Chapitre 3

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Nous sommes le lundi du vendredi du rendez-vous. Quatre nuits me séparent de ce jour et je n’arrête pas d’y penser.

- Ça serait complètement inconscient de ma part d’y aller, je le connais pas ce type, dis-je à Luna.

- Ouais, ça pourrait être un psychopathe qui te découpe en morceaux.

- On est d’accord, ça serait n’importe quoi.

- Ohhhhh Abby je reconnais ce regard, tu as envie d’y aller toi.

- Non !!!! Mais...mais ça me hante cet email.

- Tu vas y aller putain !!!! dit-elle excitée.

- Non !!!

Elle ricane de moi.

- Je pourrais peut-être y aller, et lui dire que je ne suis pas interressée, qu’il sache que sa proposition est totalement déplacée.

- Envoi lui un email.

- C’est plus correcte en face à face quand même.

- Et si il t’attaque ?

- Je prends une lacrymogène.

- Ok donc ton plan c’est tu y vas, et tu lui dis que c’est très déplacé de t’envoyer ce genre de mail.

- Ouais.

- Et tu dis quoi à Bertrand ?

- Que je suis retenue à la clinique. Ça serait pas la première fois.

- Que tu lui mens ?

- Non ! Que je reste la nuit à la clinique lorsque je dois surveiller des boules de poils.

- La nuit ? Putain Abby tu viens de dire la nuit !!!! crie-t-elle.

Je la regarde et je me met à bafouiller.

- Non mais ce n’est pas ce que j’ai voulu dire et puis je ne sais pas combien de temps ça prendra notre discussion.

- Ah bah une fellation, une sodomie et quelques orgasmes...ouais ça peut te prendre une bonne partie de la nuit.

- Luna !!!!

Elle éclate de rire.

- Tu vas te faire baiser Abigaël Richard.

- Arrête !!! Je suis pas comme ça et tu le sais très bien, j’aime Bertrand.

- Mais tu vas te faire culbuter par un inconnu.

- Je vais discuter ! Y a rien de mal à ça !

- Y a pas de mal à se faire du bien c’est sur. D’ailleurs moi ce week-end j’ai fais venir Titi, putain mais qu’est ce qu’il est bon ce mec. J’en ai pissé de plaisir putain.

- Luna, stop !!! Je ne veux pas savoir les détails.

- Abby, faut vraiment que tu te décoinces, tu me fais peur tu sais. Tu baises pas assez.

- J’ai fais l’amour ce week-end figure-toi.

- Ohhhh et t’as fais quoi Missionnaire ?

- Ouais.

- Oh bah bravo Bertrand !!!!

- Arrête.

Elle se moque de moi mais je sais qu’il n’y a rien de méchant.

La semaine défile à une vitesse surnaturelle et je me retrouve vite le jour de mon rendez-vous. Je fais en sorte de finir tôt et préviens Bertrand que je vais devoir rester à la clinique et les premiers remords arrivent.

- T’as finis ta journée alors ? me demande Luna au téléphone

- Ouais.

- Tu hésites ?

- Je devrais pas Luna.

- Vaut mieux vivre avec des remords que des regrets ma chérie. T’as pris de quoi passer la nuit, au cas où ?

- Oui j’ai tout dans mon sac.

- T’es épilée ?

- Luna !!!

- Quoi ! Je demande juste si t’as fais le nécessaire au cas où.

- On va faire que parler mais oui je suis...entretenue.

- Comment ça entretenue ? Le SIF tu l’as fais rassure-moi ?

- Le quoi ?

- La raie des fesses Abby !

- Pourquoi j’irai m’épiler la raie des fesses Luna !!!

- T’as encore le temps de rectifier cette erreur de débutante, t’as pris ton épilateur comme jte l’avais conseillé pour les retouches de dernières minutes ?

- Oui.

- Bien, fais moi la raie de ton joli cul.

Je sais pas pourquoi j’obéis à cette fille qui est complètement dingue.

- Ahhh mais ça fait super mal !!!

