12 - Jay

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Foutue journée ! Si Shawn ne change pas d'attitude à mon égard, je vais vite finir par regretter cette tournée. Putain, il ne peut pas tenter de comprendre que je ne pouvais pas faire le rapprochement avec son ex. Bon, d'accord, je me suis posé une fois la question, mais comment aurais-je pu en être certain ? Je n'avais aucune preuve en main. Si Haley ne nous l'avait pas présenté, je ne l'aurais jamais su jusqu'à ce que Leo ouvre sa putain de gueule ! Et dire qu'en règle générale, il n'est pas très bavard, ce matin, il l'avait vraiment ouvert au mauvais moment et aurait mieux fait de de se la fermer. Au moins, l'interview télévisée se serait passé dans une meilleure ambiance. À plus d'une reprise, j'ai cru que mon pote, si je peux encore l'appeler ainsi, allait me sauter à la gorge. Il n'a pas arrêté de me chercher en me lançant des pics à tout va.

Le pire, dans tout ça, a été son changement de répertoire à la dernière minute, dans l'incompréhension la plus totale de tout le staff et des journalistes. En choisissant Come back to me plutôt que Hell's Angels, son message était très clair. Il souhaite qu'elle lui revienne et je ne dois plus m'en approcher. Pas de souci, mon gars. Si j'avais su que c'était elle, j'aurais fui en courant dès notre premier contact. Notre amitié est sacrée et les femmes passeront toujours après, aussi délicieuses soient-elles. Et je peux dire que son ex l'est vraiment.

Lorsque nous arrivons à l'hôtel, l'ambiance est toujours aussi pourrie. Leo décide pour le coup de nous faire passer par l'entrée de derrière afin que l'humeur du leader ne se répercute pas sur nos fans. D'ailleurs même nous, on se tient à carreau pour éviter de faire exploser la bombe Shawn. Sans un mot nous longeons le long couloir qui nous ramène à la réception. Ce n'est qu'arrivés à hauteur du hall d'entrée que Dan prend la parole.

— Ça vous branche une bière, histoire de détendre un peu l'atmosphère ? nous demande-t-il, en désignant le bar d'un signe de tête.

— Ouais, grogne Shawn. Tu te joins à nous, Jay-den ?

Il vomit mon nom, plus qu'il ne le prononce.

Je commence vraiment à en avoir ma claque de son attitude.

— Si c'est pour encaisser ta mauvaise humeur, je m'en passe !

— C'est bon, les mecs, on se calme, s'interpose Dan qui doit sentir que je suis à cran.

Il nous jette un coup d'œil chacun notre tour pour bien nous faire comprendre qu'il ne nous permettra pas de nous entretuer.

— Jay ? m'interroge Dan.

Un coup d'œil sur ma montre m'indique qu'il n'est que dix-huit heures. J'ai largement le temps de prendre cette bière, avant d'aller me préparer et récupérer Jen sur les coups de vingt heures.

Si Shawn apprend que je sors avec elle ce soir, je suis mort . Même si je lui jure qu'il ne se passera plus rien avec elle, il ne voudra pas me croire. Pourtant si nous sortons au resto, ce n'est pas pour que je la baise ensuite, mais juste pour résoudre ce foutu problème créé par l'autre enfoiré. Si nous y parvenons, Leo n'aura plus à stresser pour nous reloger. Pour le moment, les coups de fil qu'il a passé n'ont abouti à rien et il panique complètement.

— Jay, tu rêves ? me questionne Dan.

— J'suis sûr qu'il pense à la façon dont Jen s'est occupé de lui cette nuit. Dis-moi, vieux, à elle aussi,  tu lui as mis une note ? On pourrait peut-être comparer nos appréciations.

Cette fois, je ne peux plus me contenir et lui décroche une droite pour lui fermer sa putain de gueule. Hors de lui, ses traits se tendent et ses poings se serrent avec fureur. Il veut m'en balancer un en retour ? Bien qu'il le fasse. Néanmoins, je ne lui permettrai pas de me toucher une nouvelle fois, je suis prêt à l'accueillir. Si ce matin, je l'ai laissé me cogner autant qu'il le désirait sans broncher, il va comprendre ce soir qu'on ne s'attaque pas à un ancien boxeur sans un minimum de préparation.

— C'est bon tous les deux, s'interpose Dan. Je pense qu'il y a eu assez de dégâts.

Malgré la présence de notre pote, nous nous défions du regard. Seul le bruit de talons dans le couloir, que nous venons d'emprunter à l'instant, nous fait détourner les yeux.

