22 - Affrontement

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34ième jour de la saison de la lune 2448 - PDV Azéna

Azéna ne savait pas si c'était le capteur de rêves, le fait qu'elle soit maintenant une femme de quinze ans ou que ce soit une coïncidence, mais cela faisait maintenant deux jours qu'elle dormait paisiblement et qu'elle avait regagnée beaucoup de son calme et de sa confiance. Cette sale retenue avait siphonnée son énergie et une partie de sa personne et pendant longtemps, elle avait énormément souffert d'anxiété, elle qui était normalement pleine d'entrain. Elle se questionnait souvent sur comment Arièlla s'était remise de cette expérience, mais elle n'avait pas eut le courage de lui demander. Elle et la blonde étaient maintenant sur des termes amicaux, mais sans plus. Durant la saison de la lune, Azéna avait réussie à enfin passer par dessus sa jalousie d'Arièlla qui était dans une équipe de skotar et elle avait apprise à transformer ses sentiments en une rivalerie amicale. Elle ne voyait plus Arièlla comme un obstacle, mais comme un but à atteindre et à surpasser. La vraie terreur était Maître Ruvior et Maître Arahich, particulièrement ensembles. Ces deux fous rôdaient souvent dans ses cauchemars. Dans tout ça, elle n'avait même pas le temps d'y penser. Il y avait toute cette histoire d'artéfacts volés et de Serfantor et de Gragèn qu'il fallait qu'elle pousse à un clos. Elle pensait avoir un peu plus de chance si elle s'adressait à Katanor puisqu'il était beaucoup plus mauviette que son grand frère.

Après les cours, elle s'évada de Fayne et Teriondil pour se faufiler jusqu'à l'endroit habituel où Katanor traînait avec ses amis et parfois seul qui était près de la frontière d'Atgoren en direction du petit village humain de Sivèth. Elle s'en foutait de s'il était accompagné ou non ; elle fonça en direction de son but sans hésiter. Heureusement pour elle et malheureusement pour lui, ce jour-là, Katanor profitait de sa solitude pour observer le ciel et pour réfléchir. Le jeune elfe gris était assit sur une souche et ne remarqua pas Azéna qui était arrivée de derrière lui.

- Alors Katanor, on se prélasse tranquillement, accusa-t-elle avec sécheresse.

- Quoi ? questionna Katanor qui se retourna afin de vérifier qui s'adressait à lui.

Impatiente, Azéna alla direct au but:

- Tu sais pourquoi ton frère force Gragèn à faire les emplettes pour lui ?

- De quoi parles-tu ? demanda Katanor qui semblait soudainement prit d'angoisse.

- Ne joue pas l'innocent avec moi, aboya Azéna, les poings crispés sur eux-mêmes. Qu'est-ce qu'il a volé dans le donjon ?

Elle en avait ras-le-bol de cette connerie. Il fallait que ça se termine et bientôt. Tout ce qu'elle voyait, c'était le roux terrifié qui suppliait que tout s'arrête. Il avait évidemment besoin d'aide, mais c'était une situation délicate et Azéna espérait bien réussir à l'aider. Le temps s'écoulait, elle devait commencer à être hardie et ce même si Fayne désirait qu'elle garde son sang-froid. Par crainte d'une punition extrême, elle et la brunette s'étaient entendues sur une chose: les maîtres ne pouvaient pas savoir qu'elles étaient au courant à propos des artéfacts. Elles devaient enquêter seules.

- Tu es folle, rétalia Katanor. Voyons, mon frère ne vole pas. Va le voir et demande-lui. Il est présentement au terrain de skotar. Son entraînement devrait se terminer bientôt.

- C'est ça que tu crois, petit malfaisant espiègle, cracha Azéna. Par la lumière d'Elysia, vous les Diramin, vous êtes tordus.

La colère qui dominait la voix d'Azéna provoqua de la peur en Katanor. Prit de panique, l'elfe gris prit ses jambes à son cou et partit à toute allure.

- Espèce de folle, hurla-t-il alors qu'il disparut au loin.

- Peureux, murmura Azéna avec irritation. Il ne me reste plus qu'à aller attendre notre cher Serfantor alors. Un petit entretient seul...

Elle devait avouer que le Diramin cadet paraissait sincère malgré son comportement grossier et c'est ce qui l'énervait encore plus. Une chose était ressortie positive de cette situation embarrassante: elle savait où Serfantor se trouvait. Disposant peu de temps, elle s'y rendit à grandes enjambées en jurant, frustrée que Tyrath était partit chasser avec sa mère adoptive et qu'elle aurait pu profiter de son aide. Heureusement, il devait être de retour au Grand Nid bientôt.

