11 - La danse d'Ella

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1er jour de la saison de la faux 2447

Fayne avait décidée de suivre son amie irritable dans leur chambre pour s’installer confortablement. Ils trouvèrent leur nom sur l’une des nombreuses portes, soit la quatrième chambre double.

— On est ensemble ! s’écria Azéna toute excitée qui avait complètement oubliée pourquoi elle était grincheuse, un moment plus tôt.

— Je ne savais pas qu’il y avait des chambres doubles, informa Fayne. Ils nous ont probablement placé ensemble car nous sommes de bonnes amies. Mince, ils ont fait ça vite.

Azéna ouvrit la porte et s’élança dans la chambre. Celle-ci était composée de deux lits simples, de deux tables de nuits, d’une fenêtre, d’une garde-robe et d’un miroir. Azéna laissa tout simplement tomber ses affaires au sol et s’enroula dans les couvertures de son lit douillet.

— Enfin, je vais pouvoir dormir en paix, célébra-elle en bécotant son oreiller de plumes.

— Alors, tu veux inviter Teriondil à venir avec nous pour le souper ? questionna Fayne.

Azéna hocha de la tête, continuant sa folie sur le lit qui était maintenant un désastre total.

— Hé ! Notre horaire, informa Fayne en trouvant un parchemin sur son lit.

— Quoi ? aboya Azéna en sursaut. Ahhh merde alors ! J’ai dû écraser la mienne !

Elle tapota partout, tira les couvertures dans un recoin de la chambre pour finalement trouver son propre horaire qui avait effectivement piètre allure. Elle appartenait au groupe numéro deux comme Fayne. Elles allaient donc avoir tous leurs cours ensemble. Teriondil, faisant partie du groupe quatre, en partageait trois sur cinq avec elles.

- Introduction au karsayrethtès

- Introduction à la psychologie draconique

- Bien-être du dragon I

- Histoire générale

- Introduction au contrôle des éléments

Azéna devint blême lorsqu’elle lut ces titres de cours. Ils correspondaient presque tous aux énormes livres que Vigoth lui avait acheter ce qui signifiait plein de théorie et de mémorisation.

— Pas d’action ?! s’écria-t-elle outrée. Mais c’est quoi cette académie ? Je ne suis pas venue ici pour devenir une savante ma parole !

— Rappelle-toi de ce que Terenas a dit à propos des noms des tours, informa Fayne. La première étape est la connaissance. Il faut débuté par là avant d’appliquer ce que l’on sait.

Azéna baissa la tête de côté, confuse. Fayne soupira et empoigna la main de son amie.

— Allons attendre Teriondil. Le souper débute bientôt.

L’elfe des bois les attendait déjà près du feu. Il buvait encore ce liquide étrange qu’il semblait tant adoré. Azéna se demandait ce que c’était, sûrement un genre de jus de fruit peut-être ou encore du jus d’écorce. Imaginer le goût de ce truc la faisait grimacer.

— Prêt pour le souper ? questionna Fayne.

Teriondil prit une dernière gorgée et suivit ses nouvelles amies au rez-de-chaussée.

Le souper fut assez mouvementé. La plupart des apprentis discutaient de leurs horaires, de leurs nouveaux cours, des maîtres et de ce qui les attendaient. Teriondil exprimait de la peur ; du stress. Il s’avoua intelligent, mais pas dans le domaine des études. Se disant artistique, il expliqua son problème de manque de concentration en classe. Heureusement, il était exempté des cours qu’il avait passé l’an dernier, soit introduction aux éléments, le cours de vol I et le développement de soi.

— La manière dont le système fonctionne, expliquait-il, est un quelque peu stricte, mais simple. Chaque année est indépendante dans le sens que lorsque tu la commences, tu as tout ce qu’il faut pour aller jusqu’au bout. En gros, tu as tous les prérequis pour les cours de l’année. Cependant, ils ne te laissent pas participer aux cours de l’an suivant si tu rate ton année d’un seul cours. Ça garde les choses en ordre, mais ça te fait perdre du temps précieux d’après moi.

Le souper s’écoula rapidement aux yeux du trio qui s’amusaient et qui se réjouissaient de leur repas d’une qualité exceptionnelle. Le crépuscule fit son apparition dans le ciel naguère bleu. Dans la salle commune de la Tour de la Connaissance, Azéna fixait son horaire avec confusion tandis que Fayne lui expliquait des règlements qu’elle n’arrivait pas à comprendre. Être un individu régulier était bien différent d’un noble. Teriondil buvait son jus en appréciant le spectacle à l’extérieure où les dragons bleus dansaient en fin de soirée. La pluie s’était transformée en orage et la lune brillait d’un brun typique de la saison de la scythe. À présent, un groupe de dragons noirs patrouillait les environs.

