37 - Le Festival du Miracle

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22ième jour de la saison de la naissance 2448 - PDV Azéna

Ce matin-là, Azéna eut le luxe de rester au lit aussi tard qu'elle le désirait puisque c'était un jour férié en raison du festival. D'après le maire d'Atgoren, il n'y avait rien de plus important que de célébrer Noktow et Elysia. Cet homme jovial n'était pas un dragonnier, mais il agissait comme s'il en était un. Sa dédication à son peuple, incluant les dragons résidants était solide. Onni était son prénom. Azéna ne l'avait jamais rencontré en personne, mais d'après l'histoire d'Atgoren, sa famille avait participé à la fondation de la cité.

Lorsque les deux soleils étaient bien haut dans le ciel clair, le sommeil d'Azéna fut interrompu par des acclamations heureuses. Elle ouvrit un oeil paresseux et aperçut Fayne qui était accotée au bord de la fenêtre ouverte. Celle-ci portait une tenue décontractée, soit une chemise blanche et une jupe bleu foncée qui cascadait jusqu'à ses chevilles. Elle avait l'allure de la fille d'un modeste marchand et ça lui allait très bien. Comme toujours, elle ne se séparait jamais de son pendentif et avait optée pour styler ses cheveux en une tresse. Elle était déjà préparée à la journée.

- Tu devrais voir ça, dit-elle alors qu'elle se rendit compte que son amie était éveillée. Les citoyens et les dragons travaillent avec ardeur à la préparation du festival.

Azéna s'étira, enfila des sous-vêtements et des pantalon noir et alla jeter un coup d'oeil à l'extérieur de la fenêtre. Immédiatement, Fayne émit un petit rire en observant son amie.

- Quoi? questionna Azéna, soudainement gênée.

- Oh rien, répondit Fayne. Tu es beaucoup plus à l'aise avec moi, c'est tout.

- Qu'est-ce que tu veux dire?

- Regarde ton accoutrement. Tu es à moitié nue et auparavant, tu ne pouvais même pas te changer sans être complètement dissimulée sous tes couvertures.

- Bah, je profites de la chaleur des rayons des soleils, ronchonna Azéna qui savait très bien qu'elle avait raison. Ils sont finalement assez puissants pour que je suis comfortable ainsi à l'intérieur. Il était temps, stupide hiver.

- Si tu le dis. D'ailleurs, tu as perdu du poids. Assure-toi de bien t'alimenter, d'accord?

Craignant qu'elle perdait ses culottes sans le savoir, Azéna serra sa ceinture au prochain trou et se concentra sur la scène à l'extérieur pour éviter cette conversation. En effet, à cette hauteur, on pouvait distinguer des humanoïdes et des dragons miniatures qui s'acharnaient à la décoration de la cité. Ils travaillent tous ensemble ce qui n'était pas surprenant car la culture ici était différente de celle de Nothar, mais cela apportait tout-de-même de la joie dans le coeur d'Azéna.

- C'est tellement paisible, dit-elle.

Fayne hocha de la tête et pointa du doigt en direction de deux dragons qui survolaient la rue principale en laissant tomber des pétales de fleurs mauves et violettes dans leur sillage.

- Ça va être amusant, déclara Azéna.

Un coup de vent froid la fit frissonner.

- Finalement, c'est peut-être encore un peu trop froid pour cette accoutrement révélatrice, avoua-t-elle.

Elle enfila une tunique à manches longues et rabattit le capuchon sur sa tête en laissant des mèches de sa chevelure argenté dépasser. Elle observa son torse qui avait en effet rapetissé et se dit que Fayne avait raison et qu'elle devrait prendre un peu de poids.

- Je vais m'assurer de dévorer mes multiples repas ce soir, promis-elle à Fayne.

- Tes multiples repas? répliqua la brunette avec suspicion. Ne te rend pas malade quand-même.

- Mais non, mais non, dit Azéna en faisant signe de la main que ce défi n'était rien d'inquiétant.

Fayne se mit à la zieuter avec attention, plus particulièrement sa chevelure.

