Sixième leçon - partie 1

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Les jours passent lentement, je m'occupe en décidant de partir, encore une fois. J'arrive au milieu d'un champ après plusieurs heures de route. Il fait encore chaud, j'y plante ma tente. J'aime la solitude et la tranquillité que ça représente.

Je rentre deux jours plus tard, on est dimanche. Il rentrera demain ou après-demain, je sais pas trop. Je vais voir Lydia qui vient de rentrer, on va au ciné, ça me rappelle des souvenirs avec le petit brun et ça me fait marrer. Je rentre crevé, lui envoie un SMS pour des infos. Sa réponse tarde pas.

MisterTom : Départ demain à quinze heures. Donc arrivée à vingt-trois, on mange sur la route

Will : Tu seras crevé ?

MisterTom : Carrément. Tu voulais dormir chez moi ? Ou chez toi ? Parce que j'aurai besoin de retrouver mon lit. Celui de Méphisto est cool, mais il vaut pas le mien

Will : Le mien vaut pas le tien non plus ! J'attends après-demain demain alors. Te souhaite une bonne nuit Thomas.

MisterTom : Toi aussi Will <3

Et j'ai super mal dormi. Et le lendemain c'est horrible, je piétine d'impatience comme une pucelle. Sérieux quoi.

À dix-sept heures, alors que j'ai décidé de réviser, je reçois enfin un message de celui qui s'est appelé MisterTom dans mon téléphone.

MisterTom : Que deux heures de route et ça me saoule déjà

Will : Je peux quand même venir te faire un câlin si tu veux :)

MisterTom : En arrivant ?

Will : Si t'es trop fatigué et que tu veux dormir, je comprends. J'ajoute. Arrête de penser qu'à toi Will.

MisterTom : Ça dépend combien de temps dure ton câlin. Je pourrai résister à dix minutes en arrivant aha x

Will : Je te ferai dix minutes de câlin et je te laisserai t'endormir ensuite, ça te va ? :)

MisterTom : Oui

Will : Sûr ? Sinon je viens demain. Comme tu veux.

MisterTom : T'as envie de venir ce soir ? Si oui, tu viens. Si tu préfères attendre demain que je sois plus réactif, on se voit demain x

Will : Je tiendrai pas jusqu'à demain toute façon.

MisterTom : Alors on se voit ce soir

Will : À toute à l'heure !

MisterTom : À toute

J'attends, et vingt-trois heures arrivent quand je me rends compte d'un truc.

Will : Tes parents ça les gêne ?

MisterTom : Non ça ira

Will : Ils savent pour toi ?

MisterTom : J'ai rien dit mais je pense

Will : On en discute demain, mais du coup je sais que je vais faire attention

MisterTom : J'arrive dans dix minutes

Will : Je te laisse le temps d'arriver. En vrai je me prépare rapidement, j'ai vraiment l'air d'une nana à son premier rendez-vous. J'ai même le trac. Ce serait bizarre si je me jetais sur lui ?

Vingt minutes plus tard, j'arrive devant chez eux. Je souffle, hyper stressé. C'est bizarre de ressentir un truc comme ça, moi qui m'attelle à n'avoir rien à foutre de rien depuis des années. Finalement je décide de sonner, tapotant du pied.

— Will ? grésille l'interphone.

— Oui.

J'entends ensuite le bruit de quelqu'un qui arrête d'appuyer sur le bouton, et plus rien.

J'attends et je stresse de nouveau.

J'ai juste le temps de me poser cent questions avant que la grande porte ne s'ouvre. Derrière, mon petit brun, des petites cernes aux yeux mais un sourire sur les lèvres. Tellement adorable. Je me glisse dans l'ascenseur et l'attire aussitôt à moi. Sans parler, sans rien, je l'embrasse et j'ai envie de lui transmettre comme je suis content de le voir.

Ses doigts se glissent entre mes cheveux et sa bouche bouge contre la mienne de la même manière que moi. Pourtant, il se recule assez -trop- rapidement.

— Heureusement que tu es en retard, j'ai pu me laver au moins, il rigole en sortant la carte de sa poche.

— Tu sens bon, c'est vrai, je fais semblant de renifler son cou et son rire résonne de nouveau.

— Laisse-moi biper la carte ! il dit en essayant de se déplacer alors que je le retiens.

— Mh... Je le serre plus fort et lèche sa gorge.

— F-fais pas ça... Will, c'est-

Il parle en couinant presque et se tortille en tirant son cou.

— C'est quoi ? Je murmure en recommençant avec lenteur.