Jen s'avance vers les ascenseurs sans même nous prêter attention. Vêtue d'un léger pull qui moule son corps à la perfection et d'un pantalon large noir, elle est sublime. Je la contemple jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière les portes métalliques.

Tenir ma promesse vis-à-vis de Shawn risque d'être bien plus difficile que tout ce que j'ai fait jusqu'à présent dans ma vie. Pourtant, plus rien ne doit, ni ne peut se reproduire entre nous. Elle est à Shawn, il l'a rencontré le premier et l'aime toujours malgré le temps écoulé. Qui serais-je si je me mettais entre elle et mon meilleur pote ? Cependant, si elle m'attire à nouveau dans son lit, je ne suis pas certain de pouvoir résister. Je n'en ai aucune envie, à dire vrai.

Si je veux rester sain et sauf, je crois qu'il ne me reste qu'à prier de ne lui avoir laisser aucun souvenir de cette nuit de débauche, au cours de laquelle nous ne sommes même pas allé jusqu'au bout. Une première pour moi. Tout comme dormir toute la nuit dans son lit. Avec les autres, dès que je me réveillais, je me barrais. Auprès d'elle, je n'ai pas eu envie de fuir comme un voleur. Je me sentais juste bien.

— Je croyais que mon message en changeant notre chanson était assez clair ? me sort Shawn de ma rêverie.

— Il l'est parfaitement.

— Dans ce cas, ne t'avise même plus à la reluquer comme tu viens de le faire.

Je ne relève pas. De toute façon, ça ne servirait qu'à envenimer la situation.

Dan souffle, exaspéré, de nous voir nous chamailler comme deux gosses.

— Bon, les gars, quand vous aurez terminé de vous entretuer pour cette nana, on pourra peut-être aller prendre une bière, avant que je monte retrouver la mienne, dit Dan en passant un bras sur nos épaules.

Sans qu'on puisse protester, il nous entraîne vers le bar. À cette heure, plusieurs personnes sont déjà installées et prennent un apéritif tranquillement en discutant avec leurs voisins de table. Dès que nous sommes assis, la serveuse, la même qu'hier, vient prendre nos commandes. Elle fusille Shawn du regard, avant de venir m'aguicher ouvertement. Quelque chose me dit qu'elle cherche à se venger de mon pote.

J'en ai très vite confirmation, quand il me lance :

— Après Jen, on pourra peut-être comparer nos performances avec April. Je t'avoue qu'elle a été d'un ennui mortel. Rien à voir avec la femme dont je rêve depuis des années.

Ses derniers mots valent une piqûre de rappel.

— Tu vas me lâcher la grappe avec ton ex. J'ai juste dormi avec elle, c'est bon, vieux, putain !

Il éclate de rire, mais ce son n'a rien de joyeux, c'est plutôt celui qui vous donne des frissons lorsque vous vous retrouvez devant un psychopathe. Comme ce gars qui a voulu me buter.

— Shawn, cesse tes conneries ! Si Jay te dit qu'il n'a rien fait, je le crois, me défend Dan.

Je le remercie en hochant la tête.

— Le jour où Jayden ne fera rien avec une meuf, le monde tournera à l'envers. Juste pour info, elle a porté mon gosse, lâche-t-il comme si cette information revêtait d'une importance capitale.

Et putain, oui, ça l'est ! Si elle est maman, ça change la donne, bien que je me demande où est leur gosse, vu que rien ne m'a mis la puce à l'oreille cette nuit.

— Écoute, mec, je ne vais pas me foutre sur ta route, surtout si vous avez un gosse.

Une drôle de lueur traverse aussitôt son regard. Quelque chose le chiffonne, cependant je suis incapable de savoir si c'est ce que je viens de lui dire ou si c'est à cause de son gamin. D'autant plus que je n'ai pas le temps d'approfondir, vu qu'il se reprend aussitôt.

— Tu n'étais pas au courant ? lui demande notre pote.

— Non, elle ne m'en a jamais parlé. Ni ta femme, d'ailleurs, lui lance-t-il amer.

— Je ne suis pas sûr qu'elle le savait. En tout cas, elle ne m'en a jamais parlé.

Quand la serveuse revient avec nos bières, la discussion s'interrompt le temps qu'elle pose nos commandes. Je n'arrive pas à croire que mon pote soit papa et que j'ai presque couché avec la mère de son gosse. Une telle nouvelle me refroidit direct. J'hésite même à me rendre au resto avec elle, on pourrait très bien discuter de tout ça ici, à la vue de son ex, qui ne pourrait que constater qu'il ne se passe rien entre nous. Ensuite, je n'aurais qu'à remonter dans ma chambre avec la serveuse ou une des groupies qui doivent sûrement m'attendre dehors. J'oublierais ainsi qu'une très belle femme m'a vraiment tapé dans l'œil pour la première fois de ma vie.