- J'y crois pas, tes cheveux sont encore en parfaite condition. Je ne comprend pas... Pourtant, tu dors dans les positions les plus étranges...

L'archère détecta une menace cachée entre les lignes des paroles de son amie. Cette dernière cherchait a la coiffer pour lui donner un allure plus féminin.

- Je sais où tu veux en venir et c'est non, répliqua Azéna en croisant les bras. Je sais qu'aujourd'hui il y a une occasion spéciale, mais je préférais garder ma coupe naturelle.

- C'est comme tu veux, dit Fayne en souriant.

***

En raison du festival, le souper traditionnel fut remplacé par un encas léger qui était principalement composé de petits fruits, de légumes crus et de pain. Les apprentis comme le personnel attendait pour que Terenas fasse son discours pour en suite de joindre aux autres pour le Festival du Miracle. Assise avec Fayne et Teriondil, Azéna se délectait des baies qu'elle trempait dans une yogourt léger aux fraises.

- Bon, je t'avais bien dit que ce n'était pas si mauvais que ce que tu prétendais, rouspéta Fayne.

La bouche pleine, Azéna répliqua dans un marmonnement incompréhensible. Elle avala avec difficulté et se reprit:

- Je tiens ma parole alors, tu vois, je mange.

- Je vois bien ça, répliqua l'herboriste. Ralenti sinon, tu vas t'étouffer.

Azéna se prépara à riposter, mais un éclat dans le coin de sa vision attira son attention. S'avançant vers eux, Arièlla faisait fier allure. Elle était originaire d'Atgoren donc, c'était naturelle qu'elle participe au festival à fond. Exactement comme la plupart des citoyens, elle portait une robe aux manches larges de couleur mauve et avec un dragon aux écailles violets foncés qui était entouré de sphères qui à chacune représentait un des éléments brodé sur le dos. Ses cheveux avaient étés soigneusement peignés en une tresse qui longeait un seul côté de son cuir chevelu et qui avait été épinglée vers l'arrière. De surcroît, contrairement à son habitude, elle portait du maquillage quoique très minime; il n'y avait que du crayon noir pour démarquer ses yeux ce qui lui donnait une allure à la fois féroce et féminine. Bien sûr, ce changement radicale fit tourner plusieurs têtes alors que la blonde passaient entre les tables des apprentis de première et deuxième années.

- Woah Ari, s'exclama Azéna. Tu portes ce festival près de ton coeur.

Arièlla prit place à côté de son interlocutrice et lui lança un regard peu impressionnée.

- Et toi, tu fais très garçon manqué comme à ton habitude, dit-elle d'un ton lassé.

Excitée par la robe, Azéna se leva et se positionna derrière Arièlla pour examiner le dragon sur son dos.

- C'est vraiment génial ce concept, complimenta-t-elle bruyamment. Il faut que tu me présente à ton couturier. Il ou elle pourrait me fabriquer une cape épique et...

Soudainement, une douleur aiguë à sa joue gauche l'handicapa momentanément et elle glapit. Les yeux larmoyants, elle se laissa emporter par la force qui la tirait à son siège. Une fois assise, elle se frotta la joue frénétiquement et remarqua Fayne qui était debout à côté d'elle.

- Mais, c'était quoi ce...

- Cesse de te comporter comme une gamine, lui ordonna sèchement Fayne. Baisse le ton. Terenas va bientôt débuter son discours. Tu fais preuve d'impolitesse.

- Merci Fayne, dit Arièlla alors que celle-ci empoigna un morceau de céleri.

Azéna grommela et retourna à ses baies. Elle était à court de mots à dire.

Éventuellement, Terenas termina son encas et se leva de table en demandant le silence. Il portait lui aussi le même robe festive qu'Arièlla, sauf que celle-ci était légèrement plus masculin et plus lousse en général.

