14 - À propos des dragons et de la magie

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45e jour de la saison de la faux 1447

C’était un matin pénible pour Azéna. Elle s’était, encore une fois, levée en retard. Hier soir, elle était restée réveillée durant la moitié de la nuit avec Teriondil à observer la lune qui était maintenant brune foncée tirant sur le noir. Sa nature d’oiseau de nuit l’attirait de temps en temps à faire ce genre de bêtise. Teriondil l’accompagnait dans son délire plus souvent que non. Bien des soirées, ils ne se dirent pas un mot. Teriondil continuait de boire ses thés de toutes les sortes. Une soirée, Azéna failli boire une tasse, mais quelque chose en elle lui fit changer d’avis. À chaque lendemain de ces soirées, Fayne leur remplissait la tête avec ses sermons qu’Azéna trouvait extrêmement ennuyant et que Teriondil ne prenait pas au sérieux.

— Vous êtes mieux que ça, disait-elle en pointant un doigt accusateur.

En secret, Azéna savait que Fayne était plus qu’heureuse qu’elle s’entendait avec l’elfe zen. Elle lui disait qu’il équilibrait sa nature ardente, quoi que cela signifiait.

La saison de la scythe touchait à sa toute fin. Cela faisait maintenant près d’une saison qu’Azéna n’avait pas vue sa famille. Pour être franche, elle s’y était habituée et était très confortable dans sa nouvelle maison.

Elle entra avec presse dans la salle de classe d’anatomie et claqua la porte derrière elle sans faire exprès. Elle avait toujours été un peu dure avec les portes... Maître Ternos interrompit ses explications et fixa la jeune dragonnière dans un silence irrité.

— Désolée, murmura Azéna en accourant à son pupitre.

Comme à son habitude, elle n’avait pas saisi la dernière leçon d’anatomie en raison d’une absence temporaire ou d’un manque d’attention et s’était résignée à demander de l’aide à Fayne. Teriondil avait le même manque de concentration, ce qui tenait la brunette très occupée. Heureusement, Zarak était tolérant sur ce côté ; il laissait les apprentis parler aussi longtemps que leur discussion ait un lien au cours.

À la fin de la période, le trio sorti ensemble de la salle de classe.

— Tu n’as pas encore compris ! s’exclama Fayne avec désespoir.

Azéna cherchait à la contredire, mais après quelques secondes de silence, elle choisit de dévier le sujet pour se sauver la peau.

— De toute façon, allons au cours de psychologie draconique. Quel cours as-tu, Teriondil ?

Pour cette période, l’elfe sylvain n’était pas jumelé au groupe d’Azéna et de Fayne. Ils allaient devoir se séparer.

— Histoire générale, répondit-il. Magar rend le cours intéressant, mais c’est si difficile de le suivre, je trouve.

— C’est normal dans ton cas, monsieur Rêveur.

Azéna réalisa alors que sa blague n’était pas si drôle que ça. Elle détestait vraiment quand les autres intimidaient son ami et l’appelaient ce surnom. Elle essaya immédiatement de se racheter, même si c’était très probablement qu’il ne l’ait même pas entendu.

— Bah, ne t’en fais pas. On divague tous de temps en temps sauf dans le cas de Fayne.

L’ex-dame de Daigorn s’attendait à entendre son amie râler à propos de sa taquinerie mais elle fut surprise par le silence qui s’ensuivit. Elle jeta un coup d’œil derrière elle, là où Fayne était supposé être mais celle-ci n’y était plus.

— Mais... un instant... Par l’Aspérule Blanche, elle est partie où ?!

— Elle est peut-être trop pressée pour aller à son prochain cours, déduit Teriondil en haussant des épaules. Sinon, elle aurait pu prendre un détour pour une raison quelconque.

Azéna n’en était pas convaincue. C’était bien rare de l’herboriste de partir sans préavis.

— Non, c’est de la magie ! déclara-t-elle sans réfléchir.

— Très possible, approuva Teriondil pensivement. Mais j’en doute. Fayne n’est pas une mage.

— Mais c’est tout de même possible...

— Je pense qu’elle est tout simplement partie. Elle s’est envolée comme un esprit libre.

Azéna grommela, refusant cette théorie d’esprit libre et resta méfiante tout le long du chemin à sa classe. Elle ne put s’empêcher de vérifier à quelques reprises si la brunette allait tourner le coin d’un corridor et revenir.

Pour la première fois de sa vie, elle était arrivée dans une salle de classe avant Fayne. Il ne restait plus que deux minutes avant que la pause ne se termine. Ce comportement inquiétait Azéna. Elle sonda la salle une dernière fois en cherchant son amie tout en essayant de s’asseoir à son bureau. Ne prêtant pas attention à son entourage, elle a failli trébucher. Même le maître l’élégant Eldarytzan Valkirel, ne tarda pas à remarqua l’absence de Fayne. Il attacha ses longs cheveux argentés en queue de cheval et s’avança vers Azéna.