Pourtant, lorsque je regarde une nouvelle fois ma montre et constate qu'il est dix-neuf heures, je finis de descendre rapidement ma seconde bière. Il est temps que je monte me préparer si je ne veux pas être à la bourre pour notre rencard.

— Je vais remonter, annoncé-je à mes potes. Je ne me sens pas très bien. Il vaut mieux que je bouffe dans ma chambre ce soir, mens-je éhontément.

Shawn me jette un regard, suspicieux.

— C'est le fait que j'ai eu un gosse avec elle, qui t'emmerde à ce point ?

Je secoue la tête, dépité.

— C'est votre problème, pas le mien. Elle ne m'intéresse pas. On avait trop bu tous les deux hier soir, rentre-toi bien ça dans le crâne, bordel !

Il m'observe un instant, avant de jouer nerveusement avec son piercing. Il ferme les yeux et quand il les rouvre, il porte un regard désolé sur moi.

— Désolé, mec. Je ne sais pas ce qui m'a pris de me foutre en rogne contre toi. Je crois que tout ça, c'était beaucoup trop pour moi. Fais juste pas le con avec elle.

Savoir que je pars la rejoindre me met mal à l'aise, surtout après ses excuses. Un nœud me comprime la gorge et m'empêche d'avaler correctement. Je ne dois vraiment pas faire de conneries ce soir, si je ne veux pas perdre mon frère. S'il vient de me pardonner, une nouvelle nuit dans les bras de son ex, signera la fin de notre amitié. J'en suis conscient.

— Si je la croise, je te promets que je serais ton avocat devant elle.

Pour la première fois de la journée, il sourit.

— Si tu pouvais éviter de la croiser, ça m'arrangerait bien.

Je hoche la tête, avant de cogner dans le poing qu'il me tend. J'en fais autant dans celui de Dan, avant de quitter l'espace bar.

Une fois dans ma chambre, je checke mes réseaux, afin de savoir si quelqu'un m'a laissé un message concernant la demande que j'ai mis en ligne ce matin. Plusieurs personnes m'ont répondu et plus d'une a posté des vidéos concernant ma soirée d'hier soir. Une d'entre elle, connu sous le pseudo Amazon737, m'a filmé de mon arrivée au Devil's jusqu'à mon départ. Mon échange verbal avec ce type y est très audible. Parfait ! C'est exactement ce dont j'avais besoin. Jen n'aura plus qu'à l'envoyer à son père, pour que nous soyons disculpés.

Maintenant, je n'ai plus qu'à me préparer. Encore faut-il que je trouve la tenue adéquate et franchement, je ne sais absolument pas quoi foutre. Je pourrais très bien enfiler ce jeans noir avec cette chemise blanche à moins que je ne mette la bleu ciel. N'importe qui me verrait pourrait croire que je me rends à mon premier rencard. À vrai dire, il ne serait pas très loin de la vérité. Ça fait des années que je ne suis pas aller manger en tête-à-tête avec une femme.

Dix bonnes minutes me sont nécessaires pour effectuer mon choix. La blanche avec le jeans noir me paraît la plus adéquate. La classe, quoi ! Est-ce que Jen appréciera ?

C'est quoi cette putain de question ?

Il ne faut pas que je pense à elle de cette manière-là, je ne vais pas la ramener dans mon lit. Bien au contraire. Si je peux, c'est vers celui de mon pote que je vais la pousser.

Je file à la douche pour me chasser les sales idées qui tentent de franchir les barrières de mon esprit. Je laisse l'eau s'abattre sur ma nuque de longues minutes, jusqu'à ce que plus aucune pensées parasites n'essaient de me détourner de mon objectif. Quand je me sens fin prêt, je quitte la cabine de douche et vais m'habiller.

Je suis pile poil a l'heure quand j'arrive devant la porte de sa suite. Je frappe quelques coups et attend, impatient, qu'on vienne m'ouvrir la porte. Au bout d'une ou deux minutes, je toque une nouvelle fois. En imaginant qu'elle ait pu me poser un lapin, la nervosité me gagne. J'espère que ce n'est pas le cas, même si après coup, ce serait une bonne chose pour mon pote. Ces pensées viennent tout juste de me traverser l'esprit lorsqu'une jeune femme, que je reconnais pour lui avoir signer un autographe, se retrouve devant moi. Elle me déshabille du regard, d'un air un peu trop appréciateur à mon gout, même si en général, je n'en fais pas de cas.

