15 - L’épreuve de sélection

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1e jour de la saison de la mort 1447

Un rugissement à en glacer le sang retentit. Le son fut répercuté dans tous les recoins du vaste fort qu’était l’académie d’Archlan. Il n’y avait qu’Azéna qui ne s’était jamais habituée à ce bruit infernal qui a chaque matin détruisait ses rêves et lui donnait l’impression que ses tympans éclataient sous le choc.

— Bordel de putain de merde ! vociféra-t-elle, ses yeux brûlant de fatigue. Ce dragon. Je le hais. Vraiment. Beaucoup. Un jour, je vais me réveiller et mes oreilles vont être sanglantes si ça continue.

Elle poussa l’oreiller sous lequel elle cachait son visage afin d’atténuer le son strident. Encore une fois, elle s’était réveillée avec une humeur grincheuse. Elle s’énervait elle-même. Elle se sentait comme si ses yeux étaient deux vieux sacs de patates entrain de pourrir.

— C’est une méthode efficace pour réveiller les paresseux, ricana Fayne. Tu as passé la nuit debout avec Teriondil, pas vrai ?

L’archère savait que par paresseux, sa colocataire de chambre faisait allusion à elle. C’était d’ailleurs cette dernière qui se tuait à la faire se lever presque tous les matins. Fayne sauta hors de son lit et s’assied devant le miroir pour se brosser les cheveux.

— Très drôle, répliqua Azéna. Et... pour répondre à ta question, non je n’ai pas passé la nuit avec lui.

Elle s’efforça de rire, mais le résultat n’était pas très convaincant. Elle avait menti. En réalité, elle avait été incapable de trouver le sommeil en cause d’Arièlla et du skotar. À environs minuit, elle s’était levée pour aller voir si son ami elfe était dans la salle commune. Comme elle le soupçonnait, il y était en train de siroter son thé en observant les dragons près de la fenêtre. Résultat : elle avait retourné au lit aux petites heures du matin.

Elle s’étira comme un chat ce matin-là. Fayne la regardait comme si elle était devenue folle.

— Qu’est-ce que tu fais ?

— Hé ? Ah !

La Kindirah sursauta et se redressât. Elle avait complètement oublié que Fayne n’avait pas été présente avec elle et Teriondil durant la nuit. Elle se gratta le derrière de la tête et avec un large sourire innocent, elle s’expliqua.

— Tu vois... Fayne… Enfin... C’est Teriondil qui en avait parlé hier soir. Il dit que c’est une pratique commune chez les elfes des bois. Ils en apprennent beaucoup des animaux et de la nature. C’est plein de trucs spirituels... ouais...

L’herboriste cligna des yeux.

— Par l’Aspérule Blanche, ils sont tellement étranges ceux-là.

C’était la parfaite opportunité pour une vengeance pour ce matin. Voilà qui donna à Azéna une bouffée d’énergie. Elle se racla la gorge.

— Mais si charmants, pas vraaiiii ?

Elle se leva d’un bond et donna un petit coup de coude à son amie.

— Qu’est-ce que tu sous-entends par-là ? questionna Fayne avec suspicions.

— Oh, je sais que tu lui trouves un petit quelque chose d’attirant, expliqua l’archère en enfilant son uniforme d’apprentie. Je ne suis pas si lente que ça, tu sais. J’ai remarqué. Et devine quoi ? Tu fais la même chose pour l’autre elfe des bois qui regarde souvent par la fenêtre.

Elle entendit la brunette hoqueter, prise par surprise. Azéna pouvait l’imaginer toute rouge d’embarras alors qu’elle passait sa tête dans son tabard. Elle avait gagné ; Fayne était complètement sans défense. Cette dernière avait bel et bien un petit faible pour les elfes des bois. Aux yeux de la Kindirah, ça faisait bien du sens. Fayne avait toujours adorée la nature, les herbes, la facette sauvage et libre de la faune et les animaux ce que les elfes des bois vénèrent plus que tout.

— Je suis engagée à ton frère, balbutie-elle.

Elle ne savait clairement pas quoi répliquer ; elle disait du n’importe quoi. Elle avait prêtée serment et ne pouvait pas se marier.

— Oh, je ne le lui dirais pas, rigola Azéna en enfilant ses culottes et sa cape. De toute façon, tu es une dragonnière maintenant. Il va falloir que ton devoir en tant que Gardienne d’Aerinda.

L’herboriste plissa les yeux et fixa son amie qui s’était mise à se brosser les cheveux avec suspicion.

— Tu t’es remis anormalement rapidement du fait que Rendar te fait chier toi ce matin.

— Ah tu sais, aujourd’hui je vais enfin avoir l’occasion de voir du skotar en action, répliqua-t-elle en sautillant sur place. Tu vas venir avec moi, pas vrai ? Pas vrai ?

— Oui, oui... Bien sûr. Et... Ne dit PAS à Teriondil. Oui, il est mignon, mais rien de plus.

— C’est promis, ricana la rebelle en sortant de la chambre.

