Chapitre 22

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Ce jour-là, alors que je peux enfin me promener un peu dans le jardin (toujours sous le regard vigilent des gardes, des médecins et de ma famille), je le vois au loin. Jean-Alexandre. Il est là, au fond du parterre de Vénus, près du kiosque des amoureux et il me regarde fixement. Je panique, recule et m’écroule. Non ! Ce n’est pas possible ! Pas maintenant ! Il faut que j’avertisse les gardes et Daniel. Je me relève et regarde à nouveau le kiosque mais il n’est plus là. Ai-je halluciné ? Je ne pense pas. Je ne saurais me faire peur ainsi. Je rentre précipitamment alors que j’aurais voulu rester dehors à profiter de cette belle journée de septembre. Je fais trois pas et je sens des mains fortes serrer mon ventre juste assez que pour me faire mal. Ce ne sont pas celles de Daniel, elles sont plus dures, plus brutales. Une aiguille me pique dans le cou et je m’effondre. Pitié ! Non ! Pas ça ! Je ne veux pas sombrer, je ne veux pas me laisser aller parce que je sais ce que je risque. J’ai vu le Bâtard, c’est suffisant.

Ma tête est lourde, le monde tourne autour de moi. Où suis-je ? Que s’est-il passé ? J’ouvre péniblement un œil. La pièce dans laquelle je suis me dit quelque chose. On dirait notre chambre quand on vivait dans Afrocent ! Non ! C’est impossible. Un mouvement dans ma vision périphérique me fait paniquer. Jean-Alexandre est bien là et m’observe comme un chat en quête de l’oiseau. Je tente de me redresser mais ne fais que paniquer encore plus : je suis nue et attachée au lit ! Dans mon ventre, je sens le bébé bouger et ça me rassure, il va bien et c’est tout ce qui compte. Mon kidnappeur quitte la pièce et j’en profite pour tirer sur mes liens et faire l’inventaire de ce qui se trouve autour de moi. Conclusion : soit je me trouve dans une très bonne réplique, soit je suis vraiment dans notre premier nid d’amour. Les meubles sont à la même place, les portes également et même les draps sont les mêmes que ceux qu’on avait laissé. Cinq minutes plus tard, mon tortionnaire revient, accompagné de sa mère. La pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre, dit le dicton. Et c’est vrai !

« - Alors ma belle, on a bien dormi ?

- Tu vas nous le payer de t’être arrangée pour avoir tout ce que tu voulais. Maintenant, c’est à notre tour !

- Patience, mon fils. Tu pourras lui faire ce que tu veux après cette petite photo. Après tout, on ne voudrait pas que notre très cher nouveau Roi s’inquiète, non ?

- Que veux-tu dire ? Pourquoi lutter ? Nous avons déjà gagné. Et ce depuis que cet idiot a succombé aux blessures que nous lui avons infligées. Je suis désolé mais il va falloir que tu souffres encore un petit peu. Tout ce que je veux, c’est ton enfant. Et pour l’avoir, je vais te garder avec nous jusqu’à ce qu’il vienne au monde ! »

Elle sort de la pièce et ma panique se transforme en terreur. Ils veulent vraiment me garder ainsi attachée et bâillonnée pendant plus de trois mois ? Non ! Je dois trouver une solution, trouver un moyen de contacter Daniel, de lui dire de ne pas se jeter dans le piège, de m’échapper de ce nouvel enfer. Je me débats, pleure et hurle contre mon bâillon mais rien n’y fait, je suis bien attachée. Je m’affaisse et me force à réfléchir. Ils ne pourront pas me maintenir attachée tout le temps, ne serait-ce que pour manger, me laver et aller aux toilettes. Je n’aime pas ça mais je n’ai pas le choix.

Jean-Alexandre revient, un sourire sadique accroché au visage. Oh non ! Mon esprit s’emballe, imaginant les pires scénarios. Que va-t-il me faire ? Pas du mal, ça pourrait mettre le bébé en danger et vu qu’ils le veulent, ils ne prendraient pas ce risque-là. Il se déshabille en gardant ses yeux fixés sur mon corps. Dites-moi que je rêve ? Ou que je cauchemarde plutôt… Il s’approche, monte sur le lit, tire sur mes jambes pour les écarter encore plus, resserre les attaches, me clouant définitivement au lit et s’allonge sur moi. Il presse son érection contre la cuisse. Je hurle et tente de me libérer mais les liens sont trop forts et il est trop lourd. Sa bouche et ses mains jouent avec mon corps violement, tirant trop fort sur mes tétons, me mordant presque jusqu’au sang. Je sais que je vais en garder des hématomes. Je rue contre lui, tente de le déloger, ce qui le fait rire. Son gland commence à forcer le passage de mon entrée. Des larmes coulent le long de mes joues et ma gorge me fait mal à force de crier. Je n’ai jamais autant souffert d’un viol. Que ce soit avec mon père ou avec un de ses amis, il n’y avait rien qui comptait pour moi. Maintenant, j’ai Daniel, j’ai mon bébé et un pays qui compte sur moi. Mon violeur continue à s’enfoncer en moi, m’étirant désagréablement. J’ai mal. Je veux que ça s’arrête. L’obscurité qui est à la limite de ma portée est tellement tentante. J’aimerais m’y plonger et me réveiller dans mon lit, au palais, dans les bras de mon mari adoré.