— Bonsoir, la salué-je, histoire de me montrer poli et surtout pour qu'elle cesse de me reluquer de la sorte.

Merde, je ne suis pas un morceau de viande non plus.

Sans plus me prêter d'attention, elle tourne la tête vers l'intérieur et lance :

— Il ne manque plus que le batteur et tu te les seras tous tapés, Jenny. À moins que tu préfères un plan à trois avec le leader et le bassiste ?

Waouh ! Quelle langue de vipère ? Je détesterai avoir une sœur comme elle. Heureusement que je suis gosse unique.

Face à une telle attitude méprisante, je reste sans voix.

Des talons claquent rapidement sur le sol et m'annoncent l'arrivée de la plus jolie des deux. Dans sa petite robe noire, elle est encore plus belle que tout à l'heure. Elle fusille sa sœur du regard avant de répliquer qu'elle n'est pas une pute. Je ne peux que dire qu'elle a raison. Elle est loin d'être une fille de ce genre. Certes, je ne la connais pas bien, mais tout ce qu'a pu me dire Shawn sur elle et le peu que j'en ai vu suffit à m'en convaincre.

Quand sa sœur se barre, Jen se laisse tomber sur le canapé. Elle semble vraiment désorientée par ce qui vient de se passer et ne prête même pas attention à ma présence. Un élan protecteur me pousse à vouloir la prendre dans mes bras, pour lui apporter le soutien dont elle semble avoir besoin. Je me retiens de justesse. Je ne peux pas. Je ne dois pas. Pour Shawn, il faut que je me tienne loin d'elle. Peut-être devrais-je la laisser seule ? Après tout, vu qu'elle ne me capte même pas, c'est peut-être ce dont elle a besoin. J'avoue que je ne m'y connais pas beaucoup en psychologie féminine.

— Si tu veux, on peut remettre le dîner à une prochaine fois.

Elle tourne lentement la tête vers moi, comme si elle réalisait seulement qu'elle n'était pas seule. Ses yeux se portent sur ma pommette et sur ma lèvre, avant qu'elle ne s'excuse pour ce qu'il s'est passé, comme si tout était de sa faute. J'aime la façon dont elle me regarde. Dans ses yeux, je ne suis pas le bassiste des Diamond Angels avec lequel on rêve de s'envoyer en l'air, mais juste un gars lambda pour lequel elle éprouve de la compassion.

— T'inquiète, j'en ai vu d'autres, lui assuré-je.

Elle me sourit, avant de se lever pour venir m'embrasser sur la joue. Quand ses lèvres entrent en contact avec ma peau, je frissonne. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, mais je sens que je suis dans la merde si j'éprouve ce genre de sensations.

— Je vais chercher mon manteau et je suis prête, m'annonce-t-elle.

— D'accord, je t'attends.

Je ne peux m'empêcher de la reluquer tandis qu'elle se dirige vers sa chambre. Elle a des jambes de malades et un putain de déhanché qui me fait bander. Faut que je me calme ! Bon, ouais, ça fait quelques jours que je n'ai pas trempé mon biscuit, mais ce que je ressens n'est pas normal. Rien que le fait que j'ai envie de la baiser dans toutes les positions, toute la nuit et même les suivantes, alors qu'elle est la mère du gosse de Shawn me tracasse. Je n'ai jamais connu un truc pareil, à part peut-être au bahut.

— La vue te plaît ?

Surpris, je relève les yeux vers son visage. Son sourire fait vibrer des cordes inconnues au fond de mes entrailles.

— Joker. Je risque de me faire tuer si je réponds.

Et c'est la vérité. Si jamais, Shawn venait à apprendre que je la drague en répondant que oui, la vue me plaît énormément, il me flinguerait, sans aucun doute.

Alors qu'elle entre dans la chambre, elle éclate de rire. Ce son est aussi beau qu'un accord de basse. Putain ! Je dois me reprendre avant de la suivre, la renverser sur son lit et finir ce que nous avons commencé ce matin. Plutôt que de m'emballer sur cette pensée, je me rends jusqu'à la baie vitrée, par laquelle je contemple la vue sur Big Ben. Je reprends peu à peu mes esprits, jusqu'à ce que je sente sa main sur mon épaule. Un courant électrique me traverse et je réprime une grimace sous cette sensation un peu trop grisante.