Une fois au terrain de skotar, elle s'assit au premier rang des gradins et observa la scène avec attention. Sept joueurs de skotar et leurs dragons s'entraînaient sur le terrain. Leurs uniformes argenté et violet étaient ornés d'une épée sombre les unissants sous un symbole d'équipe. Ils dansaient dans les courants de vent violents provoqués par la vitesse de vol impressionnante des dragons. La balle élémentaire était détenue par Lythrana. Celle-ci dirigeait les rennes de son dragon. Guidé par sa cavalière, ce dernier effectuait des acrobaties grandioses afin d'éviter les autres joueurs. Une deuxième dragonnière rouge réussit enfin à les atteindre et arracha la balle des mains de Lythrana. Azéna remarqua que ses mouvements lui étaient familiers. Elle plissa des yeux et distingua Arièlla. Confuse, elle cligna à plusieurs reprises. Non, c'était bien elle et elle portait l'uniforme de son ennemi.

« N'était-elle pas attaquante de l'équipe de Coeurdoré? songea-t-elle. Qu'est-ce qu'elle fait là? De toute façon, Serfantor va être accompagné de son dragon avec lui. Je n'ais pas pensé à ça... Il va falloir que j'appelle Tyrath pour ma propre protection. »

- Mes salutations, jeune dragonnière, dit une voix rauque qui s'exprimait dans la langue commune avec un accent épais. Tu regardes le spectacle, toi aussi ?

Prise au dépourvue, Azéna sursauta et faillit tomber en bas des gradins. Lorsqu'elle se ressaisit, son regard se posa sur un petit dragon brun qui s'était posé près d'elle. Il ne devait pas faire plus de quatre pieds de haut. Ses grands yeux ronds jaunes l'observaient avec curiosité. Azéna se rendit compte que la tête du jeune dragon était déjà développée et protégé d'écailles épaisses et larges. Comme chaque membre de son vol, ses ailes étaient attachées à ses poignets, rappelant une chauve-souris. À cause de la difficulté évidente du petit dragon à parler la langue commune, Azena répliqua lentement, prononçant clairement ses mots pour se faire comprendre.

- Tu as un dragonnier ?

- Non, répondit le dragon brun, je suis encore trop jeune d'après les adultes. Alors, on ne m'expose pas encore aux humanoïdes, mais j'adore explorer donc, je me suis enfuis.

- Tu vas avoir beaucoup d'ennuis mais tu sais, les règles sont faites pour être brisé parfois. Quoi qu'il en soit, connais-tu Tyrathralent du vol gris?

- Oh si ! Il est super drôle lui, un vrai trouble-fête. Ses choix ne sont pas très sages. Mais... Il n'appartient pas au vol blanc? Ou... Je me trompes surement. Biologiquement, il est...

- Gris, exactement. J'ai déjà entendu ça auparavant. Peu importe, tu pourrais aller lui dire de venir me rencontrer ici ?

- Oh, pourquoi pas ? Je m'ennuis de toute façon.

Son corps encore en poussée de croissance, il dut battre des ailes à tout rompre pour s'élever dans le ciel et disparut au loin. Pendant un long moment, Azéna ne fit qu'observer la performance de Sombrelame. Serfantor était de loin le plus rapide des attaquants de l'équipe tandis qu'Arièlla s'avérait la plus agressive. C'était la guerre entre ces deux-là. Pratiquant l'un contre l'autre, ils s'efforçaient de se mettre le plus de pression possible contre leur adversaire. Malgré leur rivalité mutuelle, la blonde semblait être plus acharné à se démarquer que le capitaine qui ne lui prêtait pas toujours attention. Leur passion inspirait Azéna qui avait de la difficulté à accepter qu'elle devait attendre à sa seconde année pour participer.

À chaque fois qu'un dragon plus robuste que Shalith s'approchait d'elle et de Serfantor, celle-ci soufflait un nuage d'ombre et s'en servit pour s'enfuit. Ayant chacune des partenaires plutôt lents, Arièlla et Lythrana n'eurent pas d'autre choix que de faire équipe pour coincer leur cible évasive. Après quelques tentatives, elles volèrent finalement la balle élémentaire de Serfantor. La partie continua ainsi et Azéna attendit pour une bonne demie-heure.