Les deux amies se rendirent à leur cours de karsayrethrès en compagnie de Teriondil. Azéna ne cessa de songer à sécher les cours toute la journée pour faire quelque chose de plus amusant qui permettrait au temps de passer plus rapidement, mais les envies ne restèrent que cela : des fantasmes. Elle n’arrivait pas à se concentrer. Elle ne faisait que penser au skotar.

— Qui va à l’épreuve de sélection des équipes de skotar ce soir ? demanda Magar lors du cours d’histoire générale.

La moitié des apprentis levèrent la main tandis que les autres furent pris de confusion. Contrairement à son habitude, le vieux maître dédia la moitié de la période à expliquer le fonctionnement de ce fameux sport d’entraînement.

— Débutons avec la balle enchantée surnommée la balle élémentaire. Celle-ci détecte l’élément maîtrisé par son porteur et change son apparence physique pour représenter ce talent. Pour marquer un but, il suffit de la tirer de sorte à ce qu’elle passe au milieu d’un des trois hexagones flottants de l’équipe opposé. En plus de cela, il faut que la balle et l’hexagone partagent le même élément ce qui demande encore plus de stratégie et de travail d’équipe. Parfois, aucun membre d’une équipe ne possédera l’élément requis et il devra attendre pour marquer un but. Les hexagones alternent leur élément environs à chaque trente secondes alors, il faut s’avérer précis aussi. La raison derrière ces règles est d’encourager l’esprit d’équipe, la patience et humilité. Quelqu’un de très compétitif oublie souvent que ses coéquipiers sont là pour aider. Si tu es dans l’incapacité de marquer un but en cause que ton élément ne s’harmonise pas avec celui de l’hexagone, tu dois attendre et aider celui qui possède cette qualité. La victoire est accordée à une équipe et non à une personne singulière et c’est le même principe avec une armée qui va à la guerre ou une simple mission. En ce qui concerne l’équipe, elle est formée de trois attaquants qui foncent, deux défendeurs qui protègent leur unique gardien qui reste près des hexagones pour empêcher des buts.

— Comment fonctionne les tournois ? demanda Azéna.

— Excellente question, continua Magar. Il y a un temps limite de trente minutes. Les conditions pour une victoire sont lorsque ce temps s’écoule ou lorsqu’une équipe a trente points. L’hexagone le plus bas donne un point, celui du milieu en donne trois et le plus haut en donne cinq. Il existe huit équipes dont celles de l’Académie d’Archlan : Sombrelame, Coeurdoré, Vifargent et Criecarlate puis, celles de l’Académie d’Isriss : Fergriffe, Lunerebelle, Neigebrise et Mauvedestin. En ce qui concerne les tournois, il y toujours la période d’essai puis, deux parties de pratique question de se réchauffer un peu. Le quart de finale consiste de trois parties pour chaque équipe, la demie finale consiste de deux parties pour les quatre équipes dominantes et la finale consiste de deux parties entre les deux équipes qui restent. Chaque partie accorde un point au perdant et deux points au gagnant. En revanche, si le gagnant atteint sa victoire d’une bonne avance, il peut obtenir trois points. L’équipe victorieuse se verra obtenir le trophée de skotar de l’année et si elle a obtenu en moyenne six points durant le tournois, elle recevra son prix avec honneur. C’est un grand exploit.

Magar prit une gorgée d’eau et continua.

— Auparavant lorsque j’étais jeune – je sais, c’est difficile à imaginer – j’étais gardien de l’équipe de Coeurdoré, raconta-t-il en frottant sa longue barbe. C’est triste comme le temps passe. Je ne peux malheureusement plus suivre ma dragonne qui est encore qu’une jeune adulte.

Sur le coup, Azéna se rendit compte qu’elle allait vieillir et laisser Tyrath dans la jeunesse alors qu’elle allait mourir lentement. Elle se tortilla dans son siège et tenta de se changer les idées mais, sa curiosité prit le dessus.

— Excusez-moi, dit-elle en levant brièvement la main. Quel âge, physiquement, aurait votre dragonne si elle avait été humaine ?

Magar y songea pendant un instant en réajustant ses petites lunettes rondes.

— Environs vingt-cinq ans.

L’archère baissa les yeux alors qu’un sentiment d’amertume naquit au profond de son âme. Elle s’imagina la scène : son meilleur ami avec lequel elle passera sa vie allait être présent à ses funérailles alors qu’il allait encore être à l’aube de sa vie. Son regard tomba sur Arièlla. Elle était une demie-elfe donc, elle n’allait pas vieillir aussi rapidement. Elle allait probablement être âgée physiquement d’une vingtaine d’années lorsque sa mère qui est une humaine allait mourir. Cette vision lui noua l’estomac.

✦×✦

Plus tard en journée, il était temps pour l’épreuve de sélection des équipes de skotar. Comme à son habitude, Azéna arriva en retard, car elle avait été retenue par Fiara, la maîtresse qui donne le cours de maîtrise élémentaire. Grimpant dans les gradins grouillants d’apprentis, de quelques membres du personnel ainsi que de dragonniers accomplis, elle aperçut Fayne et Teriondil qui étaient assieds dans la rangée la plus élevée. Elle s’installa à côté de de la brunette.

