19 - Mia

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« Je ne veux plus de toi… »

« Je me suis lassé. »

Ces paroles ne cessent de faire écho dans ma tête. Comment ai-je pu être aussi bête ? J’ai baissé ma garde. Il en a profité. Et maintenant je déambule à moitié nue dans les rues piétonnes de Nice. Le vent frais fait sécher les larmes qui perles sur mes joues. Je ne sais pas où je vais, je préfère marcher que me retrouver toute seule chez moi. Je pourrais faire une bêtise. Je tente désespérément de ne pas écouter cette petite voix qui m’incite à me faire du mal.

Je rase les murs pendant que les passants se baladent, le sourire aux lèvres, main dans la main. Et mon imagination me joue des tours ; en face de moi je nous visualise, Nilson et moi, heureux et amoureux. Nous ne sommes jamais sortis comme ces couples le font mais nous étions tout sauf amoureux, en tout cas pour sa part.

- Mia, crie une silhouette qui court vers moi.

Je me dépêche de m’essuyer les larmes pour mieux la distinguer. J’ai eu du mal au premier abord mais ses yeux de la couleur de l’océan je ne peux les oublier. Avant que je puisse réagir, Andréa me prends dans ses bras. Je suis mal à l’aise ; je ne suis pas dans le meilleur de mes jours et puis la revoir après ce que l’on a fait me fait rougir. Malgré tout, la chaleur de son corps contre le mien me réconforte quelque peu.

- Qu’est-ce que tu fais là ? elle me demande

Je hausse les épaules :

- Je me balade. Et toi ?

Elle me lâche et se tourne vers plusieurs filles, devant le cinéma, qui nous regarde :

- Je suis avec des amies, on va aller voir un film. Ça te dit de venir avec nous ?

- Non je… je crois que je prefere aller à la plage.

Elle m’adresse un regard inquiet et acquiesce :

- Comme tu veux. Fais attention, s’il te plait.

Je lui souris autant que je le peux avant de la saluer et continuer mon chemin. Aller sur la plage… C’est une bonne idée ! Dans la tenue que je porte il me sera impossible d’aller dans un bar sans être abordée ou rester tranquille. Je n’ai eu le temps que d’enfiler une robe noire en partant – elle ressemble plus à une nuisette qu’une robe. C’est Nilson qui me l’avait offerte.

Je suis sur le trottoir, à la limite du sable ; je m’empresse d’enlever mes chaussures et pose mon pied sur le sable chaud. Tellement bon ! Il n’y a personne sur la plage. Mes baskets en mains je traverse le champ de sable jusqu'à que l’eau touche mes orteils. Je joue et je tente de réfléchir ce qui a bien pu se passer avec Nilson. Il ne peut pas changer d’avis aussi vite. Il m’a promis qu’il me protègerait, qu’il m’aimerait quoi qu’il arrive. Il a failli à sa promesse et je suis perdu, complétement. Je lui ai donné mon cœur, et il me l’a rendu froissé. Je ne peux pas le haïr, je l’aime. J’ai besoin de lui, de son toucher, de ses baisers…

- Tu ne devrais pas rester ici, toute seule.

Une voix masculine me fait sursauter. La main sur le cœur, je me retourne et je suis rassurée quand je vois qui se tient derrière moi. Une main dans la poche de son jean, un sourire en coin et ses yeux qui me déshabillent, je ne peux m’empêcher de courir dans ses bras – pour y trouver du réconfort :

- Comment savais-tu que j’étais ici ? Je demande.

- Andréa s’est inquiétée quand elle t’a vu, elle m’a appelé pour te trouver.

Gaël me sert fort contre lui, je suis reconnaissante. C’est le seul qui ne me pose aucunes questions.

- Tu veux qu’on s’asseye un peu ?

Je hoche la tête. Toujours dans ses bras, nous basculons par terre j’atterri sur lui. La situation n’est pas ambiguë – contrairement à ce qu’on pourrait le penser. Il m’a déjà vu nue, à faire l’amour avec sa soumise et nos cœurs sont déjà pris.

- Que se passe-t-il ?

