13 - Intimidation

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23e jour de la saison de la faux 2447

La moitié de la saison de la faux s'était écoulée depuis le début de l'année scolaire. Azéna n'avait aucun cours qui était donné par Reaginn ou Vyrius, ce qui lui plaisait plus ou moins. Au fond d'elle-même, elle était consciente de son désir à les envoyer promener pour leur plaisir à torturer les apprentis. D'un autre côté, elle exprimait un besoin de sécurité. Les avertissements d'Édredon traînaient dans son esprit. De plus, elle se faisait respecter ici et s'amusait bien en compagnie de ses camarades dragons et dragonniers.

Chaque soir, le trio allait rendre visite à leur dragon puisqu'ils ne les voyaient pas en classe. Azéna n'avait pas encore convaincu Fayne de monter Buhrik. L'herboriste refusait avec insistance et parfois, avec colère. Elle semblait renier quelque chose. Tout-de-même, l’archère encourageait son amie presqu'à tous les soirs en tentant de lui faire comprendre qu'il fallait faire confiance à son dragon. Teriondil devait la réconforter chaque fois que la Kindirah menaçait de la kidnapper durant la nuit pour la forcer à monter sur Tyrath avec elle. Les deux amis savaient trop bien que la dame de Daigorn pourrait le faire si elle le voulait vraiment, mais elle n’aurait jamais agi sur ses paroles.

Fayne avait déjà la plus haute moyenne des premières années dû aux nombreuses heures d'études qu'elle dédiait à chaque cours. Tous les sujets l’intéressaient contrairement à Azéna et Teriondil qui avaient chacun leurs préférences. Ces intérêts distingués reflétaient d'ailleurs sur leurs notes. Fayne devait aider ses amis dans les cours où ils éprouvaient de la difficulté, mais elle ne s'en plaignait guère car elle aimait le faire.

En cette journée de fin de semaine, Azéna poussa un grognement de frustration alors qu'elle relut le texte de son livre de karsayrethrès pour la dixième fois.

— Je ne comprends pas. Comment se fait-il que tu comprennes si facilement ce charabia ?

— Ce n'est pas ma faute que tu possèdes la mémoire d'un poisson rouge, répliqua Fayne avec patience.

— Essaie de m'apprendre à nouveau, dit Azéna en grinçant les dents.

— Je dois me concentrer sur mon devoir aussi. Allez, pratiques par toi-même. Désolé Azéna. J'ai perdu trop de temps aujourd'hui à t'aider. J'ai foi en toi.

— Ouais, murmura Azéna. J'ai seulement la mémoire d'un poisson rouge.

La dragonnière grise pesa sur sa plume avec une force exagéré. L'encre se déversa et tacha le parchemin d'une flaque noire. Fayne ignora la conduite d'Azéna et continua son travail. Teriondil soupira et fixa la jeune herboriste avec des yeux de chiots. Cette dernière leva les épaules, le laissant dans sa misère.

— Bon, je vais tenter de t'expliquer, décida l’elfe qui désirait supporter son amie rebelle.

Le silence régnait pour une des rares fois dans le Hall d'Archlan. Les deux amis s'entre-aidaient en chuchotant. Debout devant la table du personnel, Terenas les observait avec autant de curiosité que de fierté. Il sonda la salle qui n'était animé que par quelques personnes. La plupart étant des apprentis, ceux-ci étudiaient ou faisaient leur devoir. Le plus important d'après lui c'était que chacun fasse preuve d'efforts.

— Les apprentis de première année s'adaptent à merveille.

Le grand maître sourit ; il ne s'adressait à personne particulier.

— La plupart d'entre eux, répondit une femme.

Fiara Blakar était assise à la table derrière lui. Elle accorda un bref regard à la personne à sa gauche. Vêtu de son habituel habit de rôdeur ainsi que de sa cape à capuchon noire, Reaginn l'ignora du mieux qu'il le put. Malgré ses efforts, il remarqua le sourire moqueur que Fiara lui accorda et sa patience se vida soudainement.

— Laisse-le donc tranquille, ordonna Neige qui était assise à la droite de sa sœur. Franchement, tu es ici pour enseigner et non pour être une peste.

Fiara détacha son regard de Reaginn et se mit à discuter avec sa sœur. Le maître de la survie oublia cet acte irritable, discuta pendant une demi-heure avec Terenas puis, disparut dans un corridor. Vyrius l'attendait dans un coin sombre et le suivit. Azéna les aperçut et sa curiosité prit le dessus de ses priorités. Pourquoi est-ce que ses deux maîtres étaient toujours ensemble ? Et lorsque ce n'était pas le cas, Vyrius attendait Reaginn à proximité. Il fallait qu'elle sache. C'était trop louche.

Teriondil était toujours en train de lui expliquer leur devoir. Il ne s'était même pas rendu compte qu'Azéna ne l'écoutait plus.

