Cinquième leçon - partie 2

33 minutes de lecture

Je le croise par hasard en lui fonçant dedans en cours le vendredi. Il trébuche un peu et se rattrape sur le bras de Tiphaine, puis me lance un regard interrogateur et, je dois l'avouer, déçu et triste. Après ça, ils s'en vont tous les deux.

Cœuràcorps : dis-moi, quand t'auras de nouveau besoin de moi.

J'écris rageusement avant de rejoindre ma classe. Je suis à cran.

Mister Tom : Dis moi, quand t'auras enfin décidé de te pointer chez moi à sept heures et demi. C'est pas comme si j'attendais depuis trois jours.

Cœuràcorps : C'est pas comme si j'attendais de tes nouvelles.

Mister Tom : Ben voilà, t'en as eu maintenant. Après t'être donné tout ce mal pour pas en avoir.

Cœuràcorps : et toi pour pas en donner. Je te sers à rien en ce moment, non ?

Mister Tom : C'est quoi ton problème ?

Cœuràcorps : j'ai pensé que tu me faisais confiance.

Mister Tom : J'ai pas envie de t'en parler, c'est mon choix ! Peut-être que si t'étais moins rancunier tu le saurais depuis !

Cœuràcorps : c'est pas la question ! Tu te barres dès que je te sers plus, tu te fermes, et t'as pas non plus essayé d'entrer en contact Thomas, c'était pas très dur de t'éviter, tu me cherchais pas !

La cloche vient de sonner les demi-heures, et cette semaine, j'avais une heure et demi de TP. Je profite du temps qu'il met à répondre pour sortir dans la cour, je m'assois sur un banc, et je souffle comme je peux, vraiment énervé. J'ai le cœur qui s'emballe, je panique, je prends des grandes inspirations et attends sa réponse. Toujours rien pendant plusieurs minutes, pourtant je fixe mon téléphone toutes les cinq secondes. Qu'est-ce qu'il fout, bordel ? Ça m'énerve encore plus et je dois prendre sur moi pour me calmer. Je réussis après un long moment.

Cinq minutes après, la cloche de la pause de midi retentit. Tous les élèves sortent avec entrain, beaucoup mangent dehors le vendredi. En moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, je vois mon brun là, planté devant moi, la mine triste.

— Je me suis fait chopper mon téléphone, il m'annonce.

— Ah, je réponds juste.

Ça me fait bizarre et du bien de le voir en vrai, mais je lui en veux toujours, et j'ai du mal à passer au-dessus.

— Alors... Comment on fait ? Tu veux, tu veux que je reparte ? il fait déjà un pas en arrière, super hésitant, comme si j'av

— Non. On doit parler, je soupire.

— Si t'en as pas envie, je, je reviendrai. Plus tard, ok ? Va manger avec tes amis, je vais rentrer et, et on reparlera plus tard.

J'ai l'impression que son nez devient un peu rouge et ses yeux sont plus brillants.

— Assieds-toi, il hésite, je le vois. Puis finalement il s'assoit, un peu recroquevillé.

— Tu veux rien me dire, d'accord. Dis-moi juste pourquoi, même si tu veux pas me dire de quoi il s'agit. Je comprends pas, je comprends pas pourquoi t'estimes que je pourrais pas le gérer, et me dis pas que ça me regarde pas parce que maintenant ce qui te regarde me regarde.

Un faible sourire vient prendre place sur son visage et soudain une larme s'échappe de son œil.

— C'est juste, c'est passé maintenant, j'ai pas envie d'en reparler avec d'autres, vraiment. C'est, j'aime pas qu'on me charrie sur, sur le fait que je sois petit, ou intelligent ou pas assez, ce genre de choses, ça m'est arrivé dans mon ancienne école et, et c'est pas un bon souvenir alors- plusieurs autres gouttes roulent sur sa joue. Je veux juste plus qu'on me voit comme ça et j'ai du mal à l'accepter. Mais tu vois, ça va, depuis, depuis toi et ta révélation, ça va. Je gère, il finit bas, les yeux remontant dans les miens alors qu'il avait parlé en fixant un bout de tissu de son jeans qu'il triturait.

— Ouais. Je vois ça, je soupire, la gorge serrée, et je le ramasse pour le prendre sur mes genoux et le serrer contre moi.

— Eh, on est pas tout seul, il essaye de rigoler proche de mon oreille. Je l'entends avaler sa salive rapidement et il reprend. C'était, tu sais. Quand je t'ai parlé dans la bibliothèque pour, ma princesse. Ça vient aussi un peu, de, de ça, il murmure avant de se détacher pour se remettre debout et essuyer ses larmes avant que les autres ne le voient comme ça. Bon. Je vais aller manger maintenant.

— C'est ma faute ? A cause de mes mots ? Je me relève. C'est parce que je t'enlace devant d'autres gens, que j'utilise des surnoms débiles ? C'est ça ? Je me positionne en face de lui et du coup j'ose plus le toucher, j'ai pas envie de lui attirer des ennuis.

— Non, non, tout va bien ! il secoue la tête.

— Ouais ? Si y a des trucs que je fais mal, dis-le. J'ai pas l'habitude de... Penser à quelqu'un d'autre quand je fais des trucs impulsifs.

— Non ! il me sourit et s'essuie à nouveau la joue. J'aime tes trucs impulsifs. T'inquiète, tout va bien. C'est bon.

— Ok, e réponds, mais j'hésite encore. (Si je savais ce qu'il a... Je pourrais mieux le gérer moi aussi). Alors, demain...

— Mh ? il penche la tête sur le côté. Dis, tu voudrais pas me dire l'heure ?

— L'heure ? Pour demain ? Ou l'heure maintenant ? Je demande avec un peu d'espoir.

— Non non, maintenant. Il faut que je parte bientôt si je veux avoir à manger.

— Ah. Ouais, je sors mon téléphone. Il est midi seize... Tu veux... Ah ouais non, tu rentres chez toi.

Il hoche la tête.

— Je vais devoir y aller. À plus tard ? il dit en remontant son sac sur son épaule, un pas de plus vers la sortie.