Ses doigts se referment sur mes cheveux.

— C'est bon... il souffle tout bas.

Je souris.

— Je trouve aussi, je m'éloigne. Je te laisse tranquille. T'es fatigué. Je te regarderai dormir.

Il sourit encore et passe sa carte sur la plaque magnétique. Il se rapproche ensuite, et rapidement il attrape ma nuque pour me rapprocher et plaquer ses lèvres sur les miennes, ce qui me donne envie de plus, mais je m'éloigne en entendant la porte s'ouvrir. Je lui souris en coin, surpris de son audace.

Thomas sort tout de suite. Sa mère vadrouille dans le salon. Elle a l'air de ranger des trucs ici et là. Mon brun lui dit que je suis arrivé et elle me salue avant de s'excuser et de partir dans une autre pièce. La main de Thomas attrape mon poignet en grimpant les marches, je le suis, amusé de le voir pressé comme ça. Remarque je le comprends, le pauvre doit être raide.

— J'en peux plus. Sept heures de voiture c'est trop, il grogne en se laissant tomber sur son lit, face contre le matelas.

Je me marre.

— Tu supporterais autant en moto ?

— Sais pas. C'est pas pareil mais c'est long quand même, fait sa voix étouffée.

— On saura bien un jour, je viens m'allonger à côté de lui et enlace sa taille.

Il se tourne lentement pour être couché sur le flanc, en face de moi. Il a de petits yeux quand même.

— Tu comptes m'emmener à Édimbourg en moto ?

— Je sais pas. Sûrement que ça se fera un jour, non ? Je souris.

— Cool. J'ai un chauffeur.

— Le meilleur chauffeur en plus. J'ai eu mon permis y a au moins une semaine, je me marre.

Son poing vient taper mon torse et il rit aussi doucement. Je me rapproche et prends ses lèvres ; elles sourient contre moi. Je me remets sur le dos. - Comme ça m'avait manqué !

Il rit et sa main remonte sur mon bras pour le caresser doucement. Je le sens qui me regarde.

Moi j'ai les yeux fixés au plafond. J'aime la sensation qu'il m'observe, je me demande s'il sait que je sais qu'il me mate là.

— Alors. T'as fait quoi aujourd'hui ? il demande bas.

— J'ai pensé à toi.

Je le vois sourire du coin de l'œil.

— C'était bien ?

— Évidemment ! Je t'imaginais en robe tu vois.

— Idiot.

Il se relève et attrape ses habits dans la penderie en me disant qu'il revient.

Je le regarde partir et j'attends.

Quand il revient, il porte son short habituel et un tee-shirt noir un peu ample.

— Tu comptais sur une robe ? il ricane en me voyant le regarder.

— Carrément. Je suis méga déçu, je souris.

— Double idiot va.

Il relâche ses habits sales au sol dans un coin et grimpe à nouveau sur le matelas, puis glisse sous la couette.

— Je peux dormir ici ?

— Tu veux dormir ici ?

— Je veux pas partir maintenant.

— Alors dors ici, il sourit et remonte la couverture jusqu'à son menton.

— Ok, je me lève et laisse tomber mon pantalon au sol. Je verrai quoi faire pour mon t-shirt demain. Je suis pas sûr d'entrer dans un des tiens.

— T'es trop musclé pour moi, il rit.

— Le secret c'est de faire un max de sport, je ris alors qu'il éteint la lampe de chevet.

Je me rapproche et passe une main sous sa tête.

— Vantard.

— Complètement.

Je suis juste en face de lui, je peux encore voir son ombre et quelques traits grâce à la lune. Je suis putain de content d'être là avec lui. Ces dix jours ont été une torture. Et il est enfin là de nouveau.

— Tu fais quoi comme sport ?

— Natation et course surtout. Foot avec les potes, une à deux fois par semaine. Et toi ?

— Eh ben... Un vrai sportif.

Je vois sa main glisser entre nous parce qu'elle soulève un peu la couverture sur son passage. Ses doigts se posent à la limite de mon tee-shirt et remontent contre ma peau alors qu'il hoche la tête et répète que je suis un sportif.

Je me crispe un peu mais continue à parler. Je commence à prendre l'habitude de ses caresses.

— J'essaie. Je travaille toujours au centre sportif pour les tous-petits, à la piscine.

— Altruiste et plein de muscles.

Il rigole encore et sa main remonte de nouveau.

Je respire un peu plus vite.

— Ouais. J'essaie. Sous mes airs de je m'enfoutiste, je suis pas si horrible, hein ? Je me marre.