— Si on allait rendre visite à nos dragons ? suggéra Teriondil, le regard toujours perdu dans la lueur orangé que produisaient les deux soleils qui se couchaient lentement.

— Tu as entendus le grand maître, non ? répliqua Fayne. Il est interdit de sortir des dortoirs après la tombée de la nuit. De plus, aujourd’hui, on est censé rester tranquille pendant que le personnel s’occupe des dernières préparations.

Azéna avait complètement oubliée Tyrath depuis la fin du dîner. Sur le coup, elle se sentit coupable et désirait le voir.

— J’irai bien prendre une marche, dit-elle en souriant. Je suis lassée d’être ici coincée dans cette boite.

— Ça ne m’étonne pas de toi, ricana Fayne. Teriondil, tu es d’accord avec elle ?

L’herboriste prit le silence de Teriondil comme une approbation de sa part.

— On va encore se mettre dans le pétrin dès la première journée ! aboya-t-elle. Vous êtes fous, ma parole !

— Alors, ne viens pas, suggéra Azéna en souriant malicieusement.

Teriondil se leva, s’étira et se dirigea vers la sortie, Azéna sur ses talons. Fayne se résigna et rejoignit ses amis.

— Vous êtes complètement cinglés, murmura Fayne.

L’académie était encore plus sombre que cet avant-midi. Les sources de lumière avaient été diminué et le silence régnait. Fayne stressait énormément car elle avait aperçu le garçon à la chevelure hérissée dans la salle commune lorsqu’ils étaient partis. Il pourrait facilement glisser un mot de leur mésaventure à un membre du personnel.

Une fois dehors, son tract diminua. Ce, jusqu’à ce qu’elle remarque les dragons noirs qui patrouillaient au-dessus de leurs têtes. Il faisait tout juste assez clair pour y voir où on allait. Teriondil les entrainèrent en dehors du territoire de l’Académie d’Archlan et continua son chemin pour aboutir devant une série de grottes desquelles résonnaient des grognements sourds.

— Il y a une grotte qui sert d’infirmerie et les autres sont divisées par vol, expliqua Teriondil.

Un jeune dragon noir d’environs cinq pieds atterrit devant l’une des entrées et y pénétra en les ignorant.

— Ils sont habitués d’avoir des visiteurs, continua Teriondil. Ce n’est rien d’anormal pour eux. Les dragons bleus sont dans la toute première grotte en partant de la droite tandis que...

Un rugissement de triomphe retentit. Le trio n’eut que le temps de lever les yeux vers le ciel. Une énorme masse écaillée s’élança en leur direction pour s’arrêter dangereusement près d’Azéna.

— Tyrath ! s’écria joyeusement Azéna.

Le dragon déposa son museau sur la tête de sa dragonnière et se mit à ronronner. Azéna flatta doucement ses écailles du cou pendant que Fayne et Teriondil appelaient leur propre dragon.

De la première grotte sortit un jeune dragon bleu des ténèbres. Buhrik s’approcha lentement de Fayne. L’herboriste, encore inhabituée de voir un autre dragon que Tyrath près d’elle, sursauta légèrement, mais se ressaisit rapidement. Teriondil, de son côté, siffla et quelques secondes plus tard, un dragon vert sortit de la troisième grotte et se dirigea vers lui. Le grand lézard ailé fixa son dragonnier directement dans les yeux sans bouger.

— Voici Ella, ma dragonne, présenta Teriondil. Son nom complet est Elladrathren ou Ella du clan Drathren.

Ella possédait un corps moyennement musclé et deux cornes qui rappelaient des branches sur sa tête. Quelques ornements les décoraient. Son cou semblait aussi long que sa queue dont le bout ressemblait à celle d’un scorpion. On ressentait le calme et la nature protectrice de son âme lorsqu’on plongeait son regard dans ses grands yeux brun pâle. Ses écailles vert forêt étaient parsemé de mousse et de ses coudes jaillissaient une épine ronde aux propriétés de bois. Un peu partout sur son corps, il y avait des traces de la forêt.

— Elle est superbe, complimenta Fayne en observant Ella avec admiration. Elle est si différente de Tyrath et de Buhrik. Même sa tête et son corps sont si élancés et allongés comparés à eux. En plus, elle si grande.