— A plus tard... Je me mords la lèvre. J'hésite et pis finalement non, mieux vaut pas que je le touche maintenant. Je fais un signe de main en le voyant partir.

Quelques secondes plus tard, il a passé les grilles et je me retrouve seul.

Je soupire en rentrant dans l'école. Faut que je mange un peu, pas le choix. Quand j'arrive, tout le monde est déjà attablé et discute du lendemain.

— Alors on y va comment ? Me demande Alex.

— Toi t'y vas pas, je grogne.

— Quoi ? Pourquoi ?! il s'offusque.

— Parce que c'est un pote de Thomas qui vient en voiture. Et que je crois pas qu'il serait très content de te prendre avec.

— Alors avec Thomas ça va mieux ? Hésite Harry. Il est toujours prévenant.

— Je sais pas.

— Quoi ça va mieux ? C'est ton mec ?

— Ta gueule.

On est trois à lui répondre.

Et pour le coup, Alex la ferme pendant un moment. Ça l'empêche pas de nous faire chier avec ça après encore, mais il se fait rembarrer à chaque fois.

Je suis sur le point d'envoyer un SMS à mon petit brun pour lui demander si on va mieux quand je réalise qu'il en a plus. Merde. Comment ils faisaient à l'époque ?

— Ça va Will ? me demande gentiment Lydia, une main sur mon dos.

On est sortis de la cafet' et on est tous assis dans l'herbe maintenant.

— Comment je fais pour contacter quelqu'un qui a pas de téléphone ? Je souffle.

— Ben... Tu peux pas aller le voir ? C'est Thomas ? Je sais pas ce que tu peux faire...

— En fait ouais. J'y vais. Il est arrivé tard alors il a sûrement pas encore fini. Ouais t'as raison. (Je me lève d'un coup). À toute.

Mes amis me font tous un signe de main, sauf Kyle et Alex, bien sûr.

Je pars prendre ma moto, même si je suis à dix minutes à pied, juste histoire d'être sûr de pas le rater. J'arrive devant chez lui et sonne à l'interphone. Je suis pressé d'un coup.

L'interphone grésille.

— Oui ? C'est qui ? C'est sa voix.

— C'est moi... Je marmonne. Moi, Will, je précise.

Un petit rire sort de l'appareil.

— J't'avais reconnu. Monte, j'arrive.

La porte fait un bruit et je la pousse, je suis à l'intérieur. Quelques secondes plus tard, l'ascenseur s'ouvre avec mon brun dedans.

— Est-ce que tes parents sont là ? Je demande en me glissant dans l'ascenseur.

— Non. Ils travaillent. Qu'est-ce que tu fais là ? il penche la tête et glisse sa carte sur le support, les portes se referment et on s'élève.

— J'en ai marre de te faire la gueule. Je m'excuse, je dis à voix basse en me rapprochant de lui et en attrapant sa taille. Pardonne-moi.

Il me regarde un moment avec des yeux grands, puis un léger sourire se plaque sur ses lèvres et il hoche lentement la tête. Derrière moi, les portes viennent de s'ouvrir sur son appart.

Je le fais reculer pour sortir, le gardant toujours dans mes bras. Ça m'avait manqué. C'est dingue ce qu'on s'habitue vite à ces gestes d'affection...

Là, chez lui, je me penche et effleure ses lèvres. J'aime ça...

Le contact se fait un peu plus fort lorsqu'il m'embrasse aussi, tendrement, juste sa bouche qui se meut sur la mienne. Je réponds au baiser et le soulève lentement, enroulant ses jambes autour de moi, avec douceur.

Une fois qu'il est bien accroché, il éloigne son visage. Comme ça. Quoi ?!

— Will... Qu'est-ce que tu fais ?

— Tu m'as manqué. C'est trop ? J'hésite. Tu veux... Tu veux que je te lâche ?

Il me regarde un moment sans rien dire, puis hoche négativement la tête en soupirant.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu te pointes chez moi d'un coup, tu t'excuses, tu m'embrasses, tu me portes... Il y a quelque chose ? il sourit un peu plus cette fois, puis enfouit sa tête dans mon cou. C'est mignon, en fait, il souffle. Je suis pas trop lourd ?

— Non. T'es tout léger, je le rassure. Tu sais, c'est juste... Je nous dirige vers le canapé. Je trouve ça con. T'as le droit de pas me dire les choses, je te dis pas tout non plus... J'ai aucun droit de te demander de m'avouer des trucs que tu veux garder pour toi. C'était de la jalousie mal placée parce que tu te confies à Méphisto et que tu m'as fermé ta porte. Mais on se connait pas depuis longtemps, c'est normal, c'est ma réaction qui était déplacée. Je suis désolé. Je veux juste passer à autre chose, profiter d'autres bons moments avec toi, et continuer nos leçons... C'est trop agréable pour s'en passer. Tu sais, je faisais une crise de manque en deux jours, je me marre. C'était vraiment dur et bête.

— Trois jours, en fait, il rit dans mon oreille alors qu'on s'assoit, moi sur le canapé et lui sur mes cuisses, les jambes derrière mon dos. T'es un idiot, Will Cannaghan, il me frappe le bras et relève la tête pour me voir. Et tu me dois un petit déjeuner.

— Je t'offrirai dix petits-déjeuners pour me faire pardonner, je lui souris.

Je suis sincère. Si ça me permet de le voir dix matins...

Il m'embrasse la joue rapidement puis démêle ses jambes et s'assoit à mes côtes. Il attrape un bol de carton sur la table et j'y vois des pâtes au saumon qu'il continue de manger, c'était à moitié plein. Il allume la télé en même temps.

— Excuse-moi de te déranger maintenant. Je savais pas comment te contacter et je voulais pas que ça traine. Je voulais te voir.

— Ch'pas grave, il marmonne la bouche pleine. C'est bien que tu sois venu, il dit plus clairement après avoir avalé.

— Ouais ? J'avais peur que ce soit trop. Ça va ? On va bien hein ?

— Ça va. Ouais, ouais on va bien, il me fait un petit sourire et reprend de ses pâtes.

— Cool. Top. Super.