Celle-ci lui lança un regard inquiet.

— Où étais-tu ?

— Maîtresse Blakar a refusée de me laisser partir tant que je ne répondais pas à ses questions, grogna la rebelle avec impatience.

— Fiara ou Neige? questionna Teriondil.

— À bien y penser, je n’en sais rien. Elles sont identiques.

— Quelle cours donne-t-elle ?

— Maîtrise élémentaire.

— Fiara, évidemment. Neige donne le cours de maîtrise du mana qui ne commence qu’en deuxième année et porte une robe bleue. Sa sœur porte habituellement une robe rouge.

— Umm... C’était Fiara dans ce cas, balbutie Azéna avec incertitude, puis elle marqua une pause avant de continuer avec plus d’assurance. Elles sont…

— Des jumelles, coupa l’elfe qui fixait le ciel calmement, les yeux clos, l’air songeur.

— La ferme ! rugit une jeune fille qui était assise directement devant lui. Il y a des gens qui sont venus ici pour voir l’épreuve de sélection.

Renora Shenir lança un regard furieux en direction du trio. Azéna reconnut sa chevelure rousse foncé qui lui rappelait des flammes qui se faisaient engloutir par des ombres et ses yeux bleus féroces. L’adolescente offusquée se retourna après un moment lorsqu’elle se rendit compte que personne n’allait lui répondre. Son compagnon, Vorshiènn, était à sa droite et paraissait de pas s’en faire. Il était complètement hypnotisé par les quatre demoiselles en face de lui. Renora s’en rendit compte et lui donna une claque derrière la tête.

— T’es vraiment casse-pieds quand tu veux, se plaignit le jeune homme aux cheveux noirs.

Azéna se demandait bien ce qu’une fille comme elle pouvait bien foutre avec un idiot comme lui. Elle savait qu’ils étaient tous les deux originaires du royaume d’Elthen. Ils étaient probablement des amis de longue date.

— Tu es un dragonnier maintenant tu sais, affirma Renora. Mince, tu es peut-être grand et fort pour ton âge, mais ta une cervelle de moineau. Qu’est-ce qu’un valeureux dragon comme Räel peut bien te trouver ? J’y crois pas.

— C’est ce que mon père m’a appris à faire, se plaignit Vorshiènn.

Il commença à imiter la voix de son père.

— Fils, tu devras choisir ta femme avec soin si tu désires un bon héritage.

— Hé bien, il t’a envoyé ici pour devenir un dragonnier alors, voilà ton héritage, pas les dames. Par la grâce d’Elysia, tu es désespérant.

Azéna se détacha de leur conversation ; tout ce qu’elle entendit était les grognements du jeune homme contrarié.

Enfin, la foule clama et le trio sursauta, pris par surprise. Ils accordèrent leur attention au terrain sur lequel se trouvait une vingtaine d’apprentis en uniforme de skotar, dont une étant Arièlla, ainsi que leurs dragons à leurs côtés qui portaient une armure légère. Ils attendaient patiemment pour un signal. Dans un premier temps, Azéna ne comprit pas pourquoi la foule s’était excitée, mais elle aperçut la fameuse entraîneuse des équipes de l’académie : Gardienne Nymia Valkirel. Ses longs cheveux blonds ondulés furent balayés par les brises. Elle s’arrêta devant les candidats puis, elle sonda les environs de ses yeux noisette en forme d’amende. Azéna devina que Nymia devait être une attaquante dans sa jeunesse, car elle était courte, mais était doté d’un physique athlétique. Elle possédait les personnalité agressive et passionné pour ce rôle aussi.

— Merde, ça doit être énervant d’avoir ces énormes seins dans le chemin au cœur de l’action, commenta l’archère.

Fayne secoua la tête en signe de déception. Elle regarda Teriondil pour du support, mais l’elfe resta impassible, comme s’il ne l’avait pas écouté. Il était entrain de fixer sa théière dans laquelle mijotait un liquide suspicieux.

Nymia se mit à observer les candidats avec beaucoup d’attention et de précaution. Chaque détail était clairement important à ses yeux.

— Elle est en train de les analyser ! s’excita Azéna. C’est la première étape : passé l’inspection de l’entraîneur ! Qui va rester ?

Le dragon de Nymia était massif et grand, mais il ne pouvait pas être compétitionner contre Rendar. Celui-ci avait des yeux gris et un énorme pique sur chaque coude. Il portait un regard aussi sévère et sérieux que sa cavalière. Ses écailles cramoisies brillaient sous les rayons des soleils jumeaux. Il s’installa à la droite de sa dragonnière et leva fièrement sa tête décorée de multiples épines qui ressemblaient à une couronne.

Alors que Nymia compléta son inspection, les dragons du trio firent leur entrée et se perchèrent au bois des gradins au-dessus des spectateurs. Buhrik s’empressa de vérifier ce qui se passait autour de lui, captivé par chaque changement tandis que Tyrath et Ella furent plus intéressés par leur dragonnier. Le dragon bleu semblait incapable de se concentrer sur un évènement en particulier ; il devait tous les voir.

