dernier "souvenir"

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« Zlouuugh »

Le jump-look était fini. Je me retrouvai de nouveau sur le palier. J'allai voir Dimitri, car je l'entendais sangloter.

« Qu’est-ce qui se passe ? demandai-je, anxieux.

– J’ai... j’ai... débuta Dimitri.

– Calme-toi. C’est fini. Respire. »

Dimitri inspira profondément et me demanda de détourner le regard.

Je compris alors qu'il était géné car il était en slip ! Je lui tournai le dos afin qu'il puisse se rhabiller. Il tapa sur mon épaule pour m'indiquer qu'il avait terminé. Ensuite, je repris :

« Je vais appeler les secours : il y a une ado blessée dans l’autre chambre.

– Quoi ? paniqua Dimitri.

– Ne t’inquiète pas ; mais il faut vraiment que j’y aille.

– OK. Tu as ton portable ? »

Je sortis mon téléphone, mais ce dernier s'était éteint : il n'avait plus de batterie !

« À plat, répondis-je. Et toi ? »

Dimitri chercha dans ses poches, mais ne le trouva pas. Soudain, il se frappa le front.

« Quel idiot ! Je l'ai laissé dans ma chambre.

– Pas grave. Il doit bien y avoir un téléphone dans cette maison. »

Ce qui me surprit, ce fut le vide : la fête avait laissé place à un silence de cathédrale.

Je trouvai sans peine le combiné du salon. J’appelai le SAMU pour leur expliquer l’urgence de la situation et leur donnai l’adresse du lieu.

Un quart d'heure plus tard, la sirène m’alerta de l’arrivée de l’ambulance et j’ouvris la porte en grand pour laisser passer les secouristes.

« Il vous faudra un brancard. Je vais vous montrer le chemin », proposai-je.

Les sauveteurs retournèrent chercher leur matériel avant de me suivre.

Quelques instants plus tard, Elise fut transportée dans l’ambulance.

Le cauchemar était terminé pour elle.

Je remontai ensuite à l’étage.

« C'est bon. On va pouvoir sortir d’ici, le rassurai-je.

– Et elle ? hoqueta Dimitri.

– Qui elle ? demandai-je interloqué.

– Elle ? continua Dimitri en me désignant Claudia de l’autre côté du lit.

– Ah oui, Claudia.

– Tu es au courant ? s’étonna Dimitri.

– Oui, toi t'as le pouvoir de soigner les gens et moi j’ai d’autres pouvoirs, comme celui de voir les actions des autres. J’ai vu ce qui s’est passé avec Claudia.

– Tu as… ? Tu as… tout vu ? s’inquiéta Dimitri.

– Euh, oui... Je me serais bien passé de certains détails, répondis-je, embarrassé.

– Moi aussi, affirma Dimitri, également mal à l’aise.

– D’ailleurs, en parlant de ton pouvoir… »

Je lui montrai ma main trouée. Dimitri s’approcha de moi. Il se concentra et les sphères magiques réapparurent. La blessure cicatrisa en un instant puis les sphères s'évanouirent.

« Je ne savais pas que tu étais au courant pour mon pouvoir, dit Dimitri.

– J’ai oublié de te le mentionner, ajoutai-je en riant. Ne t’inquiète pas pour elle, c’était de la légitime défense : c’était elle ou toi.

– Merci, souffla Dimitri. »

La sirène des policiers nous interrompit. Nous allions devoir expliquer la situation aux forces de l'ordre ! Dimitri ne restait pas en place et pâlissait à vue d'œil ! Je tentai de le calmer.

« C'est normal qu'ils viennent. L'ambulance a dû les prévenir. Il n'y a rien à craindre : nous sommes les victimes ! Tout va bien se passer.

–Tu es sûr ? demanda fébrilement Dimitri.

– On n'a rien à craindre, affirmai-je, même si au fond de moi le doute m'envahissait. »

Je ne devais rien laisser paraître afin de ne pas inquiéter davantage mon ami.

