Chapitre 62

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La comédie est un genre littéraire, théâtral, cinématographique et télévisuel fonctionnant sur le registre de l'humour. Née dans l'Antiquité grecque, elle est devenue un genre littéraire qui s'est épanoui de manière diversifiée en fonction des époques. Avant Molière, elle était dévalorisée, contrairement à la tragédie. Prise au sens large du terme, la comédie n'est pas systématiquement axée sur le registre comique (divertissement, légèreté, rire, etc.), même si la plupart des comédies le sont. La comédie larmoyante, par exemple, fait rêver et n'a rien d'humoristique mais fonctionne comme une comédie, notamment à travers la caractéristique classique de la fin heureuse. Au XIXe s apparaît la comédie dramatique, genre hybride dans lequel la tonalité légère et humoristique, dominante dans la comédie antique et classique, est gommée par une fin malheureuse et une morale solennelle inhérente au drame romantique. Ainsi, le sens du terme « comédie », particulièrement large à l'époque classique du XVIIe s, s'est progressivement restreint, surtout à la suite de l'apparition, à la fin du XVIIIe s, du drame, un genre « sérieux » marqué par l'émotion et un ton pathétique. Ainsi, au XIXe s, l'appellation « comédie » s'applique à des pièces dont le dénominateur commun est le rire, avant de disparaître presque complètement dans le théâtre contemporain, qui répugne à cataloguer les œuvres par genres.

*Bon, il faut que je reformule ça, ou je suis mort. Où est mon cahier... Ah, voilà... Bon, allez, fais marcher tes neurones...*

Mardi 1er Mars

Thème : la Comédie :

- Plateforme humoristique.

- Ancêtre culturel de Nikos Aliagas.

- XVIIe s : parfois triste (hmm... bizarre si c'est une plateforme "drôle") + fin heureuse (encore plus bizarre si l'histoire est triste...)

- XIXe s : redevient seulement drôle (quel bordel !)

- XXe s : plus de genres, donc plus de comédie, donc plus besoin de se prendre la tête et réfléchir (merci les artistes contemporains !!!)

- Question finale : S'il n'y a plus de comédie, pourquoi l'étudie-t-on encore ?"

Louis se laissa tomber contre le dossier de sa chaise, fatigué. Il regarda le plafond, tourna plusieurs fois sur lui-même, puis repensa à son rendez-vous avec le proviseur et Madame Hatmon, et se ressaisit. Le miracle s'était produit. La professeure avait, contre toute attente, soutenu sa cause ; mais attendait de lui, en échange, qu'il s'investisse "corps et âme" dans les cours de théâtre. D'abord enclin à renvoyer le jeune homme de l'établissement sans motif particulier, le directeur avait ensuite hésité en écoutant les arguments de l'enseignante. Enfin, il avait cédé "pour la dernière fois" à la demande de Louis, grâce, celui-ci n'en doutait pas, à l'intervention de sa protectrice. Pour ne pas la décevoir - et surtout rester à Marie Curie -, l'adolescent devait donc faire des recherches approfondies sur le thème de la prochaine séance afin d'être capable de répondre aux questions qui lui seraient posées. Il se remit à la tâche, prêt à travailler toute la soirée s'il le fallait. Quoi qu'il en soit, demain serait un autre jour.

****************************

Dans le bus qui le conduisait au lycée, Louis soupirait. Malgré tous ses efforts, il avait travaillé son sujet de théâtre comme un exercice qu'on exècre, superficiellement. Au moins était-il prêt à auditionner pour deux ou trois rôles dans la pièce Roméo et Juliette...

Arrivé dans la salle avec un peu d'avance, le jeune homme distingua les élèves déjà installés de ceux qui, encore debout, discutaient par petits groupes. Il fit abstraction des chuchotements dont il se savait l'objet, et tenta de se rendre invisible malgré sa taille de colosse.

Cette fois, Madame Hatmon ne se précipita pas vers lui, mais sourit poliment en le reconnaissant. Le rouquin grimaça en découvrant l'horrible sorcière qui l'avait poussé à quitter les lieux, la semaine précédente, et dut prendre de longues respirations pour retrouver son calme.

Quand la sonnerie du lycée retentit - annonçant le début du cours -, les derniers étudiants debout prirent place dans la cercle. Il n'y avait pas de comédien professionnel pour pimenter la séance, mais Louis ne s'en plaignait pas. Quant aux questions du jour, elles ne furent pas nombreuses ; de sorte que le garçon ne fut pas interrogé. Pour cause, les auditions qui devaient se finir avant la fin des deux heures.

Les élèves s'échauffaient la voix comme des oiseaux en chaleur, et Louis dut se plaquer les mains sur les oreilles tant le bruit d'ensemble était strident. Il fut presque soulagé d'être appelé à jouer, et intégra la pièce voisine avec la sensation d'avoir perdu l'ouïe. Il discerna une petite scène au fond de la salle, et les professeurs-jurés, assis à une seule et même table. Madame Hatmon demanda au jeune homme de monter sur scène pour présenter son audition. Le lycéen s'exécuta, croisa le regard terrible de Madame Blanchet, celui, plus curieux, de Monsieur Gérome, et enfin, le visage radieux et encourageant de Madame Hatmon.

- Alors, Monsieur Nattier, quel(s) personnage(s) comptez-vous interpréter ? fit cette dernière d'une voix enthousiaste.

Nerveux, l'adolescent chercha dans ses feuilles le nom de ses protagonistes, et souffla en les retrouvant.

- J'auditionne pour Balthazar, le page de Roméo ; Pierre, le valet de la nourrice ; et Abraham, le valet de Montague.