La soirée risque d'être vraiment très longue, à contenir ainsi mes pulsions.

— Je suis prête, m'annonce-t-elle, de sa voix chaleureuse.

— Alors, allons-y.

Plus d'une fois, alors que je marche à ses côtés, je suis obligé de lutter contre mon envie d'enrouler mes doigts autour des siens. Son parfum m'ensorcelle, tel un puissant aphrodisiaque. Si on m'annonçait qu'elle était en fait une sorcière, je ne serais pas étonné, vu ce que je ressens. Elle m'envoûte littéralement.

Dans l'ascenseur, je reste à bonne distance d'elle, pour éviter de la plaquer contre la paroi. De temps à autre, je jette un coup d'œil au miroir afin de l'observer en toute discrétion. Quand elle le remarque, elle me lance des petits sourires qui me rendent fou.

Elle a porté mon gosse.

Les mots de mon pote viennent me rappeler que je ne peux pas me mettre entre eux. Elle est maman.

Après avoir quitté la cage métallique, je la suis en retrait, pour mettre mes bonnes résolutions en pratique. Mon idée n'est pas celle du siècle puisque je peux mater son cul comme un gros pervers. Par tous les moyens, il faut que je m'empêche de poser mes yeux sur elle. Sinon, je vais crever de désir. Je ne sais même pas si ma main me suffira à calmer mes ardeurs lorsqu'on rentrera tout à l'heure.

Lorsque nous arrivons à l'extérieur, un homme vient la serrer dans ses bras. Quelque chose me traverse les entrailles, sans que je ne puisse vraiment l'interpréter. La seule chose que je comprends, c'est qu'il risque de goûter mon poing s'il n'enlève pas rapidement ses sales pattes d'elle.

— Jayden, je te présente mon meilleur ami et chauffeur Antonio. Il adore votre musique, me dit-elle.

Encore un fan.

Je serre la main que ce gars me tend, avant de suivre Jen dans une sublime caisse.

— J'ai préféré qu'on prenne l'Audi plutôt que la limousine, m'avoue-t-elle une fois que je suis assis près d'elle. On devrait se faire un peu moins remarquer.

— Avec moi, à tes côtés, je ne suis pas certain que tu ne te fasses pas remarquer, répliqué-je avec un doux sourire.

Toutefois, elle a raison d'avoir préféré prendre cette caisse, plutôt que la plus somptueuse. Au moins le regard de son meilleur pote sur moi va me permettre de me retenir tout au long du trajet.

— J'ai l'impression que tu es mal à l'aise avec moi ?

Sa question me surprend. Je ne pensais pas m'être ainsi dévoilé. Je ne sais même pas quoi lui répondre. « Tu me plais beaucoup, Jen, un peu trop même, mais t'es l'ex de Shawn, alors je ne peux pas te toucher. » me paraît totalement inadéquat.

— Je pensais juste à Shawn. Il n'était pas dans son assiette, aujourd'hui.

Cette réponse n'était pas la meilleure non plus, vu la grimace qu'elle tire. Elle secoue la tête, avant de se tourner vers la vitre.

Bien qu'elle ne puisse pas le voir, le chauffeur lui jette un regard compatissant à travers le rétroviseur intérieur.

Dans l'incompréhension, je me sens un peu con.

— À l'avenir, évite de me parler de lui.

Elle doit vraiment le détester pour réagir ainsi. Me faire l'avocat de mon pote risque d'être bien plus difficile que ce que j'aurais pu imaginer. Comment vais-je pouvoir lui en parler sans la brusquer ? Je n'ai aucune envie de la voir partir en courant, bien au contraire.

Un lourd silence tombe dans l'habitacle. Je n'ose même pas le briser de peur de commettre une bourde. Quant à elle, elle ne quitte pas du regard le paysage qui défile sous ses yeux. Je suppose que son meilleur ami n'est pas autorisé à discuter lorsqu'il conduit.

Quand nous arrivons devant l'un des plus somptueux restaurants de la capitale britannique, réputé dans le monde entier, Antonio nous laisse juste devant l'entrée. Des portiers nous ouvrent aussitôt les portières, avant que notre chauffeur parte se garer un peu plus loin. Il va sûrement nous attendre jusqu'à ce que nous décidions de rentrer. Je rejoins Jen sur le bitume. Au moment où j'arrive à sa hauteur, elle m'adresse un sourire avant de glisser son bras sous le mien.

