57 - Logan / Debbie

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Logan

Aujourd'hui est une superbe journée printanière. Le soleil brille et les températures sont super agréables. C'est la raison pour laquelle, je pense que Lu sera assise sur un des transats devant la piscine. Je l'imagine en train de bouquiner tranquillement en attendant que je revienne. Les doigts autour du volant, je rêve déjà de m'approcher d'elle sans bruit et de la surprendre avec de doux bisous dans son cou. Puis, je poursuivrai en remontant son pull afin d'effleurer du bout des lèvres cette peau si douce. Et si elle se laisse tenter, je finirai par lui faire l'amour à cet endroit même. Autant profiter de l'absence de mes vieux et de ma frangine pour laisser libre-court à l'un de mes fantasmes.

Perdu dans mes idées salaces, je ne capte pas tout de suite que le feu vient de passer au vert. Ce sont les coups de klaxons des autres qui me ramènent à la réalité.

Quand je débarque à la baraque, je remarque très vite que Lu n'est pas à l'extérieur. Dommage, mon idée aurait pu être sympa.

Si elle n'est pas en bas, elle ne peut qu'être à l'étage. Peut-être est-elle en train de dormir un peu. La dernière fois que je l'ai vu, juste avant qu'elle parte, elle m'a paru claquée.

Je gravis les escaliers deux par deux en pensant à la manière dont je vais la réveiller. Je suis tellement accro à cette fille que je pourrais lui faire l'amour en permanence. Son corps est une véritable drogue dure. Jamais, je ne m'en lasserai. Et dire que cette conne de Mandy se croit mieux qu'elle. Ça me fait bien marrer. Personne ne peut remplacer l'amour de ma vie, ni dans mon cœur, ni dans mon pieu.

Arrivé à l'étage, je pousse la porte de ma piaule, déjà bien tendu sous ma braguette.

Et merde !

Mon idée d'un réveil tombe à la flotte quand je découvre Lu assise sur le lit, les jambes repliées contre sa poitrine, mon oreiller serré entre ses bras. Son corps parcouru de légers tremblements ne laisse aucun doute sur ce qu'elle fait. Elle n'est pas en train de rêvasser, mais en train de pleurer. Et comme chaque fois que je la vois dans cet état, mes tripes se serrent. Putain, qu'est-ce que j'ai horreur de ça !

J'accours jusqu'à elle, tout en me reprochant de l'avoir laissée seule. J'aurais dû sécher les cours pour être présent pour elle. Je suppose que ce que lui a dit l'autre conne a dû la travailler plus que de raison. Sans compter mon comportement de connard quand j'ai éludé ses questions au sujet de Chris. Je ne savais pas comment lui dire que mon pote était mort. Encore un foutu secret en plus sur ma putain de liste, qui n'arrête pas de s'allonger. Et dire qu'on s'est promis de ne plus rien se cacher...

— Eh, bébé ! l'interpellé-je d'une voix douce.

Perdue je-ne-sais où, elle ne semble même pas capter ma pres6ence.

Je m'accroupis devant le lit et laisse mes doigts glisser avec tendresse sur sa jpue. Aucune réaction. Putain, qu'est-ce qui lui arrive ? J'espère que ce n'est pas un de ses putains de souvenirs qui a refait surface. Je suis effrayé à l'idée que ce soit le cas. La dernière fois, elle a failli me larguer. Qu'en sera-t-il cette fois ?

— Lu ! tenté-je une nouvelle fois.

Rien de chez rien. Merde !

Comme je ne sais pas trop quoi faire, je contourne le lit et viens m'asseoir à côté d'elle. D'un bras autour de ses épaules, je l'attire contre moi. Mon nez dans ses cheveux, je tente de l'apaiser comme je peux. Pour le moment, les mots sont inutiles. Elle n'a besoin que de la force de mes bras et rien d'autre. J'en suis convaincu.

Putain et dire qu'elle a débuté la journée en souriant. Là, ses larmes sont en train de me tuer.

— Tu ne veux pas m'en parler ? finis-je par briser le silence oppressant dans lequel nous sommes plongés depuis un moment.