— Apprentie Kindirah, murmura-t-il.

— Oui, Maître Valkirel ? répondit Azéna qui se raidie sur le coup.

L’elfe de la lune regarda l’adolescente de haut en bas avec inquiétude.

— Vous allez bien ? Vous paraissez anxieuse... Savez-vous où est Apprentie Litfow ?

Azéna se sentit dévisagée par l’elfe. Son regard perçant semblait lui traverser l’âme, comme si elle ne pouvait rien lui cacher. Ses yeux bleu vif étaient magnifiques. On aurait dit que toute la lumière des étoiles brillait dans son iris. Mais qu’allait-elle faire sans Fayne ? Elle devait se l’avouer, elle était nulle à ce jeu d’études. Elle allait couler, mourir de honte, devenir une ratée sans Fayne. En dedans, elle hurlait : Ne me pose pas de questions complexes, par pitié !

— Je n’en n’ai malheureusement aucune idée, avoua-t-elle les lèvres tremblantes.

Eldarytzan hocha de la tête et jeta un dernier coup d’œil en direction de la porte.

Azéna ne pouvait s’empêcher de fixer cet elfe. Il avait un visage ovale et sa peau clair dépourvue de défauts était comme son celle de son peuple, soit légèrement bleutée et lisse. Contrairement à son amoureuse, il ne vieillissait pas autant rapidement physiquement. Azéna lui aurait donné vingt-cinq ans s’il avait été humain. Une cicatrice qui traversait son œil droit brisait toute cette vision de perfection. Azéna la voyait comme un ajout qui lui donnait une allure expérimentée, puissante et sublime. Malgré le dommage infligé par les griffes ou l’arme à trois pointes quelconques, son œil était intact. Il avait été chanceux.

Eldarytzan se tourna dos aux apprentis et contempla les aiguilles de l’horloge qui flottait contre le mur par magie. Sa longue cape bleu royal ainsi que sa chevelure dansèrent dans le bref coup de vent que son mouvement gracieux produisit.

J’oubliais qu’il est le père d’Arièlla, réalisa Azéna. C’est tellement étrange… Je ne sais pas comment Arièlla se sent vis-à-vis de cette situation.

La curiosité prit le dessus. Elle leva les yeux et jeta un coup d’œil subtil en direction d’Arièlla. Elle identifia les traits physiques dont elle avait hérité de son père : elle était svelte, grande, ses oreilles étaient légèrement pointues, ses yeux étaient du même bleu perçant et la santé de sa peau était stupéfiante. Le reste lui était hérité de sa mère.

Fayne arriva enfin. Elle fit une révérence devant Eldarytzan et se hâta à son bureau.

— Apprentie Litfow, dit le maître. Juste à temps. J’allais débuter le cours sans vous.

Même sa voix était d’une tonalité hors de ce monde. Azéna trouvait ces elfes vraiment étranges comme s’il dégageait constamment quelque chose de spirituel ou de magique. Elle se pinça la joue pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas pour au moins la centième fois depuis le début de l’année scolaire. Même Teriondil lui procurait la même sensation sauf avec un côté qui se rapprochait plus de ce qu’elle décrirait comme une nature sauvage malgré son attitude complètement calme. Les elfes gris, de leur côté, la faisaient se sentir un peu effrayée. Ils étaient louches et dégageaient une certaine froideur. Elle ne voulait pas être raciste, mais elle n’avait jamais eu un bon sentiment sur aucun d’eux jusqu’à présent.

De retour à la réalité, effectivement, l’aiguille des minutes venait de toucher le numéro quarante-cinq. Le cours de psychologie draconique était officiellement commencé. Eldarytzan fit volte-face et accorda un petit sourire à ses apprentis. Il leva son bras droit à la hauteur de la poignée de la porte et d’un geste ferme, il la ferma à l’aide de la magie en ignorant Katanor qui venait d’y apparaître de l’autre côté. L’elfe gris eut l’audace d’ouvrir la porte et d’entrer malgré le message clair de rejet d’Eldarytzan. Le silence régna alors qu’il s’installa à sa place. Eldarytzan resta impassible.

— Tâchez d’arriver à temps, Apprenti Diramin car, il n’y aura plus de prochaine fois. Vous n’allez plus vous permettre d’entrer après que j’ai fermé ma porte, est-ce que ce message est clair ?

Katanor ne répondit pas. Un sourire moqueur se dessina sur le visage d’Arièlla, mais il s’effaça rapidement lorsque le regard de son père se posa sur elle. Eldarytzan inspecta la salle tel un aigle qui surveillait son territoire. Lorsqu’il jugea que ses apprentis s’étaient calmés, il continua :

— Qui peut me rappeler quel sujet nous avons abordé hier ?