- Le maire Onni nous a avisé que le Festival du Miracle sera entamé à précisément six heure ce soir ce qui est sous peu. Ainsi, vous avez le choix entre rester dans l'académie à faire comme bon vous semble ou à vous rendre au centre ville pour les festivités. Pour ceux qui ne sont pas familier avec le Festival du Miracle, voici une brève explication de cette tradition. Je suis certain que vous connaissez au moins l'un des huit festivaux saisonniers. Sinon, je vais vous expliquer. À chaque milieu de saison, soit les jours du vingt-deux et du vingt-trois, l'énergie spirituel de cette saison atteint son apogée et c'est pourquoi la couleur de la lune est luit avec ardeur durant ces nuits et aussi cela explique pourquoi l'élément correspondant à cette saison atteint une puissance anormale durant ces quarante-huit heures. Une cité spécifique est chargée d'organiser l'un des festivaux. Atgoren est en charge du Festival du Miracle. Ce festival représente l'élément de la vie qui appartient aux dragons dieux, soit les dragons du vol draconique violet. D'où provient cet élément mystérieux quoique si puissant? Des divinités. C'est là le plus grand cadeau de Noktow et Elysia qu'un être peut recevoir tout en demeurant mortel. Nous fêtons cet élément, ces dragons majestueux ainsi que les deux divinités majeures pendant le Festival du Miracle! Soyez fier que notre merveilleuse cité est l'hôte de cette fête car c'est le plus important d'entre eux! À présent, allez vous amuser.

Il hésita pendant un bref instant, puis il leva la main pour attirer l'attention de son audience pour une deuxième fois.

- J'allais oublier, dit-il avec un sourire joyeux. Le couvre feu n'est pas en place ce soir. Par contre, je vous rappelle que quitter la ville est toujours déconseillé et qu'il y aura des gardes qui partrouillera les murs et les entrées.

Aussitôt que le grand maître leur fit signe de disposer, Azéna fut la première de son groupe d'amis à se diriger vers l'entrée principale de l'académie. Derrière, Vorshiènn suivit de Renora qui le tirait par la cape dans la direction opposé s'approchaient de Fayne, de Teriondil et d'Arièlla.

- Hé, dépêchez-vous, cria Azéna afin qu'ils l'entendent bien.

Aucun d'entre eux lui prêta la moindre attention. Arièlla s'était arrêté pour écouter Vorshiènn. Plus le jeune homme parlait, plus son le visage de son interlocutrice se crispait. Soudainement, elle lui donna un coup de poing au ventre et il tomba à genoux en tentant de retrouver son souffle.

- Féroce, dit Azéna à Arièlla lorsqu'elle fut assez proche d'elle pour l'entendre. Qu'est-ce qu'il voulait?

- Un rencard, répliqua la blonde en continuant son chemin, imperturbable par ce qui est arrivé.

- Qu'est-ce qu'un rencard si ton partenaire perd sa liberté en chemin? se demanda Teriondil sur un ton rêveur.

- Ce n'est même pas ça. Vorshiènn est un idiot sans honneur qui ne peut même pas tenir sa parole.

- Il a juré sur le pacte des dragonniers, murmura timidement Fayne.

- Exactement, dit Arièlla. Pas de rencard, pas d'amourette, pas d'enfants.

- Mais, nous n'avons pas le droit de se blesser les uns les autres, remarqua Azéna.

- Oh, ne t'en fait pas. Techniquement, il était entrain de briser sa promesse donc, j'avais le droit de le traiter comme un moins que rien.

Azéna cligna des yeux plusieurs fois pour s'assurer qu'elle avait bien compris la réplique de son amie.

- Tu es une amazone! acclama-t-elle.

Elle devint soudainement sérieuse à la venue d'une pensée contrariante.

- Hé Ari, qu'en est-il de tes parents? Ils sont... Enfin, je veux dire...

- Je ne pourrai pas te répondre, dit la blonde avec une touche de tristesse.

- Pourquoi?

- Parce que personne n'a éclaircit ce dilemme pour moi.

Azéna avait le pressentiment que Fayne allait la gronder pour son manque de tact, mais rien ne se produisit. Le groupe suivit le flux d'apprentis qui traversèrent l'enceinte de l'académie. Plusieurs dragons affluèrent à leur dragonnier, incluant Tyrath qui salua Azéna en reniflant affectueusement sa chevelure.

