Chapitre 57E: avril 1809

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Nous étions à table, et mangions notre potage dans le silence le plus complet, lorsque Frédéric avala son pain de travers et commença à s’étouffer, toussant fort, devenant rouge écarlate. Jeanne, souvent debout, lui tapa dans le dos pour l’aider à respirer, et je lui versais de l’eau dans son verre pour aider à faire passer tout ça. Léon – Paul resta impassible, mangeant sans rien dire aux côtés de son épouse qui ne réagissait pas non plus. Ce contraste entre notre panique légitime et leur attitude presque négligente me choqua quelque peu, surtout que ce n’était pas le style de mon fils d’ainsi ignorer la détresse de son garçon, bien au contraire. Même Jeanne, pourtant bon témoin de notre vie familiale, ne su pas me donner d’explication.

Frédéric râla encore sur quelques retours d’école, et versa même une fois quelques larmes, effrayé à l’idée de les perdre, ces amis si précieux, mais son anniversaire fini par arriver tant bien que mal. Avant tout de même, c’est sa grande sœur Alice qui nous fit une énorme surprise, en arrivant seule le matin du samedi premier avril. Alors que je restais bouche – bée, elle nous expliqua bien vite qu’il s’agissait d’une tolérance exceptionnelle de la part de la direction réservée au dixième anniversaire. Jeanne prépara donc en vitesse un gâteau pour le souper, la fillette souffla ses bougies et nous évoquâmes lors du dîner avec son père sa première communion, qu’elle célébrerait normalement en fin d’année, sans doute avec sa sœur. Elle rentra seule au pensionnat le soir même, désormais autonome, n’ayant pas ramené d’affaires avec elle.

Le vingt – et un avril enfin, alors qu’il les attendait avec impatience, Frédéric, malgré sa bouche toute trouée, eu sept ans, et l’autorisation, le cadeau suprême, de pouvoir désormais se rendre seul à l’école mais surtout de rentrer seul. Il avait évidemment l’interdiction de trop tarder à prendre le chemin du retour, sachant que son père travaillait en centre – ville jusqu’à parfois sept heures du soir, et que les habitants, ses patients qui connaissaient son fils et qui observaient l’air de rien les allers et venus des enfants du quartier, auraient vite fait de lui rapporter une escapade trop poussée. Ce mois – ci, malheureusement son père ne pouvait à chaque fois pas y assister, il se produisit une nouvelle fois avec sa chorale, plein d’assurance et de joie, mon grand garçon progressait énormément et s’avérait être un brillant élève dans les autres matières enseignées. Lorsqu’il me parla un soir de son envie de faire de la musique son métier, je lui fermais la bouche, car Léon – Paul aurait bien été capable en entendant de telles paroles de le retirer immédiatement de la chorale qui lui plaisait tant pour l’asseoir de nouveau tous les jours sur une chaise de son cabinet.

Tout se passa parfaitement bien pour le premier aller – retour de Frédéric depuis la maison, et jusqu’à la maison. Dès qu’il rentrait, comme son papa il montait à l’étage poser ses affaires pour redescendre faire ses quelques ‘’ tâches’’ comme les appelait le père Maxime, une sorte de devoirs peu contraignants et rapides à faire pour éventuellement terminer le travail débuté en classe.

Chez nous, la prière s’effectuait quatre fois par jours, avant le déjeuner, le dîner, le souper et le coucher, la plus essentielle de la journée pour préserver son sommeil des mauvais esprits et le placer sous la protection de Dieu. Habitué depuis qu’il savait parler, Frédéric s’y attelait tout naturellement, et cela avait pour lui autant d’importance et d’évidence que le fait de s’habiller ou de prendre son bain.

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