Ella baissa la tête en signe de remerciement et laissa Teriondil l’enfourcher.

— Tu vas la monter sans selle ! s’exclama Fayne.

Teriondil semblait inattentif malgré que ses yeux étaient fixé sur Fayne.

— Tu vas lui répondre ? questionna Ella en ébouriffant la chevelure de l’elfe de sa longue queue.

— Eh, oui. Bon, qui vous a dit cela, dame Fayne ? répliqua Teriondil sur un ton des plus poli et galant.

Les joues de Fayne rougirent et Azéna roula les yeux. Les deux laissèrent échapper un petit rire. L’herbe sous les pattes d’Ella se mit à pousser à une vitesse exagérée. En quelques secondes, les brins étaient aussi longs qu’un bras. Azéna et Fayne regardaient le spectacle avec incrédulité. L’herbe s’arracha de la terre et alla se poser sous les fesses de Teriondil. Quelques brindilles s’entortillèrent entre elles pour former deux solides cordes. Celles-ci passèrent autour du cou d’Ella et vinrent se poser dans les mains ouvertes de Teriondil.

— Rênes, mors et selle, lista Azéna avec ébahissement. Tous créés de simples brins d’herbes. Je suis impressionnée.

— Tu contrôles bien ton élément, complimenta Fayne.

— C’est l’un des seuls sujets que j’ai passé sans problème, ricana Teriondil.

Il s’installa confortablement sur Ella. D’un bond gracieux, la dragonne verte de trois mètres et soixante-deux centimètres prit son essor en donnant un coup d’aile puissant. Elle vola majestueusement pour quelques minutes avant de revenir à son point de départ. Elle murmura quelques mots à son dragonnier qu’Azéna et Fayne ne comprirent pas. Le visage de Teriondil s’illumina soudainement.

— Brillante idée. One devrais leur faire une démonstration, proposa l’elfe sylvain.

Ella baissa la tête de sorte qu’elle soit au même niveau que celles de Fayne et d’Azéna.

— Aimez-vous la danse ? questionna-t-elle. C’est une danse créée par mon vol spécialement pour la thérapie mentale et l’entraînement physique. Ça vous tente ?

Azéna regarda Fayne et murmura à son oreille :

— Euh... Ça danse un dragon ?

Fayne soupira, hocha la tête et monta le regard vers Ella.

— Je serai très honorée d’assister à votre danse.

La dragonne observa ses environs minutieusement. Elle ferma les yeux et se mit à fredonner une mélodie douce et sans mot. Sa voix surpris Azéna et Fayne qui s’attendaient à quelque chose de plus rauque. Son corps sembla s’allonger et pendant un moment, s’embrouilla légèrement. Azéna n’était pas certaine si c’était un mirage qui la décevait. Puis, le fredonnement se transforma en bourdonnement mêlé à un grognement. Le chant était plus rapide et plus agressif. Teriondil joignit sa dragonne dans le chant. La queue d’Ella fendit l’air, s’abattit sur un ennemi imaginaire puis, elle se courba vers le haut un peu comme un félin qui s’étire.

Le chant mourut. Pendant un long moment, rien ne se produisit. Azéna et Fayne patientèrent, complètement hypnotisée par le majestueux duo.

Ella ouvrit les yeux. Son regard vacilla d’un spectateur à l’autre, perçant leurs âmes. Azéna se sentit intimidé par ce regard, un regard de serpent tueur, de prédateur sournois. Le sentiment que dégageait Ella s’était complètement transformée. Malgré qu’elle fût consciente qu’Ella ne lui ferait pas de mal, Azéna dut se concentrer pour ne pas reculer comme son instinct le lui ordonnait.

C’est ça une aura ? se demanda celle-ci.

Ensemble, Teriondil et Ella parlèrent :

— Ne tremblez point car, le moment où votre victoire vous sera arrachée sera lorsque vous serez aveugles.

En ce moment, ils semblaient tous deux sauvages, leur esprit dans leur état naturel comme la nature l’avait originalement conçu.

Ella fit un pas derrière puis elle courba son cou tel un fier cheval de guerre. Elle leva l’avant-patte droite lentement et sauta. Elle se mut tel un serpent agile et s’accrocha à l’arbre en tordant sa queue autour d’un arbre. L’arbre cassa sous son poids. Sans toucher au sol, elle continua son chemin en sautant sur le sommet de l’une des grottes. Elle effectua plusieurs acrobaties qui mettraient un félin de la jungle à genoux. Ses mouvements étaient souples, parfaitement synchronisés avec son environnement et lui permirent de tuer en silence ses multiples ennemis invisibles. Elle continua sa danse pour le moment, laissant la bête intérieure contrôler son cœur. Cette performance était mortelle et une véritable beauté sauvage, libre de toutes morales. La réalisation d’un assassin accompli.