Je ne sais pas… Je ne comprends pas moi-même.

Je hausse les épaules :

- Il s’est lassé de moi, je dis d’une voix monocorde. Je lui ai fait une surprise, il a fini par dépasser mes limites et me répudier.

- Quelle surprise lui as-tu faite ?

- J’ai voulu me soumettre à lui, lui offrir mon corps sans qu’il n’ait à le demander ou sans avoir besoin… Je voulais qu’il s’amuse…

- Ecoute Mia, tu n’as rien à te reprocher… Ce tu as fait était vraiment très bien, il est seulement trop bête pour le voir.

Non, Nilson n’est pas idiot. Ça lui a fait plaisir, je l’ai senti, seulement je ne sais pas ce qui s’est passé dans tête juste après. Or que ça je ne peux pas le dire à Gaël, il me prendrait surement pour une folle – à moins que ce soit déjà fait !

Je reste là, sans piper mot. Je me sens en sécurité dans ses bras. Il est mon ami, il est là quand j’en ai besoin :

- Merci Gaël.

- Ce n’est rien. Tu as inquiété ma soumise et en plus de ça je t’aime bien, je devais bien voir ce qui n’allait pas, dit-il en riant.

Je lui assène un petit coup dans la poitrine, en souriant :

- C’est donc une obligation pour toi ?

A cette question il reprend son sérieux et m’oblige à le regarder dans les yeux :

- Jamais, si tu n’étais pas à lui, c’est à moi que tu serais.

Les mots qu’il prononce me déstabilisent. Je n’ai pas le temps de rendre compte de ce qu’il se passe que je sens ses lèvres sur les miennes ; elles sont douces, je ne sais pas ce qu’il me prend je réponds à tous ses baisers. Il m’allonge sur le sable, ses lèvres toujours clouées aux miennes. Ses mains se baladent sur mon corps, son toucher est doux. La frustration de tout à l’heure est de retour. Je veux qu’il me touche, comme Nilson sait si bien le faire.

Nilson !

Dans les bras de Gaël, je tente de me débattre, il me relâche dès qu’il le sent. Il me regarde sans comprendre :

- je… Je ne peux pas… Je balbutie. Je suis amoureuse de lui. Je ne peux pas lui faire ça.

Il s’éloigne complètement de moi.

- Je comprends, mais je serai toujours là. Laisse-moi une chance de te détourner de lui.

Je fronce les sourcils ;

- Et Andréa ?

- Elle n’est pas contre, tu lui plais beaucoup et à ce que j’ai compris c’est réciproque.

Est-ce que je suis réellement en train de considérer sa proposition ? Ma relation avec Nilson vient juste de terminer.

- Est ce que tu veux qu’on y aille doucement ? Je ne te demande pas tes sentiments, je veux simplement ta soumission.

Je ne sais pas quoi répondre. Je suis complètement perdue. Comment puis-je envisager de me donner à un autre homme que Nilson ? Malgré tout je me blottis contre lui, j’ai besoin de tendresse. Je reste longtemps dans cette position, silencieuse et Gael ne me presse pas. Il me caresse les cheveux. J’apprécie.

- Je pense qu’il est temps que tu rentres chez toi et prendre une bonne douche.

Il me dit doucement. Je secoue la tête. Je ne veux pas rentrer, je ne veux pas me retrouver seule chez moi. Je ne veux pas me faire de mal.

- Tu veux que je te raccompagne ?

- Tu… tu resteras avec moi ? je demande d’une voix plaintive.

- Si c’est ce que tu désires, oui. Je vais prévenir Andréa.

Je me décolle de lui pour le laisser passer son appel. Je me lève et m’approche de l’eau. Je m’y arrête quand je sens les vagues engloutir mes pieds. Comment suis-je arrivée là ? Comment ai-je pu perdre Nilson ? Pourquoi me suis-je attachée ? Pourquoi je l’aime ? Je devrais pourtant le détester. Mais rien de tout ça… Je le chéri comme la prunelle de mes yeux. Je n’ai pas eu le courage de lui dire pour pouvoir partir et c’est arrivé plus tôt que prévu. Il m’a abandonné.