— Alors, vous allez au festival demain ? Vous avez pu vous débrouiller, sans voiture ? il me demande en faisant des allers retours de ses yeux entre moi et la télé.

— Non. Sans toi j'aurais pris Kyle derrière ma moto. Avec toi je préférerais que ce soit toi. Mais tu voudras y aller avec ton copain. Je prendrai Kyle et comme ça c'est tout bon !

Tout à coup, je le vois rougir.

— Will... Je pourrai pas être là demain.

— Quoi ? Pourquoi ? Je comprends pas. Mais c'était... C'était prévu non ?

Il rougit un peu plus en baissant les yeux.

— Je savais pas si ça tenait toujours... Tu me parlais plus et, du coup j'ai pas demandé à mes parents et Méphisto a prévu autre chose depuis...

— Oh. Ouais. Ok. C'est pas grave. Ouais c'est normal, c'est ma faute. J'irai avec Kyle, ça va, je hoche la tête.

— Écoute, je suis désolé...

— Non, c'est bon, t'excuse pas. On ira une autre fois. À un autre. Ouais...

Il hoche la tête et se penche pour la poser sur mon épaule.

— Il risque de pleuvoir demain, t'as vu ?

— C'est pas grave. Un festival sous la pluie c'est génial.

— Ok...

— On en fera d'autres. Quand tes parents seront ok et tout ça. Y en a assez, je ris pour faire bonne figure.

En vrai ça me fait tellement chier qu'il vienne pas.

— Tu commenceras bien tes vacances, au moins.

Il avance sa main et caresse le creux de mon coude, celui du bras sur lequel il est appuyé.

— Ouais, je passe ma main autour de lui et resserre mon étreinte. Tu fais quoi ces vacances ?

— Sais pas. Je crois que mes parents ont prévu de partir je sais pas où, en m'emmenant avec eux. Peut-être que j'irai à Édimbourg. Je crois qu'il y a rien de fixé, encore.

— Oh. Ouais ok. Tu verras ton copain, cool !

Thomas hoche la tête contre moi.

— Tu crois qu'on pourra se voir ?

— Si tu vas pas à Edimbourg ouais, je me marre.

— Arrête ça, il grogne en pinçant ma peau. (Eh, ça fait mal !) Si j'y vais ce sera pas pour les deux semaines.

— Ouais ? Cool. Alors on se verra.

Ses doigts courent sur mon avant-bras.

— À part si tu veux que j'y aille les deux semaines...

— Non, ça va. Je te kidnappe au moins une.

— C'est vrai ? il roucoule en relevant les yeux sur moi.

— Ouais. On peut aller quelque part.

Je le vois acquiescer et reporter ses yeux sur l'écran devant nous.

— Genre, sans ma bande, mh ? Sans Méphisto ?

Il hoche encore la tête sans rien dire, le regard suivant les personnages à la télé.

— Ok. Cool. (Je regarde aussi).

— Will Cannaghan. Le mec le plus expressif que je connaisse, il se moque en se relevant.

Il attrape sa boîte de pâtes et disparait dans la cuisine quelques instants.

— Je suis expressif ! Je m'offusque en le suivant.

— Ok. Cool, il m'imite en riant, le nez dans le frigo.

Saleté de gamin.

— J'essayais de parler puisque toi tu restais muet, lobotomisé par ton émission sur les glaciers, je m'amuse en me posant contre le chambranle.

— Essaye mieux, alors !

Il me fait un immense sourire. Faux. Puis il ouvre un tiroir et attrape une cuillère.

— D'accord. Je peux te parler de mon petit chien Jackson. Il est mort y a cinq ans c'était un Jack russell. Jackson, Jack, tout ça... Ouais j'avais pas vraiment d'imagination.

Il me sourit plus franchement en enlevant l'opercule de sa crème au chocolat.

— Pauvre Jackson, il dit en s'approchant, cuillère dans la bouche.

Il me dépasse et retourne au salon.

— Il a eu une vie heureuse, je souris en le suivant de nouveau.

— Tant mieux. C'était le tien ?

— Ouais. Ma première bête à moi, on a grandi ensemble.

Thomas s'assoit sur le canapé et mange une autre cuillerée.

— T'en as eu d'autres ?

— J'ai eu des rats, je souris. J'ai adoré.

Il tourne tout de suite la tête vers moi.

— Genre, apprivoisés ? il demande la bouche pas encore vide.

— Bah, ouais. C'est hyper intelligent et très affectueux.

Il plisse les yeux puis finit par hocher lentement la tête.

— J'ai eu des chats aussi. Et des poissons.

— Toute une ménagerie, dis ! Moi rien.

— Jamais ?! Je m'écrie.

Il secoue la tête et se couche en travers du canapé.

— Oh non, c'est trop triste... Je câline ses cheveux. Tout doux.

— Ça va, je le vis bien. Dis, il est quelle heure maintenant ?

— Bientôt treize... Je soupire. Tu veux y retourner ?

— Ça va, on a le temps. Faudra que j'aille faire mes affaires.

— Hm. Tu sèches jamais hein ? T'es le genre de mec qui va toujours à l'école même avec 39 de fièvre hein ? Je souris.

Il y a un silence, puis il hausse les épaules.

— Mignon, je rigole.

— C'est pas top de dire ça, il fait au bout d'un moment. Vas-y dis que je suis un intello coincé, c'est pareil.

— Mais non. Intello sûrement. Mais j'adore les intellos. Coincé tu m'as montré le contraire. J'ai juste envie... Oh, c'est super méchant, mais j'ai envie de te faire enfreindre les règles. Je veux te faire découvrir pleins de trucs... Je veux te faire profiter en dépit du reste. Je veux t'apprendre.

— Ouais, il marmonne. Ouais, ok.

Il se relève en me disant qu'il va faire ses affaires et disparait après avoir grimpé les escaliers.

Je l'attends calmement, regardant un peu autour de moi. C'est épuré, la deco est belle. J'aime la cheminée moderne en face. J'aimerais bien la voir en feu...

J'entends ses pas à ma gauche après un long moment et je le vois avec son sac de sport à la main.

Je lui souris.

— Ça va ? On est pas pressés, j'ai ma moto. On est à trois minutes.