Azéna lança un regard d’encouragement en direction de Fayne. Elle savait que son amie était intelligente et qu’elle connaissait la réponse, mais qu’elle était trop gênée pour lever la main. Entouré de plusieurs, elle s’avérait silencieuse, mais avec les gens en qui elle faisait confiance, elle s’exprimait beaucoup plus ouvertement. Fayne rougit et se contenta de fixer les pieds d’Eldarytzan. Azéna se décida de lever la main ; Arièlla l’imita. Eldarytzan était conscient de l’intelligence et de la mémoire étonnante de son élève et attendit quelques secondes en espérant que Fayne allait tenter sa chance.

Après un moment, il lui sourit et détourna son regard vers les deux filles qui s’efforçait tellement d’avoir son attention qu’on aurait pris leurs bras pour des poteaux de drapeau en compétition de hauteur. Azéna sentait un sentiment de rivalité naître en elle. Cette blondinette l’agaçait à chaque fois qu’elle interagissait avec elle.

— Parlez-nous du premier point abordé, Apprentie Valkirel, requêta-il en faisant signe à Arièlla de baisser le bras.

Et encore une fois, elle avait gagné.

— Pff, fille à papa, marmonna Azéna pour elle-même. Elle a un avantage sur moi...

La demie-elfe obéit et lança un regard dominé par la fierté en direction de la Kindirah qui lui répondit en lui accordant des yeux mauvais.

— Nous avons parlé des moyens de communications avec les dragons.

— Et que sont-ils ? questionna Eldarytzan.

— Normalement, les dragons apprennent leur langue natale en premier : le karsayrethtès. Ils peuvent écrire, mais leurs griffes ne leurs accordent pas un bon confort, alors ils préfèrent l’oral. Certains d’entre eux sont mêmes incapables d’apprendre à écrire, tout dépendant de la forme de leurs mains.

— Sont-ils capables de prononcer les mots dans la langue commune et en elfique ?

— Oui maître. Par contre, il est très difficile pour nous d’apprendre leur langue natale en cause de l’anatomie de notre bouche. C’est pourquoi le dragon doit apprendre à bien parler la langue commune ou l’elfique en premier lieu afin de permettre une forme facile de communication entre lui et son dragonnier.

— Très bien. Il manque toutefois une technique de communication. Peut-être qu’Apprentie Litfow pourrait nous le rappeler ?

Fayne qui s’était enfin détendue, retrouva son teint rosé. Elle détestait répondre à des questions et pourtant, elle ne s’était jamais trompée une seule fois lorsqu’elle devait le faire. Azéna ne comprenait pas sa logique. Elle et même Eldarytzan lui offrirent un sourire pour la supporté. Le maître s’avéra patient et attendit pour une réplique. Fayne prit quelques grandes respirations puis, elle donna la réponse :

— Le dragon comme l’humanoïde peut à la naissance être en capacité de contrôler le mana de son corps et avec celui-ci, parler par télépathie avec son dragonnier, mais cela est rare.

Elle était aussi rouge qu’une cerise la pauvre. Eldarytzan hocha de la tête en signe d’approbation et se mit à se promener de droite à gauche.

— Faites très attention à cela. Même si un dragonnier et un dragon ne semblent pas communiquer, cela ne veut pas nécessairement dire qu’ils ne le font pas. Soyez prudents lors de vos combats.

Il s’arrêta et détourna son regard en direction d’Azéna qui avait oublié sa main dans les airs.

— Finalement, quel était le deuxième sujet de discussion, Apprentie Kindirah ?

Azéna ne baissa même pas son bras et récita les explications à une vitesse folle.

— Nous avons appris les stages de croissance du dragon. Il y en cinq. Mais, puisque nous sommes en classe de psychologie draconique, nous n’avons pas parlé de ces stages sous l’aspect physique.

— C’est très bien. Maintenant, peux-tu me réciter le nom donné aux dragons durant leurs cinq stages de vie ?

Azéna resta bouche-bée et baissa son bras pour le déposer son bureau sur lequel reposait son livre. Elle maudit son cerveau. Elle voulait tellement montrer à Arièlla qu’elle aussi connaissait bien sa matière qu’elle avait oublié ce qu’elle voulait dire.

Après quelques secondes de silence, Arièlla leva la main. Eldarytzan lui accorda la parole. La fille du maître donna sa réponse sur un ton extrêmement arrogant aux oreilles d’Azéna qui savait qu’elle se faisait un plaisir de l’humilier.

— Le dragonneau, le drake, le dragon, le wyrm et finalement le gyd’har.

