en face et je te cracherai ma haine en plein visage.

Alors dépêche toi de venir la mort, tu m'as suffisamment fait attendre.