Il roule des yeux en s'asseyant à mes côtés puis se relève d'un coup. Il cherche quelque chose dans son sac et, une fois trouvé, le pose sur la table basse. Je le vois ensuite défaire sa braguette et le bouton de son jeans.

— Mais tu fous quoi ? Je me lève d'un coup.

Putain, il va se déshabiller là ?!

Il me lance un regard surpris, peut-être un peu apeuré, les yeux grands.

— Eh, tu vas, on va pas coucher ensemble hein ! J'ajoute, plus doucement.

Cette fois, il fronce les sourcils.

— Quoi, ça te rebute à ce point maintenant ? il grogne sans plus sourire.

Son pantalon tombe à terre et il l'enjambe avant de se rassoir sur le canapé.

Je le regarde faire, troublé.

— Non, c'est le contraire. Si tu te fous à poil ça va être compliqué pour moi...

— C'est bon, calme-toi je te fais pas des avances, il souffle, presque sèchement par rapport à son ton habituel.

Je le vois prendre le truc rose sur la table et le dérouler, c'est un espèce de tissu en V.

Je penche la tête de côté, essayant de comprendre.

— Ok... Mais si l'envie te venait finalement...

— C'est bon, laisse tomber.

Il positionne le machin sur son genou et enlève le plastique qui était dessous. Puis il le colle. Le bas du V est sous sa rotule, et les deux bouts s'entrecroisent au-dessus. Il a une mine concentrée, la langue qui sort un peu entre ses lèvres.

Je penche encore plus la tête.

— T'as des problèmes de genoux ?

— Ouais.

Il appuie sur toute la longueur de la bande rose pour la faire coller un peu plus.

— Pourquoi ? T'as eu un accident ?

Je m'inquiète un peu.

— Nan, j'ai un problème à la rotule.

Il se relève et reprend le jeans entre ses doigts avant d'y passer le premier pied.

Je m'approche.

— Tu veux que je te porte ? Je souris doucement.

— Me porter ? Pour quoi faire ?

Il sautille pour finir de faire passer son pantalon serré sur ses cuisses.

— Pour que tu t'appuies pas trop sur ta rotule. Et pour te tripoter, je souris.

Il me lance un regard malicieux et les coins de ses lèvres se relèvent narquoisement.

— C'est que quand je fais des flexions. Je sais pas si t'as vu, mais j'arrive bien à me tenir sur mes jambes depuis qu'on se voit, il fait d'un petit air supérieur. Mais si c'est pour me tripoter alors là... il sourit en pinçant les lèvres.

— Alors là ça va ? Je demande d'une petite voix innocente en m'approchant encore.

On se touche presque.

— Ouais. Là ça va.

Ses mains se posent sur mon torse, remontent jusqu'à mon cou, puis se croisent derrière ma nuque. Je me mords la lèvre, il me donne envie de tout un tas de trucs. Il voudrait pas enlever de nouveau son jean ? Et ça lui fait un de ces culs aussi. J'ai remarqué qu'il a une façon de s'habiller... Ça lui va trop bien. Perdu dans mes pensées - et dans ses yeux, je cligne les miens plusieurs fois avant de sourire de nouveau et de l'embrasser. J'aime l'embrasser.

Je le sens tout de suite sourire contre mes lèvres. Je sais pas si c'est moi ou lui, mais on s'est rapproché et maintenant nos deux torses se touchent vraiment. Une de ses mains est passée dans mes cheveux, juste au-dessus de ma nuque et ça me fait frissonner. Je frissonne putain. Je ressens un de ces désirs... Il est pas prêt. Pas prêt du tout pour tous les fantasmes qui déferlent dans mon crâne quand il passe sa main dans mes cheveux de façon si sexy. Je me restreins un peu, même si l'envie de caresser tout son corps est puissante.

Ses lèvres attrapent lentement les miennes et sa deuxième main glisse dans mon cou, puis remonte et redescend au rythme de notre baiser. Je l'enlace plus fort, une de mes mains vient sur ses fesses. J'ai déjà parlé de ses fesses ?

Je sens son sourire contre mes lèvres une fois de plus et je le caresse, là. Je rêverais de les goûter, bordel. C'est trop, et trop d'un coup. Je gémis contre ses lèvres et je me fige. Merde. S'il avait un doute il sait à quel point je le veux maintenant. Je l'embrasse encore, plus lentement, et je m'éloigne doucement. J'ai les joues rouges, je le sens, je bouillonne de partout.

Quand j'ouvre les yeux, je le vois sourire, aussi rouge, peut-être un peu moins que moi.

— Ouais, pardon, je bredouille. Je veux pas m'emporter...

Il hoche la tête rapidement, les yeux toujours fixés sur moi et il me fait encore plus craquer. J'utilise jamais des mots comme craquer, mignon, adorable. Ce gosse me rend faible. J'ai envie de lui raconter toute ma vie, de me confier à lui et de lui faire l'amour, et de discuter et... Je débloque total. Et il est là avec ses grands yeux et sa bouche rose qui attend qu'à être bouffée... Putain. Je ressens des poussées d'adrénaline et l'envie de le coller au mur ou de le faire tomber sur le canapé ou même de le coucher directement par terre et de me jeter sur lui. J'ai le cœur qui s'emballe.

— Ouais. Alors... Ouais, on va peut-être arrêter, il rigole.

Il me regarde et il doit sûrement se moquer aussi un peu. Saleté de gamin adorable.

— Arrête d'être mignon et tout se passera bien, je lui murmure avec un sourire en coin, la bouche collée à son oreille.

— Arrête de toucher mes fesses et tu iras encore mieux, il rigole encore contre la mienne avant d'embrasser ma joue et de reculer le visage.

— Je pourrai les retoucher quand ?

Il fait mine de réfléchir.

— Pas avant un moment. On se reverra dans longtemps.

— Dans combien de temps ?

— Deux ou trois jours dans le meilleur des cas. Huit ou neuf, sinon.

— Huit ou neuf ? Je hoquète. J'ai besoin de ma dose moi, Thomas...

— Je suis sûr que tu trouveras des doses demain, il dit en levant les yeux.