— Assure-toi bien de prononcer correctement, disait l'elfe. Il n'y a pas une grosse différence entre tuer et chanter dans cette langue. Je trouve ça vraiment étrange, mais bon...

— Mhmm, marmonna Azéna. Je reviens. Je vais aux toilettes.

Teriondil la regarda partir avec hâte dans la même direction que Reaginn et Vyrius.

— Les toilettes ne sont pas par-là ! Mais qu’est-ce qu’elle fabrique encore celle-là ?

Azéna était déjà trop loin pour lui répondre. Elle avait beau faire des gros efforts pour rattraper les deux maîtres, mais ce fut en vain. Elle ne les trouva pas. À une intersection, elle choisit un chemin au hasard en espérant que sa décision allait porter fruit. Elle longea le corridor jusqu'à une nouvelle intersection à laquelle elle s'arrêta nette.

— Idiot ! vociféra une voix masculine qui provenait du corridor suivant. Qu'est-ce que tu fous ?

Azéna se plaqua contre le mur de pierre sombre et écouta. Elle entendit des murmures incompréhensibles. D'après les tons de voix, le premier était en colère. Le deuxième semblait terrorisé.

— Je... J'essaie..., bégaya la voix traumatisée. C'est une tâche ardue. Il faut me comprendre...

Azéna jeta un bref coup d'œil et aperçut un elfe plutôt grand à la peau d'un gris médium et aux longs cheveux d'un argentée sublime. Ses petits yeux gris étaient dominés par la rage. Il tenait un garçon bien plus court que lui par le collet. Les deux portaient un uniforme d'apprenti dragonnier.

— Ce n'est certainement pas ta rousseur et ton regard de chien battu qui vont te sauver la prochaine fois Gragèn, menaça l'elfe gris.

Azéna vu toute la frayeur qu'il y avait dans les yeux émeraude du jeune humain terrorisé et toute la sévérité et étrangement, la familiarité dans ceux de son assaillant.

— Serfantor... S'il te plaît..., implora Gragèn.

— Je t'ai dit non et te le répèterai autant de fois que nécessaire, répliqua sèchement l’elfe gris

— Mais, je ne veux pas ! Je ne veux plus !

— Cesse d'écouter cet imbécile et fait ce que je te dis.

Azéna sentit son cœur battre dans sa poitrine. Elle avait été souvent victime d'intimidation dans sa ville natale. Quand elle était plus jeune, elle pleurait et se cachait. Après un moment, quand son corps grandit assez pour lui apporter de la confiance, elle avait commencé à se débattre. Tant de fois elle s'était défendu soit en se livrant à des combats de poing ou en maudissant ses harceleurs, ils ne cessaient de la tourmenter. Tous ces sentiments amers remontèrent à la surface et elle dut se concentrer à ne pas exploser de rage.

Une faiblesse dans la jambe droite trahit l'immobilité d'Azéna. Celle-ci glissa mais elle retrouva son équilibre en utilisant le mur pour s’accoter dessus. La tête fermement contre la pierre froide, elle espérait que Serfantor ne l'ait pas remarqué. Elle retint sa respiration haletante.

— On se reverra plus tard, Ross, dit l’elfe gris sur un ton froid et impatient.

Azéna entendit des pas pressés s'évanouir au loin. L’apprenti aîné était sûrement parti, mais elle n'osa pas jeter un coup d'œil. Elle rebroussa chemin avec hâte, laissant Gragèn seul et misérable.

Lorsqu'elle fit éruption au Hall d'Archlan, ses deux amis cessèrent d’étudier et la fixèrent avec incrédulité.

— Il s'est passé quelque chose ? demanda Fayne, inquiète.

— En fait..., commença Azéna.

Elle s'interrompit pour vérifier s'il avait quelqu'un à proximité. Il n'y avait personne.

— Je n'ai pas vraiment été aux toilettes.

— Je te l'avais dit, triompha Fayne à Teriondil.

Ce dernier haussa un sourcil confus.

— D'accord, répliqua-t-il avec défaite. T'as gagnée. Je ne la connais pas aussi bien que toi.

— Ne t'inquiète pas. Ça viendra assez rapidement. Elle n'est pas très compliquée.

— Voulez-vous bien m'écouter ! aboya Azéna, frappant la table de ses poings.

— Ça va, ça va, répondit Fayne. Calme-toi. On t'écoute.

Azéna leur raconta ce qui s'était passé. Elle jeta fréquemment des coups d'œil par-dessus son épaule. Elle voulait s'assurée que personne ne les entende. Lorsqu'elle approcha la fin de son récit, elle était si paranoïaque qu'elle exigea d'aller prendre une marche au Grand Nid.

Quelques minutes plus tard, le trio arriva devant la série de grottes sombres desquelles entraient et sortaient plusieurs dragons de toutes les couleurs et grandeurs. Enfin, Azéna termina son récit.

— Alors quoi ? demanda Teriondil.