Pour le moment, personne ne vient me harceler pour avoir un autographe ou me photographier. C'est plutôt sympa, ça me permet de profiter du geste de ma cavalière, sans craindre que ça se retrouve sur les réseaux sociaux. À mon avis, les deux baraqués qui se trouvent de chaque côté de l'entrée ne doivent pas être pour rien dans cette tranquillité.

À peine avons-nous franchi les portes, qu'une belle créature nous invite à la suivre. Ce n'est pas parce que je me trouve déjà en compagnie d'une femme somptueuse que je ne peux pas me rincer l'œil. Personne ne m'a encore mis au régime sec et je pourrais peut-être trouver de quoi grignoter ici. Il suffirait qu'après le repas, je dise à Jen que je ne souhaite pas rentrer avec elle, que j'ai bien mieux à faire. Mais en ai-je seulement envie ? Si je m'écoute, la réponse est clairement non. Quand nous rentrerons à l'hôtel, ce sera certainement la dernière fois où nous serons juste elle et moi. Alors, autant en profiter jusqu'au bout.

Arrivés à la table désignée, je tire la chaise de Jen.

— Pour le Dieu du sexe, je ne vous pensais pas aussi galant, monsieur Miller.

Dieu du sexe ? Qui lui a sorti une telle connerie ? En tout cas, elle m'amuse et je décide d'entrer dans son jeu.

— Vous seriez surprise par tous mes talents, mademoiselle Hollister, répliqué-je en contournant la table pour aller m'assoir à ma place.

Elle sourit et je craque encore une fois.

La serveuse nous remet les menus, avant de s'éloigner. Un autre nous amène peu de temps après des amuse-bouche, avant de prendre commande de nos boissons. Jen choisit un cocktail sans alcool. Je décide d'en faire autant, pour rester lucide toute la soirée. Avec elle, il vaut mieux que je garde mon cerveau principal en bon état de fonctionnement. Si je laisse le second le mettre KO, ma promesse risque de tomber à l'eau.

Tandis que le serveur part chercher nos commandes, je me lance direct dans la conversation pour laquelle nous sommes assis l'un devant l'autre.

— Une fan m'a envoyé la vidéo qu'elle a prise hier. Tiens, regarde !

Au moment où je lui tends mon portable, nos doigts se frôlent. Ce contact m'envoie un courant de deux cent vingt volts dans tout le corps. Bordel ! Gêné, je retire ma main aussitôt et la laisse visionner la vidéo tranquillement.

Au fur et à mesure que le temps s'écoule, ses joues prennent une jolie teinte rosée, qui la rendent encore plus attirante.

— Oh, mon Dieu ! J'ai vraiment fait ça !

Devant sa réaction, je ne peux m'empêcher de sourire.

— Tu pourrais me l'envoyer, s'il te plaît ? me demande-t-elle, après avoir repris ses esprits.

J'acquiesce d'un signe de tête.

— Avec plaisir.

Un silence pesant s'abat entre nous. Je crois que ce que nous avons fait la trouble un peu trop. À mon avis, elle n'est pas le genre de filles à embrasser le premier gars venu. Il doit lui en falloir beaucoup plus pour se laisser aller avec un inconnu.

— Tu dois me prendre pour une fille facile, finit-elle par me dire d'une toute petite voix, presque honteuse.

Elle mordille l'ongle de son pouce, mal à l'aise, avant de planter un regard intimidé dans le mien. Gênée, elle finit par briser ce moment, que je pourrais qualifier de magique, en détournant les yeux.

Elle est tellement craquante ainsi.

— Les filles faciles, il y en a plein qui passent dans mon lit. Toi, tu es différente. Tu n'as rien à voir avec toutes celles que j'ai connu jusqu'à présent. Tu vaux mieux que ça, j'en suis certain.

Putain, qu'est-ce qu'il m'a pris de lui sortir un truc pareil ?

Sous mon compliment, ses joues deviennent aussi rouge que la nappe de la table. Son regard vient à nouveau s'ancrer au mien. Subjugué par ces deux émeraudes, je ne suis même plus capable de sortir le moindre son. Si un de mes potes me voyaient agir ainsi devant une fille, ils seraient morts de rire... ou presque. Parce que si Shawn apprenait que la nana, qui me fait autant d'effet, est son ex, il me ferait passer un putain de sale quart d'heures. Certain qu'il s'en prendrait à moi dans mon sommeil pour que je ne puisse pas réagir.

Pour mettre un terme à cet échange silencieux, je tends le bras vers l'assiette posée entre nous pour y attraper un amuse-bouche, que j'emmène vers mes lèvres sans le quitter des yeux.

