J'attrappe mon sac à dos et sort du bus. Le chauffeur me fait un signe de la main et disparaît.

Je ne peux plus reculer, d'ailleurs je n'en ai pas envie.

Devant moi se dresse le grand manoir des Cracker. Je pousse le lourd portail rouillé et j'entre dans le domaine. Les animaux de buis semblent prêts à fondre sur moi à la moindre inattention de ma part.

Devant la porte d'entrée, se dressent trois immenses statues à taille réelle. Je m'approche d'elle, lentement car intimidé et je déchiffre trois prénoms exotiques : Lourna, Orlane et Jade.

Bien qu'elles pourraient facilement me briser les os si elles revenaient à la vie, je suis serein. Elles ne sont plus aussi sauvages que par le passé et ont appris à pardonner aux hommes ; alors moi qui ne suis encore qu'un petit garçon, je me verrais plus réveiller leur instinct maternel !

Je prends une grande inspiration et j'ouvre en grand pour laisser pénétrer la lumière.

Je me laisse quelques secondes puis j'y vais.

Dans le corridor, une musique me happe, une douce mélodie de plusieurs violons. Je me laisse guider et elle me mène jusqu'à une porte. Sans bruit, pour ne pas déranger les virtuoses, j'entrevrouvre et me faufile à l'intérieur.

Ils sont tout un orchestre présidé par le célèbre Franz Schligg ainsi que le non moins illustre chat-garou, sa Reine les regarde tous deux avec douceur et passion. Je remarque également des ectoplasmes laissant traîner une odeur de combustion, mais qui désormais se contentent d'être dans l'extase musicale.

Je remarque également un gros chat roux, fier, qui souhaite m'indiquer un passage secret. Avec curiosité, je décide de le suivre. J'ai confiance en cet animal, une sorte de sixième sens, allez savoir pourquoi.

Le félin me conduit dans une autre pièce, ou plusieurs races discutent entre elles, il y a une très belle femme, nommée Thaïs par un individu spectral, qui se pose des questions sur le contenu d'une mystérieuse boîte, sur son potentiel, sur son pouvoir pour changer l'humanité.

A droite de ce groupe, d'autres individus tentent tant que bien que mal de trouver une formule pour créer de l'eau, ils discutent avec d'autres savants qui sont en connection avec trois mondes différents. Une intelligence artificielle nommé Mère leur donne des indications essentielles sur ces trois mondes.

A l'autre extrèmité se dresse une énome roue sur laquelle sont inscrites les différentes tâches de la vie quotidienne. Ici le harsard semble guider la vie des habitants.

Je sors de la pièce, car la tête me tourne.

J'aperçois plusieurs vitrines et je me dirige vers elle.

On y trouve pêle-mêle un alien au nom imprononçable accompagné par une adolescente rieuse ; un dessin de démon si vrai que nature, qu'il me file la frousse ; une archange maltraitée par d'autres anges et démons ; une troupe de nains bien sympathique accompagné d'un apprenti boulanger ; un couple d'amoureux Anton et Jacinthe dont l'amour transparait du cliché, magnifiquement mis en valeur au centre de l'espace ; deux compteurs nommés Gormack et Malou avec leurs sacs débordants de mots et où la poésie et la réflexion priment.

Je suis émerveillé pour toute ces connaissances, ces cultures si différentes qui réussisent à s'entrecroisées dans cet endroit atypique.

Soudain, le gros chat roux revient. Je m'allonge à côté de lui et m'endort.