— Nan. T'es plutôt pas mal.

Ses doigts montent encore mais sur le côté de mon torse, jusqu'au milieu de mon pectoral.

— Ce que tu touches te plait ? Je rigole.

J'aime bien comme ses doigts sont délicats, doux.

— Ouaip.

Je ris encore. C'est comme s'il découvrait quelque chose de nouveau. En fait, probablement qu'il découvre quelque chose de nouveau. Il a sûrement pas l'habitude de caresser des torses de mecs.

Son pouce bouge lentement sur moi, jusqu'à se rapprocher trop près de ce que j'ai pas envie qu'il touche.

Je retiens ma respiration, hésitant. Je pose ma main sur la sienne et la caresse du pouce.

Il s'arrête de bouger de lui-même.

— Tu veux dormir ?

— Tu dois dormir. T'es crevé. Endors-toi, je suivrai.

J'embrasse son front.

— J'ai plus sommeil maintenant.

Il a un air un peu ronchon mais toujours fatigué, à mon avis. Il s'approche encore et continue à caresser ma peau.

— T'es plus fatigué ? J'hésite.

— Moyen.

— Ok, je hoche la tête. Tu veux discuter ?

— Ouais. Discute.

Il sourit et s'approche un peu plus, sa jambe touchant les miennes. Sa main s'est posée sur mon flanc, en hauteur.

— Ok. T'imagines quoi quand tu sais que je dois prendre des médocs tous les jours ?

— Que tu as un problème quelque part. Qui nécessite de la cortisone.

Son pouce effleure ma peau encore une fois.

— Ça te fait pas peur ? Tu te dis pas que je pourrais crever demain ? Ou que peut-être je suis fou ou dépressif ?

Sa main s'arrête tout à coup et il plante ses yeux dans les miens.

— C'est quelque chose comme ça ? Tu as un problème si grave ?

— Je dis pas que c'est le cas. Juste, si ça l'était, ça changerait quelque chose ?

— Ben... Je sais pas... Si tu peux mourir n'importe quand... J'aimerais le savoir quand même. Tu comptes pour moi et, tu vois. Je voudrais pas me dire que j'ai pas fait ça ou ça à temps. Et la dépression, ouais. C'est pas drôle. J'aimerais savoir aussi. Si c'est quelque chose grave comme ça qui, qui nécessite que je fasse quelque chose, aussi ? Peut-être. T'as tes amis mais maintenant tu m'as moi aussi alors... il approche et pose un baiser entre mon cou et mon épaule avant d'y appuyer son front.

— Ouais. Ok. Je suis content d'entendre que je compte. Et que je t'ai. Ça fait du bien.

Ses lèvres se posent dans mon cou et il murmure que bien sûr que je compte sans s'en détacher, avant de poser à nouveau son front contre moi.

— Je suis pas fou. Ni en dépression. Et je risque pas vraiment de mourir. J'ai pas un cancer ou un truc comme ça.

Thomas hoche la tête et caresse mon flanc.

— Ok, il souffle.

— C'est une maladie. Que j'avais. Je l'ai plus. Une cardiopathie congénitale. Ça m'a cloué au lit pendant deux ans et j'ai dû passer trois mois à l'hôpital, et j'ai eu de la rééducation encore trois mois de plus. Pour tout réapprendre. Je savais plus marcher à cause de mes muscles atrophiés.

— Wow, il souffle. Tu as plus rien maintenant ?

— Nan. Je dois juste prendre ces médocs. Pour éviter les rechutes et les problèmes... Je respire un peu plus difficilement. Ici y a que Kyle qui est au courant de tout ça.

— Ouais. D'accord. Encore longtemps ?

— Toute ma vie.

— Ça fait quoi si tu les oublies une fois ? Des risques ? Rien dans l'immédiat ?

J'hésite encore. Pas parce que j'ai peur, mais parce que c'est ce que j'ai de plus précieux au monde. Alors ouais j'hésite, je veux pas qu'il lui fasse du mal à mon cœur. Et pis finalement je me décide. C'est trop tard, il sait tout. Et il peut déjà me le briser alors... Je redirige sa main sur ma cicatrice, qui prend la moitié de mon torse et remonte presque jusqu'à mon cou. Je veux qu'il la touche.

Lorsque le bout de ses doigts effleurent le petit renflement, ses yeux s'agrandissent un peu.

— Tu peux l'enlever ? il chuchote en tirant un peu sur mon tee-shirt.

— Ouais.