Seulement deux recrues n’étaient pas au goût de Nymia. C’était impossible de savoir pourquoi d’ici. Ils partirent la tête bien basse.

— Pourquoi ? questionna Azéna qui ne pouvait pas résister à sa curiosité de savoir.

— Apparemment, elle cherche pour une flamme en eux, partagea Teriondil.

— Comment elle fait pour détecter ça ? rouspéta Azéna. Elle ne peut pas lire dans les pensées des gens.

— Ça se lit dans l’âme.

Comme d’habitude, Azéna n’y comprenait rien au charabia spirituel de son ami.

Nymia retourna à son emplacement original, soit en face de l’apprenti qui se trouvait au centre de la ligne des recrues.

— Ceux qui désirent joindre l’équipe des Coeurdoré, allez à ma droite, Sombrelame à ma gauche, Vifargent devant moi et Criecarlate derrière moi.

Du côté gauche, Serfantor attendait ses nouveaux coéquipiers potentiels en compagnie de son drake noir. Arièlla se dirigea à la droite de sa mère et lança un regard défiant au capitaine de Sombrelame. Le nombre d’apprentis des quatre côtés était assez équilibré, quoi qu’il en eût quelques de moins pour l’équipe de Vifargent.

— Divisez vos attaquants, vos défenseurs et vos gardiens, ordonna Nymia.

Les recrues s’exécutèrent et en fin de compte, douze groupes étaient formés. Nymia resta impassible et sévère. Elle n’accorda aucun signe d’attention à sa fille. Cela ne semblait pas affecter Arièlla ; elle affichait un sourire plein d’assurance.

— Organisez vos équipes, continua l’entraîneuse. On fera une partie jusqu’à ce que tout le monde soit joué au moins une fois. Ce sera Coeurdoré contre Sombrelame pour la première ronde. Ensuite, ce sera au tour de Vifargent et de Criecarlate. Capitaines, assurez-vous de prendre note de la performance de vos coéquipiers.

Les capitaines choisirent leur équipe de départ et les autres joueurs allèrent s’asseoir en attendant leur tour. Arièlla fut choisi pour la première ronde de Coeurdoré contre Sombrelame.

Au signal de Nymia, les deux équipes ainsi que leurs dragons se placèrent à leur endroit respectif. Les trois attaquants étaient devant les deux défenseurs qui protégeaient l’unique gardien de l’équipe. Serfantor et le capitaine de Coeurdoré se serrèrent la main puis se préparèrent à jouer. Serfantor était un attaquant tandis que l’autre capitaine était un défenseur.

Nymia prit place entre les deux équipes et déposa son sifflet entre ses lèvres, prête à l’utiliser. Terenas se leva des gradins et effectua quelques mouvements bizarres des bras. Un instant plus tard, les uniformes des joueurs changèrent de couleurs. Auparavant, ils portaient les teintes de l’académie; soit le brun écorce et le bleu-gris pâle. À présent, ceux des Coeurdoré étaient doré et bleu ardoise tandis que ceux des Sombrelame étaient violets et argentés. Mêmes les logos d’équipe et les noms de famille apparaissaient sur l’uniforme, le tout accompagné d’un numéro pour désigner le joueur. Arièlla portait fièrement le sien en fixant le cœur doré qui reposait sur le côté de son épaule droit. Serfantor, de son côté, possédait une épée sinistre sur son épaule gauche.

Après avoir reçu le signal de Terenas, Nymia leva sa main vers le ciel. Les joueurs et leurs dragons se préparèrent à leur envol. Lorsque le son strident émana du sifflet, les dragons déployèrent leurs ailes et la partie débuta. Nymia lança la balle élémentaire dans les airs entre les attaquants avides de chaque équipe.

Serfantor fut le premier à mettre la main sur la balle élémentaire. Celle-ci brilla d’un éclat noir avant de se transformer en ombre solide. Son dragon se dirigea à pleine vitesse vers le plus haut hexagone de l’équipe de Coeurdoré. Il évita les attaques des dragons ennemis avec aise. Alors qu’il passa devant Arièlla, celle-ci ordonna à son dragon de le poursuivre. Le dragon rouge de la demie-elfe s’élança derrière le drake noir, mais fut trop lent pour le rattraper. Il exhala une immense boule de feu qui effleura la main de Serfantor. Brûlé sur coup, Serfantor lâcha prise de la balle qui tomba dans les bras d’un attaquant de Coeurdoré qui attendait sous lui.

— C’est brutal ! s’exclama Fayne avec horreur.

— Tu veux dire excitant, répliqua Azéna qui était complètement hypnotisé par la partie. Mince, Arièlla fait déjà preuve d’une performance exemplaire pour son niveau d’expérience.

En vérité, elle soupçonnait que la blonde possédait bien plus d’expérience qu’elle ne le laissait savoir. Ses parents, tous deux des dragonniers depuis longtemps, l’avaient sûrement entraîné depuis sa tendre enfance à se défendre. Ça se voyait qu’elle possédait déjà le cran une guerrière. Azéna était jalouse; elle avait passé son enfance à jouer des mauvais tours avec ses frères et à observer sa grande sœur se pratiquer à l’épée malgré le désagrément de leur père. Déjà la plupart du temps en mauvais termes avec son père et se trouvant mêlées dans des situations dangereuses, Azéna avait été refusé à plusieurs reprises par Argent pour lui montrer comment se battre. La vaillante première-née essayait seulement de la protéger, elle savait ça. La prochaine saison du soleil si elle devait rentrer à son royaume, Azéna avait la résolution de convaincre Argent de la former.