- Eh bien, vous ne vous êtes pas foulé la cheville ! ne put s'empêcher cette vieille bique de Blanchet. Enfin, cela ne m'étonne pas de vous.

Louis se sentit bouillir de l'intérieur, mais ne répliqua pas. Il s'apprêtait à présenter l'un de ses textes lorsque Hatmon crut bon de revenir sur la remarque de sa collègue.

- Il est vrai, Monsieur Nattier, que je suis un peu déçue. N'avez-vous pas envisagé d'interpréter un personnage plus important ? Les rôles secondaires sont généralement attribués par défaut, lorsque les premiers ne sont plus à prendre.

Le lycéen haussa les sourcils.

- Mais que voulez-vous que je joue ?

Les trois professeurs se regardèrent.

- Soyez ambitieux ! Incarnez Roméo ! s'exclama Madame Hatmon.

Alors que Monsieur Gérome acquiesçait, Madame Blanchet explosa de rire ; d'un rire lourd et cynique.

- Allons, soyons sérieux ! Monsieur Nattier est médiocre en tout, fainéant, et vous voudriez lui confier l'un des rôles majeurs de la représentation ?!

Silence glaçant.

- Comment osez-vous ?! grogna l'étudiant, incapable de se retenir face à cette humiliation. Vous ne savez rien de moi, et vous me critiquez comme si vous en aviez le droit !

Madame Blanchet se redressa, agacée, mais aussi intriguée.

- Mais j'en ai le droit, jeune homme ! Qu'y-a-t-il d'insultant à dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas ?

- Vous me croyez incompétent alors que vous ne m'avez jamais vu jouer !

- J'ai été aux premières loges du spectacle court, grossier et burlesque que vous nous avez improvisé la semaine dernière. Et je peux vous assurer que votre comportement actuel ne vous servira pas davantage dans le théâtre.

- À qui la faute ?! rugit Louis.

- À vous ! Qui d'autre ?

Tension palpable. Salle en effervescence. Madame Hatmon et Monsieur Gérome n'étaient plus que les spectateurs d'un véritable combat de répliques cinglantes entre Louis et Madame Blanchet.

- Quelle insolence ! Insinuez-vous que j'ai été à l'origine de votre saute d'humeur, Monsieur Nattier ? reprit l'enseignante.

Le garçon s'enflamma.

- Je crois que vous surestimez votre propre capacité à évaluer un jeu d'acteurs. Car après tout, avez-vous déjà joué dans quoi que ce soit, Madame la professeure ?

Madame Blanchet bondit sur ses pieds.

- Redites cela ? articula-t-elle, abasourdie.

Louis comprit qu'il était allé trop loin. Il tenta de s'excuser, mais Madame Blanchet l'interrompit d'une main et réitéra sa demande, aux aguets.

- Je... Je ne me souviens plus... bégaya le rouquin, le visage cramoisi.

- Je vais vous aider... Vous avez dit : "Vous surestimez votre propre capacité à évaluer un jeu d'acteurs. Car après tout, avez-vous déjà joué dans quoi que ce soit, Madame la professeure ?"

La charogne souriait. Elle n'attendait que cette phrase pour éliminer Louis une bonne fois pour toute. C'en était mortifiant. Pris au piège, l'adolescent n'avait plus qu'à s'exécuter. Peut-être aurait-on pitié de lui ?

- Vous surestimez...

- Plus fort ! cria la chimère.

- Vous surestimez...

- J'ai dit : "Plus fort" !

Elle s'avança, encore et encore, jusqu'à poser ses mains sur le parquet de la scène. Elle levait des yeux fous vers Louis, prête à empoigner ses chevilles d'une seconde à l'autre ; tandis que le garçon était en sueur, littéralement.

- "Vous surestimez votre propre capacité...

- VOUS QUOI ?!

L'étudiant ferma les yeux, assourdi par le hurlement.

- "VOUS SURESTIMEZ...

- QUOI DONC ?!

- VOTRE CAPACITÉ...

Le lycéen haletait, Madame Blanchet jubilait, et les autres professeurs se tenaient les oreilles.

- REPRENEZ ! ragea-t-elle en frappant ses mains sur le plancher, ce qui fit sursauter l'adolescent.

De sa position, Louis pouvait voir le fond de la salle se remplir d'élèves, interloqués par les cris qui raisonnaient dans l'autre pièce, et inquiets de ce qui se tramait ici. Et alors que les uns les autres murmuraient de nouvelles choses à son égard, une deuxième vague de colère envahit le jeune homme, qui retrouva sa fougue.

- "Vous surestimez votre propre capacité à évaluer un jeu d'acteurs. Car après tout, avez-vous déjà joué dans quoi que ce soit, Madame la professeure ?" tonna-t-il comme un député habité prononçant un discours au Sénat.

Louis plongea son regard sévère dans celui, brillant, de l'enseignante. Bientôt, il se rendit compte que la salle entière le fixait de la même façon. Alors, comme si la situation n'était pas assez folle, Madame Blanchet applaudit le garçon avec émotion. Elle fut suivie par ses collègues puis, plus timidement, par les autres lycéens.

En deux phrases à caractère injurieux, quelque chose de merveilleux s'était passé. Louis le savait. Madame Blanchet le savait. Et tout le monde le savait. La professeure rejoignit l'adolescent sur scène, lui attrapa le bras et l'étudia quelques secondes. Le regard fier, elle se tourna ensuite vers ses collègues, et sourit.

- Je crois que nous avons trouvé notre Roméo !

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