Chapitre 46

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- Oui !

Le garçon soutenait les hanches de la jeune fille qui, plaquée au mur, suffoquait. Se mouvant de haut en bas, il lâchait des petits râles en supportant la charge que la paire de jambes autour de sa taille représentait.

- Vas-y, plus fort !

Encouragé, l'adolescent accéléra la cadence. Son corps vibrait à un rythme effréné et le sang refluait vers son visage coloré. Ses bras toujours forts faiblissaient et ses doigts abandonnaient lentement leur prise. Enfin, il poussa un cri rauque, laissa sa partenaire descendre, et remonta caleçon et pantalon au niveau de son bassin. La jeune fille réajusta sa robe après avoir relevé ses collants sans un mot, puis remit ses bottines sans s'intéresser au regard de son compagnon. Quittant la cabine, elle attrapa le sac à main qui trainait à terre, se précipita vers les miroirs, et recoiffa sa chevelure blond platine avant de repoudrer son joli minois. Pour finir, elle redessina ses lèvres d'un rouge vermeil saisissant, puis se retourna vers son camarade en souriant.

- C'était bien, tu t'améliores, dit-elle comme un maître de sport à son élève.

Le garçon respirait encore difficilement quand elle vint marquer sa joue de son maquillage refait.

- On se retrouve plus tard ? reprit-elle d'un air aimable.

Le jeune homme acquiesça sans grande effusion, puis arrêta le pas de son "amie" en posant une main sur la porte commune des WC.

- Juste un truc... J'ai pas besoin de m'améliorer. Si t'es pas pleinement satisfaite, ça ne peut venir que de toi.

- Tu crois ? murmura la beauté sans sourciller. J'en serais très étonnée, sachant que j'ai plus d'expérience que toi en la matière.

Loin de se sentir blessé, le lycéen croisa les bras et s'esclaffa.

- Sans rire ? Alors tu en enregistres combien ?

- Un nombre qui ne se compte pas sur les doigts d'une main, contrairement à toi.

L'adolescent fronça les sourcils.

- Tu me cherches mais je sais bien que tout ce que tu veux en ce moment, c'est que la journée se termine pour m'appeler et me supplier de te baiser.

- Désolée Trésor, j'ai un rencard ce soir, largua la jolie blonde d'un air détaché en se contemplant à nouveau dans la glace. Mais envoie-moi un message demain si tu en as marre de te branler.

Sur ce, elle quitta les toilettes comme si elle y était allée seule, indifféremment.

Quand le jeune homme entendit son portable vibrer, il ramassa sa veste au sol et fouilla dans l'une de ses poches avant d'en ressortir le mobile. Le numéro de Gatien s'affichait comme une sonnette d'alarme sur l'écran, et l'étudiant accepta l'appel d'un air rebuté.

- Ouais ? Qu'est-ce qu'il y a ?

"Qu'est-ce que tu branles, mec ?"

*Pourquoi ils me parlent tous de branlettes aujourd'hui ?...*

- Je pisse, qu'est-ce que tu veux ?

"Que tu viennes en cours si tu veux pas te faire virer par Raoul ! Tu sais que c'est un tyran de l'horloge !"

Joris consulta à nouveau son portable.

- Huit heures cinq... Merde.

"Il fait l'appel avec son débit de tortue agonisante donc ramène ton cul sur le champ !"

Le lycéen grogna, mit fin à l'appel, puis s'élança vers le couloir - sa véritable envie d'uriner lui étant instantanément passée. Il gravit les marches des escaliers deux à deux et courut jusqu'à sa salle en frappant un peu trop fort contre la porte. Monsieur Raoul, un vieil homme rabougri, chantait d'une voix éraillée les noms des étudiants, présents ou absents. Il autorisa le retardataire à entrer avant de découvrir son identité et le fusiller du regard.

- Encore vous ?! grésilla-t-il avec colère.

L'adolescent observait la pièce d'un air agité. Incapable de garder les deux pieds au sol, il s'appuyait sur l'un puis l'autre dans une une sorte de danse.

- Quelle est votre excuse cette fois ? Votre quatrième grand-mère vient de décéder ?

Joris réfléchit à toute vitesse. Dit comme ça, donner une excuse, ou plutôt un mensonge, était essentiel.

*Voyons... Je me tapais une terminale dans les toilettes au rez-de-chaussée. C'est bon ?*

- Alors, j'attends... Vous voulez repartir d'où vous venez ?!

*Si ça ne tenait qu'à moi...*

- Dernière fois, Monsieur Fabian !

- J'ai accompagné une élève jusqu'aux sanitaires...

*Pas faux.*

- Parce qu'elle était nouvelle et ne savait plus où les trouver...

*Vérité détournée... C'était le coup de la semaine dernière...*

- Et le temps d'accomplir ma mission, j'avais perdu les cinq premières minutes de votre précieux cours, Monsieur.

*Euh... T'en fais peut-être un peu trop là...*

- Sept.

- ... Oui.

Le professeur Raoul fixa le jeune homme, impassible.

- Quel bon samaritain vous faites, Monsieur Fabian.

Joris acquiesça humblement - jeu d'acteur médiocre qui n'échappa à personne et en fit même rire certains.

- Merci Monsieur. C'était un sacrifice qui, je pense, en valait la peine pour cette pauvre fille...

*Boucle-la...*

- Bien sûr, bien sûr... Vous méritez toute ma considération.

Le lycéen déglutit. Tout cela sonnait si faux qu'il savait sa cause perdue.

*Merde...*

- Et puisque vous aimez tant aider votre prochain, vous serez sûrement ravi d'offrir à Madame Toucan la correction des exercices qu'elle n'a pas été capable d'apporter lors de notre dernier cours malgré son excellent niveau en mathématiques.

Joris tourna son visage penaud vers Gatien, qui se retenait de rire.

*Je crois que ça ne pouvait pas être pire...*

- Ce serait avec plaisir, Monsieur, mais j'ai bien peur de ne pas arriver à la hauteur de ma camarade.

Le jeune homme fit un clin d'œil à la "camarade" en question, qui rougit.

- Je suis sûr que vous vous sous-estimez, répliqua l'enseignant, infatigablement sarcastique.

- Non, je vous assure. Lou mérite d'être applaudie pour son travail. Ce serait très égoïste de ma part de lui ôter la victoire...

- Oh ça ne me dérange pas ! On sera félicités ensemble ! s'exclama la jeune fille, enthousiaste.

*TU PEUX PAS FERMER TA GUEULE, TOI ?!*

- Voilà qui est merveilleux ! lança le professeur en tapant dans ses mains. Un travail d'équipe comme je l'aime !

Joris leva les yeux au ciel, se demandant s'il n'aurait pas mieux fait de proposer une deuxième partie de jambes en l'air à Charlotte, ou ne jamais entrer dans ces maudits WC.

- Ceci est une craie, Monsieur Fabian, expliqua le professeur. Et cela, poursuivit-il en pointant le tableau, vous servira de support pour exposer à l'ensemble de la classe votre génie.

L'adolescent observait l'homme d'un air blasé. Vaincu, il attrapa la craie dans un soupir de fin de vie.

- Une dernière chose, Monsieur Fabian...

- Oui ?... murmura Joris, éreinté.

- L'hypoténuse n'est pas une hyperbole.

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