— Très juste, répondit Eldarytzan d’une voix douce et neutre. Comme je vous l’avais partagé, la plupart de vos dragons sont des drakes. Pour nous, ça équivaut à l’enfant ou à l’adolescent. À cet âge, les drakes ont tendance à être plus impulsifs, immatures et très compétitifs. Pourquoi cela ? Parce qu’ils ont appris par instinct naturel que la vie est une jungle et que pour survivre, tu dois être fort. Par contre, ils grandiront avec vous et développeront leur propre personnalité au fur et à mesure que les années passeront.

Soudainement, Azéna s’imagina Tyrath dans ses moments les plus compétitifs, particulièrement lorsqu’il s’était mis au défi contre la dragonne de Vigoth même s’il n’avait aucune chance de gagner. Ces mémoires la firent sourire.

— Mais j’anticipes sur mes explications, annonça le maître. Quelle bêtise je fais. Commençons du début. Comme promis hier, je vais vous expliquer les différents stages de vie d’un dragon.

Il se mit à dessiner un diagramme sur le mur derrière lui avec rien que ses doigts. Dans leur sillage, ceux-ci laissaient une énergie étrange et brillante qu’Azéna n’avait pas encore vue. Elle lança un regard confus à Fayne. La brunette écrit "mana" sur un bout de parchemin et le lui montra. Azéna n’était pas certaine de comprendre à quoi son amie faisait allusion, mais elle prétendit comme si elle le savait.

Lorsqu’il eut terminé, Eldarytzan présenta cinq cercles dont le premier était assez petit et les suivants grandissait exponentiellement. Le quatrième était gigantesque puis... le dernier n’était pas un cercle du tout. C’était la représentation rudimentaire d’un crâne très laid. Il y avait une flèche entre chaque dessin qui pointait au prochain.

Arièlla se cache la moitié du visage lorsqu’elle aperçut le dessin du crâne de son père. Elle était probablement gênée. Décidément, les elfes n’étaient pas gracieux dans tout ce qu’ils accomplissaient.

— Commençons par le premier stage : le dragonneau, décida le maître avec enthousiasme en pointant le premier cercle. Ici, le dragon n’est qu’un bébé et il très dépendant de ses parents. Dès sa première semaine, un dragonneau peut déjà se défendre contre des menaces mineures telles que des renards ou des loups. En quelques heures, il peut déjà courir et en deux jours, il peut voler. Ce stage dure environs quatre ans, mais ce n’est qu’un chiffre général. La véritable démarcation d’un dragonneau qui devient un drake est lorsqu’il réussit à exhalant son élément. Par exemple, un dragonneau rouge serait officiellement un drake rouge lorsqu’il souffle le feu pour la première fois.

Il pointa au second cercle.

— Je vous ai déjà expliquer ce stage il y a un instant. Par contre, j’ai omis plusieurs détails. Par le temps que le dragonneau devient un drake, celui-ci est environs la hauteur d’un cheval ; cela varie d’après leur race. C’est à cet âge qu’il devra quitter la protection de ses parents sinon ceux-ci deviennent agressifs car ils veulent continuer leur vie sans eux, pour la plupart. Une autre situation commune serait que les drakes deviennent plutôt possessifs de la mère face à leurs plus jeunes frères et sœurs dragonneaux, obligeant ainsi les parents de les chasser du nid. La relation entre parents et enfants dépend de la sorte de dragon et des individus comme tels. Pour la plupart du temps, ils restent en contacte et en bons termes mais ne partagent pas leur demeure, territoire et trésors. C’est plus souvent la mère qui restera protective de ses petits, mêmes après qu’ils deviennent adultes. Il n’est pas rare de voir une mère surveiller son petit de loin. Celle-ci n’intervient que très rarement dans la vie de son jeune à ce point. Ce stage dure environs jusqu’à soixante-et-dix ans et les drakes sont indépendants à cet âge, un peu comme les jeunes adultes et les adolescents pour nous. Par contre, un drake ne peut normalement pas se reproduire. Il deviendra dragon lorsqu’il atteindre sa maturité sexuelle.

Il pointa au troisième cercle qui faisait quatre fois la taille du premier.

— Ici, nous avons le dragon adulte, continua-t-il. Étant plus vieux et plus mature, un dragon adulte passera plus de temps à planifier sa vie. C’est à cet âge qu’il cherchera pour des alliés, un partenaire de vie et des buts fixe à long terme. C’est aussi à ce moment qu’il deviendra entièrement indépendant sentimentalement de ses parents et les verra comme des êtres égaux, soit en rivalités ou en bons amis. Les dragons plus vieux le traitent maintenant sérieusement puisqu’il a atteint maturité ainsi qu’une puissante considérable. Il peut maintenant devenir une menace sérieuse pour eux. Ce stage dure jusqu’à environs six-cent ans. Notez que les dragons ne cessent jamais de grandir physiquement et en puissance, contrairement à nous malgré que cette croissance ralentît beaucoup après qu’ils deviennent un adulte.

Il pointa enfin au cinquième qui faisait littéralement la taille de sa tête.