Quand elle relève les yeux vers moi, sa détresse me percute de plein fouet.

— J'ai fait un cauchemar.

Je suppose que ce qui va suivre va me déplaire au plus haut point.

— Dis-moi tout.

— Mes cicatrices dans le dos...je sais qui m'a fait ça.

Elle déglutit difficilement alors qu'elle me lance un appel de détresse à travers son regard.

— Raconte !

Mon ton un peu trop fort la fait sursauter. Putain, mais qu'est-ce que je peux être con parfois ! Mais savoir qu'elle n'ignore plus qui lui a fait ça me fout en rage et j'ai du mal à me contenir.

— Pardon, m'excusé-je d'une voix bien plus calme en caressant ses cheveux. Je ne voulais pas te crier dessus. Raconte-moi, bébé, ce qui s'est passé. J'ai besoin de savoir.

Et c'est la stricte vérité. Je sais déjà ce que lui a fait subir ce salopard, mais je veux comprendre pour quelles raisons elle porte dans son dos les stigmates de sa captivité.

— Je ne peux pas.

Étonné, je hausse un sourcil.

— Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?

— Quelle différence, Logan ? Je ne veux juste pas te faire endurer ce que j'ai subi.

Je reconnais bien là ma fiancée. Se taire pour protéger les autres, c'est tout elle. Mais putain, c'est à moi de la protéger de ce qu'elle a vécu, pas l'inverse. Je veux être là pour l'aider, mais si elle tait ce qu'elle sait, je ne pourrais pas y parvenir. Faut qu'elle me parle pour que je puisse la soutenir.

— Souviens-toi à Noël, tu m'as appelé dans ton cauchemar, tu voulais que je t'aide. Comment tu veux que je le fasse si tu ne me dis rien ?

Des nouvelles larmes, qui me rendent fou de colère, perlent sur ses joues.

Un silence pesant règne maintenant dans la pièce. Je ne sais plus quoi dire. J'attends juste qu'elle se décide à parler, car je reste persuadé que, tôt ou tard, elle finira par le faire. Du moins, j'espère, parce que je refuse de la voir se refermer sur elle-même. On sait ce que ça a donné la dernière fois. Plus jamais ça.

Plusieurs minutes s'écoulent à nouveau sans un bruit durant lesquelles je tente de la rassurer avec des gestes pleins de tendresse. Mes lèvres se posent à plusieurs reprises dans ses cheveux. Je veux qu'elle capte que je suis présent et le serai toujours.

—Charlie, finit-elle par souffler.

Mes mâchoires se crispent et mon corps se tend à l'évocation de ce nom. D'autant plus que ce salopard court toujours et pourrait d'un instant à l'autre remettre la main sur elle. Même si cette fois, avec le flic qui la suit en permanence, ce sera bien plus difficile pour lui. Tant mieux !

Je l'imagine essayer et se prendre une balle entre les deux yeux. J'en jubile une seconde, avant de reporter mon attention sur celle qui a besoin de moi, là de suite.

—Continue, l'encouragé-je en caressant ses doux cheveux.

Elle inspire un grand coup, retient sa respiration un instant, puis relâche tout d'un coup. Les mots fusent ensuite sans temps mort. Ce que j'entends me fout hors de moi. Les images se mettent en place dans ma tête sans que je ne puisse les retenir. Putain, d'horreur ! Je voudrais la serrer le plus fort possible contre moi, mais mon corps entier est crispé. Je crève d'envie de frapper sur n'importe qui, n'importe quoi, juste pour laisser cette rage exploser. La créature qui m'habite grogne de fureur. Putain ! Ce salopard mérite pire qu'une mort douce. Lui couper les couilles pour qu'il capte sa douleur serait plaisant. C'est tout ce qu'il mérite ce fils de pute !

—Oh mon Dieu ! entends-je ma frangine hurler sur ma gauche.

Furieux de son intrusion, je reporte ce qui me ronge sur elle et la foudroie du regard. Une larme roule sur sa joue, mais je m'en tape. Elle n'a rien à foutre ici.

—J'ai tout entendu, dit-elle, comme pour s'excuser. J'ai frappé, mais personne ne m'a répondu, alors...

