Entrevue avec le passé

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Et un an s'est écoulé, comme l'eau coule d'un ruisseau, tendrement, calmement. Et voilà que je me retrouve une fois de plus à la même place que j'ai occupée une année en arrière, lorsque mes pensées étaient tumultueuses, mon âme attendrie et apeurée par un changement qui me terrifiait toute entière. Et je suis fière de dire aujourd'hui que je suis saine et sauve, assise probablement sur le même tabouret d'il y'a une éternité, sous le même ciel de plomb qui doit être à présent nostalgique de moi.

Je souris à ce monde froid de fin d'été, me laisse caresser par la brise glaciale qui émane du fleuve asséché, et je pense malgré moi : « Je me suis fais un sang d'encre pour rien ! » Je suis rentrée à l'université, je me suis fais des amis assez aisément, si aisément qu'avec du recul je me demande comment, et j'ai passé de miséreux moments à la cité universitaire où les spécimens diverses de filles m'ont fait questionner sur la nature humaine, si détestable parfois. J'ai appris des choses dans diverses modules entre analyse mathématique insaisissable et statistiques aux calculs intarissables. Je me suis exprimée devant un amphi tout entier, et j'ai ri sincèrement lorsque j'ai buggé sur une information cruciale qui m'échappait.

Je me suis retrouvée à la bibliothèque pour réviser une interrogation d'algèbre que j'ai foirée en fin de compte, j'ai pleuré à chaudes larmes à l'idée d'échouer. Et je me suis ressaisie car il faut toujours partir de l'avant. Les études supérieures n'appartiennent pas à ceux qui laissent tomber au premier essai. J'ai enchaîné les fous-rires avec une fille que j'aimais bien, comme j'ai enchaîné malgré moi les mauvaises notes et les déceptions. J'ai vu le temps galoper au pas de course et la froideur de novembre s'est installée dans mon coeur quand mon amie a quitté l'université. Je me suis retrouvée hagarde et perdue, complètement désorientée par cette perte et ce bouleversement d'une routine dont je raffolais. La vie a repris son cours, je me suis efforcée de ne pas être distancée pour finalement boucler mon semestre avec une bonne moyenne.

Le ciel est boursouflé de nuages épais et gris. La lumière est blafarde, pâle, ça me rappelle l'été dernier avant la rentrée à la fac. Comment étais-je déjà ? J'avais un terrible manque de confiance, mais c'est toujours le cas à une différence près que maintenant j'ai appris à maîtriser mes pensées quand elles dégringolent vers le dénigrement intérieur. Tout est une question de contrôle en fin de compte. Je me demande si l'endroit, ce ciel, les plantes qui m'entourent et cette balustrade blanche et noire à la peinture écaillée se souviennent de l'ancienne moi, de ce que j'ai été un an auparavant et de ce que je suis désormais. Distinguent-t-elles cette différence microscopique, mais qui a transformé son lot de choses ? J'en doute. Moi-même je ne la vois pas, cependant il m'arrive de la sentir à un moment donné. Et c'est aucun doute un trésor de sentiments.

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