Je me redresse un peu, la boule au ventre. J'enlève rapidement le vêtement et me rallonge sur le dos. Ses doigts courent encore sur la cicatrice, tout doucement.

— C'est super long… il murmure en l'observant, avant de remettre ses yeux dans les miens et de me sourire. Altruiste, sportif et balafré. Pas mal, il s'avance et embrasse ma joue.

Je rigole.

— Ouais. Et défectueux.

— Défectueux ? Pourquoi ?

— Bah, tu sais. Ils ont changé les pièces.

Il hoche la tête lentement.

— Donc tu es plus défectueux. Tu es tout neuf, il sourit en caressant mon pec, sur le côté.

— Si on veut, je souris doucement en caressant ses cheveux d'une main.

Il pose sa joue sur mon torse, de l'autre côté que mon cœur.

— Pourquoi si on veut ? Tu es tout neuf.

— Tu sais... Il a du vécu, je pose ma main sur mon cœur.

La sienne la rejoint lentement.

— J'imagine.

— Je sais pas à qui il était avant. C'est dur d'être heureux d'être en vie quand on sait que c'est grâce à quelqu'un qui a pas eu cette chance.

— Ouais. C'est normal de pas savoir. Mais.. Il faut pas plutôt être encore plus heureux ? Pour.. L'honorer ? Je sais pas... Tu y penses souvent ?

— Je remercie mon donneur tous les jours. Et je sais que c'est justement parce qu'il voulait donner ses organes que j'ai pu l'obtenir. J'allais mourir quand je l'ai eu.

— Je suis content que tu l'aies eu, il murmure.

— Moi aussi, je le prends dans mes bras et le rapproche de moi. Je veux vraiment que tu profites à fond Thomas. On a qu'une vie.

Sa jambe passe entre les miennes.

— Je profite déjà.

— Tant mieux, je souffle. Voilà. Tu sais tout. Si je prends pas mes médicaments je peux faire un rejet. En soi à l'hôpital ils pourraient empêcher ça mais c'est des traitements lourds et une hospitalisation longue alors j'aimerais éviter. Et je veux pas abîmer mon cœur.

Il hoche la tête contre mon torse.

— Il faut éviter de l'abîmer, ouais. Et penser aux médocs. T'es fort, il embrasse ma peau.

— J'ai juste pas eu de chance. Je pensais pas que je te dirais tout ça maintenant.

— Ouais ? Tu pensais juste... pas le dire ?

— Non. Je pensais te le dire dès le début. Mais je savais pas quand.

Je penche la tête et embrasse ses lèvres. Je suis chanceux d'avoir le droit d'y goûter.

— Encore, il murmure les yeux fermés, la tête penchée en arrière et je le mets lentement sur le dos, et je m'installe sur lui, entre ses jambes, pour l'embrasser mieux.

Ma langue cherche la sienne et mon cœur accélère ses battements.

Ses mains sont encore une fois en train de tirer doucement sur mes cheveux et ses jambes sont légèrement remontées pour m'accueillir.

Je l'embrasse plus, plus fort, j'ai pas envie d'arrêter et je m'emporte un peu, et je gémis avant de me souvenir que ses parents sont sûrement pas loin.

Sa bouche s'étire dans un sourire contre la mienne, et c'est pas la première fois. La jambe de Thomas glisse lentement contre mon mollet et son pied finit collé contre le mien alors que ses lèvres déposent des petits baisers sur ma bouche.

— Tu me fais un de ces effets... Je lâche sans m'éloigner.

— J'adore ça...

— C'est dangereux, je rigole. J'ai envie de toi.

Même dans l'obscurité, je le vois rougir. Il s'est passé quelque chose dans son corps aussi. Il s'est pas tendu, c'est plutôt comme s'il s'y attendait pas et que sa respiration se coupait. En plus, il me regarde une fois dans les yeux, une fois sur ma bouche et une fois autre part.

— Ouais ? On devrait pas... Je voudrais pas te frustrer après, si tu crois qu'on devrait arrêter... ?

— Nan. C'est bon. Je suis pas en chaleur, je le rassure en riant. Je le supporterai. Et c'est trop agréable d'être avec toi... J'embrasse encore ses lèvres.

Je le vois hésiter.

— Mais, l'autre jour, l'autre jour tu as dit que tu tenais pas autant de jours sans sexe alors...

— Ouais. C'est bon. T'inquiète. Je tiens sans sexe, j'y suis juste pas habitué je t'ai dit, je ris. Et puis ça fait que quelques jours. Ça va, je souris.