Arièlla stoppa Sombrelame à trois reprises de pénétrer en territoire de son équipe. Elle sourit arrogamment à Azéna lorsqu’elle passa près d’elle. Azéna sentit de la rage grandir en elle. Après qu’Arièlla fut assurée qu’Azéna l’avait vue, elle ordonna à son dragon de foncer en direction de l’une des attaquantes de Sombrelame qui était sur le point de tirer la balle élémentaire à un coéquipier.

— Fait attention, Lythrana ! s’écria Serfantor avec colère.

L’avertissement du capitaine distraie Lythrana et le dragon d’Arièlla chargea tête première dans les côtes de son dragon. Lythrana fut secouée et perdit prise de la balle élémentaire enflammée. Les deux dragons rouges s’affrontèrent, sifflèrent et tentèrent de se griffer.

— Arrête ! hurlèrent les deux dragonnières en même temps voyant que leur monture brûlait d’enthousiasme à l’idée de détruire leur ennemi.

Les dragons s’immobilisèrent et se satisfirent de se dévisager en grognant.

— La balle élémentaire est entre les mains de d’autres joueurs, grogna Arièlla. Ce n’est pas le moment de prouver ta dominance Harath.

Serfantor passa derrière elle et décrivit un cercle autour de sa coéquipière.

— Lythrana ! hurla l’elfe gris. Dépêche-toi avant que leur but ne change d’élément.

Lythrana ne perdit plus de temps avec Arièlla. Elle vola la balle élémentaire d’un joueur de Coeurdoré sous le nez d’Arièlla.

— Je sais, répliqua-t-elle.

Son dragon se dirigea vers l’hexagone engouffré de flammes qui flottait dans l’air. De chaque côté s’approchait l’un des défendeurs de Coeurdoré. Coincé entre les deux dragons ennemis, Lythrana frappa celui de gauche de sa main libre. Le défendeur ordonna à son dragon de se dégager, mais celui-ci resta en place.

— Merde, murmura Lythrana qui sondait les environs pour une porte de secours.

— Ici Lyth ! appela le troisième attaquant de Sombrelame qui était positionné à quelques mètres du gardien de Coeurdoré.

Lythrana lança la balle élémentaire à son coéquipier. Lorsque le joueur de Sombrelame l’attrapa, la balle fut submergée par un vortex de vent à son touché. Par réflexe, les deux défenseurs de Coeurdoré s’élancèrent vers le nouveau porteur de la balle, laissant Lythrana derrière, maintenant capable de bouger librement.

— Non ! s’écria le capitaine de Coeurdoré. Bandes d’idiots, l’hexagone est toujours enflammé ! Surveillez la dragonnière rouge !

Mais, c’était trop tard. Le dragonnier gris rendit la balle à Lythrana qui se précipita vers le but. Les deux défenseurs foncèrent dans l’ancien porteur et les trois dragons s’écroulèrent au sol dans un puissant rugissement. La foule lança un cri d’exclamation.

Un sourire de triomphe se dessina sur les lèvres de Lythrana alors qu’elle déjoua le gardien et lança la balle au centre de l’hexagone sur lequel des vignes commençait à prendre le contrôle. Le but de dernière minute fut accepté et d’énormes flammes submergèrent l’hexagone avant de disparaître en fumée pour laisser place au nouvel élément : la nature.

— Un point pour Sombrelame! aboya l’annonceur qui se trouvait dans la quatrième tour. Le but a été accompli par Lythrana Undrèm et son partenaire Zurof ! Oh ! Il est temps pour la rotation de joueurs.

Le dragon noir de Serfantor passa à côté de Zurof et l’elfe gris en profita pour serrer brièvement la main de sa coéquipière en signe de félicitations.

Les trois joueurs qui s’étaient écrasés au sol furent remplacés par les apprentis qui attendaient leur tour pour faire leurs preuves. Les joueurs mirent en position et Nymia souffla dans son sifflet pour marquer la continuation de la partie.

Arièlla, furieuse que Sombrelame fût en avance sur Coeurdoré, tira sur les rênes d’Harath. Harath piqua en direction de Zurof. Elle baissa la tête et dans son impact, elle cassa quelques écailles du mâle qui rougit et se débattit pour repousser son assaillante.

— Contrôle ton dragon, espèce de folle ! rugit Lythrana.

— C’est ce que je fais ! répliqua effrontément Arièlla.

L’un des défenseurs de Sombrelame s’approcha des deux filles. Son dragon blanc cracha un jet de lumière intense dans leur direction. Les deux dragons rouges se séparèrent juste à temps pour éviter l’attaque. Le dragonnier blanc ressemblait énormément à Lythrana, mais en version masculine. Les deux possédaient une peau gris foncé, une chevelure blanche, un visage aux traits agressifs et des yeux bleus.