- Faut souffrir pour jouir ma belle, dit-elle

- Ouais bah je vois toujours pas le but de se faire ça.

- Pour que lorsqu’il t’enculera, ça soit tout doux et lui donne envie d’y revenir.

- Luna !!!!

Elle éclate de rire.

- Je ne fais pas ce genre de chose de toute façon, dis-je

- Tu déconnes là ? Toujours pas ?

- Non.

- Abby me dit pas que t’es encore vierge du cul à 35 ans ?

- Si, c’est pas notre truc avec Bertrand.

- Oh mon dieu ! Faut que « Mr Balvin » te fasse la totale.

- « Monsieur Balvin » me fera rien du tout, on va juste discuter.

- Ça n’empêche pas de se faire…

- Stop ou je raccroche Luna.

- Ok, allez détends toi, ça va aller.

J’entre dans ma voiture avec cette boule à l’estomac, je ne sais pas si c’est la culpabilité ou l’appréhension qui provoque cette sensation désagréable mais j’ai hâte d’en finir. Je me gare au pied de l’hôtel et j’appelle Luna.

- Je suis en bas de l’hôtel.

- Bah entre.

- Je sais pas Luna, je ne devrais pas faire ça.

- Tu y vas que pour discuter, non ?

- Et si c’est un psychopathe ?

- T’as ta lacrymo.

- Et si je couche avec ?

- Et bien...profite.

Je prends une grande bouffée d’air, je regarde mon maquillage dans mon rétroviseur et me remet un peu de rouge à lèvres, comme si ça pouvait être une barrière suffisante pour me protéger d’un éventuel baiser.

- Bonjour chambre 208 s'il vous plaît.

- Votre nom s'il vous plaît?

- Abigaël Richard mais ça doit être au nom de…

- Tenez Madame Richard, me dit le réceptionniste en me donnant une carte magnétique.

- Merci.

- 2ème étage, l’ascenseur est au fond à droite. Vous avez aussi le bar à votre disposition si vous le souhaitez, me dit-il en me montrant un bar où des personnes y sont déjà. Peut être qu’il est dans ces personnes.

Je me dirige vers l’ascenseur et construit le scénario qui est plutôt simple. Je frappe à la porte et l’invite à discuter au bar d’en bas, comme ça on ne reste pas dans la chambre.

- Chambre 208, allez Abby courage, dis-je à voix haute.

Je frappe et personne ne répond. Je regarde ma carte et décide d’appeler Luna.

- J’ai frappé et y a personne.

- Demande la clé à la réception.

- Je l’ai, il me l’a déjà donné.

- Bah rentre alors !!!

- C’est pas ce que j’ai prévu Luna.

- Les imprévus existent Abby.

Pas dans ma vie, tout est toujours bien organisé mais là, c’est carrément à l’extrême opposé de mes habitudes. Je glisse la carte dans la fente et la porte s’ouvre sur une chambre assez grande.

- Y a quelqu’un ? dis-je en marchant doucement.

Personne ne me répond. J’observe la chambre, un bureau, la télé, une armoire et...le lit. Je m’approche du mobilier maudit comme si il était dangereux et regarde les sous- vêtements posés dessus. A coté un mot.

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Prends une douche, prépare toi, mets ces sous-vêtements et ton masque. Sois prête pour 20h00.

Merci d’être venue Abby.

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J’appelle Luna paniquée.

- Je fais quoi ? C’est pas ce que j’avais prévu Luna !!!

- Ok, donc tu respires, tu te calmes et tu prends une décision. Sois tu pars sous la douche, sois tu pars de cet hôtel Abby.

J’ai du faire un choix en mon âme et conscience. Un choix qui changera ma vie à jamais.

Je regarde les vêtements sur le lit, un ensemble de lingerie fine noire que jamais j’aurais eu l’audace de porter. Je regarde les étiquettes qui est de la marque Aubade et décris en même temps à Luna qui est en haut parleur.

- Monsieur Balvin à du goût, j’espère qu’il te laissera repartir avec, un peu de lingerie sexy ne ferai pas de mal à ton armoire.