Thomas fronce un peu les sourcils sous moi.

— Ça se compte plutôt en semaines... Non ?

— Ouais. Enfin tu sais, au festival... T'as dit que ça te dérangeait pas. Ça te dérangeait pas, hein ? J'hésite d'un coup.

Cette fois, il s'est tendu.

— Tu... Tu as couché avec quelqu'un au festival, alors ? il demande en souriant.

— Ouais. Enfin tu sais, tu sais comment c'est. J'avais pas mal bu et... Voilà. (Je l'observe mieux). Merde, ça te dérange.

— Non, non, c'est... Je croyais qu'on avait dit que c'était pas ok. Mais, j'ai dû me tromper ou, ou pas être clair. Nan c'est pas grave.

Ses mains sont retombées et ses jambes aussi.

— Attends. J'ai, ouais j'ai mal compris. Je l'aurais pas fait si j'avais compris, je t'assure. Ok c'est pas ok. T'inquiète. Je le ferai plus. Excuse-moi.

— Non. Non, c'est bon maintenant. C'est ok. Continue à le faire. C'est bon maintenant.

Il passe les mains entre nous pour défroisser son tee-shirt et ça me fait m'éloigner un peu en même temps.

— Non, je reviens contre lui. Eh, Thomas.

— Quoi ? Will. J'ai dit que c'était ok. Tu peux le faire.

— Attends. Je veux, je voudrais te demander un truc. Je sais pas comment le formuler. C'est bizarre.

Il soupire.

— Écoute, si c'est pour ça, c'est bon. T'avais envie, peut-être besoin, de le faire et tu l'as fait. Je te demande pas de m'attendre comme ça ou quoi que ce soit. C'est bon.

— Non, c'est pas ça. Je suis désolé, je suis responsable de ça et j'aurais pas dû. C'est pas que j'en avais besoin, juste que je croyais que c'était ok. Juste, j'ai besoin de savoir...

Je passe mes mains dans ses cheveux, caressant son visage de mes pouces. Je fronce les sourcils et le regarde avec intérêt.

— C'est, c'est ça le problème. Tu croyais que c'était ok alors tu l'as fait... il reprend sa respiration et me regarde à nouveau dans les yeux, lèvres pincées. Savoir quoi, Will ?

— Juste... Ce qu'on est. Pour comprendre. Pour pas faire des conneries.

— Alors ? Dis-moi ce qu'on est au juste.

— Je te le demande, Thomas. On est quoi ?

Lorsque ses yeux se referment et se rouvrent pour se planter dans les miens, je vois qu'il va jouer cartes sur table.

— On est rien. Et moi j'aimerais qu'on soit plus.

Je hoche la tête et avale ma salive en pinçant les lèvres. Ok. Ok. Je passe une main sur mes yeux et retrouve son regard.

— Tu veux qu'on soit quoi ?

— Devine. Potes de tennis, il roule des yeux.

Je ris un peu. C'est pas un moment adapté mais j'aime. Il s'affirme plus qu'avant.

— Ok.

— Ok quoi ?

— Devine. Ok on devient potes de tennis, je souris en coin.

— Et ça fait quoi, les potes de tennis ?

— Ça a qu'un seul partenaire.

— Cool. Ça joue qu'avec une personne et si l'autre est pas là... Ça joue pas. Cool.

— Ouais. Et ça se renvoie la balle.

Mon petit brun fonce les sourcils pour me demander d'expliquer.

— On joue ensemble. Tous les deux. Reste en jeu, ok ? Arrête pas de jouer, je souris. Et si je fais une faute... Sois clément. Tant que je saute pas par-dessus le filet, je veux dire.

— Ouais. Tant que le filet est en place et que tu vas pas saluer l'adversaire... Ouais, ça va. Mais si jamais t'as un problème de manche à raquette... Mh ? Évite d'aller demander une aide à quelqu'un d'autre que moi. Les partenaires savent comment régler ça, en général. il me sourit doucement, les yeux un peu brillants.

Je souris encore plus franchement. Il est génial.

— Ouais, t'inquiète. Même si je sais qu'y en a qui s'y connaissent, je te demanderai à toi. Seulement à toi. Et si t'arrives pas à le gérer, je m'occuperai de mon manche tout seul, je lui fais un clin d'œil.

Il sourit carrément aussi, cette fois.

— Tu y arrives, seul ? Sans aide, comme un grand ? Oh, et... Les matchs, mh ? C'est, à domicile ou on va aussi... En dehors ? En public ?

— Je te suis. On jouera sur ton terrain.