— Le wyrm. C’est à ce stade que le dragon est à son maximum de pouvoir et influence. Il sera vénéré de tous, sauf les autres wyrms qui s’équivalent tous égaux. C’est souvent à ce moment que le wyrm tombe dans la démence absolue et devient si corrompu qu’il cause terreur et misère ou bien qu’il devienne sage, calme et aide les plus jeunes générations. Ces dragons peuvent atteindre des tailles si énormes qu’à côté d’eux, même un dragon adulte semble minuscule. Ils sont souvent chefs de leur clan et le plus puissant de celui-ci. On ne voit que très rarement plus d’un wyrm par clan car ceux-ci se rivalisent pour l’autorité du clan. Les femelles sont incapables de tomber enceinte à ce moment, mais cela ne veut aucunement dire qu’elles deviennent vieilles et faibles.

Il se caressa la barbe et fronça les sourcils. Ses traits se durcirent comme s’il se préparait à révéler quelque chose de sombre.

— Écoutez-moi bien et ceci n’est pas une blague. Soyez extrêmement prudent si vous rencontrez un wyrm, spécialement un wyrm sauvage. A moins d’avoir un wyrm à vos côtés ou une armée de dragons et dragonniers, vous allez probablement perdre la vie si vous faites la moindre erreur. Ne donnez pas une raison à un wyrm de vous détruire la vie. Vous allez le regretter très sévèrement. Ils ont tant de pouvoir qu’on les considère comme des demi-dieux. Les wyrms ont généralement entre six-cent et mille deux-cent ans. Souvent, les dragons meurent avant d’atteindre ce stage de vie, souvent dans un combat mortel.

Il pointa en direction de son croquis de crâne.

— Le dernier stage de la vie du dragon est bien bouleversant. C’est à ce moment que la grande créature perd tous ses pouvoirs et sa force de façon rapide, mais graduelle. On voit la vieillesse physiquement s’emparer d’eux et ils deviennent lents mentalement. C’est après quelques mois ou quelques années dans ce stage que le dragon se verra mourir en cause qu’il est devenu trop faible pour survivre dans ce monde dangereux. Lorsqu’il devient incapable de chasser, certain dragon ont tellement honte de devoir manger des plantes qu’ils se laisse mourir de faim tandis que d’autres demande le support d’un autre dragon en le payant. Aussi, à ce moment, le dragon affecté cessera de grandir physiquement et il est possible que ses cornes, griffes, dents et piquants cassent aisément car ceux-ci n’absorbent plus autant bien les vitamines. La couleur des écailles devient plus mate et celles-ci ne les protègent plus autant bien qu’auparavant. Durant cette tranche de leur vie, on appelle un dragon gyd’har ce qui se traduit librement à éternel dans l’ancienne langue.

Il baissa le regard et soupira faiblement comme s’il était sur le point de remémorer une tranche de sa vie qui lui apportait du chagrin.

— Lorsque l’âme quitte le corps d’un dragon, celle-ci est visible à l’œil nu et est de couleur par rapport à sa personnalité. Il rejoint la constellation qui le représente le mieux et forme une étoile. Son dragonnier, s’il en a un, peut voir l’étoile qu’il est devenu en tout temps, même en plein jour. Évidemment, le dragonnier perd le contrôle de son élément lorsque son dragon décède, mais on dit qu’il peut l’évoquer temporairement lors de situations extrêmes et lorsqu’il démontre un grand respect pour ce à quoi son partenaire croyait dans la vie.

Azéna a eu un nœud au cœur à la connaissance que Tyrath devait éventuellement passer par cette tranche de sa vie. Eldarytzan remarqua les visages dépressifs de la plupart des apprentis, Il frappa des mains et reprit un peu de gaieté dans sa voix.

— Ne laissez vos cœurs vous troublez à ce propos. Vos dragons sont encore au tout début de leurs aventures. À présent, vous allez faire une recherche à ce sujet et m’écrire le tout en détails sur parchemin et me remettre le rapport pour la fin de semaine.

Le maître avait parlé ; les apprentis se mirent au travail immédiatement. Cet elfe de lune était un enseignant naturel qui se faisait respecter sans devoir faire recours à la discipline. Enfin, sauf pour dans le cas de Katanor qui était une véritable tête de mule.

— Combien de pages, Maître ? demanda le prince elfe gris avec une visible irritation face à l’obligation de faire ce devoir.

— On verra bien, répondit Eldarytzan en souriant, amusé de la question de son interlocuteur. Ça va dépendre de toi.

Katanor haussa un sourcil, encore plus confus par sa réponse du maître. Il chercha de l’aide du regard, mais tous les autres semblaient aussi perdus que lui. Acceptant la défaite, il sortit ses affaires de son sac et avec une expression d’exaspération au visage, il se mit à lire son manuel.