— Pense-s'y, répondit Azéna. On dirait que Gragèn s'organise toujours pour être en retard depuis la première semaine. Il a des excuses idiotes à chaque fois.

— Il n'a pas l'air d'un rebelle ni de quelqu'un de méchant... Il n'a pas l'attitude pour l'être.

— Cesse de juger les gens, accusa fermement Fayne. On ne sait jamais.

— Tu proposes quoi alors ? fit Azéna. Ça me rend folle de voir quelqu'un se faire intimider comme ça.

Elle se dirigea vers la grotte du vol gris. Elle siffla et Tyrath arriva en courant, tellement réjoui de voir sa dragonnière qu'il faillit lui briser un os en lui sautant dessus.

— Non mais, il faut vraiment que t'arrête ça, accusa l’archère en rigolant malgré la discussion sombre.

Le drake lui lécha le visage entier avec sa grosse langue humide, se dandina l'arrière-train en libérant sa dragonnière. Azéna essaya de se relever, mais son épaule gauche fut paralysé par une vague de douleur, sûrement faute au poids que Tyrath lui avait infligé. Elle se traîna jusqu'à un arbre duquel elle arracha une feuille sur une branche basse pour s'essuyer le visage.

— Beurk. T'es vraiment dégoûtant.

— Vous êtes parfaits l'un pour l'autre, dit Fayne en souriant.

Tyrath hurla son approbation et balança sa queue comme un fouet dans les airs.

— Ça veut dire quoi ça au juste ? questionna Azéna en dardant son amie des yeux.

— Oh rien du tout, ricana Fayne.

Elle et Teriondil appelèrent leur propre dragon et ceux-ci firent éruption de leur grotte respective. Azéna réussit à se lever avec l'aide de Fayne et de Buhrik. Ella gronda Tyrath qui l'ignora en s'amusant avec une libellule rose.

— Allez viens Tyrath, appela Azéna. On va aller tuer le temps au terrain de skotar.

Le drake obéit et en chemin, il renifla les cheveux de sa dragonnière jusqu'à ce qu'ils soient ébouriffés.

— Merde, t'es en forme aujourd'hui mon gars, complimenta Azéna. As-tu trop manger de sucre ? Nah, c'est impossible.

Tyrath hocha la tête, tout fier de lui. Azéna leva un sourcil, incapable de comprendre comment son partenaire avait pu trouver des friandises.

— Il a effrayé un pauvre humain drake qui marchait près du Grand Nid, expliqua Ella dans un soupire. Celui-ci a oublié ses friandises derrière et Tyrath les as dévorés sans une simple pensée, comme une sangsue.

— Bah dis donc, dit Azéna en reprenant son souffle après avoir ri comme une démente. Il est génial ce dragon.

Un instant plus tard, Azéna remarqua qu'elle était la seule à trouver cette anecdote marrante. Ella semblait inquiète, Teriondil regardait les nuages depuis le dos de sa dragonne tandis que Fayne et Buhrik étaient tous deux d'accord sur ce qui venait de se passer.

— Mouais, dit Fayne avec un soupçon de sarcasme. Parfait l'un pour l'autre.

Buhrik gloussa légèrement et secoua la tête un peu comme un cheval essayant de réaligner sa crinière.

— Attendez, dit Azéna avec un choc soudain. Qu'est-ce qu'un humain drake ?

— Les dragons ont un dialecte étrange, expliqua Teriondil dans une voix rêveuse. Ils utilisent parfois les termes de leur peuple pour caractériser d'autres races. Dans ce cas, un drake est un dragon enfant. Donc, Ella disait simplement un humain enfant.

Il a pris une gorgée de son thé mystérieux qu'il traînait partout avec lui et se retourna pour regarder les nuages. Parfois, Azéna se demandait s'il écoutait en tout temps ou partiellement.

— Bon ça va, déclara-t-elle. Pouvons-nous revenir au sujet initial maintenant ?

Elle se libéra de Fayne et de Buhrik, maintenant que son épaule était en meilleur état. Elle fit des mouvements de rotations avec ses bras pour étirer ses muscles puis fit craquer ses os.

— Merdique que ça fait du bien, exprima-t-elle, soulagée.

Tyrath se mit à se dandiner l'arrière-train encore une fois comme s'il se préparait à sauter sur sa proie aux cheveux argentés. Affolée, Azéna leva les bras en guise de bouclier.

— Non ! ordonna-t-elle d'une voix autoritaire. Tu m'as presque disloqué une épaule la dernière fois.

Le drake la fixa de ses yeux globuleux. Azéna n'était pas certaine qu'il comprenne pourquoi elle lui disait non. Elle ramassa une branche qui gisait sur le chemin de terre et la lança au loin dans un champ. Tyrath se dépêcha pour aller la chercher. Il éclaboussa de la terre sur Ella dans son sillage. La dragonne verte secoua son corps et grogna légèrement.

— Allez du calme, dit Teriondil en flattant le flanc de son interlocutrice. Vois le ciel comme il est magnifique, tellement précieux.