— Arrête de te mettre en danger ! hurla Nymfrein à sa sœur jumelle. Tu n’as aucune raison de devenir agressive, particulièrement dans un jeu.

Lythrana fusilla Arièlla du regard alors qu’Harath s’éloignait.

— Je n’ai rien…

— Bougez ! s’écria Serfantor qui passait par là.

— … fait ! termina Lythrana. Habitue-toi à ça parce que le skotar, c’est un jeu agressif. Il faut que tu sois dur pour gagner.

Elle suivit son capitaine en direction du territoire de Coeurdoré. Presque tous les joueurs démontraient des performances incroyables; mêmes les débutants impressionnaient les capitaines. Arièlla passa près d’Azéna alors qu’elle poursuivait Lythrana et Serfantor et se redressa avec arrogance.

— Putain qu’elle fait exprès, grogna Azéna. Je vais lui montrer un de ses jours à cette sang-mêlé que je peux faire mieux qu’elle.

— Elle excelle dans ce sport, répondit Teriondil. Il te faudra travailler fort pour atteindre son niveau, surtout si on prend en considération son expérience.

— Ce jeu est un véritable tournoi de brutes, commenta Fayne qui fixait incrédulement deux dragons en train de se foncer l’un dans l’autre dans l’espoir de pousser leur adversaire sur les murs de protection qui se trouvaient devant les gradins.

— La compétition est extrême et c’est ce qui rend les choses intéressantes, s’excita Azéna.

Plus tard dans la partie, Sombrelame avait l’avantage de deux points. Serfantor s’apprêtait à marquer un but qui leur accorderait cinq points. Le gardian de Coeurdoré était distrait par Lythrana et ne l’avait pas remarqué. Serfantor lança la balle élémentaire noire de toute ses forces. L’hexagone était sur le point de changer d’élément, il y avait des traces de vent qui serpentait dans l’ombre, mais la balle élémentaire allait atteindre sa cible à temps.

Soudainement, il aperçut Harath du coin de l’œil. Paniqué, la monture de Serfantor exhala un nuage d’ombre qui s’étendit rapidement dans un cône autour de la trajectoire de la balle élémentaire. Il essayait de brouiller la vision de l’attaquante blonde.

— C’est trop tard pour ça ! s’écria Arièlla.

Azéna se rendit compte que le bras d’Arièlla était désespérément allongé en direction de la balle élémentaire. Juste avant que l’ombre ne l’aval, la blonde effleura momentanément sa cible d’un seul doigt pour continuer sa trajectoire et quasiment foncé tête première dans un coéquipier.

Lorsque la balle élémentaire sortit du nuage d’ombre, celle-ci était enflammée et passa au travers de l’hexagone qui était toujours noire. Serfantor ne marqua pas de point. La foule clama le nom de la blonde ainsi que celui de son dragon. Ils étaient impressionnés par son blocage de justesse. Fière d’elle, Arièlla acclama, ses poings en l’air pour célébrer sa bonne performance.

— Quelle tête enflée ! lâcha Azéna en se croisant les bras.

— Elle se mérite une place dans l’équipe de Coeurdoré, ça s’est assuré, s’exprima Fayne en applaudissant. Soit un peu contente pour elle.

— Pfff…

Un peu plus tard, le pointage était de quinze à dix-sept pour Coeurdoré. Environs la moitié des buts avaient été fait par Arièlla. Elle donnait son maximum pour impressionner les autres. Malgré ses efforts titanesques, Sombrelame se rattrapa grâce à la coopération de Serfantor et de Lythrana. C’était évident que ces deux-là possédaient une historique ensemble. Lorsque le temps s’écoula, le pointage des deux équipes étaient à vingt-trois. La partie fut donc déclarée nulle et les uniformes des joueurs retrouvèrent leurs couleurs originales.

Serfantor se dépêcha en direction de Nymia afin de protester contre sa décision. La gardienne se dirigeait vers l’équipe de Coeurdoré.

— D’habitude, il y a une période d’extension lorsque ça arrive, informa Serfantor.

— Apprenti Diramin, choisissez les joueurs de Sombrelame, ordonna-t-elle sans jamais croiser le regard du jeune capitaine.

Elle sortit un parchemin de la poche de son manteau et elle l’ouvrit.

— Mais ! protesta Serfantor. Attendez un instant !

Nymia s’arrêta.

— Voulez-vous que je choisisse pour vous, Diramin ? questionna-t-elle avec une soudaine impatience.

Elle fixa l’elfe gris dans les yeux en attendant sa réponse, mais lorsqu’elle se rendit à l’évidence que celui-ci n’allait pas répliquer, elle continua son chemin. Avec frustration, Serfantor tourna les talons et rejoignit les joueurs potentiels de Sombrelame.

— Elle n’a rien voulu entendre ! déclara-t-il à Lythrana.

— On aurait pu gagner, se lamenta cette-dernière.

— De toute façon, ce n’était que l’épreuve d’essai. Ce n’est pas la peine de s’en faire.

— Tu manques de passion, grogna la demoiselle en grinçant les dents.