Finalement, une bourrasque ébouriffa les cheveux argentés d'Azéna et dans un bruit sonore, une large créature se percha à côté d'elle sur les gradins en bois.

- Tu as du plaisir à regarder ce spectacle ? questionna Tyrath en souriant malicieusement.

- Bien sûr, répondit Azéna en se tournant vers son dragon. Par contre, je t'ai invoqué afin de convaincre Serfantor de nous révéler quelques informations si tu vois ce que je veux dire.

- Um... Intéressant. Attendons donc pour lui.

Les yeux violets de Tyrath se posèrent sur le dragon noir aux allures sinistres de Serfantor. Sa pupille rétrécit et il retroussa sa lèvre supérieure, révélant une rangée de dents acérées.

- Tu auras ta chance, lui assura Azéna.

Elle ressentit le désir de punir qui bouillait en son dragon. Elle lui effleura le flanc et la pupille du drake se dilata. Il hoqueta de surprise puis, chancela légèrement. Un ronronnement sonore fit vibrer son ventre chaud.

- Tu n'es qu'un mouton dans le fond, ricana Azéna en continuant de flatter Tyrath. Tu te fais juste passer pour un dur à cuir.

- N'oublie pas que tu es lié à moi, lui rappela le supposé mouton sur un ton douteux. J'ai beaucoup de temps pour planifier ma revanche si je juge que c'est nécessaire.

- Pfft, tes menaces ne me font pas peur, petit drake.

Malgré tout, elle ne pouvait pas ignorer leur lien qui causait un partage subtil de leurs sentiments. La douceur et le calme qu'éprouvait présentement Tyrath l'affectait aussi, mais de façon allégé.

Une voix puissante retentit du centre du terrain. L'équipe de Sombrelame s'était réunie au sol et Serfantor annonça la fin de la session de pratique.

- Vous avez bien joué, dit-il avec contentement. On écrasera Fergriffe ; ça, j'en suis absolument certain.

- À titre d'avertissement aux nouveaux joueurs, ils ont un style de jeu assez sanguinaire et barbare, dit Lythrana.

- Je les compare à de grosses brutes qui se sert d'intimidation et de leurs poings pour régler la partie, dit Arièlla. Je l'ai ais déjà vu en action à plusieurs reprises.

- Je me disais bien que tu étais familière. Tu venais regarder nos parties l'an passé avec ton père. Et, tu as raison. Il va falloir être rapide et, tel un roublard, les poignarder de derrière si nous voulons survivre et je dis bien survivre et pas nécessairement gagner. L'équipe Fergriffe est sans pitié.

Beldroth Glyn, l'un des défenseurs de l'équipe, s'assit les jambes croisées devant son dragon brun qui était, à la grande surprise d'Azéna, le plus grand de tous les dragons de l'équipe. Ce dernier paraissait plus âgé que ses coéquipiers. Ses ailes étaient écorchés à certain endroits et il avait des petits yeux fatigués. Sa respiration était toujours difficile; il récupérait un peu moins vite que les autres. C'était étrange, car les dragons deviennent plus puissants mis à part lorsqu'ils atteignent leur dernière tranche de vie. Se pourrait-il qu'il serait un gyd'har?

- Nos spécialités sont poignarder de derrière et la ruse, dit Beldroth avec amusement. On n'y viendra à bout.

Le dragon brun frémit et renifla en laissant sa lourde tête pendre légèrement. Beldroth parut soudainement inquiet. Il se leva et supporta la tête de son compagnon dans le creux de ses mains. Cette dernière était bien trop large et débordait sur les côtés. Malgré tout, l'elfe des bois n'y porta pas attention.

- Tu as encore attrapé un rhume Ancus? demanda-t-il.

Le dragon nommé Ancus donna un coup de langue en direction de Beldroth.

- M'ouais, on va y aller, décida l'elfe.

Soupirant, Azéna fut soulagé que Ancus n'avait qu'un rhume et n'était pas mourant.

- Alors, vous pouvez disposer, annonça Serfantor avec autorité. Il se fait tard. Nous nous rencontrerons pour une autre pratique dans deux jours au même temps.

- Allons Ancus, dit Beldroth en attendant que le dragon brun le suivît vers l'écurie où ils allaient probablement consulter Leith.