L'elfe sylvain commença à fredonner un air apaisant. Ella soupira et obéit. Elle sembla se calmer relativement rapidement. Une chance que Teriondil ait l'âme la plus apaisante du groupe ; ça créait un bel équilibre avec l’instinct sauvage d’Ella. Tyrath laissa Azéna tranquille pour le moment, occupé à déchiqueter sa branche alors que le trio et leurs compagnons se dirigèrent vers le terrain inanimé de skotar.

Fayne recommença la discussion :

— Donc, j'y ai pensé et je crois que Gragèn veut être dans le donjon pour une raison quelconque. Ce n'est pas très difficile à comprendre pourquoi avec les rumeurs qui circulent dans nos cours.

— Il veut voler quelque chose, répondit fermement Azéna.

— Tu réfléchis, se moqua gentiment l'herboriste. C'est déjà un bel avancement.

La dragonnière grise lui lança un regard défiant et retint sa langue.

— J'en conclus donc qu'il doit vouloir, comme la plupart des apprentis, la plume qui révèle toutes les bonnes réponses, continua Fayne.

— On la connait aussi sous le nom de l'Œil du Savoir, informa Teriondil.

— Mmmm... Je ne sais pas trop, répliqua la Kindirah en fixant le sol. La réaction d'Arièlla me laisse croire qu’elle n’existe pas. Cependant, il est fort possible que des armes légendaires s’y trouve.

— Et pourquoi Serfantor en aurait besoin ? demanda la brunette.

— C'est un peu raciste donc, ne soyez pas fixées là-dessus, mais d'après mon expérience et d'après les histoires des autres, les elfes gris désirent communément de s’approprier de pouvoir d'une façon ou d'une autre, expliqua Teriondil. J'ai quand-même l'impression que l'Œil du Savoir est sa cible.

— Une arme me semble plus puissante, remarqua Azéna.

— Réfléchit bien avant de conclure, commenta Fayne à son amie. Qu'est-ce que tu obtiens si tu excelles à l'académie ?

Une pause et le regard confus de son amie lui donna sa réponse : elle n'avait aucune idée mis à part l'évidence que de laissé une bonne impression à ses supérieurs.

— Des promotions, des titres et en conséquence, du pouvoir, continua-t-elle. Monter l'échelle est beaucoup plus gratifiant qu'une arme. En plus, l'arme serait beaucoup plus difficile à cacher.

— Très brillant comme déduction, complimenta Buhrik. D'ailleurs, nous y sommes. Voici ce que tu voulais tant voir depuis un moment Azéna : le terrain de skotar.

La rebelle s’immobilisa et fixa les énormes hexagones métalliques qui flottaient dans le vide. Il y en avait deux ; un de chaque côté du terrain comme Teriondil lui avait décrit. Ils devaient être à une centaine de mètres du sol et étaient environs deux mètres de haut. Azéna observa le ciel d'un bleu similaire à celui de ses yeux. Celui-ci étant presque dépourvu de nuage. Le deuxième soleil était un peu plus éloigné que le premier. Leurs rayons doux faisaient luire la chevelure pâle d'Azéna. Bientôt, ils allaient laisser place à la lune. Elle devait s'avouer impressionnée.

— Un jour, c'est nous qui jouerons dans une équipe là-haut, déclara-t-elle. Pas vrai mon champion des cieux ?

Pas de réponse. Elle se tourna et remarqua que Tyrath était toujours préoccupé par sa branche qui était sur le point de fendre en deux. Elle soupira et glissa sa main le long de son visage en guise de découragement.

— Je suis certaine que tu deviendras une excellente joueuse de skotar, encouragea Fayne.

Azéna laissa échapper un petit rire nerveux et changea de sujet :

— Alors, qui est Serfantor ? demanda-t-elle. Il n'est pas de notre année.

— En effet, répliqua Teriondil. C'est un prince de la famille Diramin, la famille royale des elfes gris.

Les yeux de Fayne s'écarquillèrent avec surprise.

— C'est donc le frère de Katanor ?

— Plus précisément, son plus vieux frère, continua Teriondil. Il est présentement en troisième année. Si ma mémoire ne me trompe pas, il a ton âge Fayne.

— Je savais qu'il avait un air familier, murmura Azéna.

— Mais, continua Teriondil, il n'a jamais été un trouble-fête. Pas à mon savoir en tout cas. Normalement, il est plutôt réservé et mystérieux. Présentement, son comportement est inhabituel.

— Pourquoi s'en prendrait-il soudainement à un seul apprenti et en plus, un de première année ? questionna Fayne.

Personne ne dit un mot. Azéna avait une réponse en tête. Elle se demandait si elle était la seule à remarquer que Gragèn avait un caractère extrêmement influençable et qu'il était facile à manipuler. Une parfaite cible à utiliser comme pantin.

