Interlude

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Trois jours plus tôt

Je viens à peine de revenir d'une sale affaire. Comme chaque fois, je me rends au repère faire un compte rendu. Mon père n'est pas là, tant mieux. Ça s'est tellement mal passé que je n'ai aucune envie de lui rendre des comptes.

Après avoir fait le topo à Max dans son bureau, on décide d'aller prendre une bière dans la pièce avec les autres. On est tous en train de déconner, quand une des nouvelles recrues se pointe.

— Qu'est-ce que tu veux ? lui demande Max.

— Y a un gars qui aimerait nous rejoindre. Il voulait voir le chef, mais je lui ai dit que c'était toi qui te chargeait de recruter.

Max hoche la tête, avant de l'inviter à aller le chercher.

Peu de temps après, il revient accompagné d'un blond. À voir sa tronche, je me dis que ce môme pourrait peut-être convenir pour certaines de nos affaires. Mais bon, je ne suis pas le décisionnaire. En tout cas, vu sa façon de réagir devant les armes apparentes des autres, pas de doute, ce p'tit con ne semble pas avoir froid aux yeux.

En plus, je ne sais pas ce qu'il a, mais depuis qu'il a franchi les portes, il n'arrête pas de me mater. À la longue, ça en devient saoulant. Pour bien lui faire comprendre que je ne suis pas un fin, je pose un regard meurtrier sur lui.

— Qui te donne le droit de me reluquer de la sorte ? explosé-je.

— Tu me rappelles juste quelqu'un, rétorque-t-il avec un air supérieur.

Non, mais il est con ou quoi ? Comment peut-il oser me répondre de la sorte ?

— T'es qui ?

Ses lèvres s'étirent dans un drôle de rictus qui me fout en rage.

— Ton pire ennemi si tu ne me lâches pas la grappe. Je ne suis pas là pour me prendre la tête avec toi, mais pour vous rejoindre.

Putain, il veut crever lui, pas possible autrement !

Furax, je passe mon bras dans mon dos à la recherche de mon flingue. Au moment où je vais pour la sortir, Max pose un regard pesant sur moi. Quand je relève les yeux dans sa direction, il me fait signe de ne rien faire. Merde !

— Tu n'as pas froid aux yeux, petit. Je pense que tu devrais te plaire parmi nous. Tu devrais en prendre de la graine, Gabson.

Comme si j'en avais besoin. Un jour, je serai à leur tête, alors qu'il ferme sa gueule lui aussi.

L'autre me fixe en fronçant les sourcils.

Il veut ma photo ou quoi ?

— C'est quoi ton nom, gamin ?

— McKenzie.

Une drôle d'expression s'affiche sur la tronche de Max. D'un coup, il a l'air soucieux. À croire que ce nom ne lui plaît pas beaucoup. À moins que… À moins que je n'en sais rien, en fait.

— Pourquoi tu veux nous rejoindre ?

Question habituelle, réponse certainement habituelle. Si quelques-uns souhaitent venir pour avoir notre protection après quelques délits mineurs, la majorité nous rejoignent en pensant que leur vie sera moins pourrie une fois parmi nous. S'ils savaient que seuls, les deux plus hauts gradés coulent sous le fric fastoche, je crois qu'ils iraient chercher un vrai travail. En bas, ces prises de risque quotidiennes, sans jamais savoir quelle jour tu vas passer l'arme à gauche. Tu peux te réveiller le matin en te disant que tu vas passer la plus belle journée de ta vie et ne plus être là le soir pour le constater.

— À cause d'une fille, me surprend le p'tit con.

Un silence s'abat sur la pièce, avant que des rires fusent de tous les côtés. Jamais, je n'ai entendu une pareille connerie.

— Attends, j'imagine le truc, la nana lui a dit qu'elle craquait que pour les bad-boys, alors il se pointe là en croyant que c'est un jeu et qu'il pourra se la foutre dans le lit, se moque un de nos sous-chef.

McKenzie ne semble pas perturbé pour autant. N'importe qui se serait foutu en colère ou aurait baissé les yeux, mais lui, il reste là, figé, la tête haute.

— Disons plutôt qu'elle a été enlevée par un connard qui porte le même nom que toi ! lance-t-il en plantant son regard dans le mien.

Quoi ?

Mon père n'enlève pas les meufs et moi, ça fait un bail que je ne l'ai pas fait. Ce n'est plus mon rôle depuis longtemps. Si ce n'est pas mon daron, ni moi, il n'en reste qu'un… Jax.

