Chapitre 49F: janvier 1801

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Ils avaient pour consigne de ne pas faire de bruit, mais c’était si difficile que nous fûmes obliger de déplacer le couffin où dormait le bébé dans une des chambres de l’étage. Après leur goûter, ils restèrent au salon pour s’amuser, ayant l’interdiction de monter. Quand Armand rentra, Malou leva la tête du magazine où elle avait vue de jolie robes.

—''Tu étais parti te promener ?

—''Oui, j’ai été jusqu’au centre ville de Rouen à pied. Sais – tu où se trouve le cabinet de ton frère ?

—''Pas exactement… Demande donc à Alice, elle doit mieux savoir que moi.

Il interrogea donc l’épouse du principal intéressé.

—''Il est installé au 2, place de la Croix de Pierre. Au bas de la rue des Capucins, au carrefour des rues Saint – Vivien et Saint – Hilaire. Pourquoi ?

—''J’aimerais aller le saluer là où il travaille. Vous m’accompagneriez ?

—''Avec plaisir, si Louise et Marie acceptent de surveiller ma galopine de service. Qui est encore partie… Elle s’adressa à son fils. Où est passée Marie – Léonie ?

Auguste et Bernard se précipitèrent, et une petite voix retentit depuis la cuisine.

—''Elle est là ! Elle mange un gâteau sous la table de la cuisine.

Nous nous mîmes à rire lors-qu’Alice ramena dans ses bras sa fille que ça n’avait pas l’air de déranger, qui finissait tranquillement de dévorer son biscuit.

—''Mademoiselle Marie – Léonie Meursault est une gourmande. Pourriez – vous me la surveiller, pendant que je suis Armand voir Auguste ?

Nous la regardâmes, et en récupérant la petite, je ne trouvais qu’à lui répondre.

—''Bien sûr. Vu le nombre d’enfants sur lequel on doit déjà veiller… Ce n’est pas elle qui nous rendra chèvres.

—''Oh vous savez, parfois… En voyant Armand finir d’enfiler son manteau, elle abrogea. Bon, nous y allons. A tout à l’heure.

Ils quittèrent la maison et nous libérâmes l’enfant qui s’enfuit à toute vitesse vers d’autres horizons. Nous discutâmes beaucoup, entre deux gorgées de thé, et un peu plus tôt que d’habitude, Léon – Paul rentra. En posant ses affaires, il s’expliqua.

—''Comme je savais que vous arriviez aujourd’hui, je ne me suis pas trop attardé.

Il alla embrasser sa cousine, en demandant bien sûr où étaient passés Alice et Armand. Il était vrai que pour un aller – retour et une bise, cela commençait à être un peu long.

Vers dix – huit heures, Jeanne dressa la table pour que nous puissions faire souper les enfants. C’est pendant que nous asseyions les deux plus petites, Alice et Marie - Louise, qu’ils arrivèrent enfin. Auguste serra la main de Léon – Paul et nous accorda chacune une bise, plus affectueuse cependant avec sa sœur cadette, qu’il avait grande joie de revoir après deux ans. Tout le monde se retrouva ainsi, fis connaissance avec ceux qu’il n’avait encore jamais vu, et salua chaleureusement ceux qui au fond des cœurs avaient beaucoup manqué.

Après cela, Malou dû monter pour aller chercher sa fille qui pleurait, descendre pour la biberonner, en essuyant les pleurs de Marie – Louise à qui elle avait promis ce privilège le matin – même mais qu’elle avait entre temps oubliée, en nous laissant son bébé vite rassasié et en remontant pour aller changer les langes de la petite fille de vingt – trois mois qui n’était pas encore propre. Les trois femmes se croisèrent dans les escaliers car Marie et Alice montèrent elles aussi pour leurs bébés quand Malou redescendit. C’était pour elles toutes une course permanente, en particulier pour ma nièce, mère de cinq jeunes enfants, même si chez elle, plusieurs nourrices soignaient ses bébés et pouvaient prendre le relais pour s’occuper de ses aînés, surtout lorsqu’elle arrivait au terme d’une grossesse et qu’elle était épuisée. Chez nous, Marie n’aurait pas ce privilège, mais je prendrais soin d’Alice lorsqu’elle arriverait au bout de ses longs mois d’attente et qu’elle sera trop fatiguée. De toute manière, j’aimais m’occuper de ma petite – fille, qui me le rendait bien, avec son affection sans failles et sa docilité.

Après notre souper qui s’éternisa une nouvelle fois, Malou et Armand durent partir pour aller dormir à l’hôtel avec leurs enfants. Avec Alice et Marie, nous aidâmes ma nièce à les réveiller, les habiller chaudement, et les asseoir dans la voiture, tels des poupées de chiffon. Le cocher alla chercher leurs deux juments dans la petite écurie qui jouxtait la maison, et pendant qu’il les attelait, nous nous dîmes au revoir. Après ces longues embrassades, la voiture quitta au petit trot notre cour, sous les étoiles de cette froide nuit d’hiver. Alice et Auguste firent de même peu de temps après, nous laissant de nouveau dans ce silence angoissant, tous les quatre.

Lorsque je me retrouvais avec Marie, le lendemain, autour du déjeuner, elle me disait le plus simplement du monde.

—''Votre nièce Marie – Louise a beaucoup grossi depuis la dernière fois où nous l’avions vu. Vous ne trouvez pas ?

—''Si, mais j’attendais que ça vienne de vous. Avec quatre grossesses dont une gémellaire, ça ne m’étonne pas.

Le passage au nouveau siècle se fit simplement, autour d’un canard aux oranges longuement mijoté par Jeanne, pendant que nous pesions les ingrédients, battions les œufs et incorporions la farine pour faire le dessert. C’était la première fois que je mangeais du canard, et ma foi, ce n’était pas aussi mauvais que ce que je l’imaginais, étant restée sur l’amer goût du poisson la première fois. En me réveillant ce premier janvier 1801, je ressentis un immense vide face au nouveau siècle dans lequel nous entrions, cent ans dont même les benjamines de notre famille ne verraient pas le bout.

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