16 -Mia

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Je suis dans l'ascenseur accompagnée de Bianca. J'appréhende ma confrontation avec Nilson ; je ne veux pas le quitter. Je me suis attachée à lui.

Aujourd'hui, après le départ de mon maitre, mon patron m'a demandé dans son bureau pour me questionner sur ma relation avec Nilson. J'ai essayé d'être la plus convaincante possible mais je ne pense pas que Michael m'ait cru totalement. Je suis une piètre menteuse et il le sait.

- Tu ne t'inquiètes pas, ils ont beau être sévères mais quand le jeu de rôle est en pause, ils sont très compréhensifs en général, me dit Bianca.

Je lui adresse un petit sourire.

- Et si ton petit cœur se brise à cause de lui, tu sais que je serais là pour amortir la chute, elle continue.

- Merci, ma chérie.

Nous sortons de l'ascenseur, le hall est vide, il est tard. Nous nous dirigeons vers la sortie où il y a un homme debout. Il nous tourne le dos. Mais plus je m'avance plus je le reconnais, il s'agit de l'homme qui me cause tant de tracas. Il est au téléphone, Bianca – qui l'a aussi reconnu – me laisse avec un clin d'œil. Je reste derrière lui pour ne pas le déranger. Et malgré moi, mes oreilles entendent sa conversation :

- Non, tu ne peux pas dire ça... C'est une bonne et belle soumise, tu ne peux pas la répudier comme ça. Elle t'en voudra, surtout si un jour elle te voit avec une autre.... Non, la mienne, je l'attends ... Elle ne va pas tarder ...

Il y a un silence pendant lequel il se retourne vers moi. Il est surpris de me voir la puis il se reprend et continu sa conversation :

- Eh bien même si y a des moments où elle se soumet comme une reine, il y en a d'autres où je me demande si elle ne cherche pas à ce que je la punisse sévèrement.

Je pique du fard. Il m'adresse un sourire plein de malice.

- Bon, je vais te laisser, continue-t-il, elle est arrivée... oui toi aussi.

Et il raccroche son téléphone, le range dans sa poche arrière avant de m'embrasser sur la joue.

- Je ne pensais pas que ce serait vous qui viendriez me chercher, je dis de but en blanc.

- Eh bien, ton dernier message m'a assez fait réfléchir, j'ai préféré venir moi-même. On va marcher si ça ne te dérange pas, mon bureau est à quelques pas ?

- Euh... Non.

Alors on va à son bureau, c'est ça sa définition de « terrain neutre ».

- Est-ce que je vous ai déçu monsieur ? je demande en référence à mon dernier message.

Il ne dit rien. Nous nous mettons en marche. Je crains le pire. Je marche à côté de lui mais j'ai l'impression qu'il y a un mur qui s'est érigé entre nous et ça me fend le cœur. Pour briser cette muraille je tente de prendre sa main. Il s'en débarrasse. Vexée, je ralentis le pas, le laissant prendre de l'avance. Pendant plusieurs mètres nous sommes ainsi ; lui devant tandis que je traine des pieds derrière.

Je prends mon téléphone, j'y pianote un message à l'intention de Bianca :

De : Mia Roy

A : Bianca

C'est mal parti... J'ai voulu être gentille et il m'a repoussée. Au secours !!!!

Je l'envoie.

- À qui envoies tu un message ? j'entends.

Je relève la tête. Je vois Nilson qui m'attends devant la porte d'un immeuble. Je hausse les épaules, signe d'indifférence.

- C'est mal poli ce que tu viens faire là. Refais-le et tu sais ce qui t'attend.

C'est une menace ? Je n'espère pas ou peut être que si, je veux qu'il me punisse pour ne plus ressentir cette barrière entre nous. C'est peut-être masochiste mais je suis à deux doigts de partir pour m'éloigner de cette ambiance malaisante.

Il me tient la porte pour que je puisse passer l'entrée du hall. En passant devant lui je sens sa main glisser sur ma taille. Je ne comprends plus rien ; je ne peux pas me rapprocher de lui de mon propre gré par contre ça ne lui dérange pas de me donner des signes contradictoires.

Dans le hall, contrairement à mon lieu de travail, est encore rempli malgré l'heure de débauche. Nous traversons l'entrée jusqu'au poste de réception. Nilson s'y arrête pour donner ses instructions :

- Je veux que personne ne me dérange. Pour ma famille et mes amis vous leur dites que je suis sorti et vous ne savez pas où, pour le reste je ne suis tout simplement pas là. Compris ?

Le réceptionniste hoche la tête frénétiquement. Il doit surement être nouveau et le fait de parler à Nilson – son patron – doit très certainement le stresser.

Sans demander son dû, mon maitre m'entraine vers l'ascenseur. J'ai à peine eu le temps de dire au revoir à ce pauvre garçon. L'homme près de moi sort une carte de sa poche pour appeler surement son ascenseur privé. Les portes s'ouvrent directement, nous y entrons. Les portes se referment, il appuie le bouton qui indique le quinzième étage. La cabine de l'ascenseur est assez grande pour que je puisse m'éloigner suffisamment de lui.

- Je pue ? il demande

Je le regarde interloquée. Son odeur ? Non, elle est parfaite. Son odeur m'enivre, elle m'empêche d'être lucide quand je suis près de lui. Je secoue la tête.

- Parle. Je t'ai posé une question, ce que je voudrais c'est que tu me répondes autrement qu'avec des mimes.

- Non, vous ne puez pas monsieur.

- Très bien. Approche-toi, alors.

Je fais un pas sur le côté pour me retrouver à quelques millimètres de lui.

- Bien, il dit sans m'adresser un regard. Enlève ton manteau, tes chaussures et ta jupe.

Là ? Maintenant dans l'ascenseur ?? Non ! et puis il faut qu'on parle sérieusement avant que le sexe prenne le dessus sur tout le reste.

- Orange, je marmonne timide.

- Pourquoi ?

- J'ai besoin de vous parler sérieusement avant que l'on se lance dans une séance.

Il hoche la tête, le visage fermé.

- Les mimes... je tente pour alléger l'atmosphère.

Ce qui le fait sourire.

- Monsieur, pourquoi vous ne répondez pas à ma question ? Est-ce que je vous ai déçu ? c'est important pour moi de savoir.

- Pourquoi me demandes tu cela ?

- Vous avez l'air distant.

C'est à ce moment-là que les portes de l'ascenseur ont décidé de s'ouvrir. Cependant je ne bouge pas, j'attends qu'il me réponde. Ça fait trois fois que je pose la question et j'aimerais une bonne fois pour toutes avoir la réponse.

- Entre dans l'appartement, nous allons en parler.

Je secoue la tête. J'ai l'air d'une petite fille capricieuse, je m'en fous : je veux la réponse maintenant et tout de suite. Je tente de le regarder dans les yeux, sa mâchoire est contractée et ses pupilles sont dilatées. Je n'ai pas le temps de dire ouf que je me retrouve sur ses épaules. Il me porte comme un sac à patates.

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