Quand je reviens à moi, mon tortionnaire est parti, laissant derrière lui mon corps meurtri, ruisselant de sang et de son sperme. On dirait qu’il ne s’est pas arrêté après que je me sois évanouie… Quel connard ! Les larmes qui s’étaient taries recommencent à couler. Grâce à la lumière extérieure, je sais que ça fait au moins un jour que je suis ici. Daniel doit être dans tous ses états et doit remuer ciel et terre pour me retrouver. La Salope lui a-t-elle envoyé la photo ? Si oui, il ne devrait pas tarder à comprendre où je suis. J’espère qu’il viendra avec toute une brigade de police et que les deux monstres qui me retiennent finiront en prison ou comme mon père. La Salope rentre dans la chambre, son téléphone à la main et un sourire malsain aux lèvres. Elle sait ce que son fils m’a fait et elle s’en fout royalement. Elle prend un malin plaisir à me mitrailler avec son putain de flash. Je pète une case, rue contre le lit, rouvrant mes blessures et hurlant aussi fort que possible, me jurant de lui arracher la tête moi-même. Elle passe du mode photo au mode vidéo et rit de me voir me débattre envers quelque chose qu’elle pense immuable. Mais je sais qu’elle se trompe, que je sortirai d’ici et qu’elle en mourra !

Ça fait deux jours que je n’ai rien mangé ni bu. Je meurs de fatigue et de malnutrition. Jean-Alexandre revient parfois me baiser, souvent accompagné d’un instrument de torture. Ses préférés sont le fouet et le martinet. Il ne retient pas ses coups, marquant à chaque fois un peu plus ma peau déjà tachée de bleu et de noir avec des touches rouges là où il me mord ou quand les billes du martinet frappent trop fort et m’ouvrent l’épiderme. Le sang et le sperme séchés me collent et me démangent. De mes ongles, j’ai commencé à entamer les liens qui retiennent mes poignets. C’est lent, je passe beaucoup de temps à dormir pour essayer de récupérer malgré ça, ça fonctionne. Quelques jours plus tard, après que Jean-Alexandre soit revenu me battre et me violer en laissant derrière lui une vilaine blessure sur ma poitrine, la porte s’ouvre sur l’ex-Reine. Son expression n’est pas la même que d’habitude : le grand sourire a laissé place à un visage grave aux sourcils froncés. Quelque chose ne va pas pour eux, ce qui est tout bénéfice pour moi. Je reste calme pendant qu’elle s’assied sur le matelas.

« - Tu devrais être fière de toi, on ne parle plus que de toi à la télévision. Tout le monde s’inquiète pour toi, se demande où tu es passée et ton cher époux est tellement furieux qu’il a dévasté son bureau quand il l’a appris. Ça, ça me fait plaisir. L’inconvénient, c’est qu’il a décrété l’état d’urgence jusqu’à ce qu’on te retrouve et qu’il a instauré des contrôles pour toutes les personnes qui veulent sortir du pays. Il mène lui-même les équipes sur le terrain, ce qui nous complique la tâche vu qu’il quadrille toute la capitale. Mais quand il arrivera, tu seras morte et ton enfant sera à moi ! Il ne devrait plus tarder à arriver, maintenant. D’ici deux ou trois jours, il sera obligé de sortir. »

Elle s’en va en souriant. Je suis sous le choc : elle ne compte pas me garder vivante, m’affame et de déshydrate volontairement et veut obliger mon enfant à quitter la sécurité de mon ventre. Non ! Ça ne se passera pas comme ça ! Je vais me battre, finir de limer ces liens et m’enfuir loin d’elle, de son fils et de leur folie. Je m’esquinte contre le tissu qui cède petit à petit. De dehors, j’entends le bruit d’une voiture puis d’une deuxième, toutes les sirènes hurlantes. Est-ce la police ? Daniel est-il venu me chercher ? On toque à la porte, sonne mais personne ne répond. L’attache de mon bras droit cède enfin ! J’en profite pour délivrer ma deuxième main et mes pieds. Je me lève mais mon corps affaiblis ne supporte pas son poids et je m’effondre. Je me traine jusqu’à la porte, trainant derrière moi le drap couvert de sang. Je penne à l’ouvrir mais j’y arrive tout de même. Les escaliers me font peur, je ne me sens pas capable de les descendre.

La porte d’entrée vole en éclat. Je suis tellement épuisée que je n’ai pas la force de crier ma stupeur. Les policiers entrent, me voient allongée et s’éparpillent dans la maison. Derrière eux se trouve mon Daniel. Je suis tellement heureuse de le voir ! Je pleure, me force à me relever mais tombe à nouveau. Il crie un « Mag ! » affolé, cours vers moi en demandant à ce qu’on appelle une ambulance et me prends dans ses bras. Il m’embrasse doucement et c’est la dernière chose dont je me rappelle.

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