— Ouais. Ok. Mon terrain s'étend loin avec toi, je crois. Ça te dérange pas ? Peut-être qu'on devrait d'abord la jouer prudent et rester là où on connaît, non ?

— Comme tu veux. On peut jouer dans toutes les arènes si tu veux. Lycée, chez toi, chez moi, parc, trottoir. Je parle bien sûr du côté public, pas du côté... Accrochages de raquettes, tu vois ?

Un rire s'échappe de ses lèvres.

— Ouais. Nan. Les raquettes ça se polit et ça s'entoure en privé, au moins pour l'instant.

— Ouais. Carrément, je souris. Tu t'occupes de ma raquette quand tu veux, je me marre.

— Tu crois qu'elle en a besoin ? Je suis pas sûr.

— Mh, une révision de temps en temps peut pas lui faire de mal.

— Heureusement que t'en as fait une au festival, alors.

— Ouais... Je le ferai plus. Pour de vrai cette fois, je marmonne, peu fier.

Thomas ferme les yeux et soupire.

— Et juste... Je voulais te dire aussi que j'ai aucune expérience en tennis. J'ai vaguement fait une partie avec Kyle mais ça ressemblait plus à du badminton et on était vraiment pas coordonnés. J'étais pas amoureux de lui, contr... Tu vois, enfin c'était, un peu n'importe quoi et plutôt par habitude. Là c'est un vrai match alors j'ai un peu le trac. Et je suis vraiment nul au tennis.

— Vraiment nul ? À quel point ? il sourit et sa main passe dans mon dos dénudé.

— Au point que j'y ai joué qu'une fois, je te dis... Je grommelle. Alors t'as peut-être joué qu'avec des filles jusque-là mais je te jure que t'as plus d'expérience que moi.

Il hoche la tête et me regarde sans rien dire, souriant seulement, et moi je quitte le sien. Je suis sérieux, j'y connais rien. J'entremêle nos doigts avant de recommencer à parler.

— T'sais, j'ai cru que je pourrais plus jamais y jouer. Vraiment j'étais à deux doigts du game over. Et y a eu cette deuxième chance et quand j'ai vu comme tout le monde était mal à l'idée que je parte et, moi aussi, j'avais franchement la trouille, les gens qui te disent qu'ils sont sereins sont des menteurs ou des putains de courageux ou de croyants, bref, j'en étais où... Ouais, du coup j'avais pas envie de... Que quelqu'un me quitte. Et pour ça je voulais plus jouer avec personne. J'ai joué avec Kyle parce que je savais qu'il y avait aucun risque.

— Et après tu as fait... Juste des petits set, par-ci par-là parce que y avait pas d'enjeux, mh ? il serre ma main dans la sienne. Je pense que j'ai autant envie que toi de jouer des prolongations, si je peux dire comme ça.

— Ok. Cool. Ouais, tant mieux. Parce que tout seul... Maintenant que je sais comment c'est d'avoir un partenaire... Enfin bref. Depuis combien de temps tu veux ça ?

— Un moment. Et toi ?

— Je m'en suis mieux rendu compte quand j'ai su que tu venais pas au festival.

Il hoche la tête.

— Alors... Heureusement que tu m'as ignoré, pendant la semaine. Et heureusement que tu es venu ce soir...

— Ouais. Je suis content d'être venu. J'ai vraiment le trac, je te jure.

— Ouais ? Pourquoi ? T'as peur de quoi, là ? À part que je m'accroche pas.

Ses doigts caressent mes reins doucement, j'avais pas remarqué que sa deuxième main s'était jointe à la première.

— Mh... J'ai peur de mal faire. De pas être assez bon. De me disputer. De l'annoncer autour de moi, la réaction des gens. J'ai peur de pas être adéquat, ouais c'est surtout ça.

— Adéquat ? T'es un mec. Je crois que t'es adéquat.

— Ouais. Je sais pas moi. Tu vois ce que je veux dire. J'ai peur de faire de la merde. J'ai l'habitude de faire de la merde et de m'en foutre.

— Tu sais quoi, on avisera le moment venu.

— Ouais. Ok, je l'embrasse encore.

— Si expressif, il murmure contre mes lèvres, les mains tenant mes hanches.

— Te moque pas... Le coin de mes lèvres se relève. J'pas l'habitude...

Je le serre contre moi.

— On dort comme ça ? demande mon petit brun en désignant nos positions et alors que ses jambes remontent pour se nouer sur moi, talons contre mes fesses.

— Mhmh, je commence déjà à trouver le sommeil.