— Shawn t'aime toujours. Il n'a jamais réussi à avoir une histoire vraiment sérieuse depuis toi, lui avoué-je, une fois la bouche vide.

Parler de mon pote devrait m'aider à me tenir à carreau.

— Et ?

— Tu devrais peut-être lui donner une seconde chance.

Même si ça me fait chier.

Lorsqu'elle fronce les sourcils, je sais que je marche sur un terrain glissant. Soit elle m'écoute jusqu'au bout, soit elle se barre en courant.

— Je t'ai dit que je ne voulais pas entendre parler de lui !

Le retour de la serveuse met un terme momentané à cette discussion. Je commande un bœuf wellington et un bavarois, sans pouvoir m'empêcher d'imaginer un tout autre dessert, bien plus appétissant.

Mon corps, ce traitre réagit aussitôt.

Bordel, je ne suis pas un puceau pour bander autant dès que je pense à ce qui se cache sous sa petite robe ! L'effet qu'elle me fait est, presque, insupportable.

Malgré moi, je pose mes yeux sur ses lèvres, alors qu'elle dicte son menu, en mourant d'envie d'y coller les miennes. Mes pensées s'envolent vers la nuit précédente. Je frissonne au souvenir de sa peau contre la mienne, de sa main autour de mon membre dressé pour elle et de son regard au moment où elle a décollé sous mes doigts.

Je donnerais n'importe quoi pour sentir sa langue caresser délicieusement ma queue, pour m'enfoncer dans son intimité et y laisser la raison.

— À quoi tu penses ? me surprend-elle.

Les coudes sur la table et le visage appuyé sur ses deux mains, elle m'observe d'une façon bien trop agréable.

Je vais crever sous les coups de Shawn, mais pas avant d'avoir goûté au plus délicieux des pêchés avec elle.

Je secoue la tête pour me remettre les idées en place, afin de lui fournir une réponse appropriée. Je me vois très mal lui dire que je suis en train de m'imaginer la baiser. Si avec les autres, je ne suis pas le genre de gars à prendre des pincettes, avec elle, c'est différent.

— À Shawn.

Foutu mensonge, mais nécessaire si je ne veux pas qu'elle réalise l'effet de dingue qu'elle me fait. Surtout que pour le moment, rien ne m'indique qu'elle ressent la même attirance que moi.

Puis, il y a celui que j'ai toujours considéré comme mon frère. Je ne peux pas gâcher vingt ans d'amitié pour une fille. Surtout qu'on s'est toujours juré de ne jamais en laisser une s'immiscer entre nous.

— Bien. Dans ce cas, tu devrais peut-être l'appeler pour qu'il vienne dîner avec toi. Pour ma part, je n'ai aucune envie de t'écouter me dire qu'il regrette ce qu'il s'est passé entre nous. Lui et moi, c'est terminé depuis cinq ans...

— Mais, vous avez un gosse ! la coupé-je un peu trop sèchement.

Son regard perd toute sa luminosité, elle déglutit difficilement, puis se lève sans un mot en jetant sa serviette sur la table.

— Je ne sais pas ce qu'il a été te dire, mais sache que je l'ai perdu à six mois de grossesse. Je te remercie, donc, beaucoup, Jayden Miller, de m'avoir rappelé ce moment, pour la troisième fois de la journée, me balance-t-elle en pleine tronche en s'arrêtant près de moi.

Putain de bordel de merde ! Je comprends mieux à présent sa réaction quand Haley lui a demandé des nouvelles de son bébé, puis celle de Shawn quand il nous en a parlé. Je plains mon pote, mais c'est son ex que j'ai envie de serrer contre moi. Je m'en veux d'avoir lâché ça comme ça, sans ménagement. J'aurais dû lui poser la question plus discrètement. Mais non, il a fallu que je réagisse encore une fois comme un con.

J'enroule mes doigts autour de son poignet pour l'empêcher de s'éloigner de moi. Après ce qu'elle vient d'avouer, j'ai encore moins envie qu'elle parte.

— Reste... S'il te plaît.

Ses épaules s'affaissent, comme si elle venait de relâcher tout l'air de ses poumons. Puis, elle tourne la tête vers moi.

— Si tu veux que je reste, ne me parle plus de lui. Jamais, je ne pourrais lui pardonner le mal qu'il m'a fait.

Je hoche la tête, même si ça m'ennuie vraiment pour mon pote. S'il tient vraiment à la récupérer, il va devoir ramer très fort et je ne pourrais pas l'aider.