- Tu as passé une bonne journée? rigola la dragonnière grise en grattant le dessous du museau du drake.

- Mmmm'oui, répliqua-t-il mollement. C'était bien décontracté aujourd'hui. J'ai passé la journée avec ma mère adoptive. Nous avons chasser le daim.

- Ça a bien été alors?

- Elle affirme que j'ai encore besoin de beaucoup de pratique et que je suis trop impatient. Je dois faire moins de bruit, détendre mes muscles et ma respiration. C'est difficile car, le frisson de la chasse est accablante.

- C'est normal, répondit Ella qui s'était posée à côté de Teriondil. Tu es un prédateur, pas un mouton. Cet instinct est en toi pour une raison très valide, tu dois t'en servir. Observe bien ton environnement et utilise-le à ton avantage.

- En autant que tu songes à une stratégie avant de frapper, conseilla Buhrik.

Le jeune dragon bleu salua Fayne en présentant son front devant elle. L'herboriste serra la longue tête écaillée de ses deux bras.

Un instant plus tard, un coup de vent puissant fit danser la chevelure du groupe. Harath n'avait pas de douceur dans tout ce qu'elle faisait. Elle siffla en direction d'un dragonneau qui était passé entre ses pattes et s'élança au coeur de la foule.

- Au festival! s'exclama Azéna en pointant vers le centre ville où la foule se dirigeait.

Les chemins étaient illuminés par des centaines de lanternes mauves ou violettes en papier qui étaient accrochées sur des cordes qui les longeaient. La nuit tombante, la seule autre source de lumière était la pleine lune qui luisait entouré d'étoiles. Le centre ville était animée de gens qui attendaient l'ouverture officielle du festival en discutant et en se réjouissant des brochettes de viandes et de légumes, du poisson frit saupoudré d'épices fraîches ou encore des friandises colorées. Beaucoup d'entre eux portait une robe similaire à celle d'Arièlla et de Terenas. Quelques dragons avec les écailles peinturés de symboles étranges se pavanaient en essayant d'attirer l'attention sur eux. Il y avait des boutiques et des tables un peu partout où des marchands qui vendaient soit de la nourriture ou des bibelots correspondants au thème du festival étaient occupés à faire affaire avec des potentiels clients.

- C'est impressionnant, dit Azéna, émerveillée par les résultats des efforts du maire, des citoyens et des dragons qui avaient participés à la préparation du festival. Je n'ais jamais rien vue de pareil. Je comprend pourquoi le Festival du Miracle est le plus populaire et le plus reconnu.

Il y avait tant de gens que c'était difficile de se faufiler pour se rendre à emplacement spécifique et Azéna avait dénicher un kiosque qui vendait des fines nouilles immergées dans une soupe en compagnie de tranches de porc, de gousses d'ails, de champignons shiitakés et du sommet vert de cébettes. Elle ne pouvait résister à l'arôme suaves de ce délice.

- Tu crois que...

Elle était si gênée par ses propres pensées que sa voix s'éteint prématurément. Elle devait avouer qu'elle avait un appétit de loup et qu'elle espérait mettre ses pattes sur ces plats attrayants.

- Si, c'est gratuit, confirma Arièlla. Ce festival a pour but que ses participants soient le plus relaxe et confortable possible alors, il n'est pas question de monnaie sauf pour les souvenirs.

- C'est trop génial. Tu en veux, dis?

- Non, ça va.

- Bah, tant pis pour toi!

Elle réussit à se rendre au kiosque et commanda une dizaine de bols, trois pour elle, cinq pour Tyrath, un pour Fayne et un pour Teriondil.

- C'est bon de te voir si enthousiaste, dit Fayne en souriant en acceptant le bol.

Après l'ouverture de la cérémonie, le groupe d'amis alla s'installer près d'un arbre solitaire qui était entouré de décorations festives. Installé dos contre la patte de Tyrath, Azéna se mit à dévorer son troisième bol de nouilles quand une petite créature volante et lumineuse atterrit sur son nez, interrompant sa première bouchée.