— Tu penses ? Je réfléchis. C'est vrai qu'il y aura de quoi se régaler au festival.

— Bien sûr.

— Tu m'en voudrais ?

Il hausse les épaules et ramasse son sac pour le refermer sur la table basse.

— Je sais que tu le feras.

— Je suis prévisible comme ça ? Tu penses que j'irais me taper le premier venu ? J'ai pas recouché avec Kyle depuis que tu m'as dit que ça te dérangeait.

— C'est bien. C'est gentil, il me sourit. Mais est-ce que tu t'obligeras à ne toucher personne, demain ? il demande en riant un peu.

— Je sais pas. Si ça te dérange oui. Si tu t'en fiches non.

— Tu en auras envie ? Si tu en as envie, fais-le.

— J'en aurai envie. Je suis humain et ça fait un petit moment. Je passe rarement plus que quelques jours sans sexe. Mais c'était pas ma question.

Il pince les lèvres et détourne les yeux vers la télé qu'il éteint.

— Non. Fais-le, ça me dérange pas.

— Ouais ?

— Ouais. On y va ?

Il se dirige directement vers l'ascenseur. Je le suis pour éviter que les portes se referment sur moi.

— Alors tu pars quand ?

— Je sais pas je t'ai dit.

— Ok. On essaie de se voir lundi si t'es toujours là ?

On descend rapidement, trois étages c'est pas très long.

— Ouais si tu veux. T'as encore un casque pour moi ?

— Bien sûr. J'ai toujours un casque, je souris.

Quand on arrive à la grande porte de son immeuble, il m'arrête d'une main sur l'avant-bras. Je me tourne vers lui pour savoir ce qu'il se passe et tout de suite, une paire de lèvres se pose sur les miennes. Une seconde après, il a disparu dehors.

Je souris comme un con et le regarde derrière la porte vitrée. Je secoue ensuite la tête. Qu'est-ce qui m'arrive bordel ? Je sors et monte sur ma moto après lui avoir filé un casque.

On arrive au lycée que dix minutes après. Quoi ? On avait le temps et j'ai fait un petit détour. Il reste cinq minutes avant l'ouverture du portail lorsque mon brun pose son pied à terre pour descendre.

J'arrête le moteur et descends. Après avoir récupéré mon casque je me retourne vers lui.

— Eh, je souris.

Thomas penche la tête, interrogateur. Je viens sur lui et l'attire à moi. Je l'embrasse lentement et quitte ses lèvres avec la même lenteur.

— On se voit bientôt ? Je demande en le gardant contre moi.

— Ouais. Ouais bien sûr, il souffle, les yeux fixés sur mon visage. Tu... Tu m'embrasses en public ?

— Ça te dérange ? J'embrasse sa joue.

— Euh, non, non du tout. Tu me donneras des nouvelles ? De demain ?

— Ouais. Je t'écrirai. T'auras du réseau ? Ou je prends ton numéro ?

— Comme tu veux. J'en aurai, je pense. Tu le veux quand même ?

— Ouais.

Je lui passe mon téléphone. Il le prend rapidement et pianote dessus avant de me le rendre verrouillé.

— Voilà !

— Merci. C'est le bon hein ? Je ris. T'es pas ce genre de mecs qui passent un faux numéro ? Parce que je pourrais te harceler et je voudrais pas harceler un pauvre innocent...

— Tu verras quand tu enverras quelque chose alors...

— J'obtiendrai une réponse ?

— Ça dépendra du message...

— Je dois t'écrire quoi pour que tu m'écrives en retour ? Je chuchote à son oreille.

— Ça, c'est à toi de le savoir, il rigole en tapant sur mon pectoral.

— Ok. Je t'en enverrai cent, y en a bien un qui te conviendra, je souris, satisfait.

— Ah non ! C'est le premier qui compte, il s'éloigne pour s'approcher du muret et s'adosse aux grilles juste devant les grands cyprès.

— Mh... Je t'enverrai un message de mille mots alors.

Mon petit brun hausse des épaules et le portail s'ouvre en même temps.

Je lui souris et l'invite à y entrer avec galanterie.

— Après vous, jeune homme.

Il sourit de toutes ses dents et trottine à l'intérieur.

Je ris, j'aime le voir jovial comme ça. Je lui vole rapidement un dernier baiser et pars pour mon cours. Le week-end s'annonçait génial, il va finalement être vraiment long...

***

Le week-end arrive et finalement je pars avec Kyle, hyper content d'aller à ce festival. Et on s'éclate, vraiment. On fait tout un tas de trucs, on boit - moi un peu moins, assez pour pas vomir - et on s'éclate encore. Et dimanche nuit arrive très vite. On décide de rentrer lundi matin par précaution, je veux pas conduire pété.

Dès qu'on a réussi à rentrer dans la tente, une entrée de tente c'est vraiment petit en fait, on se déshabille. Il a plu hier mais aujourd'hui c'était terrible la chaleur.

Je suis complètement mort et m'écroule sur le matelas gonflable en riant, assommé par tout ce qui tourne dans ma vision.

Kyle grimpe aussitôt sur moi, tout content.

— Aloooors, ce mec tout à l'heure ? Il était canooooon.

— Ouais. Pourquoi t'es pas parti avec mhhhh ?

— Parce que c'était toi qu'il voulait. Et que mêêême. T'es plus canon.

— Tu rigoles ? T'es le fantasme de toutes les personnes de cette planète tant que tu gardes ta gueule fermée, je me marre.

Un sourire plein de malice arrive aussitôt sur ses lèvres. Ses mains glissent sous mon tee-shirt et se posent sur mon ventre.

— Je peux pas la garder fermée... J'adore l'avoir ouverte, il souffle en se redressant juste un peu.

— Ouais, je rigole. Oh attends, Thomas... Il a pas envie qu'on fasse des trucs tous les deux... J'ajoute en reprenant mes esprits.

— Mh ? T'es avec lui alors ?

Kyle a pris sa voix basse -et sexy- alors qu'il bougeait un peu en parlant. Putain.

— Ouais, non. Je suis pas avec lui... Je réponds, hypnotisé.