De son côté, Azéna trempa sa plume dans son pot d’encre et se mit à écrire. Elle décida de commencer là où elle était le plus confiante : dans ce qu’elle connaissait déjà. Mais, elle se rendit vite compte que sa mémoire la trahissait. Elle se mit à chercher frénétiquement dans son livre pour les informations requis. Eldarytzan passait entre les rangées de bureaux en examinant brièvement les parchemins des apprentis. Il s’arrêta à la gauche d’Azéna. Ressentant la présence dérangeante d’une paire d’yeux perçants qui la fixe, Azéna leva la tête.

— Besoin d’aide, Apprentie Kindirah ? demanda Eldarytzan avec un sourire.

Azéna ne put s’empêcher de détecter une subtile trace d’agressivité dans la voix du maître comme s’il essayait de s’imposer à l’aider. Pour un instant, elle était assurée qu’il faisait du favoritisme, mais plus elle y pensait, plus elle que c’était le contraire. Ce ton de voix lui rappelait lorsqu’elle essayait de se contrôler pour ne pas faire paraître ses sentiments. C’était une situation frustrante qu’elle avait expérimentée à plusieurs reprises avec les Kindirah lorsqu’il fallait qu’elle ait une conduite exemplaire.

— Y a-t-il un problème, Apprentie Kindirah ? questionna-t-il de sa voix qui était maintenant plus froide que neutre ; toute trace d’émotion disparue.

Azéna mordit sa lèvre inférieure et tenta de se calmer.

— Euh... Non, Maître. J’aurai juste besoin d’un point de référence pour continuer mon travail.

L’elfe de lune pointa de son index droit une chaise inutilisée. Celle-ci lévita jusqu’à lui. Il agissait comme si c’était la chose la plus banale d’Aerinda. Il s’assied sous les yeux étonnés de tous les élèves à l’exception d’Arièlla qui était habituée à ce comportement.

— Alors, où en es-tu ? questionna Eldarytzan avec intérêt.

Il fallut un instant à Azéna pour comprendre ce qu’elle venait de voir.

— Umm... Excusez-moi Maître Valkirel, mais comment avez-vous fait léviter cette chaise si vous n’êtes pas un dragonnier gris et qu’en plus, pas de vent n’a été manipulée.

Eldarytzan ne put s’empêcher d’afficher un sourire amusé.

— Ceux qui contrôlent le mana peuvent maîtriser la magie. L’un vient avec l’autre. Mais les gens en capacité de contrôler cette énergie sont rares et il est impossible de le développer à moins que l’on ne soit né avec cet habilité.

Les yeux d’Azéna s’écarquillèrent. C’était donc à ça que Fayne faisait allusion plus tôt. Elle resta bouche-bée alors qu’elle réalisait qu’un véritable mage se trouvait devant elle et lui parlait. Plus elle y repensa, plus elle remarqua que l’académie était remplie de magie. Plusieurs évènements magiques s’étaient produits sous ses yeux et elle n’y avait pas prêté attention. On dirait que la révélation venait enfin de la frapper.

— Bon sang ! s’échappa-elle enfin. Il n’y a pratiquement pas de mage d’où je viens. Les gens pensent que c’est une fausseté pour imprégner la crainte chez les sujets. Oh, peut-être même qu’il y a des mages qui ne sont pas encore découverts qui partagent le même dortoir que moi.

Fayne secoua la tête légèrement, probablement déçue de la bêtise de son amie. Eldarytzan ricana de bon cœur.

— J’imagine que je peux faire une démonstration, décida-t-il. Ça ne va pas me pénaliser de beaucoup de me défaire de mon cours pour quelques minutes. Alors, Azéna, tu as posé la question ; tu feras le sujet du test.

— Qu’est-ce que vous allez faire ? demanda Azéna qui commençait à devenir anxieuse.

— Un simple test qui déterminera si tu es capable de contrôler ton mana, répondit-il.

Il se positionna face à elle. Arièlla roula les yeux. Elle retourna tout simplement à son travail. Elle était bien la seule. Les autres apprentis étaient hypnotisés par le mage elfe. Eldarytzan leva ses deux mains et les ouvrit de sorte à ce que chaque doigt soit complètement exposée et bien droit.

— Fait comme moi et dépose tes doigts sur les miens, expliqua-t-il d’une voix enjouée. Ça va rendre la connexion entre nous deux plus solide et ça va être plus aisé pour toi d’utiliser ton mana si tu en es capable.

Ne sachant pas trop à quoi s’attendre, Azéna approcha ses doigts des ceux de l’elfe de lune lentement. C’était la première fois qu’elle était si près d’un maître. Son espace personnel était envahi et elle se sentait quelque peu menacé, surtout lorsqu’elle était sur le point de recevoir un sortilège en pleine gueule. Lorsque ses doigts touchèrent à ceux d’Eldarytzan, rien ne se produisit. Absolument rien. Azéna avait espéré quelque chose de plus surprenant ou explosif. L’elfe de lune, au contraire, semblait trouver la situation extrêmement intéressante. Il paraissait trop combler. Son large sourire rendait Azéna mal à l’aise. À quoi jouait-il donc ?