- Une luciole, s'exclama Teriondil soudainement pétillant d'énergie. C'est peut-être un signe envoyé par la petite Valka. Elle adore les créatures mignonnes. Elle est probablement satisfaite du festival car il célèbre Elysia, sa personne préférée au monde.

Azéna n'en n'était pas convaincue, mais elle appréciait la beauté de l'insecte et sourit largement. À cette motion, la luciole s'envola et s'éleva en tournoyant dans la nuit pour éventuellement disparaître dans les étoiles.

« Joyeux Festival du miracle Turion, songea-t-elle en fixant la lune violette. »

« À toi aussi, répliqua Turion de sa voix à la fois réconfortante et fière. »

« Comment tu te sens? »

« Tellement bien. Je me sens comme si je suis un être entier. »

« Tu es un être entier, même sans corps physique. »

Azéna aperçut une multitude de lucioles qui se dispersèrent aux alentours d'elle et son groupe. Certaines d'entres elles semblaient attirées par la luminosité des lanternes en papier. L'adolescente entama de manger sa soupe aux nouilles et prit plaisir dans le moment présent.

Un peu plus tard, alors qu'elle discutait avec ces compagnons autour d'un petit feu qu'avait préparé Harath et Tyrath, elle fut distraite par deux individus qu'elle n'avait pas eut la chance de voir depuis quelques saisons.

Grand maître Vigoth et la belle forgeronne Melanh'tash Vlèkhamnan se promenaient ensembles suivit de Nymia et d'Eldarytzan. Ils semblaient tous les quatre heureux, même un peu trop. Suspicieuse, Azéna les examina attentivement et remarqua une bouteille dans la main droite de Melanh'tash. Cette dernière sirota le liquide alors que Vigoth lui accorda un regard un peu trop intense à son goût.

- Mais arrête un peu, ronchonna-t-elle d'une voix instable. Tu ne vois pas que je veux tout simplement...

Elle s'arrêta soudainement à la vue du kiosque d'un boulanger qui offrait des baguettes de pain encore tièdes aux passants. Hypnotisée par l'arôme délicieux, elle s'y dirigea d'une cadence saccadée d'ivrogne et n'aperçut pas Vigoth qui avait tenté de lui offrir une petite fleur aux pétales blanches qu'il avait cueilli d'un buisson à proximité alors qu'elle ne lui portait pas attention. Le grand maître haussa les épaules nonchalamment en signe d'abandon et la suivit.

De leur côté, Nymia et Eldarytzan ne se préoccupaient pas trop des sottises de leurs deux compagnons et discutaient en se baladant main dans la main. D'ailleurs, ils portaient maintenant une robe festive presque identique à celle de leur fille ainsi qu'une loude cape pour les garder au chaud durant ce temps frisquet. Azéna trouvait cet accoutrement étrange sur eux car elle était habituée à leur professionnalisme à l'académie.

- Hé, tes parents, mentionna-t-elle à Arièlla. Ils semblent émanés le bonheur.

- Tant mieux, répliqua la blonde en jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule en direction de ses parents. Ils avaient besoin de se détendre.

Un gamin turbulent fila près d'Eldarytzan et Nymia en hurlant:

- Il est presque neuf heure! Il est presque temps! Venez contempler le beau Ranzier et la gracieuse Astra dans leur coopération pour réaliser une danse très spéciale en cette soirée!

Il continua de répéter son annonce alors qu'il se faufilait entre les gens.

- Ummm, marmonna Azéna avec intérêt. Une danse?

- Il faut que vous voyiez ça, affirma Arièlla avec passion. Ranzier et Astra délivrent une merveille visuelle à chaque année. C'est le climax du festival. Il faut faire vite pour avoir un bon emplacement.