Les gendarmes arrivèrent et inspectèrent les corps. Puis, ils nous installèrent dans l’estafette pour nous conduire au poste.

Un de leur collègue prévint ensuite nos parents.

Ceux-ci arrivèrent hagards, les cheveux en bataille, des questions plein la tête. Maman semblait perdue tandis que papa avait la mine sévère. Les parents de Dimitri se tenaient en retrait, sa mère cachait son visage sur l'épaule de son mari et gémissait. Son père la rassurait d'une voix à la fois douce et ferme.

« Que s’est-il passé ? Pourquoi nos enfants sont au commissariat ? commença mon père.

– Ne vous inquiétez pas. Ils sont juste les principaux témoins de deux meurtres.

– Hein ! Témoins de meurtres ?! Et vous nous demandez de ne pas nous inquiéter ?

– On va prendre leur déposition et ensuite vous pourrez les ramener chez vous. On les rappellera plus tard si on a besoin d’eux.

– Vous êtes sûrs qu’ils n’ont rien fait de grave ? s’inquiéta papa.

– Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, ce sont nos principaux témoins. »

Nous fîmes notre déposition en expliquant que les jumelles avaient invité un groupe de garçons dans leur chambre respective et que, s'inquiétant de ne pas les voir descendre, nous étions montés à l'étage et avions découvert leurs cadavres. Nous avons alors contacté les secours. Les gendarmes nous écoutèrent et décidèrent de nous laisser repartir. Ils nous recontacteraient pour affiner les détails.

*

« Stoppez cette séquence. La suite est tout autant improbable ! s'exclama une voix.

– Vous voulez qu'on lui injecte la suivante maintenant ?

– Affirmatif. Ce segment est rempli d'incohérences ! Passons au réveil.

– Vous êtes sûrs que...

– Certain. Nous touchons au but. Nous pouvons accélérer. »

*

Le lendemain matin, je me levai difficilement, mon sommeil avait été entrecoupé de cauchemars.

Après un bref passage dans la salle de bains, je descendis dans la cuisine où ma mère m’accueillit, inquiète.

« Bonjour, tu vas bien ?

– J’ai mal dormi, mais ça va. J'ai pas arrêté de penser à Elise.

– Elise ?

– C’est une fille qui était à la boum hier. Je ne sais pas trop comment, elle s’est bien amochée. Les pompiers l'ont emmenée à l’hôpital.

– Je croyais que l’on t’avait assommé hier ?

– Oui, mais Elise c’était juste avant.

– Qu'est-ce c'est que ces boums ? Tu es censé t'y amuser, pas te blesser !

– Et pour Elise ?

– Je vais t’emmener à l’hôpital. »

Une demi-heure plus tard, nous atteignîmes le centre de soins. Après avoir attendu quelques minutes à l’accueil, un médecin vint à notre rencontre.

« On vient voir une amie qui est arrivée hier soir. Elle s'appelle Elise. »

Le docteur chercha un peu puis ses souvenirs lui revinrent.

« Son état est stable, mais elle présente des blessures sur l'ensemble du corps.

– Je peux la voir ?

– Je vais demander la permission à sa tante. »

Le docteur revint quelques instants plus tard, nous accorda le droit de visite, puis, me mena jusqu’à la chambre d’Elise. Dimitri attendait devant.

« Salut Dimitri.

– Salut. La nuit a été longue, mais par rapport à elle, je n’ai pas à me plaindre.

– Elise, lui rappelai-je.

– Ah oui, Elise. Je ne me souvenais plus de son prénom. Je ne l’avais jamais vue avant. On est pourtant peu nombreux dans le coin !

– Elle ne doit pas être de la région. »

Nous entrâmes. Une femme, sûrement la tante d'Elise, la veillait. Elle nous serra la main.

« Vous êtes ceux qui ont sauvé ma nièce ?

– Oui, répondis-je.

– Comment va-t-elle ? demanda Dimitri.

– Pour l'instant, elle se repose. D'ailleurs, d'après les médecins, il ne faut pas rester longtemps. Venez. »

Nous regagnâmes la salle d'attente où maman patientait. Une sonnerie de téléphone retentit. Maman sortit pour prendre l'appel.