Il s'est penché. Il s'est penché et il a tiré sur mon lobe.

— T'es avec moi alors... il susurre contre mon oreille en ondulant encore un peu.

Putain qu'il le fait bien. Comme toujours. Ce gars est irrésistible.

— Ouais mais il veut pas... Je souffle, hésitant.

Kyle parle plus pendant quelques secondes, comme s'il me laissait décider.

— Je dois lui écrire non ? Pour, t'sais, lui demander...

— Tu crois ? il murmure à mon oreille avant de dévier sa bouche sur ma mâchoire et mon cou. Comme tu veux...

— Pas juste... Suis bourré... Je grogne et gémis.

Kyle se redresse et donne un coup de hanche pour me montrer qu'il est excité. Et ouais, il l'est.

— Décide maintenant, Will.

— Kyle... Je souffle. (Il a dit que ça le dérangeait pas... Ça le dérange pas... On est même pas quelque chose... Je me dis à moi-même). J'ai envie...

— T'as envie ? De moi ? On le fait ? il me donne un autre petit coup de hanche.

— Ouais...

Et je passe une putain de soirée dont je me souviens à peine.

***

Le lendemain, on met pas très longtemps à rentrer. À peine cinq minutes de plus que le parcours normal, alors qu'il y avait des bouchons sur une bonne partie. Merci la moto. Je dépose Kyle chez lui et j'arrive chez moi. Là, après avoir pris un cachet pour soigner mon mal de crâne, j'écris à mon petit brun. Je l'ai cherché un moment dans mon répertoire. Je regardais au niveau des T, mais en fait il était aux M. Comme MisterTom. Mignon.

Will : Hey, t'es là demain ? On se voit ?

Après plus d'une demi-heure, j'ai toujours pas de réponse.

Will : Eh, chéri ? T'es par la ? Merde, j'ai foiré mon SMS ? Je pensais que t'aurais envie de me voir, je me suis dit que c'était une bonne entrée en matière. Ok, oublie le premier. Ce week-end c'était génial. Je te raconterai. Y avait des groupes top et une ambiance de fou. On se fera ca tous les deux un jour, ok ? Allez réponds-moi, pitié... Ta bouille me manque.

Putain, qu'est-ce qu'il fout ? Lui qui est toujours avec son téléphone pas loin, il met un moment à répondre à mes messages.

Will : Thomas ? :(

Toujours rien.

Will : Tes lèvres me manquent... Et tout le reste aussi.

Après quelques secondes, je reprends.

Will : Pitiiiiiééé j'ai foiré mon premier SMS ok j'ai compris ! Si tu me réponds pas dans les cinq minutes je passe chez toi. xx

Quelques minutes plus tard, je sonne chez lui.

La porte s'ouvre presque tout de suite et je vois une femme avec une grande robe rose qui m'accueille avec un sourire.

— Je peux faire quelque chose pour toi, jeune homme ?

  • Bonjour madame, je viens pour voir Thomas. Il est ici ?

— Les Crivey ? Ils sont partis en vacances. Ils devraient rentrer dans quelques jours, elle me dit avec un sourire avenant.

— Oh. D'accord. Vous savez où exactement ? Edimbourg j'imagine ?

— Non, je peux pas te dire ! Ils sont partis vite ils m'ont pas dit. Tu avais besoin de quelque chose ?

— Juste de le voir... Vous savez quand il rentre ?

— Courant de la semaine, sûrement. Je dois arroser les plantes jusqu'à jeudi.

— Alors je reviendrai jeudi soir. Merci madame, je la salue encore et rentre chez moi.

Will : T'es pas là... Je vais faire une crise de manque Thomas :(

Dès que je passe la porte, je vois ma mère attablée. On s'était pas croisés depuis que j'étais rentré.

— Alors, comment était ce week-end ? Elle demande en se servant de la salade alors que j'arrive vers elle.

— Cool.

Je me pose sur ma chaise et je me sers ma bouffe silencieusement.

— Ton copain a pu venir finalement ? Tu as pris tes cachets ?

— Venir ? Ouais non. Il est pas venu. Et oui je les ai pris.

Elle hoche la tête et continue de manger sa salade sans plus me poser de questions.

— Maman, tu penses que si quelqu'un répond pas à mon SMS... Après quelques heures, ça peut être parce qu'il m'ignore ? C'est quoi le plus probable ?

— Il a une raison de t'ignorer ? Il l'a peut-être oublié ou alors il a plus de batterie. J'ai jamais le mien sur moi, moi, elle fait en me souriant gentiment, sûrement pour me rassurer.

— J'ai vu qu'il l'avait reçu... (Je baisse les yeux sur ma salade). Il voulait que je lui envoie un bon sms. Et j'ai pas envoyé un SMS hyper romantique et développé. Tu crois qu'il pourrait m'ignorer pour ça ?

Elle m'envoie un regard en coin et sourit toute seule. Ah, les mamans.

— Tu t'es pas trompé en copiant le numéro ?

— Il l'a écrit lui-même, je bougonne.

— Si il t'ignore, il va sûrement pas t'ignorer longtemps. Vous vous aimez bien.

— Tu crois ? Je sais pas. Je sais pas trop ce qu'il pense de moi en vrai. Il doit se dire que je suis qu'un sale profiteur manipulateur.

Elle hausse un sourcil en reposant sa fourchette dans son assiette.

— Et pourquoi mon fils serait un profiteur manipulateur ?

— Pour rien, Je grommelle en reprenant une bouchée. (Et finalement je continue). Je lui apprends à avoir confiance en lui, un peu comme un prof. Et je trouve tellement important qu'il fasse ce qu'il veut dans sa vie. Tu sais bien... Je souffle.

Elle acquiesce en me souriant.

— C'est bien ça.

— Ouais. C'est bien. Mais du coup je sais pas s'il me voit que comme le type qui lui apprend pleins de trucs pour les autres.

— Tu n'aimerais pas ça ? Qu'il ne te voit que comme ça ?

— Non, je secoue la tête en fronçant les sourcils. Vraiment pas.

— Comment alors ? Vous êtes amis, il avait l'air de tenir à toi le peu de temps où je l'ai vu, elle sourit, sûrement en y repensant.