Arièlla leva le regard vers les deux soleils ; l'un d'eux avait disparut et son jumeau était sur le point de le joindre. Un grognement attira son attention. Harath s'était prononcé ; elle avait remarqué la présence d'Azéna et de Tyrath. La blonde les salua dans un simple hochement de tête et grimpa sur le dos de sa dragonne. Celle-ci prit son essor en direction de la Tour de la Connaissance où elle allait sûrement emporté sa cavalière.

Le capitaine de Sombrelame se dirigea vers le lac de Cristal, contrairement au reste de l'équipe qui accompagnèrent leur dragon au Grand Nid. À ses côtés se trouvait Shalith qui faisait environs 8 pieds de haut. Deux cornes jaillissaient du bas de sa tête et pointaient vers l'avant, formant ainsi une arme terrible à utiliser à la charge. Ses petits yeux sombres étaient quasi-impossibles à discerner et sa corpulence était dangereusement maigre. Son ventre creusé par en dedans et ses côtes saillissaient. De plus, son ventre et le dedans de ses ailes étaient d'un vert dégoûtant qui rappelait la décomposition. Azéna n'était honnêtement pas certaine s'il s'agissait d'un mâle ou d'une femelle. Ce dragon était une véritable abomination à regarder.

Azéna et Tyrath se dirigeaient eux aussi vers le lac de Cristal. Lorsqu'ils arrivèrent à destination, le dragon noir se retourna brusquement vers eux et les fixa, semblant à la fois torturé et calme. Il poussa un grognement en signe d'avertissement et un souffle d'ombre jaillit de ses naseaux. Alarmé, Serfantor suivit le regard de son dragon et aperçut Azéna et Tyrath qui s'étaient arrêté derrière lui.

- Que me vaut cette visite ? questionna-t-il avec neutralité.

La puanteur qui émanait du dragon noir encouragea Azena à fuir. C'était un mélange d'humidité et quelque chose qui décomposait. Une raison de plus pour en finir avec cette histoire aussi vite que possible.

- Je ne passerai pas par quatre chemins, répliqua Azéna avec sévérité. C'est toi qui es la cause du vol dans le donjon.

- Je vois que tu es au courant de ce qui se passe dans ce fort ; c'est inhabituel pour un apprenti, particulièrement pour un de première année.

L'elfe gris s'interrompit, haussa un sourcil et fixa Azéna. Son dragon fusillait Tyrath du regard et écorchait légèrement le sol de ses griffes. Tyrath, au contraire, ne bougeait pas d'un poil. Il se contenta d'observer le dragon noir de près. Azéna savait qu'il attendait sa chance pour attaquer avec impatience malgré son comportement exemplaire. Finalement, Serfantor fit signe à Shalith de se calmer et continua:

- Par contre, je ne sais pas de quoi tu parles.

- Tu as volé quatre objets, tonna Azéna en serrant les poings. De plus, cela, au travers du pauvre Gragèn que tu manipules.

- Ma mère m'en a donné l'autorisation alors fait avec. Pourquoi voudrais-je de quatre objets dont j'ignore l'existence ?

- Alors, qu'essais-tu de voler ?

Il grimpa avec finesse sur le dos de son dragon et s'installa sur la selle de cuir qui était attaché à la créature.

- Je te conseil de tenir ton nez hors de ça. Je ne voudrais pas qu'on devienne ennemis, mais je m'occuperai de toi si je le dois.

Azéna jeta un coup d'œil en direction de Tyrath. Celui-ci aspira une grande bouffée d'air afin de se préparer à exhaler une bourrasque puissante. Le dragon noir se rendit compte de son intention et souffla du brouillard ébène qui aveugla le drake argenté. Confus, Tyrath projeta son attaque dans une direction choisie au hasard. La bourrasque balaya l'ombre dans son sillage, mais n'atteint pas sa cible. Grognant, Tyrath déploya ses ailes, mais Azéna l'arrêta en déposant sa main sur son épaule.

- Inutile de les poursuivre. On a d'autres préoccupations pour ce soir. De plus, les combats sont interdits sans la surveillance d'un maître. Retournons au Grand Nid.

Tout le long du chemin, elle eut l'impression que son compagnon lui en voulait. Celui-ci fit la moue et ne lui adressa pas la parole. Elle était frustrée aussi, ayant échoué dans sa tentative désespérée. Non seulement ça mais, elle avait agit en idiote aussi. Elle n'avait pas penser plus loin que le bout de son nez encore une fois.

- Je sais que tu es déçu, commença-t-elle.

Tyrath secoua la tête en reniflant fortement.