Deux minutes plus tard, elle revint près de nous :

« Chéri. On doit partir. Un imprévu au travail. La poisse : Martine a eu un malaise et je dois la remplacer au pied levé. Je dois terminer son dossier pour midi. Je ne sais même pas si j'aurai le temps de te déposer chez nous, puis de...

– Vous voulez que je raccompagne votre fils ? demanda la tante d'Elise.

– Ça ne vous dérange pas ?

– Après ce qu'il a fait pour ma nièce, c'est la moindre des choses.

– Nous habitons au 15, rue des Roses, à Ruehlam.

– C'est bien noté.

– Encore merci. »

Maman m'embrassa sur la joue et sortit d'un pas vif.

La tante d'Elise s'absenta pour aller aux toilettes et nous en profitâmes, Dimitri et moi, pour retourner dans la chambre d'Elise qui dormait.

Nous nous installâmes chacun d’un côté du lit et serrâmes les mains de l’adolescente.

Alors que je m’attendais à revoir les boules d’énergie salvatrices de Dimitri, un autre phénomène survint : des éclairs zébrèrent la pièce et frappèrent les paumes de nos mains !

Les docteurs et infirmières tentèrent d'entrer, toutefois la porte demeurait close… Dehors, les gens gesticulaient, mais nous, nous restions calmes, nous nous savions protégés.

Un peu plus tard, la chambre retrouva sa quiétude.

Les blessures d’Elise avaient disparu !

Le cauchemar était terminé, pour de bon cette fois.

Dimitri laissa entrer le personnel hospitalier qui, stupéfait, découvrit la disparition des contusions d’Elise, qui se réveilla peu après.

« C’est incroyable ! C’est un miracle ! déclara une infirmière.

– Qu’est-ce qui se passe ? demanda Elise.

– Vos blessures se sont envolées. Je ne sais comment. On peut dire que vous êtes une sacrée veinarde, commenta l’infirmière.

– Nous allons passer quelques examens de routine, mais à priori vous allez pouvoir partir d’ici très vite, confirma un docteur.

– C’est merveilleux », affirma Elise soulagée.

Quelques examens plus tard, Elise, Dimitri, Maryse – la tante de l'adolescente – et moi quittâmes l’hôpital.

« Encore merci à vous. Vous êtes formidables ! s'exclama Elise.

– De rien. Repose-toi. Au fait, tu n’es pas d’ici ? demanda Dimitri.

– Non, j’étais venue accompagner une amie pour l’anniversaire d’Isabella et de Claudia. J’étais arrivée il y a quelques jours, car je viens de loin. Tu connais la suite, dit-elle en s’adressant à moi.

– Vaut mieux ne plus y penser. On s’en est sorti, c’est le principal.

– C’est sûr. Je vais pouvoir rentrer chez moi. C’est pas que je m’ennuie chez vous, mais c’est bientôt la rentrée !

– Je l’avais oubliée celle-là ! C’est vrai que les vacances se terminent, acquiesça Dimitri.

– Tu l’as dit bouffi. C’est demain la reprise, ajoutai-je.

– Encore merci. Et à un de ces jours peut-être », conclut Elise.

Nous raccompagnâmes la tante et la nièce jusqu’à leur voiture.

« Tu n’as pas d’affaires ? questionna Dimitri surpris.

– Si, mais je préfère les laisser ici. Elles me rappelleraient trop de mauvais souvenirs.

– Je te comprends, acquiesçai-je.

– Vous pouvez monter, déclara Maryse. »

Peu de temps après, nous quittions l'hôpital en direction de notre village.

Arrivé au panneau indicateur de ce dernier, une étrange sensation me gagna. Je ne sais pas ce qui m'a poussé à regarder dans le rétroviseur pile au moment où nous le dépassâmes, ni pourquoi Maryse roula au ralenti à cet instant précis... mais dans le reflet, j'aperçus Ruehlam à l'envers...

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