Azéna leva les yeux vers le ciel et se demanda s'il existait vraiment une force supérieure ; une divinité quelconque. Il y en avait tant de différentes qu'elle en restait sceptique. À ses yeux, les seuls êtres supérieurs étaient les dragons. Ils étaient les premiers êtres à marcher sur les landes d’Aerinda et les véritables gardiens de ce monde. À ce temps, plusieurs mortels les croyaient dangereux en raison de vieilles légendes souvent fautives. Le commun des mortels croyait que les dragonniers les domptaient et non qu'ils travaillaient en équipes.

Quelles bandes d'idiots, songea Azéna. Dire que j'étais l'une des leurs il y a seulement une demi-saison.

— Azéna ? appela Fayne.

Le regard d'Azéna se figea sur Fayne qui la dévisageait d'un air inquiet. Elle se rendit compte qu'elle était restée derrière, perdue dans ses songes.

— Combien de temps reste-t-il avant qu'on doive retourner à nos dortoirs ? demanda-t-elle en les rattrapant.

— Je dirai environs une demi-heure, répliqua Fayne. Relaxe un peu. On trouvera un moyen d'aider Gragèn plus tard.

Le groupe d'amis s'installa près du terrain de skotar sur l'herbe. Pendant leur dernière demi-heure, Azéna et Tyrath s'amusèrent à se défier à des courses. La jeune rebelle avait l'esprit tenace et ne renonçait pas malgré ses défaites consécutives. Buhrik, Ella et Fayne discutaient de leurs vies au quotidien. Fayne interrogeaient les dragons qui surent répondre à la plupart. Teriondil se reposait, le dos contre la patte d'Ella en buvant son breuvage. Il ne prêtait pas attention aux autres et semblait en transe de méditation pour la plupart du temps. Très attachée à son dragonnier qu'elle protégeait comme la prunelle de ses yeux, la dragonne verte l'entoura tendrement avec sa longue queue.

La demi-heure passa rapidement et le crépuscule était tombé. Le ciel était maintenant teinté d'un brun pâle très doux. La couleur des écailles de Tyrath en avait été affectée. On aurait dit qu'il appartenait au vol brun. Celui-ci fixait Azéna qui était tombée au sol avec une humeur contrarié. Il émit une lamentation.

— Pas ce soir Tyrath, dit Azéna. Tu en as pas eu assez ? Bonté divine, tu vas me faire mourir ! Je suis épuisée à la fin…

Le drake argenté, déçu de ne pas pouvoir voler avec sa dragonnière, grognassa et bouda.

— On se lève enfants, se moqua Fayne gentiment. Il est temps de rentrer.

Tyrath lécha le sommet de la tête d'Azéna et émit un ronronnement afin de se faire pardonner de son tempérament, seulement son geste eut pour effet de vexer la dame de Daigorn.

— Oh espèce de chenapan ! s'exclama Azéna en levant un poing vers le ciel. Je vais me venger, tu vas voir !

Elle se leva avec peine et misère, haletante et les jambes tremblantes. Elle ne fut pas en mesure de s'avancer vers lui, tellement elle avait mal.

— C'est trop dur ! déclara-t-elle. Je renonce.

— Tu as trouvé chaussure à ton pied, dit Fayne. Je ne pensais pas que ça allait arriver un jour. Tu as une endurance élevée et un esprit têtu.

Tyrath rigola et rejoignit les deux autres dragons qui étaient maintenant en route pour le Grand Nid.

— Pour être franche, je fais face à un dragon, riposta Azéna. C'est un peu injuste.

Fayne ne l'écoutait pas ; elle était distraite et observait les horizons au loin.

— Hé ! appela Azéna avec rogne.

— Regardez là-bas ! s'exclama l’herboriste en pointant en direction de la mer qui se trouvait derrière l'académie, le terrain de skotar et l'écurie. Qui-est-ce ?

Le trio s'arrêta et leurs dragons firent de même après qu'ils eurent remarqués que leurs coéquipiers s'étaient immobilisés. Une courte et frêle silhouette humanoïde marchait lentement au bord de l'étendue d'eau calme. Azéna plissa des yeux en se concentrant pour déterminée les détails de l'ombre.

— C'est un apprenti d'après son habillement.

— Essaie de voir qui s'est Teri, demanda Fayne. Tu as de meilleurs yeux que nous puisque tu es un elfe.

L'elfe sylvain hocha la tête et examina brièvement la silhouette.

— C'est un garçon roux de courte taille. Il me semble traumatisé par quelque chose. Peut-être est-il nerveux ? D’après moi, il aurait besoin d’une bonne tasse de thé. C’est bon pour calmer les nerfs après une journée chargée.

— Continue de nous le décrire, soupira l’archère en roulant les yeux. On s’inventera des histoires et des suggestions plus tard.

— Oui bon… Il a les yeux vert émeraude, un visage rond et il semble à peut près de notre âge.

— C'est Gragèn Ross ! déclarèrent les deux filles dans une synchronisation parfaite.

— Ah bon ?