M’entends-tu ? demanda une voix familière.

Azéna tourna la tête dans tous les sens en cherchant la personne qui l’avait adressé.

Ne t’en fais pas. C’est moi, continua la voix qui résonna dans son esprit.

Puis, Azéna compris enfin. C’était Eldarytzan qui lui parlait par le bien de la télépathie.

— À ton tour maintenant, déclara Eldarytzan. Tu n’as qu’à penser à ce que tu veux dire en me visionnant mentalement.

Azéna déglutit et obéit. Elle tenta de supprimer toutes pensées et mémoires privées de son esprit et se concentrant sur une phrase.

Est-ce que vous m’entendez ?

Malheureusement, personne ne répondit. Azéna tenta d’envoyer le message à nouveau, mais l’elfe lunaire ne réagit pas.

— Dommage, souffla Eldarytzan en détachant ses doigts de ceux de la jeune dragonnière.

— Alors, je ne suis pas..., réalisa Azéna dans un ton faible.

— Malheureusement pas.

— Pourquoi pas ? demanda Katanor avec un peu de moquerie et de curiosité. J’aurai cru qu’elle en aurait été capable.

— Normalement, on reçoit cette habileté de nos parents, expliqua Eldarytzan. Mais, il y a toujours des exceptions et ce, des deux sens. C’est difficile à dire pourquoi Apprentie Kindirah n’a pas reçu cette habilité. De toute façon, nous avons perdus assez de temps. Au travail.

Azéna baissa le regard, grandement déçue des résultats du test. Apparemment, ses parents biologiques n’étaient pas des mages.

— Dites Maître Valkirel, est-ce commun chez les humains d’être mage ?

— Moins que les elfes malheureusement, répliqua le maître. Par contre, tout dépendant de la région, il existe une poignée de mages humains. Ils ont parfois tendance à déménager ou se cacher, car la différence n’est pas nécessairement toujours bien acceptée. Encore là, ça dépend de la culture.

— Je sais trop bien que la différence ne soit pas quelque chose qu’ils acceptent avec aise, grogna Azéna.

Une vague de souvenirs amers lui traversa l’esprit et elle se sentit soudainement étouffée par la colère. Elle tenta de cacher ses émotions en baisant le visage.

— Bon, retournons à tes devoirs, déclara Eldarytzan sur un ton réconfortant.

Le maître resta à côté d’Azéna durant le reste de la période. Cet elfe était doté d’une patience légendaire ; même Fayne qui était déjà tolérante, finissait toujours par abandonner lorsqu’elle donnait des explications supplémentaires à Azéna. Non seulement Eldarytzan avait-il donné à Azéna tous les points de référence qu’il lui faudrait, mais il lui avait expliqué quelques paragraphes importants.

Pendant ses explications, il fut interrompu par des marmonnements provenant du fond de la classe. Azéna entendit les mots Serfantor et trancher en deux puis un ricanement. Katanor lança un regard moqueur à Gragèn qui baissa la tête honteusement. Katanor éclata de rire. Eldarytzan posa ses yeux sur l’elfe gris. La bouche de Katanor se ferma instantanément et malgré ses efforts, il ne put l’ouvrir qu’à la fin du cours. C’était là le résultat d’un sortilège qu’Eldarytzan lui avait jeté. La punition servit à merveille d’exemple car, les autres s’étaient tut.

À la fin de la période, Azéna fut la seule en compagnie de Fayne qui eut terminé son rapport. Fière d’elle, elle remercia Eldarytzan avant de partir. Katanor put finalement ouvrir sa bouche. Il s’arrêta au bureau de maître.

— Ça, c’était une injure.

— La parole est une arme puissante et un privilège. Apprend à contrôler les mots qui sortent de ta bouche si tu ne veux pas qu’on le fasse pour toi, répondit Eldarytzan. Allez, file.

Katanor serra les dents et sortit en trombe.

Lorsque Arièlla passa devant son père en direction de la sortie, celui-ci l’arrêta pour lui murmurer quelque chose qu’Azéna ne put comprendre.

— Non, je ne dirai rien à maman, souffla-elle à basse voix, mais toute même assez élevée pour qu’Azéna l’entende. Mais, c’était à toi à ne pas montrer aux apprentis ton petit test de magie.

Décidément, Arièlla n’avait pas hérité du tempérament de son père. Elle semblait toujours être de mauvaise humeur celle-là.

Avant de partir en direction des dortoirs, Azéna et Fayne rencontrèrent Teriondil. L’elfe sylvain souriait et marchait à grands pas détendus.