—Imagine que...la coupé-je.

—Je t'ai entendu crier Logan, alors je me doutais bien que vous n'étiez pas en train de vous envoyer en l'air. Sinon crois-moi, je ne serais pas rentrée.

Quand Lu se tourne vers elle, Deb se précipite vers sa meilleure amie pour la serrer dans ses bras.

La colère ne me quitte plus et voir les deux filles que j'aime pleurer ensemble me bouffe. J'ai vraiment envie de commettre un crime, mais si je ne veux pas finir en taule, je ferais mieux d'aller dans le seul endroit où je vais pouvoir cogner sans tuer personne. Je n'ai jamais boxé de ma vie, mais dans la salle de muscu, je sais qu'il y a des sacs de frappe. Je devrais, pourtant rester avec Lu, elle a besoin de moi. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis complètement largué. Cette nouvelle révélation me tue. Je suis vide d'émotions, vert de rage, rouge de colère. Je veux m'en prendre à la Terre entière. Pourquoi persécuter une fille si belle, si douce, si innocente ? Avant l'arrivée de ce type, elle débordait d'énergie, elle était tout le temps souriante. Jamais je n'avais vu de larmes couler sur ses joues. Elle était si forte. Pourquoi faut-il que la vie soit si injuste ? Pourquoi son père s'est-il barré aussi loin ? Je ne comprends pas qu'il ait pu la laisser à son ex. Il m'en a peut-être donné les raisons, mais elles ne me paraissent plus valables. Pas à cet instant. Pas après ces révélations. Je suis une nouvelle fois paumé, comme lorsque Gabson m'a dit ce qu'il lui a fait subir. La rage et le désespoir se mêlent formant un seul et même sentiment qui tel un raz-de-marée me dévaste. Je me noie. Mon estomac se contracte si douloureusement que je suis sur le point de gerber. Faites que ça cesse ! Faut que je m'éloigne d'ici, si je ne veux pas virer barge. Putain, faut que ces images cessent de me changer.

Je me relève d'un bond, cherche ma frangine du regard. Elle doit m'aider avant que je m'écroule. Lu doit continuer à me voir comme quelqu'un de fort, celui sur qui elle pourra compter en toutes circonstances. Là, je ne suis qu'une putain de boules de nerf, incapable de garder mon sang-froid. J'étouffe. J'ai besoin d'air. Je titube, me retiens au mur sous le regard peinée de ma fiancée.

— Dégage d'ici, Logan ! Maman ne va pas tarder à arriver, de toute façon.

D'un signe de tête, je la remercie avant de fuir loin d'ici.

Debbie

Je regarde Logan quitter la chambre. Il a bien trop mal pour rester ici. Je le sais, parce que je ne suis pas mieux. Après avoir lancé un dernier regard sur Lucy, il disparaît de notre vue. J'espère qu'il va juste aller rejoindre ses potes ou se défouler à la salle de muscu et non pas faire une connerie qu'il pourrait regretter ensuite.

Quand je l'entends claquer la porte, je récupère sa place auprès de ma meilleure amie. Je passe mes bras autour de ses épaules et l'attire vers moi. Je ne sais même pas quoi lui dire. Comment peut-on réconforter quelqu'un qui a été détruit à ce point ? En plus, rien ne prouve que ce soit le seul souvenir qui soit remonté à la surface. Qui dit qu'elle n'a pas caché le reste pour ne pas faire souffrir mon frangin encore plus ? Si seulement, elle savait qu'il est au courant de tout ce que lui a fait subir Gabson, peut-être qu'elle se confierait plus facilement à lui. Cependant, je ne veux pas être celle qui lui dira quoi que ce soit. Je déteste lui cacher la vérité, mais je ne vois pas comment faire autrement. Je me sens tellement impuissante.

Comme je ne sais pas trop quoi dire, je finis par lui proposer de regarder un film sur Netflix. Nous évader en matant des beaux gosses pourrait être une solution. Dans un léger signe de tête, elle me montre qu'elle n'en a aucune envie.