— Tu ne te rappelles jamais de grand-chose, ricana Azéna.

— Pendant chaque cours, le maître doit se répéter trois fois lorsqu'il te parle, confirma Fayne.

— Peut-être, dit Teriondil avec nonchalance.

— Bon, j'y vais, déclara Azéna. C'est notre chance de lui parler seul.

Elle se mit en route pour rejoindre Gragèn, mais elle fut brusquement arrêtée par quelqu'un qui tira sa cape vers l'arrière.

— Non ! s'écria Fayne. Attends, un instant.

Sa victime faillit basculer, momentanément étranglée. Elle rétablit son équilibre et se frotta la gorge.

— Pourquoi ? dit-elle d'une voix rauque.

— Il se fait tard, souffla la brunette. Nous n'avons pas le temps pour cela. De plus, si quelqu'un devait y aller, ça devrait être moi.

— Pfft... Il est loin d'être trop tard et pourquoi toi ?

— Parce que je suis beaucoup plus douce, sensible et patiente que toi.

— Et alors ?

— Alors, je m'occupe des situations délicates.

— Ça ne veut pas dire que je ne peux pas le faire.

— Tu es loin d'être la personne la plus compréhensive et pacifique d'Aerinda. Pour l'amour de l'Aspérule Blanche, cesse de faire ta tête de cochon.

— Alors, va-s'y, grogna Azéna en se croisant les bras. Montre-nous tes pouvoirs diplomatiques.

Fayne s'avança en direction de la mer, mais après quelques mètres, elle s'arrêta pour jeter un coup d'œil à ses deux amis qui attendaient qu'elle accomplisse sa mission. Azéna, toujours les bras croisés et qui tapait du pied, la fixa d'un regard sévère. Elle lui fit signe de continuer d'avancer, mais la Litfow rebroussa son chemin.

— Peur qu'il te morde ? questionna la rebelle.

— Non, répliqua son amie. Je suis juste...

— Oh, laisse tomber. Je vais y aller.

Elle se mit en route et ne détourna pas le regard de sa cible jusqu'à ce qu'elle ne l'atteigne. Gragèn, trop préoccupé par ses pensées, ne la vit pas arriver et sursauta lorsqu'une main se posa sur son épaule.

— Qu-qui est là ?

Sa voix tremblait et il n'osa pas se retourner. Azéna prit le temps de réfléchir à ses mots avec prudence. Elle voulait s'assurer de sa victoire.

— Une amie. Ne t'inquiète pas.

Gragèn soupira de soulagement lorsqu'il entendit la voix d'Azéna. Son corps se détendit et il fit volte-face. Azéna le fixa de ses yeux sévères qu'elle tentait misérablement de changer pour qu'ils deviennent doux.

— Alors, Gragèn... Est-ce que... Enfin, est-ce que Serfantor te fait du mal ?

Le jeune adolescent recula et son expression faciale se tordit sous l'influence de la frayeur. Il tourna les talons. Ce fut à ce moment qu'Azéna réalisa qu'elle avait du chemin à faire avant d'atteindre le tact dont Fayne pouvait faire preuve. Elle avait été trop directe encore une fois.

— I-il ne se passe rien du tout ! s’exclama-t-il Gragèn nerveusement.

Azéna ne perdit pas de temps à le contempler partir. Elle le suivit et l'attrapa par le bras.

— S'il te plaît, je veux t'aider.

Le roux ne dit rien. Il tira son bras hors de l'emprise de son interlocutrice et continua son chemin.

— Gragèn ! hurla Azéna.

Mais, le garçon pressa le pas. Azéna abandonna malgré son entêtement. Elle retourna auprès de ses amis mais ne s'arrêta pas devant eux. À la place, en rogne et gênée par son échec, elle continua en direction du Grand Nid. Ses compagnons la suivirent. Fayne ouvrit la bouche mais l’archère la coupa avant qu'elle ne prononce un mot.

— C'est difficile la diplomatie. Tu m'avais avertie. Pas la peine de me réprimander.

L’herboriste resta bouche-bée sur le coup. Après un moment, elle répliqua :

— Il va falloir que tu travail ton tact. Les dragonniers priorisent la diplomatie, tu le sais bien.

— Au moins, j'ai essayé, moi.

Elle lança un regard frustré en direction de Fayne et fit une pause pour déglutir.

— Je serai un gardien. Je resterai en place sans rien dire jusqu'à ce qu'on me donne l'ordre d'attaquer. Ce sera mieux pour le taux de réussite de la mission.

— Ne t'abat pas, répondit la Litfow. Tu apprendras. Mais, je te vois bien remplir ce rôle ; celui d'une puissante guerrière.

