Chapitre 3

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Je me dirige vers l’escalier, sans faire attention à mon père qui me hurle de revenir, et monte directement dans ma chambre. J’appelle le docteur Gyman. C’est le seul en qui j’ai confiance et une des rares personnes à m’avoir prouvé qu’elles étaient dignes de confiance. Malheureusement pour moi, ce groupe est très fermé et très peu de personnes y sont entrée. De ma famille, seul Lucas est inclus dedans. Allongée sur mon lit, les larmes coulent. Je voudrais tellement que Daniel soit resté ou qu’il m’ait donné son numéro de téléphone ! Peut-être entrera-t-il un jour dans le groupe… Je préviens Therguthe, ma gouvernante, de l’arrivée du docteur et lui recommande de le faire entrer discrètement. Je lui demande aussi de m’apporter un peu de soupe et de ne laisser entrer personne dans ma chambre sauf les membres du groupe de confiance. Quelques minutes plus tard, elle entre dans ma chambre avec le bol remplis, accompangée du médecin.

À la vue de mon corps recouvert de bandages, elle pousse un petit cri et laisse presque tomber le bol de soupe. Gyman se précipite vers moi et me demande si je vais bien. Je ne sais pas quoi lui répondre. J’ai mal au dehors comme au dedans. Doucement, il enlève les bandes et dévoile mes blessures. Ce n’est pas beau à voir : mes jambes et mes bras sont un mélange de bleus et de coupures et ma poitrine a gardé les marques de mon agresseur. Il me dit qu’il ne peut rien faire plus que ce que mon bienfaiteur a déjà exécuté mais il m’autorise à prendre des antidouleurs et à sortir. Enfin… Si Père accepte. Puis il s’en va en me promettant de revenir d’ici trois jours pour voir comment la situation évolue. Therguthe me donne ma soupe en faisant trop attention à ce que je ne me brûle pas et reste avec moi jusqu’à ce que je l’ai finie. Alors elle me laisse seule avec mes sombres pensées, ma douleur et mes regrets.

Je me réveille en sursaut. Père est entré dans la pièce comme une furie et en hurlant. Je suis à peine recouverte par ma nuisette légère que j’ai su mettre et me recouvre en vitesse de ma couverture. Il est furieux. Je sais qu’il va me faire du mal. Ça ne serait pas la première fois qu’il entre dans ma chambre pour me frapper ou me violer. Il me gifle puis voit mes bras blessés, ce qui le stoppe net dans son geste. Il me demande froidement de lui expliquer comment j’ai pu me blesser à ce point, si Daniel est impliqué dedans et où est passée ma robe. Quand j’ai fini mon récit, il est furibond et ne semble pas croire à la moitié de ce que je lui ai dit. Il m’en veut d’avoir laissé des brutes me violenter et d’avoir détruit une robe « à 10 000 euros ! ». Par contre, il me semble qu’il me croit sur l’intervention de mon héros même si je sais qu’il est un fervent défenseur du mouvement anti-Daniel et qu’il préfèrerait le voir mourir plutôt que de lui devoir quoique ce soit. Quand il a fini de s’énerver contre moi, il sort de mon espace privé en m’enfermant à double tour. J’ai beau crier qu’on m’ouvre et qu’on me laisse sortir, personne ne me répond. Je retourne sur mon lit et me remets à pleurer en pensant à l’homme que je commence à aimer et me replonge dans les beaux souvenirs que nous avons partagés enfants et aujourd’hui, me remémorant le goût de ses lèvres sculptées et notre baiser.

Les jours passent et je guéris. Le docteur Gyman est revenu plusieurs fois prendre de mes nouvelles. Il en profite pour me raconter ce qu’il se passe hors des murs exigus de ma chambre. Tout le monde parle de mon retour à la maison blessée et du futur mariage. Bigre ! J’avais presque oublié cette horreur ! Mais le nom de Daniel n’est apparu nulle part. Personne ne sait donc qu’il est intervenu comme un héros, mettant en déroute plus d’une vingtaine d’adversaires. Et je n’ai aucune indication de lui, de comment il va ou de ce qu’il pense du mariage et de la version des médias sur le tragique événement qui a conduit à notre rencontre. Je déprime à cause du manque de sa présence et de mon enfermement.

Ma mère passe régulièrement pour essayer de me parler de robe de mariée ou de décoration ou de fleurs ou de quelque chose en lien avec le mariage mais je refuse de lui répondre dès qu’elle entame le sujet. Elle en est même venue à me menacer afin de me tirer une autre réponse que « Je n’en ai rien à faire » ou « De toute façon, je n’aurai pas mon mot à dire alors pourquoi viens-tu m’en parler ? » mais rien ne fonctionne. Père et Jean-Alexandre sont aussi venus pour aussi parler du mariage mais j’ai catégoriquement refusé de les voir. Depuis que Père est venu me demander de lui raconter ce qu’il s’est passé, je ne les ai plus laissés entrer et ne les ai plus vus. J’ai pensé plusieurs fois à faire le mur pour retourner chez Daniel mais, à chaque fois, Therguthe m’en dissuade avec quelques mots simples du style « La chute peut être mortelle ! » ou « Et que lui dirais-tu pour justifier ta présence chez lui ? » ou encore « Mais que crois-tu ? Qu’avec un seul baiser échangé, il va vouloir de toi dans sa vie ? Ma chérie, accepte la décision de tes parents, même si elle ne te plait pas », etc., etc.

Je tourne en rond, comme un fauve en cage, depuis plus d’une semaine. On m’apporte de nouveaux livres, des films, des CD mais rien n’y fait. Ma bague préférée a disparu et j’espère la retrouver chez lui si j’y remets les pieds un jour avant que la mort ne vienne me chercher. Je m’ennuie et Daniel me manque. Toutes les nuits, je rêve de lui et de nous surtout. Dans un lit, dans la douche, dans une cuisine, dans un parc, dans toutes les positions tant que je l’ai près de moi ou en moi. Partout. Et quand je me réveille, je suis frustrée et le manque grandit, comme une boule dans mon ventre et qui commence à prendre toute la place. Me toucher en pensant à ses doigts remplaçant les miens ne change rien à ma frustration croissante. Je ne vais pas tarder à craquer.

Pour m’occuper, en-dehors des divertissements qui commencent à l’ennuyer, j’ai le droit de travailler sur mes dossiers pour l’entreprise de Père. C’est mon frère, directeur général de la firme familiale, qui doit se charger de transporter les documents entre mon bureau au siège et la maison. En plus de ça, il doit transmettre mes instructions aux chefs de secteurs et leurs rapports sur les évolutions des différents projets en cours ou qui se finissent. J’approuve les nouvelles résolutions et les nouvelles idées en me demandant ce que ça va donner et comment ça va évoluer car je ne suis pas sûre de les voir aboutir. La peur que génère Père en moi et la dépression qui m'envahis un peu plus chaque jour qui passe me minent encore plus. Les idées sombres me submergent par moment, me plongeant dans une torpeur dont rien ne peut m’en sortir, à part l’idée que Daniel m’attend dehors et qui cherche à m’atteindre malgré les difficultés posées par mes parents avec les équipes de sécurité.

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