Elle termina sa démonstration en bondissant du sommet d’une grotte et en atterrissant devant les spectateurs dans un grognement sec et distinct né du fond de ses tripes. Un grognement qui glaça le sang d’Azéna et de Fayne.

Tyrath approuva d’un regard admiratif. Azéna cligna des yeux, imaginant Ella comme le prédateur féroce qu’elle était. Il était encore difficile pour elle de comprendre le monde dans lequel elle se trouvait.

— C’était si artistique et différent, complimenta Fayne. Très émouvant.

— Merci, dit Ella avec ce qui semblait être un sourire à son visage. C’est un honneur de partager cette danse avec vous, amis de Teriondil.

Azéna eut l’étrange impression que la dragonne était sincère. Elle semblait heureuse que son dragonnier avait trouvé des amis. Il devait éprouver de la difficulté socialement. Là-dessus, Azéna le comprenait totalement. Mis à part pour quelques membres de sa famille et Fayne, elle n’avait jamais eu la chance d’être apprécié. La brunette avait toujours sut la défendre bravement contre les habitants de Daigorn qui la traitaient de sorcière en cause de la couleur de ses cheveux. On disait qu’elle était condamnée, maudite par la divinité aux Deux-Visages et qu’elle portait malheur. Au fond d’elle, Azéna les détestait tous. L’adolescente en devait beaucoup à Fayne pour l’avoir sauvé de toute cette merde, elle qui lui avait démontrer une amitié sans condition contrairement à sa famille qui n’avait pas le choix de vivre avec elle. Elle se demandait parfois ce qu’elle serait devenue sans son amie.

Après les louages persistants de la Litfow, le groupe se rendit dans une clairière à proximité du Grand Nid où, pendant quelques heures, les trois apprentis apprirent à connaître leurs dragons. Fayne refusa de monter Buhrik tandis qu’Azéna accepta volontiers de faire équipe avec Tyrath. Ce dernier tenta d’imiter la danse d’Ella, mais il ne put effectuer qu’une performance aérienne de son propre style. Déçu, il se mit à discuter avec Ella dans leur propre langue natale. Teriondil qui comprenait un peu expliqua que Tyrath demandait à Ella de lui apprendre quelques trucs.

— Regardez-moi ça, dit Azéna, croisant ses bras fièrement. Il se fait des amis lui aussi.

Fayne rigola et hocha la tête en signe d’approbation.

— Ils parlent en karsayrethtès ? demanda-t-elle à Teriondil.

— Ça veut dire quoi en fait karsay-, dit Azéna qui s’interrompue car elle s’était mordue en prononçant maladroitement. Mais c’est quoi ce foutu nom bâtard ? Par Elysia, voilà de quoi me donner un torticolis de langue !

— Ça signifie la langue des dragons, petite cancre, répliqua Fayne.

L’insulte aurait pu s’avérer tranchante, mais la brunette s’exprimait sur un ton amical.

— Et oui, c’est bien en karsayrethtès qu’ils discutent, expliqua Teriondil.

— Tyrath comprend cette langue tordue, mais pas la nôtre, s’étonna Azéna.

— Il doit l’apprendre tandis que tu dois faire la même chose pour la sienne, comme je l’ai fait avec Ella. C’est très difficile de comprendre le karsayrethtès, encore plus de le prononcer pour nous. Il est très rare qu’un individu puisse le faire en fait. Normalement, l’académie est satisfaite lorsque les apprentis puissent comprendre.

— Et Buhrik ? questionna Fayne. Pourquoi le connaît-il déjà le commun ?

— Les dragons bleus sont extrêmement intelligents et possèdent une mémoire sans pareil. C’est normal qu’il l’ait appris par lui-même.

La nuit tomba et la faible lueur brune de la lune faisait briller les yeux d’Ella dans toute leur gloire. Les dragons noirs étaient tous assis au sommet des grottes, scrutant les environs pour toute source de dangers potentiels.

— On voit mal, se lamenta Azéna. Si on demandait à un dragon rouge de nous faire un feu ?

— Ne te plains pas, ronchonna Fayne. Je suis presque aveuglée par cette noirceur. Tu es chanceuse que tu vois juste mal.