Azéna ne put s'empêcher de sourire, mais au plus profond d'elle-même, elle souhaitait devenir une grande dragonnière dont on se souviendrait. Comment s’y prendrait-elle ? Elle n'en savait trop rien pour le moment. D’autant plus qu’elle ne savait même pas en quoi elle allait se spécialiser. Clairement, elle n'allait pas devenir une ratée. Selon elle, elle avait les deux meilleurs amis du monde et elle était heureuse de sa performance en général malgré ses faiblesses. Il était donc hors de question qu'elle reste derrière. Dans son euphorie du moment, la Kindirah poussa un léger rire et passa son bras autour des épaules de ses amis. Tyrath poussa un grognement de jalousie, poussant sa partenaire à lever la tête pour le regarder.

— Je t'aime toi aussi.

Le drake rouspéta, gêné de la réplique de sa cavalière et évita son regard.

✦×✦

Une fois de retour au Grand Nid, les dragons partirent dans leur grotte respective.

— Ella, dit Azéna. Attends.

La dragonne verte, à moitié dissimulée dans l'ombre de la caverne, détourna la tête. Ses sublimes yeux qui brillaient dans la noirceur se fixèrent sur ceux d'Azéna.

— Peux-tu questionner le dragon de Gragèn ? lui demanda Azéna.

Elle ne lâcha pas Ella des yeux en signe de respect. Ella baissa la tête en signe approbatif.

— Ce sera fait, ronronna-t-elle alors qu'elle disparut dans les profondeurs de la caverne

— Intelligente, complimenta Fayne à Azéna.

Elle donna un petit coup de coude d'encouragement dans les côtes de son amie.

Le trio se mit en route vers l'entrée principale de l'académie. Le deuxième soleil était sur le point de disparaître et la lueur brune de la lune se faisait des plus vibrantes.

— On verra si ça va être fructueux ! déclara Azéna.

✦×✦

La journée suivante, Gragèn s'organisa, encore une fois, pour se faire envoyer en retenue après ses heures de classe. Durant le cours d'histoire, il avait réussi à vexer le pacifiste Magar.

— Gragèn, appela le vieux maître.

Le garçon roux leva les yeux timidement. Sa bouche trembla. Les mots ne sortaient pas. Il savait exactement ce qui allait se produire dans les prochains moments. Depuis son bureau, l’enseignant tenait un parchemin qu'il venait de terminer de lire.

— Peux-tu m'expliquer ces réponses grossières qui se promènent sur mes lèvres alors que je lis ton devoir ?

Il déposa le parchemin et prit une gorgée de son thé à la menthe sans jamais laisser Gragèn échapper à son regard.

— Alors... J'attends.

Un long moment de silence passa. Gragèn ne savait pas quoi dire pour sa défense. Azéna, qui a été témoin de tout ce qui se passait de son bureau, avait un faible pour la situation du garçon roux. Fayne lut son langage corporel et savait ce qu'elle allait faire. Elle secoua la tête lentement en espérant ne pas se faire remarquer par Magar.

— Il était peut-être stressé, informa l’archère.

— Je parle à Apprenti Ross, répondit Magar. S'il vous plaît faites votre devoir, Apprentie Kindirah.

— Mais...

Un sourire bienveillant se dessina sur les lèvres du vieillard.

— Ne vous mettez pas en danger pour quelqu'un qui mérite sa punition alors que vous êtes innocente.

Azéna avait tenté de défendre Gragèn pour gagner sa confiance, mais aussi pour avoir la chance de se retrouver en retenue avec lui. Au contraire, il devint encore plus méfiant.

En sortant de sa dernière période, le roux se dirigea avec hâte en direction de la Tour de la Connaissance, mais fut intercepté par Serfantor. L'elfe gris l'entraîna dans un coin sombre. Azéna les suivit discrètement et se contenta d'écouter leur conversation et de jeter des coups d'œil brefs de temps en temps.

— J'y vais, dit Gragèn en se frottant nerveusement les mains ensemble.

— Cette-fois, j'espère que je serai content lorsque tu sortiras de là, dit l’intimidateur avec froideur.

— Je ne te promets rien, Serfantor... Après toutes les fois que j'ai échouées... Le Maître du Donjon est vigilant.

— Organise-toi pour passer au travers de ses défenses. Ma patience a ses limites.

— Mais... Serfantor...

— J'ai dit organise-toi, siffla le garçon plus âgé, irrité.

Ce dernier avait levé le ton si haut qu'Azéna eut le réflexe de sortir de sa cachette et de se mettre entre les deux. Sur le coup, son courage la tenait droite. Elle fixa l'elfe gris directement dans les yeux. Gragèn avala difficilement tandis que Serfantor resta bouche-bée.

À la suite de quelques secondes de confusion, l’apprenti aîné réalisa ce qui se passait et son visage se tordit d'impatience.

— Si tu ne veux pas avoir à faire à moi, tu devrais apprendre à te mêler de tes affaires, lui conseilla-t-il sur un ton des plus froids. Je n'ai pas le temps pour des enfantillages.

Azéna vu un mouvement de bras comme s'il s'apprêtait à frapper. En fin de compte, il tourna les talons et partit dans un silence glacial.