- Ne t'en fait pas, le rassura-t-elle. Je te rappelles que tu auras ta chance un ses jours.

- On verra bien, murmura Tyrath en entrant dans la grotte du vol draconique gris.

Le drake disparut dans les profondeurs de l'obscurité qui régnait suprême dans le tunnel. Il y avait beaucoup de trafic ce soir-là, particulièrement de la part des dragons blancs et des dragons noirs qui étaient plus qu'heureux de sortir chasser dans ce temps frais en début d'hiver.

Azéna aurait voulu que Tyrath l'accompagne jusqu'à sa chambre, mais elle jugea préférable de le laisser décompresser. Son regard fut attiré par une grotte solitaire : celle du vol draconique violet. Elle se questionna à propos de leur apparence physique et de leurs manières, mais surtout à propos la raison pour laquelle ils n'étaient plus présents à l'académie ni même à la surface d'Aerinda. Un souffle de vent frisquet lui chatouilla le nez puis, elle leva le regard et aperçut la lune bleue qui commençait à faire surface

- Il est temps de rentrer, se dit-elle. Allons rejoindre mes deux fous d'amis à la bibliothèque au chaud.

***

Dans la bibliothèque de l'académie d'Archlan, le silence régnait. Une multitude de livres, anciens comme neufs, épais comme minces, allant de blanc à noir, y étaient présents. Les manuscrits étaient tous rangés sur les commodes divisés par thème. Quelques tables avaient été installés ici et là afin de permettre une lecture sur place. C'était la seule pièce du fort dans laquelle le sol de pierre était recouvert de tapis et dont le toit formait un hexagone. Il n'y avait pas de bibliothécaire ; seulement un sortilège à la personnalité grincheuse qui affectait les lieux et qui était responsable de tenir les livres en ordre, de s'assurer qu'aucun d'entre eux ne se fasse voler et que les autres règlements se fasse respecter. Grâce à ce dernier, les livres abandonnés étaient lévité par magie et étaient rangés aux bons endroits et lorsqu'on brisait les règles, une force invisible à la voix colérique, féminine et caverneuse frappait. Ainsi, Azéna pensait que c'était une impersonation d'une femme quelconque ; peut-être d'une ancienne bibliothécaire. D'ailleurs, Azéna était assurée qu'elle ne l'aimait pas car, elle se sentait constamment observer à partir de l'instant où elle mettait les pieds dans la librairie.

Azéna repéra Fayne et Teriondil et se dirigea vers eux. Fayne était assise à une table près d'une fenêtre de laquelle on pouvait apercevoir quelques dragons qui survolaient autour de l'académie et le deuxième soleil qui se couchait paresseusement. Elle dévorait une énorme encyclopédie à la couverture rugueuse et rouge vin des yeux pendant que Teriondil balançaient ses pieds nus d'avant en arrière de sorte à ce qu'ils frottent le doux tapis. L'elfe sylvain avait la tête d'accoté contre sa main droite, son regard était fixé sur les dragons dansant en plein vol et ses longs cheveux vert menthe traînaient sur le livre ouvert qui se trouvait sous son coude.

- C'est si beau ce spectacle, murmura-t-il en rêvassant.

- Tu vas m'aider ou pas ? tonna Fayne avec une rage qui la surprit elle-même sur le moment.

L'elfe sylvain sursauta et secoua vivement la tête dans une tentative énergétique de rompre le lien entre son esprit et l'extérieure. Il se raidit et afficha un sourire confus.

- On cherche pour quoi déjà ?

Ça fait au moins quatre fois que je te le répète, souffla Fayne en tentant de garder le ton le plus bas possible malgré son un irritation qui la trahissait. Cherche n'importe quel information à propos de quatre objets légendaires qui seraient formés à partir de parties de dragons.

- Ah bon ? répondit Teriondil. Ah oui, je me souviens à présent. Tu as mentionné quelque chose à ce propos.

- Je vais finir par te tuer, tu sais, commenta-t-elle en fixant son attention vers l'encyclopédie.

En plus de sa confusion, Teriondil exprimait maintenant un sentiment de vulnérabilité.

- Pourquoi je ne comprends jamais rien ? murmura-t-il en soupirant.

Alors qu'il tenta de se concentrer sur sa tâche, une voix accablante retentit dans la salle.

- Vous n'avez pas le droit d'être ici, Apprentie Kindirah ! Sortez ! Sortez !