— Et si on s'avalait un paquet de bonbons ? Ma grand-mère disait toujours que le sucre résout tous les problèmes.

Elle sourit légèrement. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est toujours mieux que ses larmes qui me brisent le cœur.

— Je n'ai pas très faim.

— Ah, mais là, je ne te parle pas de nourriture, juste d'un paquet de bonbons.

Quand elle hausse les épaules, je me décide quand même d'aller en chercher un. Si elle, elle n'en veut pas, je me ferai toujours plaisir de les manger toute seule. Parce que moi, j'en ai besoin pour me sortir ce que j'ai entendu de la tête.

J'ai à peine dévalé la moitié des escaliers que j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Maman. J'accélère le pas pour aller la retrouver au plus vite. J'ai besoin d'elle. Lucy a besoin d'elle. Dès que j'arrive en bas, je cours jusqu'à elle et me jette dans ses bras. Surprise, elle recule d'un pas, mais quand elle réalise que je ne suis pas bien, elle m'attire contre elle.

— Qu'est-ce qui se passe, ma puce ?

— C'est Lucy. Elle se souvient.

Ma mère me repousse légèrement afin de pouvoir plonger dans mon regard. Je suis incapable de déchiffrer le sien, néanmoins elle semble comprendre la gravité de la situation. Je suis certaine qu'elle saura mieux s'occuper de ma meilleure amie que moi. Elle est l'adulte, moi, je ne suis encore qu'une gosse.

— Ne t'inquiète pas, ça va aller. Je vais monter la voir. Est-ce que ton frère est au courant ?

Je lui explique que c'est lui qui l'a trouvé le premier, mais qu'il a eu besoin de fuir, comme toutes les fois où la situation le dépasse ou qu'il est hors de lui.

— D'accord.

C'est le seul mot qui s'échappe de ses lèvres, avant qu'elle n'embrasse mon front et monte rejoindre ma meilleure amie.

Seule, je n'arrête pas de penser à tout ça. J'ai la trouille de ce qui pourrait se passer ensuite. Est-ce que Lucy sera assez forte pour tourner la page sur cette horreur ? Si ce n'est pas le cas… mon cœur se brise à l'idée qu'elle puisse vouloir mettre un terme définitif à cette horreur. Moi, je sais que je n'y parviendrai pas. Cependant, je ne suis pas elle et malgré mon caractère bien trempé, je n'aurais pas la force de me relever. Les larmes coulent sur mes joues, sans que je ne puisse rien faire pour les retenir.

Killian.

J'ai besoin de lui.

Je file chercher mon portable dans mon sac et lui envoie un message dans lequel je lui explique la situation. Sa réponse me parvient aussitôt. Il arrive. Mais est-ce vraiment pour moi qu'il vient ou pour elle ? J'en sais rien et ça m'ennuie de me dire que s'il se déplace c'est peut-être que pour elle.

À peine dix minutes s'écoulent avant que je n'entende le bruit d'une bagnole se garer dans la cour. Je me rue à l'extérieur, le cœur battant la chamade. Dès qu'il sort de sa caisse, je me jette dans ses bras. Il me serre fort contre lui, néanmoins je réalise vite que c'est juste pour elle qu'il est venu. Pourquoi est-il son frère de cœur ?

— Elle est où ?

J'ai du mal à répondre à cette question. J'aurais préféré qu'il me demande comment je me sens.

— Mon ange ?

Le fait qu'il m'appelle par le surnom qu'il m'a donné met un peu de baume sur mon cœur. Alors, je lui prends la main et l'emmène jusqu'à la chambre de mon frangin.

Dès qu'il la voit, il me lâche et courre jusqu'à elle. Ma mère le regarde avec étonnement. Elle ne le connaît pas et elle doit se demander qui est ce beau mec dans les bras duquel la fiancée de son fils se réfugie.

— Pourriez-vous nous laisser seuls, s'il vous plaît ? nous demande mon mec en posant son beau regard sur moi.

Même si ça me fait mal parce que j'aurais voulu qu'on aille dans ma chambre, pour qu'il me rassure, me dise que tout va bien, qu'il est toujours là pour moi, j'accepte d'un signe de tête et entraîne ma mère dans mon sillage en prenant sa main dans la mienne. Ce n'est qu'une fois en bas qu'elle me pose la question qui lui brûle les lèvres.