Gragèn, le front en sueur, se hâta en direction de la Tour de la Connaissance en ignorant Azéna. Cette dernière de son côté resta immobile pendant ce qui sembla des heures. Encore une fois, elle s'était complètement plantée. Plusieurs pensées lui traversèrent l'esprit alors qu'elle essayait de trouver une solution à ce problème de vol et de manipulation. Elle aurait pu se forcer à recevoir des retenues mais ça détruirait sa réputation et ses notes n'aidaient déjà pas à cela. Finalement, elle se résigna à attendre les réponses que leur apporterait Ella ce soir.

✦×✦

Comme prévu, Azéna passa la soirée dans la salle commune de la Tour de la Connaissance en compagnie de Fayne et partiellement de Teriondil car après un moment, il sortit pour aller voir sa valeureuse dragonne verte et récolter de l’information.

— J'ai vraiment été stupide de me mettre entre les deux mais j'étais certaine qu'il allait le frapper ou un truc du genre, expliqua la rebelle à son amie alors qu'elles attendaient le retour de Teriondil.

— Nous n'avons vraiment aucune chance de nous approcher de lui à présent, répondit la brunette en faisant référence à Gragèn.

Avec elles dans la salle commune, il y avait que ce même garçon costaud qui passait la plupart de son temps à observer les dragons par la fenêtre et deux autres apprentis qu'Azéna ne connaissait que par leurs prénoms : Renora et Vorshiènn. Pour passer le temps, Fayne et elle étudièrent leur cours de psychologie draconique.

Teriondil n'arriva qu'un long moment après.

— Alors ? demanda la dragonnière grise avec impatience.

Le buveur de thé prit une grande gorgée de son breuvage qui semblait encore plus gluant qu'habituellement avant de commencer son récit :

— Ella a du passé la journée avec ce dragon rouge déplaisant pour réussir à obtenir un minimum d'information. Pauvre Ella, bénie soit son âme de chasseresse.

— Wow. Il a un dragon rouge, dit Azéna. Ça m'étonne. Il n'a pas l'air d'un gars déterminé avec un caractère de dur.

— Tu oublies que les dragons s'attachent parfois à une âme qui possède une psyché contraire de la leur, expliqua Fayne. C'est probablement le cas pour notre ami. Tu n'écoutes vraiment pas en classe, n'est-ce pas ?

— J'ai sûrement dû louper un bout, répondit Azéna en se grattant la tête.

— De toute façon, qu'est-ce qui se passe ? continua-t-elle en s’adressant à Teriondil.

— Enfin bref, elle m'a répétée les mêmes informations que je vous ais fournis mais, il y avait quelques détails en prime, dit l’elfe.

— Quoi ? Quoi ? demanda Azéna sur un ton surexcité.

— Les parents des Diramin sont des dragonniers déchus extrêmement dangereux. D'après ce qui m'a été dit, ils étaient étudiants à l'Académie d'Isriss. Apparemment, leurs dragons sont décédés dans une horrible guerre civile qui s'est produite quand Serfantor était un nourrisson. Il ne se souviendrait pas.

— Pourquoi leurs fils sont-ils ici ? questionna Fayne.

— Je ne sais pas ce qu'ils ont fait mais ils ont été bannis de l'Académie d'Isriss à la suite du désastre et le grand maître de l’établissement refuse que leurs fils y soient.

— Vigoth ? dit Azéna avec surprise. Ça m'étonne de lui. Il ne semble pas être le genre à donner des sentences et à obéir aux règlements à la lettre.

— C'est peut-être une question de prudence pour les apprentis, en conclut Fayne.

— Il faudrait aller le lui demander.

— Franchement, Azéna. Tu crois vraiment qu'il va nous donner de telles informations personnelles alors que ça pourrait mettre son emploi en jeu ?

L’archère était embêtée par la question. Elle déglutit, nerveuse de ne pas répondre correctement.

— Non ?

— Non. Je ne sais pas pour toi mais je vais me coucher. Il est tard et je vous conseille d'en faire autant.

Azéna regarda l’herboriste monter à leur chambre. Elle n'était pas fatiguée ; elle était encore habituée à son horaire d’oiseau de nuit et le sommeil était difficile à trouver. Elle soupira, énervée par l’inévitable.

— Thé à l'écorce d'érable ? proposa Teriondil en lui montrant une pochette avec des ingrédients étranges à l'intérieur, incluant bien entendu, de l'écorce et des morceaux de sucre d'érable.

— Merci, mais non merci, répondit Azéna. Je suis un peu rabat-joie en ce moment.

— Comme tu voudras.

L’elfe à la chevelure menthe s’occupa à la préparation son thé qu'il buvait à tous les soirs avant d'aller se coucher. La Kindirah remarqua qu'il y ajouta un ingrédient séparément, mais elle n'y prêta pas vraiment attention. Elle l'attendit patiemment et passa une bonne partie de la nuit en sa compagnie.

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