Chapitre 23

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Je me réveille à l’hôpital, une perfusion dans le bras. Daniel dort sur mes jambes. Je passe doucement une main dans ses cheveux et en profite pour voir l’état de mes blessures. Elles sont passées du noir bleuâtre à un bleu verdâtre. Depuis combien de temps suis-je ici ? Combien de temps ai-je dormi ? Une infirmière entre dans la chambre et sourit en me voyant éveillée. Nous parlons à voix basse pour ne pas réveiller mon mari. J’ai dormi trois jours. Quand je suis arrivée, j’étais dangereusement déshydratée et en sous-nutrition, ce qui était dangereux pour moi et pour le bébé qui va heureusement très bien. Je pose une main sur mon ventre et je sens un mouvement. Je souris à mon abdomen arrondi. Elle sort me commander un repas et je reste à regarder Daniel dormir en continuant à caresser mon ventre. L’aide de cuisine est nettement moins discret et délicat que l’infirmière et réveille mon bel endormi. Celui-ci monte dans les tours, exigeant qu’il s’en aille jusqu’à ce que je me réveille. Je racle ma gorge et mon estomac gronde. Mon homme sursaute, voit enfin que je suis consciente et saute sur le lit avec moi, me serrant dans ses bras jusqu’à m’écraser. Je remercie le jeune homme qui laisse le plateau sur la table de chevet. Mon époux m’embrasse tendrement et pleure. Je le presse contre moi en le rassurant sur notre état, au bébé et à moi.

« - Mon cœur, je vais bien, le bébé va bien, on va bien et on est ensemble, d’accord ?

- Trésor, je suis désolé. C’est de ma faute ! J’aurais dû faire plus attention à vous deux. Vous êtes ce que j’ai de plus important et je n’ai pas su vous protéger au moment où vous en aviez besoin.

- Chut. Daniel. Ça va. Ce n’est pas de ta faute, ni la mienne, ni celle des gardes. C’est uniquement celle de Jean-Alexandre qui m’a enlevée à toi et celle de sa mère qui a tout manigancé. Je suis quasi certaine que c’est aussi à leur demande que nous avons eu cet accident avec l’avion. Je les entendais parler, ils rageaient parce que nous n’étions pas morts lors des deux tentatives qu’ils avaient orchestrées.

- QUOI ? C’est une blague ! Dis-moi que tu ne viens pas de dire ce que tu viens de dire !

- Désolée mais c’est vrai. Je suis sûre que si on fouille un peu dans la maison, notre maison, on trouvera les preuves. Daniel, ils sont tordus, de vrais malades et seraient capables de tout pour atteindre et garder le pouvoir. Dis-moi qu’ils ont été arrêtés et jetés en prison, je t’en supplie.

- Ils ont été arrêtés et jetés dans la même cellule que ton père. Je ne peux pas malheureusement les condamner à mort seul, ils vont être jugés mais les accusations à leur encontre sont bien plus graves. Ils se sont attaqués à une femme enceinte qui se trouve être la Reine, l’ont battue et violée à plusieurs reprises et en ont profité pour prendre des photos afin de torturer son mari, le Roi. Mon cœur, tu ne sais pas à quel point j’ai eu peur quand Julien est venu me trouver, le visage rouge à cause de sa course, pour m’annoncer que tu étais introuvable et que sur les caméras de sécurité, on te voit inconsciente, portée par un homme masqué et encapuchonné.

- J’ai voulu rentrer quand j’ai vu Jean-Alexandre mais j’y suis allé trop vite et je suis tombée. Il en a profité et m’a injecté quelque chose. Après, je ne me rappelle de rien jusqu’à ce que je me réveille dans notre vieille chambre nue.