— Allons, allons, dit Nymfrein qui avait écouté à la conversation depuis le début. Capitaine Serfantor a fait ce qu’il a pu. Il a raison; ce n’est que l’épreuve d’essai. On fera mieux durant le tournois.

— Vous êtes impossibles, répliqua Lythrana, abandonnant l’argumentation.

— Tu t’énerves trop aisément, soupira son jumeau.

— La ferme, Nymfrein !

Quelques minutes plus tard, Nymia s’approcha de Serfantor d’un pas pressé. Lorsqu’elle s’arrêta face à lui, elle déroula son parchemin et ne lâcha pas son regard du l’elfe gris.

— J’ai besoin des noms complets des membres de l’équipe de Sombrelame.

Serfantor nomma les trois attaquants, dont lui-même, Lythrana et une humaine de cinquième année dénommée Tesselia, les deux défenseurs, dont Nymfrein et Beldroth, un elfe des bois de troisième année et la nouvelle gardienne qu’il avait choisi : Restelle, une elfe de lune de deuxième année. Après avoir écrit les noms sur son morceau de parchemin, Nymia partit sans dire un mot. Lorsqu’elle rejoignit l’annonceur, celui-ci révéla au public les noms des joueurs des deux équipes ainsi que la partie entre Vifargent et Criecarlate allait débuter bientôt.

Lorsqu’on annonça qu’Arièlla avait été acceptée dans l’équipe de Coeurdoré, Azéna ne put s’empêcher de se sentir petite et impuissante.

La deuxième partie se fit rapide; Criecarlate qui avait retenu plusieurs de ses anciens joueurs détruit les débutants de Vifargent en quinze minutes avec un pointage final de douze à trente.

— Nous nous reverrons dans une demi-saison lors de la première partie de pratique pendant laquelle l’équipe de Coeurdoré affrontera Sombrelame sur le terrain principal qui se trouve en dehors du territoire des académies. Toutes les parties officielles seront là.

Azéna était toujours en rogne contre le fait qu’elle ne pouvait pas participer au skotar cette année.

— C’est de l’injustice ! déclara-t-elle en se leva brusquement.

Fayne et Teriondil n’eurent pas le temps de la questionner ; celle-ci était déjà montée sur son dragon. Tyrath déploya ses ailes et s’envola vers le terrain de skotar. Il atterrit devant Nymia qui s’était arrêté pour observer la jeune dragonnière s’approcher.

— Impressionnant pour une personne qui n’a jamais appris à monter un dragon, complimenta-t-elle en haussant un sourcil interrogateur.

— J’ai pratiquée par moi-même et j’ai appris avec l’aide d’un ami, répliqua sèchement Azéna. Ainsi, j’exige qu’on me donne une chance de me prouver au skotar.

— Je suis désolée, mais il est trop tard et les règlements stipulent clairement que tout apprenti n’ayant pas passé le premier cours de vol et leurs bases en maîtrise élémentaires ne pourra tenter sa chance au skotar. Alors, c’est non et ceci est final.

Nymia reprit la route en direction de l’académie, son dragon sur ses talons.

— Est-ce qu’Arièlla a eu cette chance tout simplement parce que sa chère mère lui a accordé une permission spéciale ? accusa Azéna avec froideur.

La cadence de Nymia ralentit considérablement, puis la gardienne s’immobilisa. Ses yeux noisette se fixèrent sur ceux d’Azéna.

— Sachez que je suis juste et que je n’accorde aucun bénéfice à Arièlla simplement parce qu’elle partage mon sang.

— Alors, expliquez-moi sa situation, ordonna Azéna.

Nymia fit face à Azéna et fronça ses sourcils.

— Elle a été exemptée de ces cours en raison de ses expériences durant sa jeunesse.

Puis, l’humaine partie sans accordé un moment de plus à Azéna. Celle-ci comprit le message sous-entendu qu’avait tenté de lui dire Nymia. Puisque c’était sa mère, la jeune Valkirel avait grandi entourée de dragons. C’était donc normal qu’elle en connaisse un peu plus que les autres.

Malgré tout, Azéna ne put s’empêcher de se sentir comme si le personnel de l’académie privilégiait Arièlla ce qui était très injuste à ses yeux.

— Vient Tyrath, murmura-t-elle à son dragon.

Elle se dirigea vers le centre du terrain où les quatre équipes de skotar se trouvaient. Les yeux violets du drake se posèrent sur sa dragonnière et il lui donna une poussée amicale avec son énorme museau. Cet acte redonna le sourire à la jeune adolescente.

— J’aimerai tant pouvoir te parler sans que tu doives utiliser des gestes bizarres pour te faire comprendre, se lamenta Azéna en fixant tristement son dragon.

Tyrath se lamenta.

— Bientôt, murmura-t-elle alors qu’un sourire à demi-triste se dessina sur ses lèvres.

Le drake traça le mot skotar dans le sol à l’aide de la griffe de son index. Azéna secoua la tête négativement.

— On ne peut pas. C’est injuste mais, c’est comme ça.