— Je veux juste que tu saches, et après promis je ne t'en parle plus, s'il est resté avec elle, c'était pour me protéger. Il n'a jamais couché avec elle durant le temps où vous êtes restés ensemble.

— Tu ne m'apprends rien de nouveau. À présent, le sujet est clos, me dit-elle en retournant s'assoir.

D'un mouvement de tête, j'accepte sa requête.

— Dans ce cas, parle-moi de toi, j'ai envie d'apprendre à te connaître. Tu fais toujours de la danse ?

Elle écarquille les yeux, stupéfaite que je puisse le savoir.

— N'oublie pas que ton ex est mon meilleur pote. Il me parlait très souvent de toi.

Elle sourit, puis d'une voix tout à fait délicieuse, elle m'explique qu'elle a tout arrêté depuis sa grossesse.

— Ça ne te manque pas ?

— Parfois, oui, mais aujourd'hui, je n'ai plus vraiment le temps.

— Ton travail ?

— Oui, je suis l'adjointe de mon père.

Cette révélation me laisse sans voix. Être a la tête d'une société à son âge ne doit pas être tous les jours évidents. Elle est loin d'être une quiche, contrairement à la plupart des filles que je ramène dans mon pieu. En même temps, Shawn m'en avait déjà parlé. Alors pourquoi suis-je aussi surpris ? Peut-être parce que je le découvre par moi-même et que ça me plaît vraiment.

Mes yeux suivent chacun de ses mouvements, même lorsqu'elle amène sa fourchette à la bouche. Elle est tellement belle, que je pourrais passer des heures ainsi, juste à la regarder manger.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? Aurais-je quelque chose sur le nez ? me questionne-t-elle.

Non, tu es juste parfaite.

Le coin de mes lèvres s'étirent. Elle me rend mon sourire en enflammant mon sang. Je plonge mes yeux dans les siens. Elle ne les détourne pas, au contraire un jeu de regard se met en branle entre nous. Et bordel que ça me plaît !

Sous l'intensité de mes prunelles, elle finit par mordiller sa lèvre. Elle avance lentement la main en direction de la mienne, jusqu'à ce que nos doigts se frôlent. Cette fois, je ne la retire pas et me laisse enivrer par ce que je ressens. C'est tellement bon. De toute façon, à quoi bon lutter ? Le combat est déjà perdu d'avance.

— Pardon, s'excuse-t-elle en reculant sa main.

Je secoue la tête, sonné par le froid qui vient de m'envahir.

Pour me remettre de ce qui vient de se dérouler entre nous, je me concentre sur mon assiette. Un silence gênant envahit notre table.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé avec le gars d'hier ? C'est ton ex, non ? finis-je par lui demander pour briser ce mutisme un peu trop lourd, sans quitter mon assiette des yeux.

Ce n'est que lorsqu'elle pouffe, que je me permets de les lever vers elle.

— Je vous trouve bien curieux, Jayden Miller. Mais oui, c'est mon ex. Ça fait deux mois qu'on a rompu. Lui aussi menait une double vie. Il m'a trompée pendant plusieurs semaines avec une collègue... Je dois être maudite, plaisante-t-elle.

Je sais qu'elle fait également allusion à son histoire avec Shawn. À cet instant, je me demande comment on peut avoir envie d'aller voir ailleurs, lorsqu'on a une telle femme à ses côtés. Mon pote n'avait pas le choix, mais cet autre gars, lui l'avait.

— Et, toi ? me questionne-t-elle.

Je hausse les sourcils dans l'incompréhension.

— Une petite-amie ?

J'explose de rire. Ça se voit qu'elle n'est pas fan de notre groupe, sinon elle connaîtrait ma réputation.

— Quoi ? demande-t-elle, innocemment.

— Ton ignorance m'amuse.

— Et pour quelles raisons, je vous prie ?

Elle croise les bras sur sa poitrine, feintant d'être vexée. Enfin, j'espère qu'elle fait vraiment semblant de l'être.

— Je suis connu pour être le célibataire endurci du groupe, celui qui ne manque pas une occasion de s'amuser avec une fille.

Elle hoquette de stupeur et me foudroie du regard.

— Si je comprends bien, je n'ai été qu'une fille de plus dans ton tableau de chasse ?

— Tu ne fais pas partie de ce tableau, sinon je ne serais pas resté jusqu'au matin avec toi et nous ne serions pas en train de discuter en ce moment.

— Oh, je vois. Si je comprends bien, j'ai droit à un privilège, c'est bien ça ?

— En quelque sorte, la taquiné-je.

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