- Chérie, il faudra que tu racontes tout ça à la police. Je peux rester, si tu veux, ils ne peuvent pas me refuser ça, c’est moi qui ai deviné où tu étais. Quand je t’ai vue au bord de l’escalier, j’ai cru mourir. Tu avais l’air si faible et il y avait du sang et des blessures partout sur ton magnifique corps. Le pire a été quand j’ai remarqué la chambre avec les liens en tissu dont l’un avait été coupé ou limé. Mon cœur, je suis désolé.

- Tu n’as pas à t’en vouloir, combien de fois faudra-t-il que je te le répète ? Oui, il m’a battue, violée et violentée mais j’ai réussi à limer le lien avec mes ongles et à me libérer. Maintenant, tout va bien. On va rentrer à la maison et tout redeviendra comme avant. Personne d’autre ne nous veut autant de mal qu’eux ou a les couilles pour faire la même chose qu’eux. On va pouvoir se détendre un peu. Okay ?

- Oui mais il est hors de question que je ne te garde pas à l’œil ! On travaillera ensemble. Et il n’y aura pas de discussion là-dessus.

- Bien mon seigneur. Je peux manger, maintenant ? Ça fait trop longtemps que je n’ai rien mangé et mon estomac me tue ! Après, tu pourras me ramener à la maison et faire ce que tu veux avec moi. »

Il me sourit, me passe le plateau et picore un peu avec moi. Mon repas à moitié mangé, la porte s’ouvre à nouveau, laissant entrer Mère, Lucas et le docteur Gyman. Ma mère pleure à chaudes larmes mais n’ose pas me prendre dans ses bras, de peur de me faire mal. Lucas dépose un bisou sur mon front puis recule dans le fond de la pièce. Je sais qu’il s’en veut, il devait être avec moi quand je me suis faite kidnappée, seulement, il avait été retenu par le travail à l’intérieur. Le docteur se contente de serrer la main de Daniel et de checker mes paramètres avant de se dire heureux de me revoir en plus ou moins bon état et il repart. Mère est inconsolable et ne veut pas me laisser tranquille plus de deux minutes. Le médecin de garde me sauve en demandant à ce que tout le monde parte, même le Roi. Furieux, il accepte de mauvaise grâce et se poste devant la porte, défiant quiconque d’oser entrer. Rassuré, le praticien accepte que je rentre ce soir au palais à la condition que le docteur Gyman puisse avoir constamment accès à moi, ce que j’accepte même si je sais qu’il y en a un à qui ça ne plaira pas trop.

Une fois la nuit tombée, je monte dans le van aux vitres teintées et traverse la ville encore pleine de vie. Ça me fait du bien de voir que tout continue comme si rien ne s’était passé. Malheureusement pour moi, le convoi exceptionnel de motos qui encadrent la voiture attire l’attention et il ne faut pas longtemps avant que les gens ne comprennent qui est dans le véhicule. Une foule se forme, nous suit et se met à crier de joie. Je ne peux me garder de sourire et de sortir ma main pour les saluer. Je ne prendrai pas la parole ce soir mais je pense le faire demain ou dans les prochains jours. Daniel ne me lâche pas et ne retourne pas travailler dans son bureau, complètement saccagé, comme me l’avait dit la Salope. Notre chambre et notre lit m’avaient manqués mais pas autant que l’éreinte rassurante de mon mari qui me berce pendant que je m’endors.

Le lendemain, la presse accourt au palais pour prendre de mes nouvelles. Les hématomes n’étant toujours pas partis, je vais à leur rencontre dans un complet salopette-veste léger accompagnée de mon mari qui ne me laisse aller nulle part seule. Nous remercions les policiers pour leur dévouement, la population pour son inquiétude et la presse d’avoir relayé l’info assez fort que pour la planète entière sache que j’avais disparu. Nous rigolons de ma blague semi-sérieuse puis nous retournons à l’intérieur et à la quantité de travail pharaonique qui nous attend. J’ai trois rencontres prévues et un conseil des Ministres. À la fin de la journée, je suis complètement morte de fatigue. Je ne vais même pas souper et m’endors dans les bras de Daniel quand il nous fait remonter.

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