L’expression faciale du dragon s’assombrit. Il grogna et se remit à écrire dans la terre molle. Cette-fois, il dessina une flèche. Azéna la suivit du regard et fut aveuglée par les rayons puissants des deux soleils.

— Avancer vers les soleils ?

Tyrath continua tout simplement de la fixer avec détermination.

— Avancer, continua-t-elle. Voir le futur ? L’an prochain...

Puis, elle comprit ce qu’essayait de lui dire Tyrath

— Bien sûr. La détermination. C’est ça que tu veux me dire. On s’entraînera et on fera partie d’une équipe de skotar.

Tyrath semblait satisfait de lui-même.

Au loin, quelques joueurs de skotar desquels leur uniforme avait retrouvé leurs couleurs d’équipe maintenant qu’ils étaient officiellement membre s’étaient rassemblés et se querellaient. Une dispute entre l’une des joueuses de Sombrelame et Arièlla avait éclaté. Les deux dragonnières étaient face à face et s’engueulaient tandis que les autres joueurs les regardaient avec ébahissement sans trop savoir quoi faire. Azéna et Tyrath décidèrent de rester à l’écart et observèrent la scène.

— C’était quoi ton foutu problème et celui de ton dragon de me foncer dedans et d’arracher les écailles de Zurof ? questionna Lythrana avec fureur. Il lui en manque trois !

— Tu n’avais qu’à ne pas me provoquer ! répliqua sèchement Arièlla. De plus, ce n’était pas mon intention d’endommager ses écailles, mais c’est vrai que je voulais vous gêner.

— Ça suffit ! s’écria l’un des joueurs de Sombrelame qui s’approcha des deux filles. Arrêtez !

Nymfrein agrippa l’épaule de sa sœur jumelle et jeta un regard sévère aux deux dragonnières rouges.

— Tu devrais lui apprendre les bonnes manières, lâcha Arièlla au défendeur.

Elle tourna les talons et partit en trombe. Le demi-elfe gris tira sa sœur vers lui. Lythrana baissa le regard mais, se laissa faire. Son frère soupira longuement alors qu’il la serra contre lui.

— Vas-tu encore faire de toi une bagarreuse et te mettre dans tous les pétrins possibles en étant dans le skotar ? demanda-t-il d’une voix douce.

— J’aime ce jeu, répondit-elle après un moment de silence. Alors, oui, je vais rester.

Nymfrein relâcha sa sœur et se dirigea vers Serfantor avec du désagrément dans ses yeux.

— Tu peux prendre Ragnor Cyhtra pour ton défenseur, Serfantor. Je me résigne. Je ne me sens pas à ma place ici.

— Quoi ? s’écria Serfantor. Tu ne peux pas. Tu es le meilleur défenseur de cette équipe !

— Désolé.

Nymfrein monta sa dragonne et accorda un sourire à sa sœur qui évita son regard. La dragonne blanche s’envola en direction du Grand Nid. La tension ne faisait que monter en flèche et Azéna devint mal à l’aise à les observer. Le crépuscule teintait le ciel d’un doux gris qui allait rapidement s’assombrir en la présence de la lune noire de la saison de la mort.

Azéna ramena Tyrath au Grand Nid puis rentra à l’académie. Alors qu’elle traversait les portes menant à l’enceinte, elle croisa Arièlla qui se dirigeait dans la direction opposée.

— Alors, tu as trouvé que j’excellais dans le skotar ? demanda Arièlla avec une arrogance irritable.

— Tu ne possèdes vraiment pas la capacité de te la fermer lorsque c’est le temps, répliqua Azéna.

Les deux dragonnières s’étaient arrêtées pour se fixer avec défiance. Les brises froides ne les affectaient soudainement plus. La rage et le désir d’écraser dominaient de leurs corps. Azéna serra les poings et Arièlla l’imita.

— Que se passe-t-il ici ? demanda un homme.

La voix évoqua un sentiment de crainte en Azéna. Elle recula de deux pas. Reaginn Ruvior émergea des ombres. Il examina les deux apprenties et un sourire mauvais se dessina sur ses minces lèvres.

— Vous savez très bien que les règlements interdisent toute forme de violence à l’académie sauf avec la permission et en présence d’un membre du personnel.

— Personne ne l’a empêché de s’en prendre aux joueurs de l’équipe de Sombrelame, déclara Azéna en parlant d’Arièlla.

— C’est différent, Apprentie Kindirah. Quoi qu’il en soit, je crois que vous méritez toutes les deux qu’on vous rappelle ce qu’est la politesse.

Le regard furieux d’Arièlla fut transformé par la crainte. Azéna se battait contre sa conscience pour ne pas perdre son sang-froid. Reaginn baissa un sourcil comme si la réaction des deux apprenties l’intéressait grandement. Azéna serra les dents.

Reaginn attendit quelques précieux moments en fixant les deux adolescentes comme s’il espérait qu’elles allaient commettre un crime.

— Dans deux jours, après les cours, rendez-vous à l’entrée ouest de la Tour Mère.

Il disparut dans l’ombre. Cette nuit-là était bercée d’une noirceur totale. La lune était aussi sombre que du charbon. Le début de la saison de la mort était sans pitié.

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