Visite

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J'attends avec une certaine anxiété la poursuite de ces souvenirs, mais rien ne se produit !

Bizarrement, je ne suis guère rassuré. Ont-ils terminé cette étape plus tôt que prévu ? Ont-ils décidé qu'ils perdaient trop de temps avec moi ? Vont-ils me détacher afin de mieux m'abattre ? Quelles sont mes chances d'en sortir vivant ?

Soudain, Amigo rentre dans ma chambre accompagné d'un inconnu. Que me veulent-ils ?

Me voyant sur la défensive, Amigo arbore un large sourire.

— Détendez-vous mon cher. Nous sommes vos amis.

— Détachez-moi alors !

  • Justement, c'est ce que nous allons faire ! annonce-t-il joyeusement.

J'en reste bouche bée. Ils vont me libérer ? À moins que cela soit un nouveau traquenard, ce serait bien leur style.

Cependant, l'inconnu vient vers moi et retire les sangles. Je tente de me redresser, mais n'y parviens pas. Mon corps ne répond plus !

  • Que m'avez-vous fait ? Je n'arrive plus à bouger, paniquai-je.
  • On vous a administré une dose de Tabun, mais rassurez-vous en quantité raisonnable. Les effets s'estomperont d'ici quelques jours.
  • Du Tabun ?
  • Rien de dangereux, mon collègue vous l'a dit. Calmez-vous mon ami.
  • Me calmer ? Vous m'injectez je-ne-sais-pas-quoi et vous voulez que je me détende ?
  • Allons. Vous me connaissez. Vous savez bien que je ne vous souhaite aucun mal. D'ailleurs, c'est moi qui ai proposé une pause. Mes supérieurs n'ont pas été facile à convaincre, mais finalement, ils ont accepté. Aujourd'hui, on vous emmène en balade !

La porte s'ouvre, et deux infirmiers amènent un fauteuil roulant. Ensuite, non sans mal, ils réussissent à me traîner dessus. L'un d'entre eux part tandis que le second reste avec nous.

  • Allez, en avant !

Amigo me conduit dans un long couloir blafard où quelques néons grésillent ; l'installation ne doit pas être moderne, ce qui n'est guère rassurant. Combien de personnes ont été enfermées avant moi et ont subi ces tests ? Certains ont-ils réussi à s'enfuir ? Si oui, comment ? À l'horizon, je ne détecte aucune sortie : aucune fenêtre extérieure, seulement des baies vitrées sur des cellules similaires à la mienne. D'ailleurs le médecin me stoppe devant l'une d'entre elle.

À l'intérieur, un gamin âgé d'à peine vingt ans. En le voyant, je détourne le regard, ce qui n'est pas du goût d'Amigo, qui me tourne la tête vers lui, tout en se moquant gentiment.

  • Voyons, ne détournez pas le regard. Il a si peu de visiteurs qu'un peu de compagnie lui sera bénéfique.
  • Qui est-ce ?
  • Lui ? C'est l'un de nos volontaires, comme vous il a signé pour la science.
  • Je ne suis pas sûr qu'il ait donné son accord pour ce résultat, marmonnai-je.
  • Je vous accorde que ce n'est pas évident en le voyant, il est un peu mal en point.
  • Mal en point ? Ce gosse est squelettique. Et vous avez vu son regard ? Il ressemble plus à un mort qu'à un vivant, m'emporté-je.
  • Simples effets secondaires. Il finira par reprendre des forces. Nous ne le laisserons pas ainsi, je vous le promets.
  • Comment pouvez-vous affirmer cela ? Je ne donne pas cher de sa peau en le voyant dans cet état.
  • Nous sommes en train de lui redonner les oligo éléments nécessaires pour qu'il se rétablisse. Nous aurions dû commencer plus tôt je vous l'accorde, mais c'est un solide, il s'en remettra, affirme le docteur potelé. Raphaël, si vous voulez bien ouvrir la porte.

Le dénommé Raphaël s'exécute et Amigo rentre le fauteuil dans la chambre.

L'adolescent me tend sa main décharnée et je lutte pour ne pas décrocher mon regard. Amigo me pousse vers lui et je décide de serrer sa main bien que j'ai peur de lui briser les os. Un mince sourire éclaire son visage. Délicatement, je retire ma main et résiste à la tentation d'un geste tendre : je ne veux pas qu'il croit que j'ai pitié de lui, et ce même si c'est le cas.

  • Désolé mon petit, mais on doit te laisser. Tu dois reprendre des forces. Et on doit montrer à Fabien nos espaces détentes.

Des espaces détentes ? Ici ?

Nous sortons de la pièce, Amigo, Raphaël et moi.

Au détour des couloirs, ils me conduisent à une nouvelle verrière où s'entraînent des jeunes au basket-ball. Je ne pensais pas trouver des sportifs dans cet endroit !

Amigo a dû remarquer ma surprise, car il m'annonce également que l'on trouve une salle de musculation, un dojo et une bibliothèque au sein du complexe. Tout pour rester en forme, n'est-ce pas ?

Soudain, des hurlements me tétanisent. Ils me provoquent la chair de poule.

  • Qu'est-ce que...
  • N'ayez crainte. C'est juste un film d'horreur, la salle de cinéma n'est pas loin. Désormais, il est temps de regagner votre chambre.

Je préfère me contenter de cette réponse et ne pas savoir si Amigo me dit la vérité sur ce point. Après tout, ils ont bien des équipements sportifs, alors pourquoi pas une salle de projection privée.

Sur le trajet du retour, j'aperçois de minuscules sphères lumineuses et m'apprête à questionner le docteur qui me devance.

  • Quelques-uns s'amusent avec les projecteurs. Je vous ramène et vais les rouspéter : on ne doit pas jouer avec le matériel. Mais vous savez comment sont les enfants. Il faut bien qu'ils s'amusent un peu.

Les enfants ? Ils ont des cobayes encore plus jeunes que l'adolescent famélique ? Dans quoi suis-je tombé ? Comment les aider à s'échapper de ces fous furieux ? Si leur drogue n'était pas si efficace, je me lèverai de ce fauteuil, cognerai Amigo, trouverai des armes et mènerai la Révolution. Mais je ne sens plus mes membres, ne sais pas où dénicher de quoi mener la fronde et ne connais pas les sorties de ce lieu. Sans compter l'armada qui nous surveille...

Du coup, je n'ai d'autres choix que de rentrer dans ma chambre, où Amigo, aidé de Raphaël m'allongent de nouveau sur le brancard avant de me sangler.

  • D'ici quelques instants, vous reprendrez là où vous vous êtes arrêté. J'espère que vous avez apprécié cette visite. Je vous laisse vous reposer.

Puis, ils partent, après avoir éteint la lumière.

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