— Qui est-ce ?

— Son meilleur ami, Killian.

J'aurais aimé pouvoir lui dire que c'est également mon copain, mais comme notre relation doit rester secrète, je me tais.

— Tu veux de la glace ?

Ma mère aussi a le même credo que ma grand-mère, après tout, elle n'est pas sa fille pour rien. J'opine, avant qu'elle n'aille dans la cuisine chercher un pot de Ben&Jerry's.

Pendant plus d'une heure, assises sur le canapé, nous discutons de tout et de rien. Je sais qu'elle tente de me changer les idées en me parlant de la pluie et du beau temps ou plutôt des derniers films à l'affiche ou de sa future exposition. Malgré notre discussion à bâtons rompus, je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'œil par-dessus mon épaule pour voir s'il descend. Le savoir seul sur un lit avec une fille me bouffe de l'intérieur. Cette sensation je la connais, c'est la même que celle que je ressentais lorsque je le voyais avec l'autre cheerleader. Je suis jalouse. Et stupide de l'être, parce qu'il est avec ma meilleure amie, sa sœur de cœur et la fiancée de mon frère. Parfois je me foutrais des baffes quand je déraille totalement.

— Est-ce que ton frère aurait des raisons de s'inquiéter ?

Perplexe, je fais comprendre à ma mère que je ne vois pas du tout de quoi elle parle.

— Lucy et ce garçon. Est-ce que ton frère pourrait avoir des raisons de se faire du souci ?

Il me faut encore quelques secondes pour capter que maman me demande si je peux croire que Lucy tromperait Logan avec Killian.

— Non ! Bien sûr que non ! Lucy ne trompera jamais Logan.

— Alors, pourquoi ai-je l'impression que tu serais prête à monter pour les séparer ?

Choquée, je reste bouche bée. Je ne pensais pas m'être autant mise à nue devant elle.

— C'est ton copain, n'est-ce pas ?

Bon, cette fois, je me sens totalement démunie pour lui répondre. Suis-je en droit de lui dévoiler que nous sommes en couple ou bien dois-je lui mentir à elle aussi ?

— Je…

— Debbie, je t'ai mise au monde et j'ai bien vu comment tu le regardais avant de quitter la chambre.

Grillée, je ne peux que hocher la tête pour lui répondre. Un large sourire s'étire sur ses lèvres, avant qu'elle ne pose une main réconfortante sur mon bras.

— Si ton frère n'a aucune raison de se faire du souci, alors il en va de même pour toi.

Ses paroles me rassurent. Pourtant quand, cinq minutes plus tard, je les vois arriver vers nous, souriant, son bras à lui sur ses épaules et celui à elle autour de sa taille, je ne peux m'empêcher de les foudroyer du regard. Je leur en veux d'être aussi proche l'un de l'autre. J'en veux à ma meilleure amie de pouvoir profiter de lui. Quand elle réalise combien je lui tiens rigueur de se trouver si près de mon mec, Lucy se détache de lui et perd le sourire qu'il avait réussi à lui rendre.

Quant à Killian, il salue ma mère, avant de prendre la direction de la sortie. Je le suis sans perdre de temps. J'ai besoin qu'il s'occupe de moi à présent, qu'il m'embrasse pour m'aider à oublier que j'ai souffert de voir ma meilleure amie dans cet état.

— Killian ! l'appelé-je avant qu'il ne monte dans sa bagnole.

Il me lance un regard noir.

— C'est quoi ton problème, Debbie ?

Quoi ? Je suis complètement larguée là.

— Tu crois que j'ai pas capté le regard que tu nous a lancé ?

Honteuse, je baisse les yeux. C'est vrai que je n'aurais peut-être pas dû leur en vouloir.

— J'étais juste jalouse, avoué-je comme à moi-même.

Néanmoins, mes mots sont assez forts pour qu'il les entende visiblement.

— Tu crois que j'aurais pu te tromper avec elle ? Dans la chambre de ton frangin en plus ? T'es sérieuse ?