— Tu vas m'écraser. On peut pas dormir comme ça.

Et je crois que c'est les dernières paroles que j'ai entendu avant de tomber de fatigue.

***

Le lendemain quand je me réveille, la première chose que je vois c'est Thomas, dans le lit, qui pianote sur son téléphone.

Je profite de le regarder tant qu'il croit que je dors encore. Il est mignon, décoiffé comme ça...

On s'est séparé en dormant. Y a plus qu'un de ses pieds que je sens proche des miens.

J'ai envie de le caresser. Mais je fais rien, j'attends qu'il remarque que je suis réveillé. Si mignon, concentré sur son téléphone...

Il doit avoir remarqué que ma respiration était plus la même parce que seulement quelques secondes après, il me tourne un regard.

— Salut, petit-ami, je dis d'une voix rauque en souriant.

Ses lèvres s'étirent et il laisse tomber son téléphone sur le matelas pour se rapprocher.

— Redis-moi ça ? Avec cette voix ? il demande en fixant mes yeux.

— Ça fait bizarre de le dire... Je ris un peu. Salut, petit-ami, je murmure tout proche.

Il sourit encore plus -comment c'est possible ?

— Salut, il claque un baiser sur ma joue. Bien dormi ?

— Comme un bébé, je m'étire.

— Super. Moi aussi.

— Tu te sens plus en forme alors ? Je souris. T'étais tout cerné hier.

Il hoche la tête et la repose sur l'oreiller. Je viens vers lui et l'embrasse légèrement.

— T'as une brosse à dents pour moi ?

Ses yeux se referment et j'ai l'impression qu'il me répondra pas. Puis tout à coup, il se relève.

— Ouaip. Dans la salle de bain, je vais te montrer et y aller avec toi.

— Ok, je me lève aussi.

Je suis en boxer, presque à poil. Ça me fait bizarre parce que je m'expose jamais, sauf parfois à la piscine, et encore, je donne mes cours habillé et je nage quand y a presque personne. Je le suis.

L'appart est super calme. On arrive à la salle de bain sans avoir entendu un bruit. Une fois là, il se penche et ouvre les battants sous le lavabo.

— Quelle couleur ? Rose ou vert ?

— C'est égal. Tes parents sont pas là ?

Ça fait vraiment bizarre de me balader à poil chez quelqu'un d'autre.

Il me tend la brosse rose fuchsia.

— Comme ça je saurai que c'est la tienne ! il justifie en me montrant le dentifrice à côté. Ils dorment.

— Ok, je commence à me brosser les dents, je nous regarde dans le miroir.

Trop bizarre, trop bizarre. Trop bien.

Thomas fait de même à mes côtés et je le vois sourire. Sa main pas occupée vient trainer sur ma taille pour la caresser lentement, et ça me fout des frissons. J'attrape son épaule pour le positionner devant moi et j'entoure son ventre de mon bras en continuant de me brosser les dents.

Il sourit encore en plaquant son dos contre mon torse et deux minutes après, il se penche pour se rincer.

J'attends et je fais de même, je pose ma brosse à dents au même endroit que lui. Je le retourne pour qu'il me fasse face et j'entoure son petit corps de mes deux bras. Je me suis attaché super vite.

Sa main se pose sur mon torse. Son pouce effleure ma cicatrice puis il s'avance et c'est ses lèvres qui effleurent les miennes. Je lui réponds, lentement, tendrement.

Thomas lui, s'éloigne vite. Il me sourit sans rien dire.

— On retourne dans ta chambre ? Ou tu veux prendre une douche ?

Dès que j'ai fini ma phrase, il file hors de la salle de bain. Je le suis et le retrouve à nouveau allongé sur les couvertures.

— Ok ! Je me marre en arrivant sur lui à califourchon.

— Trop fait de sport. Si bien sur mon lit...

— Je vois ça, je souris en me penchant.

Je pose ma tête dans le creux de son cou. J'adore cet endroit. Il a la peau toute douce.

Les mains de Thomas naviguent sur mon dos nu lentement, de haut en bas.

— Sur mon lit et avec toi, il rectifie.

— Ouais ?

— Ouais. Carrément.

Je me marre.

— Carrément, je souris en embrassant son cou.

Ses doigts se resserrent juste un peu sur ma peau et je sors ma langue pour caresser son épiderme.

— Tu... Tu fais exprès. Tu sais que je réagis à ça... il grogne en se tortillant un peu, la tête rejetée en arrière.

Ses mains se sont un peu plus refermées sur ma taille, les doigts dans mon dos.