— De quoi tu causes ? grogné-je, les poings serrés prêts à lui fracasser la tronche.

— Dis-moi, gamin, cette fille, elle est majeure au moins ? lui demande Max.

Pourquoi il lui pose cette question ? Un peu étonnant.

Quand l'autre secoue la tête, je suis sur le point de perdre la mienne. Par contre, Max ne semble pas plus choqué que ça. J'ai la foutue impression qu'il connaissait déjà la réponse. Étrange.

Putain, Jax, qu'est-ce que t'a foutu ?

— J'te jure que si tu mens, je me ferai un plaisir de te détruire en m'en prenant à ceux que tu aimes, le menacé-je en me plantant droit devant lui.

— Tu crois que j'suis aussi con que ton frangin ?

À ses mots, mon point part tout seul. On n'insulte pas ma famille.

— Je ne mens pas ! rajoute McKenzie en s'essuyant la bouche du revers de la main.

******************

Depuis que ce gamin est venu nous voir, je parcours sans relâche la ville et ses alentours à la recherche de Jax. Impossible de mettre la main sur lui. Ses potes ne l'ont pas vu depuis presque deux semaines, il ne traîne pas non plus aux endroits habituels. Rien ! Que dalle ! Nada ! Il semble s'être totalement volatilisé. Pourtant, je n'ai pas le choix, il faut absolument que je pose la main sur lui pour qu'il retire tous ses foutus doutes de mon crâne. Je ne veux pas croire que le petit protégé de Max ait pu avoir raison

Putain,où est-ce qu'il a bien pu foutre les pieds, ce p'tit con ?

Faites que tout ça ne soit qu'un ramassis de conneries ! Si ce n'est pas le cas, je ne donne pas cher de la peau de mon frangin. Mon vieux ne l'acceptera jamais. On a des règles à respecter, putain ! Et l'enlèvement d'une mineure n'en a jamais fait partie ! Qu'est-ce qui lui a pris ? Elle a quoi de spécial cette gonzesse ?

Pourquoi Max ne m'a pas laissé tirer une balle entre les deux yeux de ce gosse ? On aurait été débarrassé. Pas de témoins, ni rien. Hasta la vista, connard. En plus, ce p'tit merdeux ne mérite pas mieux. Dénoncer un des nôtres devant nous, fallait oser quand même ! Si j'avais pu le faire, je ne serais pas là à me ronger les sangs pour mon p'tit frère. Mais bon quand Max décide, en l'absence de mon vieux, on doit fermer notre gueule. Pas le choix, même pour moi. Aucun avantage d'être les gosses du chef, on est tous nourris à la même enseigne. Et c'est bien ce qui m'inquiète. Un non-respect de nos lois et c'est la mort assurée.

Putain crever à, à peine, dix-neuf ans, ça fout les glandes !

Je dois vraiment le trouver avant que le daron apprenne cette histoire. Pour le moment, j'ai du bol qu'il soit au Mexique en train de traiter une affaire. Sauf que j'ignore totalement combien de temps ça va lui prendre. Ce ne sont pas mes oignons, je ne suis qu'un exécutant. Je dois encore faire mes preuves avant d'obtenir un siège à sa droite.

Soûlé de tourner en rond, je décide de passer par QG afin de m'évader un peu. Un bon joint, une bonne baise, c'est tout ce dont j'ai envie, là de suite.

Aucune idée de l'heure qu'il est quand je gare ma bécane devant notre repère . La seule chose que je sais, c'est que la nuit est tombée depuis longtemps.

À peine ai-je franchi les portes, que mon officielle se jette sur moi. Je me doutais bien que je retrouverais cette grande blonde ici. Elle adore se faire sauter et rien de mieux pour elle que de se balader au sein de tous ces hommes. Je ne suis pas du genre jaloux, alors elle peut bien faire ce qu'elle veut. Si les gars ont envie de se faire sucer, pas de souci, tant qu'elle reste disponible quand j'ai besoin d'elle. Et là, j'en ai vraiment besoin. Faut que je me sorte cette merde du crâne, avant de devenir barge. J'ai l'impression de jouer contre la montre.

Mes doigts fortement serrés autour de son poignet, je l'entraîne rapidement à l'écart. Même si je lui fais mal, elle ne dit rien. Vaut mieux, je ne suis pas d'humeur à jouer au gentleman et si elle avait le malheur d'ouvrir sa gueule, elle en prendrait plein la tronche.

— Suce-moi !