Elle guida le groupe d'amis jusqu'au coeur du centre-ville où il y avait déjà une bonne foule qui s'installait tranquillement en cercle autour d'un grand espace vide. Les dragons se perchèrent au sommet d'un petit bâtiment à proximité qui servait d'hôtel pour les voyageurs. Pendant ce temps, Azéna et Arièlla se frayèrent un chemin jusqu'au premier rang suivient de Fayne et Teriondil qui s'excusaient pour la grossièreté de leurs amies.

- Vous êtes agressives et impolies, se lementa Fayne qui détestait déranger autrui.

- Tu veux voir ce spectacle sans avoir une grosse tête dans ton champ de vision ou non? questionna Azéna en croisant les bras et en tapant du pieds.

- Je... En faite... Bah...

- Exactement, conclut Azéna. Il n'y a que Teri qui est grand comme une perche. Ma foie, il n'arrête pas de grandir aussi.

- Peut-être que c'est juste toi qui est courte et qui ne grandit pas, taquina Arièlla.

- Nous les gens petits, nous devons nous battre pour voir une bonne vue, grogna Azéna. Parlant de spectacle, la danse débute je crois. Regardez!

Deux dragons, un mâle aux écailles cinabres et une femelle aux écailles azurées se rejoignirent au centre du cercle que formaient les spectateurs. Ces derniers se turent immédiatement à leur venue.

- Je vous présente nos deux vedettes, annonça le maire avec une évidente fierté. Voici Ranzier, l'éclair enflammée. Il est si rapide qu'il arrive à donner du fils à retordre aux dragons gris, les maîtres du ciel, durant une course aérienne. Il est une véritable prouesse de son vol.

Comme l'avait décrit le gamin, Ranzier possédait une allure distinguée; ses traits vifs et perçants. Il n'était pas très costaud pour un dragon rouge. En fait, il ressemblait plutôt à un jeune dragon gris; svelte, agile et grand. Lorsque le maire fit une pause, il accorda un sourire coquin à la foule ce qui rappela Azéna de Tyrath lorsqu'il s'apprêtait à faire un mauvais tour.

- Et voici notre chère Astra, l'étoile polaire d'Atgoren. Ce surnom lui provient de ses écailles si brillantes qu'on peut la méconnaître pour l'une des étoiles dans le ciel de la nuit.

En effet, la dragonne dénommée Astra était d'exquise beauté. Ses écailles avaient été soignées à la perfection et luisaient dans l'ombre. Celle-ci était encore plus délicate que son partenaire de danse comme la plupart des dragons bleus. Son corps était presque entièrement plat, dépourvu de cornes et de piquants. Si c'était ça l'équivalent d'une dame élégante chez les dragons, Ranzier devait être l'équivalent d'un seigneur galant. Contrairement à Ranzier, Astra attendit patiemment que le maire continue son discours et ne réagit pas aux louages qui lui avaient été offerts.

Pendant une quinzaines de minutes, Ranzier et Astra dansèrent dans un chorégraphie durant laquelle le duo volait sous les étoiles en effectuant des pirouettes qui s'entrecroisaient à une vitesse fulgurante. Souvent, la brillance de leurs écailles semblaient se fusionner pour créer une nuance mauve. Arièlla expliqua à ses compagnons qu'auparavant, c'était un dragon de la volée violette qui exécutait cette danse culturelle, mais qu'à présent, en raison de leur absence, il se contentait de créer un effet hallucinogène avec l'aide d'un dragon bleu et d'un dragon rouge. Toute l'audience en était fascinée.

Aussi étrange que cela soit, Azéna fut distraite par le dernier événement qui la surprit: Buhrik qui faisait signe de la tête à Harath comme s'il désirait qu'elle le suive quelque part. En premier lieu, la dragonne refusa, mais le regard illuminé du mâle finit par la convaincre.

- Qu'est-ce qu'ils font? questionna Azéna tout haut.

C'est alors que Teriondil, Arièlla et Fayne tournèrent aussi le regard. Buhrik et Harath prirent leur envol d'un puissant coup d'aile et entamèrent l'imitation de la danse d'Astra et de Ranzier. Sur le coup, Azéna se sentit anxieuse à cette idée par peur que le duo original s'offusquent. Apparemment, beaucoup d'autres gens partageaient ses émotions car ils poussèrent un soupir étonné.