— Peut-être, je chuchote.

— Pas peut-être. Tu fais exprès. J'en suis certain.

— Ouais, je murmure tout bas en recommençant.

Sa peau frissonne tout de suite sous ma langue et je vois ses joues rougies du coin de l'œil.

— J'ai envie de toi...

— Mh ? Ouais ? Tu... Quoi ? il murmure de plus en plus bas.

— Mh...? Je lèche encore sa peau sucrée. Il est bon...

— Tu veux... quoi ? il gémit.

— Je veux te smiley deux points trois, je souris.

Les rougeurs s'étendent jusque dans son cou.

— Ouais. Tu peux le faire, il sourit en caressant ma taille.

— Vrai ? On te l'a déjà fait ? Je demande en laissant mes mains parcourir son corps.

Thomas hoche la tête en se cambrant un peu.

— Ok, j’embrasse ses clavicules lentement, et je passe sur un téton.

Je sais que les filles font pas ce genre de trucs, alors ça doit être nouveau pour lui. Je me demande si c'est une zone érogène chez lui... Apparemment oui. Un nouveau gémissement passe ses lèvres avant qu'il ne les pince. J'aime l'entendre. J'adore l'entendre. Je redescends encore un peu et j'embrasse son nombril, j'y glisse ma langue. Il se tortille à nouveau, en rigolant un peu cette fois.

Il est chatouilleux. Trop mignon. J'arrive au niveau de son short, je tire un peu dessus avec mes dents pour découvrir le haut de ses poils. Je veux en voir plus...

— Tu es... tu es trop sexy, il rougit encore.

Ses hanches bougent légèrement de droite à gauche.

— J'aime t'entendre dire ça... Mes doigts passent l'élastique et le descendent lentement.

J'ai hâte.

Thomas s'est arrêté de bouger. Je sais qu'il retient sa respiration aussi. Je le baisse complètement et je le regarde, offert à moi, excité. Il est beau.

Sa main passe sur la mienne pour la caresser, il rougit et recommence à se tortiller.

— Est-ce que t'en as envie autant que moi ? Je murmure en le touchant presque, le regardant dans les yeux.

— Ou-ouais, ouais, je crois. À quel point ? il geint.

— Vraiment beaucoup... Depuis longtemps... Je pose mes lèvres en surface, sur la peau douce et tendue.

Un petit son lui échappe tout de suite et son dos s'arque encore.

— Ouais, ouais, longtemps, il souffle.

— J'en ai toujours eu envie... T'es beau Thomas... Je chuchote, hypnotisé par ce que je vois et ce que je goûte.

— Toujours eu envie de, de me sucer ? il essaye un petit rire mais il meurt rapidement lorsque je m'approche à nouveau.

— Ouais.

Je pose mes lèvres autour de son gland et j'y passe ma langue lentement, ramassant au passage quelques gouttes de plaisir.

Ses poings se ferment et il relâche sa tête, qui tombe lourdement sur le matelas. Je le sens se tendre et se détendre à la fois, et je commence des longs mouvements de va et viens. J'ai jamais été aussi heureux de faire une pipe.

Un petit gémissement sort de sa bouche dès que mes lèvres arrivent au plus bas. Je remonte et redescends, je le sens bouger sous moi.

— Putain, il gémit en se cambrant, poussant un peu plus dans ma bouche pendant son geste. Il couine aussitôt.

J'attrape ses hanches et le pousse à recommencer. Il est bandant...

Dès qu'il comprend, et il comprend vite, il se remet à faire des petits gestes de balancier entre mes lèvres.

— Je pourrai pas, pas tenir longtemps, pas quand c'est toi qui, qui fais ça, il halète en continuant.

Je grogne et continue encore, je pince fort mes lèvres autour de lui. Et lui, il pousse encore plus en réponse. Quand je sens qu'il est sur le point de jouir, j'arrête et je remplace ma bouche par mes mains. Quelques coups plus tard, il se tend et déverse son plaisir entre mes doigts en grognant.

Je me relève aussitôt et je vais trouver ses lèvres pour l'embrasser encore et encore alors qu'il redescend sur terre. Au début, il me laisse seulement faire, puis il prend ma bouche avec possession, la main ancrée dans ma nuque et c'est moi qui me laisse faire, surpris et envoûté par sa prise d'initiative.

Je l'entends gémir mon prénom entre mes lèvres avant qu'il ne s'éloigne et repose sa tête sur le matelas, essoufflé, et je me recale dans son cou, câlinant sa taille.

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