Chapitre 48A: juin - novembre 1799

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Quelques semaines plus tard, mon fils obtint finalement un nouveau poste à l'Hôtel Dieu, qui lui convenait beaucoup mieux. Il devait effectuer des césariennes. Même si il préférait travailler sur des patientes vivantes, quelle n'était pas sa joie d'avoir enfin quitté son sous-sol sombre et humide et les pièces anatomiques qui baignaient dans des bocaux de formol.

Ce matin de mai, Léon – Paul termina son thé avant de nous prévenir.

—''J'ai reçu une lettre comme quoi quelqu'un passerait aujourd'hui pour le recensement. Ils vous poseront sûrement quelques questions, mais rien d'extraordinaire.

Il embrassa son épouse et quitta la maison en refermant doucement la porte. Nous nous regardâmes avant de terminer de manger. On frappa effectivement chez nous en milieu d'après – midi, Marie descendait juste après avoir donné à sa fille la tétée de quinze heures. Un homme moustachu se tenait sur le seuil, un énorme livre à la main.

—''Bonjour, je m'appelle Charles Dubosc, je suis délégué du service de l'état civil de la mairie de Rouen et je participe au recensement de la population. Pourrais – je entrer quelques minutes ?

—''Mon mari m'avait prévenu de votre visite, entrez - donc.

Il s'assied en posant son imposante brochure près de lui.

—''Pourriez – vous me citer les noms, prénoms, date et lieu de naissance de chacune des personnes qui vivent sous ce toit ?

—''Je peux vous l'écrire, ça ira plus vite. Cela vous dérange ?

—''Pas du tout.

Je le faisais finalement moi – même car Marie devait s'éclipser pour aller calmer sa fille qui hurlait depuis la chambre. Elle avait du mal à dormir depuis quelques jours, et elle réveillait ses parents la nuit, alors que cela ne lui était presque jamais arrivé depuis sa naissance. Quand son père lui avait palpé le ventre, il avait de suite pensé à une colique, causée par le fait que le bébé avale de l'air pendant l'allaitement. Sa mère était épuisée des cris et des nuits blanches, et je passais donc parfois des heures à bercer Alice en espérant qu'elle se calme. Si cela continuait, elle serait contrainte de trouver une autre solution pour la nourrir.

Quand Alice eu deux mois, sa mère décida donc d'arrêter progressivement l'allaitement pour la nourrir définitivement au lait de chèvre. Ce fut une décision difficile à prendre, mais qui eut comme bénéfice de faire cesser les coliques du nourrisson.

Un soir après être montée me coucher, je m’apercevais assoiffée que mon verre d'eau était vide. Arrivée au milieu de l'escalier, je m'arrêtais nette. Sur le canapé, Marie était assise de côté sur les genoux de Léon – Paul, et ils s'embrassaient amoureusement, mon fils passant avec désir sa main sous ses jupons. Comme il ne me virent pas, je préférais tourner les talons, et attendre qu'ils ne montent se coucher. Quand j'entendis leurs pas jusqu'à la chambre et la fermeture à clef de celle – ci, je me permettais de descendre me chercher à boire.

Un midi de juillet, lorsque Auguste et Alice arrivèrent avec leur enfant sur une invitation de Léon – Paul à dîner, la jeune femme nous embrassa en souriant. Je ne manquais pas de lui faire remarquer quelque chose.

—''Eh bien alors, ce petit ventre ?

Alice souriait.

—''Cela fait déjà quelques mois que mon mari à accepté d'avoir un autre enfant et j'en suis d'autant plus ravie que j'espère une fille pour novembre.

—''Je suis heureuse pour vous. Qu'est - ce qu'il grandi vite, votre fils...

—''Oui, il va avoir quatre ans le mois prochain et il fait la fierté de son père.

Le trente septembre, nous nous apperçûmes que Alice avait deux dents. Sa mère s'extasiait devant les progrès de sa fille, qui remuait beaucoup à cinq mois. Son père l'aimait sans doute fort, mais il ne s'y intéressait pas, attendant sans doute une autre grossesse de sa femme pour espérer un fils. J'aimais lui préparer à manger des purées et de la soupe, et la nourrir à la petite cuillère, détestant pourtant le bruit de ses dents qui croquaient contre l'argent.

—''Oh, que je n'aime pas ce bruit... Vous faites des grand sourires à votre bonne – maman, oui Alice, oui ma princesse. Je me tournais vers sa mère. Elle est adorable avec ses deux petites dents, vous ne trouvez pas ?

—''Si. Essuyez - lui donc la bouche, regardez comme elle bave.

Elle embrassa son bébé avant de monter à l'étage.

Le sept novembre, Auguste arriva chez nous pour proposer à Marie et Léon-Paul d'être les parrains et marraines de sa fille, née la veille au matin. Il nous convia par cette occasion au baptême célébré dans trois jours, à l'église de Rouen. Quand il rentra de son travail le soir venu, son épouse lui fit part de la nouvelle et il accepta avec joie. Le lendemain, Léon-Paul posa une demie-journée de congé, pour que nous puissions nous rendre chez eux, et visiter Alice. A peine avions nous passé le pas de la porte qu'elle nous tendit le nouveau – né en s'exclamant :

—''Regardez, je suis reine car j'ai ma princesse !

Nous l'embrassâmes chacune chaleureusement, en nous asseyant sur le lit.

—''Vous n'avez pas trop souffert ?

—''C'était atroce mais je n'y pense plus. Le pire, selon moi, c'est lors de mon précédent accouchement, quand j'ai eu une terrible déchirure pendant la sortie et que j'ai cru mourir d'une hémorragie.

—''Du coup, c'est pour cela que vous avez attendu quatre ans avant d'avoir votre quatrième ?

—''Oui, enfin curieusement, c'était surtout mon mari qui avait peur que je subisse un nouvel accouchement. Moi, je me sentais de nouveau prête au bout de deux ans, quand tout avait bien cicatrisé. Mais se sera notre petite dernière, car la sage-femme, la même qui avait fait naître Auguste fils, m'a gentiment sermonné de ne pas l'avoir écouté lorsqu'elle m'avait conseillé d'arrêter d'avoir des enfants pour ne pas risquer un nouvel incident.

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