- A quoi tu penses, Mia ?

Je secoue la tête :

- A rien, je tente de sourire.

- Comme tu veux…

Gael n’est pas dupe.

- Tu viens, tu vas prendre froid dans cette robe… On rentre.

Il me tend la main et je l’empoigne. Je me sens en sécurité auprès de lui.

***

Devant la porte d’entrée, mon cœur bat à tout rompre. Le fait de laisser entrer Gaël dans mon espace personnel me stresse. J’ai peur de ce qui pourrait se passer, malgré tout je le laisse faire ; j’ai complètement confiance en lui. J’allume la lumière du salon et le vois remplis de cartons. Ceux de Bianca. Heureusement elle n’est pas là.

- Tu déménages ? me demande Gaël

Je me tourne vers lui en secouant la tête :

- Non, ma colocataire part vivre chez son maitre.

Et je vais me retrouver seule…

Je n’ai jamais vécu seule, je ne sais pas comment on fait. Je ne suis pas prête à me retrouver seule. J’ai peur. Je ne peux rien y faire, ils m’abandonnent tous, que ce soit Bianca ou Nilson.

Je sens un corps me serrer fort contre lui :

- Ne t’apitoie pas sur ton sort, ma belle. Je suis là pour toi.

Je hoche la tête. Je ne peux pas parler, si un seul son sort de ma bouche je risque de craquer.

- Je vais te faire couler un bain, il continue. Tu veux bien nous faire une tisane ?

Je me décolle de lui et lui adresse un sourire rassurant. Je lui indique la salle de bain et me mets en pilote automatique pour préparer une tisane. Etape une, je mets l’eau à bouillir. Etape deux, j’ajoute des feuilles de verveine dans l’eau et j’attends l’infusion. Jusque-là tout parait simple. Cependant je suis à bout de souffle, un seul effort et je tombe, je craque. Je suis fatiguée, soudainement je n’ai qu’une seule envie : dormir pour pouvoir oublier cette journée affreuse.

- La baignoire se remplit, me surprend Gaël en revenant.

Je me tourne vers lui, je suis surprise par sa tenue, il a enlevé sa chemise et sa cravate pour seulement rester en débardeur. Je peux, maintenant, très bien distinguer ses muscles – tous ses muscles ! Il remarque ma réaction, ne peut s’empêcher de sourire :

- Je peux me rhabiller, si ça te dérange autant.

Je me reprends, et retourne à tache aussi rouge qu’une tomate. Mais qu’est ce qui me prend ? Je ne peux pas le trouver attirant, Nilson doit être le seul.

- Mia, ne rougis pas. Ce soir il n’y a que toi et moi, tu ne feras rien que tu ne souhaites pas, je te le promets.

Je le sens s’approcher de moi, il ne me touche pas, ses mains sont posées à cote des miennes sur le plan de travail. Je sens son souffle au creux de mon cou :

- Tu as un feu qui a été allumé aujourd’hui, et personne ne l’a éteint comme il se doit. C’est pour cela que tu ressens ce désir. Laisse-moi être celui qui le libère. Je ne ferais rien que tu ne veux pas ; laisse-moi être ton maitre ce soir. Dis-moi oui.

Je me retourne vers lui, il est beaucoup trop prés. Je me laisse aller, je l’embrasse. Ses lèvres sont douces et sa langue passe sur les miennes ; je cesse de réfléchir. Je me concentre sur ses mains qui se baladent sur ma taille. Je me décolle de lui pour reprendre mon souffle.

- ça veut dire oui ? Il me demande.

Timide, je hoche la tête.

- Dis le Mia.

- Oui, monsieur, je veux être à vous ce soir.

- Très bien. Quel est ton mot de sécurité ?

- Solitude, je dis sans réfléchir.

Il glisse sa main sur ma joue, son touché est chaud, je me sens rassurée. Il dépose ses lèvres contre les miennes. Je me laisse faire. J’ai besoin qu’on prenne soin de moi. Nilson me l’a promis et maintenant je me retrouve seule, dans les bras de gaël. Je ne devais pas lui faire confiance.