— Tu sembles en forme, remarqua Fayne.

— Vraiment ? questionna Teriondil. Peut-être.

— Tu sembles rayonnant.

— Le maître m’a dit qu’il était fier de moi. J’ai réussi à me concentrer aujourd’hui. Ainsi, j’ai été productif au maximum. En plus, j’ai retenu presque tout ce qu’il nous a expliqué.

— C’est super ça, Teri. Fêtons ça.

— Que proposes-tu ? demanda Azéna.

— Allons souper avec nos dragons, répondit-elle. On pourrait leur apporter un encas.

— C’est Tyrath qui va se réjouir de ton idée.

— Ouais, le gros cochon. Il pourrait dévorer dix jambons entiers si on les lui donnait.

— Il est en pleine croissance, voyons. Il a besoin de ses nutriments.

— Bien sûr Azéna, bien sûr. Tu prends sa défense parce que tu manges comme un porc toi aussi.

— Oui et, je suis en pleine croissance aussi.

Teriondil gloussa. Le trio se rendit à la cuisine, convaincu les cuisiniers de leur offrir de la nourriture et allèrent rencontrer leurs dragons.

✦×✦

Après le crépuscule, dans la salle commune de la Tour de la Connaissance, le trio était assis sur leur sofa habituel. Ils essayaient tous d’étudier, mais Azéna ne put s’empêcher d’écouter la conversation d’Arièlla et de Renora lorsqu’elle entendit le mot skotar.

— Tu vises pour quelle équipe et quelle position ? demanda Renora.

Arièlla songea un moment.

— Honnêtement, j’espère être dans l’équipe de Coeurdoré. Ils sont plus nobles et fiers. De plus, ils manquent d’attaquants, ce qui s’avère à être la position qui m’intéresse.

— C’est super. On dit que le capitaine de Sombrelame est redoutable et discipline énormément ses joueurs. Apparemment qu’il est parfois limite abusif.

— C’est sûr ça car, il s’agit de Serfantor Diramin. C’est l’un des meilleurs attaquants que l’équipe ait eut depuis une bonne décennie. Il prend le skotar très à cœur. Je l’admire pour sa passion.

— Est-ce vrai qu’il triche parce que ses parents achètent de l’équipement de haute qualité à toute l’équipe et qu’il jette des maléfices en plein jeu qui passent sous le nez de Maîtresse Valkirel ?

— Je ne sais pas. Peut-être que oui ; peut-être que non. Ce sont des rumeurs. On va bien voir lorsqu’il se fera buter par mon équipe.

— Ça c’est si tu obtiens ta place dans l’équipe. Tu es tout-de-même une apprentie de première année.

Azéna ne put retenir son silence plus longtemps. Elle se retourna vers les deux filles.

— On peut entrer en première année ?

Les deux jeunes adolescentes cessèrent leur discussion et fixèrent Azéna pendant quelques secondes avant de lui répondre.

— Pas normalement non, expliqua Arièlla avec fierté. C’est parce que le pré requis demande une haute performance dans le premier cours de vol que tu dois passer durant ta première année. Mais, je suis spéciale donc, je n’en n’aie pas de besoin.

Elle accorda un dernier regard plein d’arrogance à Azéna puis détacha ses yeux des siens comme si elle fixait un vulgaire déchet. Sur le coup, Azéna se sentit petite et faible. Elle se rappela qu’Arièlla était la fille de Maîtresse Valkirel qui dirigeait les équipes de skotar de l’académie. Elle avait dû s’arranger avec sa mère pour pouvoir s’inscrire. Ce n’était pas quelque chose dont on devrait se vanter, d’après Azéna. Évidemment, Arièlla avait omis ce petit détail. Mais, ce n’était pas bien grave car elle allait voir de ses propres yeux si la dragonnière blonde allait véritablement être choisi dans l’une des équipes.

— Vraiment ? dit Azéna, complètement bornée. Je vais te dépasser un de ces jours, même si je dois attendre une année de plus que toi.

— C’est ça, répliqua Arièlla en faisant signe de la main qu’elle s’en foutait complètement du défi d’Azéna.

La période d’essai allait débuter le lendemain après les cours. Les apprentis et membres du personnel étaient invités à venir voir s’il le désirait.

— Tu n’as pas honte d’agir ainsi ? la réprimanda Fayne avant qu’elles aillent se coucher. Tu me rappelle un bébé gâté qui chiâle qu’elle n’a pas ce qu’elle désire.

— J’étais peut-être une dame autrefois, mais mon enfance n’a pas toujours été facile, trancha-elle avec férocité. Il faut se battre pour avoir ce qu’on veut.

Elle termina la discussion en s’enroula dans ses couvertures. À ce moment, elle se sentait libre. Libre de faire de sa vie ce qu’elle voulait.

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