— Eh ? Je vois super bien, informa Teriondil en souriant bêtement.

Les deux amies lui lancèrent un regard noir.

— Espèce d’elfes avec vos visions nocturnes, se plaignit Azéna qui se rappelait de Vigoth qui avait aussi cette habilitée.

— De toute façon, nous ne sommes pas supposés être ici, signala Fayne. Si on demande à la volée rouge pour de l’aide, il faudra aller à leur antre et je n’ai pas envie de tomber sur Rendar.

Teriondil acquiesça et Azéna croisa ses bras en tentant d’économiser un minimum de sa chaleur corporelle. L’idée que Rendar les découvre n’était pas des plus plaisantes. C’était le dragon le plus intimidant de toute l’académie et son dragonnier était le grand maître, ce qui leur apporterait des gros ennuis.

— Ne demandons pas aux dragons rouges, décida Azéna.

La terre trembla brièvement ce qui fit sursauter le groupe. Les dragons scrutaient l’horizon tandis que les deux adolescentes se tournèrent vers Teriondil en espérant recevoir des explications ou des instructions. Celui-ci écoutait avec attention et ne dit rien. Un deuxième séisme les secoua, puis un troisième et un quatrième. Le silence régnait. On n’entendait rien, pas même la respiration des autres.

Après quelques secondes, des reniflements retentirent et les cheveux d’Azéna furent balayés par deux coups de vents consécutifs. La dame osa jeter un coup d’œil vers le haut. Elle aperçut un museau rouge à la hauteur de son torse. La largeur de la mandibule de la mâchoire devait être aussi massive que celle de sa propre jambe.

— Teriondil, souffla-elle avec panique.

Le museau ne bougea pas. Teriondil poussa un cri d’exclamation et Fayne qui ne voyait rien, tourna la tête dans tous les sens en espérant découvrir ce qui se passait.

— Quoi ? Où ?

Un grognement caverneux retentit puis une boule de feu fut projetée au sol au centre du cercle que formaient le trio et leurs dragons. Les flammes, aussi grandes qu’un homme, grandirent rapidement et le nouveau venu était enfin visible. C’était un dragon rouge qui devait faire au moins six mètres et une dizaine de centimètres en hauteur.

— Tu as eu ton feu, se moqua nerveusement Azéna en fixant le mur de flamme. Ouh, c’est chaud et douillet... pas vrai ?

Rendar ne la trouva pas aussi drôle qu’elle. Il montra ses immenses crocs à Azéna. Grognant, il leva sa patte et enfonça ses griffes dans le sol. Fayne, de son angle, avait cru voir la griffe percer la jambe d’Azéna. Elle poussa un cri d’horreur que Teriondil étouffa en déposant sa main sur sa bouche à la dernière seconde.

— Si vous tenez à votre éducation, retournez à votre tour et tâchez de suivre les règlements, avertit-il en aerindien d’une voix rauque. Briser votre serment est très mauvais pour votre réputation.

Personne ne réagit.

Rendar rugit si fort qu’il souffla un courant d’air torride au visage d’Azéna qui s’étouffa sur le coup.

— Trop... trop... sec, marmonna-t-elle. Peut pas... respirer... Mourir...

Elle se traîna à quatre pattes vers Tyrath à la recherche désespérée de trouver de l’air frais.

— Aide-moi, supplia-t-elle à son dragon qui était complètement figé par la présence du monstre rouge.

— Immédiatement, continua Rendar sèchement.

Finalement, Azéna pouvait respirer. Elle se leva et signala aux autres qu’elle n’avait pas l’intention de jouer la difficile. Les trois amis détalèrent à pleine vitesse vers l’académie. En chemin, Azéna aperçut Rendar étouffer le feu de sa massive patte griffue. Ensuite, il chassa Tyrath, Buhrik et Ella à leur grotte respective et ne quitta pas les trois apprentis des yeux.

Teriondil fit demi-tour pour récupérer son jus bizarre qu’il avait oublié sur le coup.

— Non, malheureux ! s’écria Fayne dramatiquement. Ne le fais pas !

Rendar faillit lui brûler le derrière. Heureusement qu’il était béni avec l’agilité des elfes, sinon ils auraient été obligés de se rendre à l’infirmerie et Leith aurait été forcé de leur donner un mauvais quart d’heure.

Fayne faillit s’étriper plusieurs fois en chemin et pour la première fois de sa vie, elle fit le serment qu’elle allait tuer Azéna dans son sommeil. L’adolescente aux cheveux argentés rigola et la guida jusqu’à l’entrée.

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