16 - Nilson

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La journée a été longue : réunions sur réunions. J'ai cru que ça n'allait jamais finir. Maintenant je suis dans ma voiture en route pour mon rendez-vous avec Mme Schmidt. Je ne sais pas ce que je pourrai lui raconter et par où commencer. Il y a tellement de choses que je pourrai m'y perdre.

Ce matin, elle a agi comme s'il ne s'était rien passé hier. La meilleure partie de jambe en l'air a été ce matin ; j'ai eu le sentiment, que pour la première fois, nous étions ensemble, sur la même longueur d'onde. Les deux premières fois, elle ne s'est pas donnée avec autant de ferveur, elle n'etait pas à cent pour cent avec moi : son esprit vagabonde ailleurs. Et c'est ce qui s'est passé la veille, je pense. Avec du recul, je me rends compte qu'elle n'a pas été avec moi, en aucun cas, elle simulait et mon excitation m'a aveuglé. En d'autres termes, je crois que je l'ai violée sans m'en rendre compte. En plus j'y ai pris du plaisir ! Que je peux être con : je dois faire attention à elle et je n'ai rien fait, je l'ai prise sans réfléchir, pour mon propre plaisir. J'ai vu son regard déconnecté à travers le miroir et mon inconscient a tout simplement décidé de l'ignorer. Est-ce que je suis comme Enzo, un violeur ? Je ne peux me faire à cette idée. Suis-je vraiment comme lui ? Elle n'était pas avec moi et je l'ai baisée comme un animal. Je suis censé la protéger et c'est moi qui lui fais mal.

J'arrive juste à temps chez la psychologue, avant je sois aliéné. Devant sa porte, je toque ; elle ouvre à la seconde, à croire qu'elle m'attendait.

- Bonsoir, Monsieur Bousso, comment allez-vous ? me dit elle en tendant sa main droite.

Je lui souris et lui rends sa poigne. Elle se décale sur le côté me laissant entrer :

- Vous connaissez le chemin, me dit-elle.

Je me dirige vers la salle de consultations, où je m'installe. La pièce n'a pas changé, la salle est assez sobre ; les rayons de soleil y entrent par la grande baie vitrée dans mon dos. Les murs blancs sont décorés par différents tableaux impressionnistes, seul le mur du fond en est vide. Celui-ci est décoré pas une grande bibliothèque noire.

- Monsieur Bousso, en ce début de séance je vous propose de faire plus ample connaissance.

Je hoche la tête.

- Que voulez vous savoir ? Je demande ne sachant pas par où commencer.

- Vous pourriez me dire par exemple : depuis combien de temps êtes-vous dominant ?

Une question simple, je peux y répondre.

- Il y a huit ans, quand l'histoire de Mia a été dévoilée. À ce moment là, je ne maitrisais rien de ma vie. Je faisais mes études en Allemagne et là-bas les club SM se multipliaient. J'ai découvert ce monde d'abord en tant que soumis mais ce rôle ne m'allait pas. J'avais besoin d'avoir les rênes de la séance, je ne pouvais pas subir une énième fois.

Je ne m'étais jamais dévoilé autant. Je trouve cela très libérateur. J'ai vidé un sac qui a été trop longtemps plein.

- Depuis, combien avez-vous eu de soumises ?

Elle me regarde, l'air intéressé.

- Pas beaucoup : cinq soumises ont réellement été à moi. Toutes les autres sont simplement des amatrices que j'ai initiées durant deux week-ends.

- Pourquoi faire ce choix ? Pourquoi décider de ne pas avoir une relation qui puisse déboucher à quelque chose comme vous le faites avec Mia ?

Et là elle touche un point douloureux ; je hausse les épaules :

- Mon cœur a toujours appartenue à Mia. Et ce que Enzo lui a fait c'est ma faute, je ne veux pas que d'autres femmes souffrent à cause de moi.

- En quoi le fait que votre frère ait abusé de Mia est votre faute ?

- Je ne sais pas...

Tout simplement parce que j'aimais Mia alors que je ne la connaissais pas. Il me l'avait montré en photo. Et mon coup de foudre pour elle a attisé la colère de Enzo, je lui prenais sa mère et je voulais sa nouvelle sœur. Si je ne lui avais jamais rien dit, Mia aurait surement gardé son innocence.

- Je voudrais que vous réfléchissiez à ça pour la prochaine fois, d'accord ?

- Hum...

Je n'ai pas envie d'en parler et elle l'a bien sentie ; elle change de sujet :

- Alors dites moi ces dernières vingt quatre heures s'est-il passé quelque chose ?

Je hoche la tête, je ne sais pas comment aborder le sujet :

- Hier soir, nous avons eu notre première fois et nous l'avons fait deux fois. La première fois était parfaite et la seconde elle a terminé en pleurs. Je n'ai pas pu avoir de discussion depuis, on a eu un rapport très intense ce matin comme si de rien n'était.

- Avez-vous réfléchis à ce qui a bien pu se passer ?

Oui, j'en ai conclu que je suis un violeur !

- Oui, je suis perdu.

- Ecoutez, vous devez lui parler. Si vous ne communiquez pas, votre relation de marchera pas. Donc ce soir en rentrant vous vous asseyez l'un en face de l'autre et vous parlez, vous videz tout ce que vous avez sur le cœur.

Plus facile à dire qu'à faire...


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