— T'as tout de suite su que c'était lui hein ? Je grogne. Tu crois qu'il tient à moi ? On se connaît depuis même pas un mois...

Elle hausse les épaules en prenant un bout de fromage. La mimolette. Elle adore.

— Je crois que tu tiens à lui.

— Ouais. Mais c'est pas pareil, moi c'est juste que je le trouve attendrissant et... (Je pince les lèvres. Encore un mot inhabituel). Ouais. Lui il est pas, il est pas vraiment comme ça tu vois ? Je sais pas, il m'aurait écrit non ?

— Il est pas vraiment... comment ? elle demande. Il va sûrement t'écrire bientôt, arrête donc de t'en faire.

— J'arrête pas de lui envoyer des SMS ! Il répond pas... Et il est, je sais pas, sérieux, timide un peu, c'est pas, il a pas l'air d'être du genre à... Je sais pas comment dire. Il est pas... Sentimental ? Je crois pas. Et je suis sûr qu'il aime un autre type en plus. Enfin je veux pas dire un autre que moi et c'est pas du tout, c'est pas une question d'amour juste, juste je me dis qu'il me voit que comme son prof...

— Si tu lui montres que ton côté prof... elle rit un peu et frotte mon bras. T'inquiète pas je te dis. Il te répondra.

— Je montre pas que ça ! Je m'offusque. (Je regarde mon téléphone, toujours rien). Ouais. Il me répondra dans deux cents ans.

À cet instant, mon portable vibre sur la table et je me précipite dessus, le faisant presque tomber alors que ma mère se marre.

Sur l'écran, je vois enfin la libération. 1 nouveau(x) message(s) de MisterTom. Je l'ouvre tout de suite.

MisterTom : Saluuut ! J'ai beaucoup à répondre dis. Je suis pas là demain, mes parents m'ont embarqué dans un petit voyage, mais on rentre bientôt ! Je pense, jeudi midi. Bon, ouais, t'as un peu foiré ton SMS mais le reste était mignon alors ça va. Et ouais, j'ai envie de te voir ;) J'étais en balade ce matin, on marche pendant toute la matinée et on revient manger vers 13h. C'était génial ! Alors le festival ? J'ai attendu tes messages samedi... Mes lèvres te manquent ? Peut-être que les tiennes aussi, je les regrette... ;)

Je souris comme un con pendant deux minutes, relisant plusieurs fois le message et surtout la dernière phrase. Et je soupire, content.

Will : Je me ferai pardonner pour mon SMS pourri. Promis. Je te raconterai en vrai, ce sera plus simple, mais y avait vraiment une super ambiance. Jeudi t'es rentré alors, et après je t'ai pour tout le reste des vacances ? Ça va faire long... Mais j'ai hâte.

Cette fois, le second SMS met que quelques secondes à arriver. Le Tom sur son téléphone est de retour.

MisterTom : Je sais pas encore, pour Édimbourg

Déception.

Will : Ah, j'ai cru que t'irais par la même occasion... Ok, redis-moi. Je t'attrape jeudi en tous cas, dès que t'es là.

S'en suit un bel échange de sms, rapide comme il faut.

MisterTom : Ok, tu voudras faire quoi ?

— Alors, c'était lui hein ? Vous parlez, tu souris beaucoup plus maintenant, me glisse ma mère en prenant nos assiettes pour les mettre dans l'évier.

Je rougis un peu en cachant ma conversation chaque fois qu'elle passe vers moi.

— Ouais, je souris devant mon écran.

Will : Je sais pas. Te voir pour commencer.

— C'est bien. T'es mignon comme ça, elle se moque en actionnant le robinet.

— La ferme, je grogne et je rougis un peu. C'est pas ce que tu crois.

Je l'entends chuchoter quelque chose devant ses assiettes mais j'ai pas le temps de demander quoi que mon téléphone vibre encore.

MisterTom : À choisir, tu préfèrerais que j'aille trois-quatre jours à Édimbourg directement sans rentrer ou alors je rentre et j'y vais du lundi au dimanche ?

Will : Que t'y ailles directement et je profite de toi pendant une semaine après. Je réponds direct. Je peux attendre quelques jours de plus si c'est pour l'avoir pendant les vacances.

MisterTom : Ok, je verrai pour ça alors

Will : Cool. J'ai hâte de te revoir. T'es où là alors ? Je souris de nouveau.

MisterTom : Paumé dans la nature dans un gîte trop mignon

Will : Envoie des photos...

— T'es pas dispensé de finir la table, Will, me réprimande ma mère alors que j'attends impatiemment devant mon écran.

— Ouais, je vais finir, je dis en me levant, le nez toujours sur mon portable.

Elle gronde en venant vers moi, l'attrape et le met dans sa poche.

— Maintenant.

— Maman ! Je crie, presque désespéré. Je vais ranger, rends-le moi, pitié... Je supplie.

— Tu ranges. Après je te le rends. J'ai trouvé un bon moyen de pression, tiens. Allez, dépêche-toi.

— Ouais.

Et je range plus vite que jamais, et je passe même l'éponge sur la table. Je tends ensuite la main, victorieux. Ma mère y dépose mon téléphone en roulant des yeux. Dès que je l'allume, je vois deux MMS. Le premier, c'est une photo de ce qui semble être la pièce principale, avec une belle cheminée éteinte et des canapés beiges autour d'une table basse. La deuxième, c'est lui en premier plan avec un grand sourire, son lit derrière avec la couverture rejetée sur le côté comme une invitation et une petite légende, un smiley qui fait un clin d'œil.

Je me mords la lèvre et ris devant son audace. Je me demande s'il l'a fait exprès ou pas. Ça donne envie d'y être avec lui...

— Va sourire ailleurs, tu mets trop de bonne humeur dans la pièce, ironise ma mère en finissant de ranger les assiettes propres.

Je grogne et me lève sans regarder devant moi. J'arrive à ma chambre et m'affale sur mon lit. Je décide de lui envoyer une photo moi aussi, avec un sourire en coin.