- Mia, tu n’es pas seule, je suis là.

Je le laisse parler, je ne compte pas refaire la meme erreur. Je ne peux pas le croire, je ne peux pas prendre le luxe d’être déçue une dernière fois.

- Tu es prête ?

Je hoche la tête.

- Très bien, éteint le feu et on va à la salle de bain.

Je m’exécute et traverse l’appartement pour me retrouver dans la salle de bain. Je sens mon corps entier trembler, l’excitation qui m’a quitté plus tôt dans la journée est de retour.

Silencieuse je tente de contrôler les tremblements de mon corps, j’ai peur. Il pousse la porte de la salle de bain, le son de l’eau qui coule resonne dans la pièce ; il n’y a que ce son. Je sens Gaël, toujours derrière moi, poser ses mains sur mes épaules. Je sursaute.

- Calme toi. Ecoute l’eau, concentre-toi sur le son, respire profondément, je m’occupe de toi.

Je sens son souffle dans le cou, j’en frissonne. Tout de meme je fis ce qu’il me demande. J’écoute la seule chose qui fait du bruit dans la pièce, la baignoire qui se remplit. Je me concentre autant que je peux. Il est là, dans la pièce à mes côtés, je le sais seulement par son touché. Sinon il ne fait rien, il attend surement que mon corps se détende.

- Ecoute ma voix, maintenant, il chuchote.

Je le sens se coller à mon corps, ses mains commencent à bouger et à me masser les épaules.

- Tu es magnifique.

Je sens sa bouche sur ma nuque, tous mes poils s’hérissent d’excitation. Gaël ne me plait pas particulièrement, je n’ai aucun désir pour lui. Je ne comprends pas pourquoi mon corps réagit ainsi. Je suis sous le contrôle de mes hormones. Et puis si c’est vrai ; si vraiment l’excitation que Nilson a allumée en moi, a aussi éteint tout mon bon sens.

Il continue à déposer des baisers le long de ma nuque, je ne sais pas quoi faire, je me sens mal à l’aise. Je me triture les mains, il le remarque. Il fait glisser ses mains le long de mes bras et prends les miennes. Il enlace nos doigts. Ses lèvres continuent ses baisers.

- Détends toi, ma belle, il murmure.

Je tente malgré tout de faire ce qu’il me dit. L’image de Nilson apparait devant moi, il me regarde et ne dit strictement rien. Son regard est accusateur, haineux. Je deviens folle. Il n’est pas là. Mais je suis à deux doigts de vomir sous ce regard. Je retiens mes larmes. Je me sens tellement faible. Honteuse, je détourne le regard de cette vision. Je le trompe. Il m’a répudié, mais mon corps lui appartient toujours. C’est comme ça, je n’y peux rien. Il m’a laissé tomber, il m’a abandonné.

- Mia, tu m’écoutes ?

Je secoue la tête, il me sort de mes pensées.

- Non, monsieur, désolée… Je murmure.

Il me fait face.

- Que se passe-t-il, ma belle ?

Sa main se tends vers ma joue, il essuie une larme qui a coulé. Je ne m’en suis pas rendue compte.

- Est… Est-ce qu’on peut s’arrêter là, s’il vous plait, monsieur ?

- Tu sais quoi dire ma belle.

Il parle calmement, il ne semble pas du tout vexé.

- Solitude… je murmure.

Il hoche la tête et m’embrasse. Un doux baiser et délicat.

- Déshabilles toi entièrement et entre dans la baignoire.

Devant lui ?

Mais, voyons, Mia, tu étais prête à te donner à lui !

Ma conscience est de retour.

Comme s’il avait lu dans mes pensées, il me demande :

- Veux-tu que je te laisse peut-être ?

- Tu ne pars pas, hein ?

Je me sens désespérée ; j’ai besoin de lui, c’est ma dernière bouée de sauvetage avant de me noyer.

- Non, je vais finir de préparer la tisane et te préparer ton lit.

Sa voix se veut rassurante, et son sourire aussi.

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