Dans sa voix, j'entends tout le mépris qu'il éprouve pour moi à cet instant.

— Je ne suis pas ce genre de gars, Debbie.

— Pourtant t'étais encore avec Sheryl quand on s'est mis en couple !

Je l'entends grogner avant qu'il se jette sur moi. Effrayée par son regard aussi noir que la nuit, je recule et me retrouve acculé contre sa voiture.

— Je sais ce que ça fait d'être trompé, je ne le ferai jamais à une fille pour laquelle j'ai des sentiments. Alors, maintenant, si tu veux me reprocher d'avoir rendu le sourire à ta meilleure amie, fais-le, mais ne m'accuse pas de t'avoir trompée, parce que ça, je ne l'accepterai pas !

Confuse, je me mords l'intérieur de la lèvre. Je n'aurais pas dû avoir de telles pensées. Leur lien est très fort et je sais qu'il sera toujours prêt à tout pour elle. Comme Logan ferait n'importe quoi pour moi.

— Excuse-moi, je n'aurais pas dû avoir ce genre de pensées.

Un sourire espiègle illumine son regard avant que ses lèvres se plaquent sur les miennes. Ce mec me rend totalement barge et ses baisers sont une véritable tuerie. Sa langue s'enroule à la mienne avec une telle sensualité qu'un feu ardent me brûle le bas-ventre. Visiblement, je lui fais autant d'effet, puisque je sens une bosse dure déformer son jeans.

Puis au moment où je pousse un gémissement, totalement, irrévocablement sous son charme, il pose son front sur le mien, un sourire en coin sur les lèvres.

— Lucy a besoin de toi. Je t'appelle, ok ?

— D'accord.

Après m'avoir donné un nouveau baiser, léger, mais tellement tendre, il fait le tour de sa caisse. Alors qu'il s'apprête à y monter, il s'arrête et m'interpelle.

— Quoi ?

— Ne m'en veux pas d'avoir préféré remonter le moral de Lucy plutôt que le tien.

— Je ne t'en veux pas, mais tu m'appelles ?

— Je te l'ai dit et on parlera autant de temps que tu voudras. Je serai toujours là pour toi, même si parfois je ne t'en donne pas l'impression.

Les doigts sur les lèvres, je le regarde partir, avant d'aller rejoindre Lucy à l'intérieur.

Logan

Quand je rentre, je me suis enfin calmé et j'ai surtout accepté que je ne pourrais pas changer le passé. Coach m'a fait comprendre que pour avancer, je ne devais pas regarder en arrière. Que je ne pourrais jamais changer ce qu'ils lui ont fait, mais que je peux l'aider à se relever grâce à l'amour que je lui porte. J'ignore s'il a raison, mais ce soir, je veux y croire.

Quand j'arrive, ma famille est déjà à table. Je les rejoins après avoir posé ma veste à l'entrée. Je salue mes vieux, avant de décoiffer ma frangine. Puis, je tire la chaise à côté de celle de Lu. Je remarque qu'elle a à peine touché son assiette alors que les autres ont quasiment fini la leur. Est-ce qu'elle va toujours aussi mal ou bien est-ce mon absence qui l'inquiétait ?

J'attrape sa main que j'attire vers ma jambe. Surprise par ce geste, elle lève son visage vers le mien. Ses yeux ne sont pas rougis, signe qu'elle a cessé de pleurer depuis longtemps, et ça me soulage.

— Désolé, bébé, j'avais besoin de faire un tour, lui murmuré-je afin que ma famille ne puisse pas entendre, puis plus fort, j'ajoute : je sais que je ne pourrais jamais effacer ce que ce connard t'as fait subir, mais je te promets de tout faire pour que ton avenir soit magnifique.

— Et je suis convaincu que tu parviendras à la rendre heureuse comme il se doit. J'ai confiance en toi, fiston, me lance mon père.

Fort de son soutien, je souris, avant de déposer un léger baiser sur les lèvres de ma fiancée.

— Je t'aime, me déclare-t-elle.

Ces trois simples mots suffisent à me rendre encore plus fort.

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