- C’est à ma taille Luna, comment connait-il ma taille de sous-vêtement ? Même Bertrand ne la connaît pas.

- Bah je sais pas mais d’une autre coté tu fais un 38 et un 95B c’est du standard. Bon tu décides quoi ?

- J’en sais rien Luna.

- Va prendre une douche, enfile les sous-vêtements et là tu prends ta décision.

- Tu crois ?

- Oui, et puis si tu voulais déjà partir, tu serais déjà partie. Allez file, il te reste moins d’1h30 pour être prête.

Je raccroche et file sous la douche et remarque qu’il y a déjà des affaires dans la salle de bain et une trousse de maquillage avec un mot dessus

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Je préfère le maquillage léger Abby, même si tu n’en as pas besoin car ta beauté naturelle est suffisante.

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- Charmeur, dis-je à voix haute

Je prends une douche et commence à stresser en voyant l’heure approcher. Je me brosse les dents avec la brosse neuve, me démêle les cheveux avec celle à ma disposition. Je décide de juste me faire un trait noir sous les yeux, un peu de mascara et je mise tout sur le rouge à lèvres carmin.

Monsieur Balvin comme ça tu ne m’embrasseras pas, dis-je à voix haute.

J’enfile la lingerie qui me va à merveille. Je me demande encore comment il a su ma taille. J’espère ne pas être ridicule. J’ai toujours vu ce style de lingerie pour les femmes fatales et j’en suis loin même très loin. J’ai pour habitude de mettre des culottes, le string me met mal à l’aise même si je découvre que c’est très agréable d’avoir une raie toute douce. Le soutien gorge, me remonte les seins et me les rapproche. J’enfile les bas et je vois qu’il a prévu une seconde paire et il a vu juste car je file la première paire, ça commence bien. La seconde est plus coopérative et enveloppe ma cuisse de mailles satinés. Je regarde les chaussures et soupire. La dernière fois que j’ai porté des talons aiguilles c’était au mariage de ma cousine. Les chaussures de velours épousent la plante de mes pieds à la perfection et ma foi sont plutôt agréables à porter. Et là je dois aller me regarder dans le miroir et j’appelle Luna au bord de la panique.

- Alors ? me lance t’elle

- Je suis habillée, j’ose pas me regarder.

- Bah vas-y.

- J’en suis sur que je suis ridicule ou que je dois ressembler à une prostituée.

- Abby, arrête de flipper et va te regarder.

J’avance avec méfiance vers l’objet du délit et ferme les yeux pour me poser devant.

- Alors ? demande Luna

- J’ai pas encore ouvert les yeux.

- Bah ouvre !!!!

J’ouvre et me regarde. Mes cheveux auburn tombent en cascade sur mes épaules, mes yeux noisettes ressortent avec le maquillage et mes lèvres donnent une touche classe à mon visage.

- Alors ? demande Luna

Je regarde mon corps, me tourne, découvre mes fesses habillées par la fine dentelle.

- Alors ?

Je remarque que j’ai plutôt une jolie poitrine et mes vergetures du ventre ne se voient pas tant que ça au final. Les talons m’allongent les jambes et je commence à marcher en me déhanchant, jouant les mannequins.

- Abby !!! T’es là ?

- Oui.

- Alors ?

- J’aime bien.

- Tu restes ?

- Je t’appelle demain.

- Yesssss !!!! Amuse toi bien et tu te rappelles que t’as la lacrymo et qu’au moindre problème tu m’appelles !!! Penses aux capotes que j’ai mis dans ton sac.

- Luna !!!

- Tu m’appelles si t’as le moindre problème. On a qu’une vie Abby, vis la à fond.

- Oui.

- Bisous ma puce.

- Bisous.

Je raccroche et pose mon téléphone sur le bureau, regardant encore une dernière fois l’heure avant de m’asseoir sur la chaise du bureau. 19H55, il est temps de mettre mon masque et plonger dans l’obscurité. Je décompte dans ma tête les 300 secondes et la porte s’ouvre.

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