Je lève l'appareil et prends la photo dans son ensemble, on m'y voit sur le ventre jusqu'à mes pieds, et tout mon lit aussi.

Son message arrive quelques courtes minutes plus tard.

MisterTom : Je suis jamais venu ici

Will : Je te conduirai jusqu'à ma chambre la prochaine fois que tu viens, si tu veux ;)

MisterTom : Ok aha

Aha ? Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il rigole ou que c'est cool, ou est-ce que ça sous-entend un truc ou bien, ou plutôt ça sous-entend justement qu'il veut juste venir et rien d'autre ? Bordel ça veut dire quoi AHA ?!

Will : Tu voudras découvrir mon lit aussi ? :)

Respire, Will.

MisterTom : Y a un sous-entendu sexuel ou c'est juste par bonté d'âme ? Aha

POURQUOI AHA BORDEL DE MERDE ?! Respire Willy. Respire.

Will : Y a un sous-entendu sexuel :)

MisterTom : On verra

Je frissonne. On verra. Pourquoi il a pas mis aha cette fois ? Il m'en veut ? Ou on verra c'est bien et ça veut dire qu'il pense qu'il y aurait moyen ? C'est horrible.

Will : T'aurais envie ?

MisterTom : D'être dans ton lit ? Pour quoi ?

Will : Tu sais bien ce que je veux dire :) d'aller un peu plus loin dans mon lit...

Ma respiration s'arrête. J'ai l'air confiant ou amusé ou je sais pas quoi par SMS mais j'en mène pas large.

Un premier SMS arrive.

MisterTom : Pourquoi pas dans le mien ? Aha

Tout de suite suivi d'un deuxième.

MisterTom : C'est sur le 'un peu plus loin' que j'aimerais des détails. Je suis pas prêt à coucher avec toi.

Will : Je te parle pas de coucher avec moi. Juste d'essayer des nouveaux trucs... Je sais pas jusqu'où tu peux ou veux aller. Je te suis.

MisterTom : C'est une leçon ?

Will : La leçon c'était de m'exciter. J'ai décidé de la garder ;) le reste en fait pas partie...

MisterTom : Ok, on verra quand je serai là

Will : Ok. J'ai vraiment hâte que tu reviennes. Amuse-toi bien ces prochains jours. On va profiter de ton reste de vacances nous aussi :)

Il m'envoie un sourire comme réponse.

Will : Hésite pas à me donner des nouvelles et me dire comment tu vas ces prochains jours. Je serai à l'affût de ton moindre sms. Bisous <3

Non ! Merde. Tant pis. Trop ridicule ce coeur. Rah. Pas grave. Il se dira sûrement que j'écris ça à tout le monde. Raaaah.

Après ça, il m'a envoyé des messages tous les matins pendant trois jours avant de partir marcher pour me dire qu'il allait bien. On a parlé un peu, les midis, pas très longtemps. Aujourd'hui, on est jeudi midi et il m'a dit qu'il partait finalement pour Édimbourg maintenant. Il vient de m'envoyer un message pour me dire qu'il avait pas prévu assez de vêtements du coup, et qu'il en rit.

Je me marre aussi et me moque. C'est marrant, par SMS je sens que notre relation change un peu. On est plus proches, plus complices. Je blague avec lui. Je le découvre différemment. J'aime bien.

MisterTom : Heureusement que tous les vêtements de Méphisto me vont. Merci à ma morphologie de bébé.

Will : Méphisto fait deux fois ta taille, tu dois te noyer dedans ! Photo !

MisterTom : Non tu te moques déjà, en plus je suis pas arrivé. Je vais pas prendre les habits de Julia non plus...

Will : Tu serais trop mignon dedans ! Allez, mets les habits de Julia quand t'arrives ! Tommy avec une robe. Trop cool !

MisterTom : Tais-toi

Will : Jamais ! Passe-moi le numéro de Méphisto, je vais lui dire de te mettre une robe !

MisterTom : Tais-toi Wiiill. Je suis pas une fille ok ? Et j'ai pas envie de mettre une robe. Je suis viril moi.

Will : Nan, t'es mignon, à croquer ! Ça t'irait troooooop bien !

MisterTom : Alors quoi, t'aimes les mecs en robe maintenant ? J'en mettrai pas

Will : Je t'aimerais toi en robe, pour sûr. Avec une coiffe. Mais ok, va pour les fringues trop grandes de Méphisto.

MisterTom : T'es con

Will : :3

MisterTom : Tu sais ce que c'est ça ? C'est : :O <==3 puis :O<==3 et :=3 et :3. Donc... Ouais, ok

Will : Est-ce que tu viens de mimer une pipe avec ces smileys ?

MisterTom : Ouais

Will : Alors tu dis que je t'ai envoyé un smiley de je te fais une pipe ?

MisterTom : Ouais

Will : Ok :3

MisterTom : Cool

Will : Tu voudrais ?

La réponse est pas immédiate comme avant, je renvoie un message.

Will : Nan ?

MisterTom : Si tu sais bien faire... ;)

Je regarde mon téléphone pendant une bonne minute, les yeux fixés sur l'écran. Wow. Ce truc que ça me fait au ventre. Wow.

Il finit par renvoyer un SMS.

MisterTom : Tu voudrais ?

Will : Ouais. Ouais carrément. Tu me diras si je fais bien, ok ? ;)

MisterTom : Même si je te rends pas la pareille ?

Will : Même si tu me rends pas la pareille. Je te demande rien Tommy, promis.

MisterTom : Alors... T'as juste envie de le faire ?

Son message est suivi d'un autre.

MisterTom : J'arrive bientôt, quelques minutes

Will : J'ai vraiment très envie. T'imagines pas. Écris-moi quand tu peux...

MisterTom : Vraiment ? J'imagine pas ? À ce point ? Aha merci

Will : A ce point.

Je me mets sur le dos et ferme les yeux. Ca y est, je suis de nouveau excité..

Je lis son dernier message avant de poser mon téléphone sur la table de nuit.

MisterTom : À plus tard x

J'ai vraiment envie de le revoir maintenant. Et de lui faire tous ces trucs. S'il était dans la leçon du excite-moi bordel il la réussit parfaitement.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Illuni ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0