Astra et Ranzier firent une pause pour observer Buhrik et Harath qui, pour un premier essai, éxécutaient la chorégraphie avec splendeur. Par contre, Harath était un peu trop costaude et lente et elle et Buhrik ne réussirent pas à créé l'effet de nuance mauve voulut. Tout-de-même, ils semblaient heureux et amusés. En fin de compte, Astra et Ranzier continuèrent sans broncher, semblant acceptés la situation.

Azéna jeta un coup d'oeil en direction d'Arièlla qui fixait Harath avec des yeux ronds, mais remplis de fierté.

- Dis Ari, commença Azéna en sentant son sang lui monter aux joues, tu crois qu'ils sont plus qu'amis? Enfin, qu'il y a quelque chose de sexuel entre eux?

Azéna s'imaginea des dragonneaux à moitié bleu à moitié rouge sur le coup et se demanda à quoi les bébés ressembleraient quand deux parents de différents vols s'accoupleraient.

- Tu es ridicule, rétorqua Arièlla avec un sourire coquin. Regarde bien leurs mouvements; ils sont doux, affectueux et coopératifs.

- Bah exactement, répliqua Azéna avec confusion. Ce n'est pas ça qui se passe entre deux amoureux?

- Pas dans le monde des dragons. Enfin, pas lorsqu'il est temps de faire la cour. En réalité, c'est le contraire. Le mâle comme la femelle vont tenter de dominer l'autre dans une danse très agressive et compétitive. Si les deux sont satisfaits de la performance de l'autre, alors... bah, devine le reste.

Azéna n'osa pas commentée sur cela car, sa première pensée fut que cela aurait pu être très excitant. S'imaginant dans une pareille situation avec quelqu'un d'autre, elle rougit et détourna momentanément les yeux de ses amis.

- Ça semble monstrueux, murmura Fayne.

- Ça l'est quoique dans un sense, c'est étrangement artistique aussi, expliqua Arièlla.

Azéna sentit soudainement ses nouilles lui monté à la gorge.

- Tu as vus deux dragons se... se... Enfin... Tu es été témoin de... de...

Arièlla s'éclata de rire, ne laissant pas la chance à son amie de terminer sa phrase.

- Mais non voyons. Je sais quand me retirer quand-même. Regarder deux dragons se faire la cour est déjà assez appeurant comme c'est là, même pour moi. C'est brutal, je te l'assures.

Le groupe d'amis se prélassèrent jusqu'à la fin du festival qui se termina à l'aube. Durant ce temps, Azéna et Tyrath s'étaient mit au défi d'attraper une luciole dans le jardin central d'Atgoren. Après maintes tentatives, Azéna fut victorieuse et entreprit de taquiner le drake qui fit la moue. Azéna entreprit de voler une bouteille de vin à Vigoth alors que celui-ci faisait un fou de lui à tenter d'impressioner une Melanh'tash très ivre. Malheureusement pour elle, Karia lui prit la main dans le sac à la deuxième bouteille. Cette unique bouteille en fut assez pour éméchée sa nouvelle propriétaire ainsi qu'Arièlla qui se la partagèrent. Les deux chahuteuses finir la soirée en échangeant quelques coups maladroits. Malgré son état d'esprit dégradée, Arièlla avait vaincue son adversaire sans trop de difficulté. Afin de déclarer victoire, elle posa un pied sur le torse d'Azéna qui grogna à l'impact.

- Tu me casses le cul, ronchonna l'archère qui était étendue sur l'herbe humide, trop fatiguée pour continuer. Je veux juste gagner pour une fois!

Arièlla tira sa langue et rigola de bon coeur. Malgré sa misérable défaite, Azéna était heureuse. Elle laissa la blonde prendre plaisir à l'humilier un peu et croisa les bras derrière sa tête. Légèrement plus confortable, elle observa les constellations dans le ciel et chercha celle du chien auquelle elle s'identifiait en ce moment. Elle sourit largement.

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