- La ferme. Je viens juste voir mes amis pour un bref petit instant, répondit une deuxième voix féminine qui semblait tout aussi impatiente que la première. Je ne toucherai à rien, c'est promis, surtout pas à un de ces affreux bouquins.

Azéna s'arrêta à la table de Fayne et de Teriondil, les poings serrés. Elle essayait de décompresser malgré son envie meurtrière d'étrangler ce sortilège de merde. De toute façon, sans corps physique à toucher, elle n'y pouvait pas faire grand chose.

- Oh, mais ils sont si pleins de lettres et de phrases funestes ces monstrueux livres, murmura Fayne avec ironie.

- Très drôle, dit Azéna. Alors, comment avance les recherches ?

Fayne ferma brusquement l'encyclopédie en un clac sonore. Teriondil sursauta une fois de plus.

- Visiblement, ça n'avance pas très vite, répondit-elle sèchement.

- Qu'est-ce qui se passe ? questionna Azéna avec inquiétude. Normalement, tu es bonne en matière de... de... enfin, de lecture et de recherche.

- Bah, l'information est difficile à trouver cette-fois et tu as été bannis de la bibliothèque en raison de tes actes stupides et bruyants et lui... lui...

Elle pointa un doigt accusateur en direction de Teriondil.

- Il est trop intéressé par la nature, les soleils, les oiseaux et les dragons pour m'aider un peu. Vous êtes impossibles !

Elle se leva de table et sortit en trombe de la bibliothèque. Azéna et Teriondil restèrent immobiles, tous deux paralysés par l'incrédulité.

- Il s'est passé quelque chose de louche aujourd'hui ? osa demander Teriondil.

- Je n'en sais rien, répondit Azéna. Peut-être ses périodes.

- C'est affreux ce truc, répliqua Teriondil.

- Heureusement, je n'en n'aie pas... encore. D'ailleurs, je commence à être âgée. Je devrais les avoir à n'importe quel moment, pas que je les désires.

Teriondil déglutit avec misère à l'image de deux dragonnières enragées qui le poursuivaient pour des raisons qu'il ne comprenait pas.

- Tu vas agir comme elle ?

- Mais, non. Mais, non... Peut-être.

- Affreux. Dans tous les cas,, pourquoi tu ne l'es veux pas ?

- Je suppose que la tradition n'est pas la même chez les elfes, répondit Azéna sur un ton grave.

- Que veux-tu dire ?

Il haussa un sourcil questionneur.

- Chez nous, lorsqu'une femme a ses périodes, elle est considérée prête à avoir des enfants, quel que soit l'âge. Fayne est très chanceuse de ne pas être encore mariée ; ses parents sont tolérants. Non, je retire ça. En réalité, malgré leurs grands coeurs, je suis certaine qu'ils préfèrent attendre que de manquer la chance d'avoir un mariage avec la famille suzeraine. Elle est promise à mon grand frère. Je ne peux pas leur en vouloir dans un sense. La vie est très difficile lorsque tu es pauvre comme eux et notre famille possède beaucoup d'argent. Ils désirent ce qui a de mieux pour Fayne.

- Barbaresque, dit-il, ses yeux écarquillés par le choc. Vos traditions sont barbaresques. Chez nous, nous sommes libres de décider avec qui et à quel âge nous nous accouplons. Et toi, tu vas devoir te marier lorsque tu auras tes périodes ?

- Chanceux. Heureusement, à Daigorn, l'âge compte aussi. Une fille devient femme à quinze ans comme tu le sais. Normalement, lorsqu'elle devient une adulte, directement à sa fête de naissance, elle se marit. Pour les garçons, c'est à dix-sept ans, mais ils restent normalement célibataires un bout de temps après avoir devenu adultes. Ils ont le luxe de choisir une femme qu'ils apprécient. C'est rare, mais parfois, l'union est faite d'amour et non pour les titres et la richesse.

- C'est tôt quinze ans, même dix-sept ans.

- C'est tard si on le compare à d'autres royaumes humains.

- Alors, pour toi, c'est bientôt puisque tu as atteint tes quinze ans.

Azéna fronça les sourcils.

- C'est probablement déjà en marche dans mon dos. Mais, ça n'importe peu car, je suis dragonnière et ma fidélité réside avec Terenas maintenant. Mon père ne peut pas me promettre à personne.

Malgré ses affirmations, un doute résida en elle. Les méthodes des siens étaient parfois extrêmes.

- J'espère...

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