Ma voix claque comme un ordre. Docile, elle sort ma queue et se met à me branler, avant de la faire à peine pénétrer dans sa bouche. Putain, elle ne peut pas aller plus loin ! Rageur qu'elle ne m'en donne pas plus, j'agrippe ses cheveux à pleine poignée et la force à tout englober. Je donne le rythme en baisant violemment sa bouche, mais merde, j'arrive pas à me détendre. Il m'en faut plus ! D'un coup, je la redresse, la plaque au mur dos à moi et relève sa jupe. Quand son putain de cul s'offre à moi, je bande encore plus dur.

— T'as envie que je te prenne fort, hein, salope ? demandé-je en introduisant un doigt dans sa chatte déjà bien mouillée..

Son gémissement me confirme qu'elle en crève d'envie. Pas besoin de plus pour que je me fourre en elle et la baise de la seule manière qui me fera jouir. Je la martèle de plus en plus fort de mes coups de reins, jusqu'à ce que j'explose. Rien à foutre si elle, elle n'a pas pris son pied. Elle n'aura qu'à se terminer seule ou aller chercher un des gars pour qu'il finisse mon travail.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive, Jared ? me demande-t-elle alors que je suis en train de ranger mon matos.

Plus que surpris, je lève un regard interrogateur vers elle.

— D'habitude, t'es pas comme ça avec moi.

Ouais, elle n'a pas tort. En général avec elle, je suis beaucoup plus doux. Cette manière de faire, je la garde pour les brebis. Celles qui peuvent assouvir tous nos fantasmes, même les plus tordus. Mais là, c'est d'elle dont j'avais envie, pas d'une autre.

— Et alors ? grogné-je.

Elle s'approche de moi pour plaquer ses deux mains sur ma gueule, puis plante ses jolis yeux bleus dans les miens. Putain, je déteste quand elle fait ça ! J'ai l'impression qu'elle arrive à lire dans mon âme et ça me gonfle. Pour qu'elle cesse son manège, j'emprisonne ses poignets entre mes doigts et la force à dégager les siens en ramenant ses bras contre son corps.

— C'est à cause de Jax ?

— Pourquoi tu me parles de lui ?

Elle mordille sa lèvre, comme si elle hésitait à m'avouer un secret.

— Tu sais où il est ?

Elle secoue la tête.

— On dirait que tu me caches un truc et tu sais à quel point je déteste ça.

Elle ferme les yeux un instant, avant de souffler un bon coup.

— Tout à l'heure, j'ai entendu deux gars. Il parlait de ton frangin et disait qu'il était vraiment taré. En fait, ils avaient même la trouille que tu l'apprennes parce qu'ils se sont laissés embobiner par lui. Apparemment, il leur aurait ordonné de casser la gueule d'un gosse, en disant que ça venait de ta part.

Mais c'est pas vrai ! J'ai atterri en enfer où quoi ?

Claqué par toute cette histoire, je passe mes mains nerveusement sur ma tronche.

Putain, je vais devenir barge !

— Jared !

Bordel, il ne manquait plus que lui ! Comme fait exprès, la voix grave de mon père vient de tonner dans mon dos. Je me retourne d'un coup pour lui faire face. Son regard glacial me fout mal à l'aise. Devant lui, je ne fais jamais mon malin.

— Est-ce vrai ce qui se dit sur Jackson ?

J'hésite un instant entre lui mentir et lui dire la vérité.

— J'en sais rien. J'n'arrive pas à le trouver.

Il me sonde avec beaucoup trop d'intensité, puis hoche la tête.

— Tu vas continuer à le chercher jusqu'à ce que tu le trouves. Si cette histoire est vraie, tu l'élimineras, mais…

— Putain, c'est mon frère !

En deux enjambées, il m'attrape par le colbac et me colle au mur.

— T'es en train de discuter mes ordres ?

D'un signe de la caboche, je lui fais capter que ce n'est pas le cas. De toute façon, si ce n'est pas moi qui m'en charge ce sera un autre. Le grand Gabson décide, on obéit comme des petits moutons. Pas le choix. Et si on ne le fait pas, un autre prend la relève. Toujours pas le choix.

Putain, faites que ce soit faux !

— Sinon, tu te chargeras de celui qui est venu raconter des balivernes sur mon gosse. En attendant, passe-lui un message...

Il plante son regard aussi froid que les plaines sibériennes dans le mien, afin d'être certain d'avoir toute mon attention.

— Fais lui comprendre que tous services rendus par les Reds ne sont jamais gratuits.

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