27 - Logan

19 minutes de lecture

Je suis le mec le plus veinard de la Terre. Non seulement la fille que j'aime partage le même toit que moi, mais aussi ma couette et ce depuis le réveillon. Ce soir-là, dès que Deb a refermé la porte de la chambre, on s'est glissés sous la couette. On a discuté. Beaucoup. On s'est embrassés. Tout autant. On a ri. On a pleuré. On s'est demandé pardon un nombre incalculable de fois. Surtout moi. Puis, on s'est endormis l'un en face de l'autre, comme avant. Comme les deux gosses inséparables que nous étions. Comme les deux ados tombés amoureux l'un de l'autre. Depuis, je ne passe pas une seule nuit sans elle.

Au départ, le daron n'a pas trop apprécié, il faut dire qu'il protège Lu comme si c'était sa propre fille. Ouais, c'est glauque de penser un truc pareil, parce que ça signifierait presque que je sors avec ma frangine. Lu est tout à mes yeux, ma meilleure amie, ma copine, mais certainement pas ma sœur. Il a fallu que je lui fasse la promesse que je prendrai soin d'elle, que je ne ferai pas de conneries et l'appui de ma mère pour qu'il me donne son feu vert.

Depuis qu'on partage le même lit, Lu semble bien plus apaisée. Elle fait beaucoup moins de cauchemars. J'aime croire qu'être lovée dans mes bras n'y est pas étranger, même si je suis conscient que le fait de m'avoir tout déballé a dû largement l'y aider.

Moi, en tout cas, je raffole de ces moments rien qu'à nous, où personne ne vient nous déranger, avant de nous endormir. On parle des heures, on s'embrasse et on se caresse sans jamais dépasser les limites qu'elle m'a fixées. Pour le moment, elle autorise seulement mes mains à câliner son dos, ses cheveux et son visage. Je m'en contente, même si j'admets que des fois, je rêve d'aller plus loin, surtout quand elle m'enflamme avec ses galoches du tonnerre. Les douches froides me sont très utiles et ma main droite est devenue ma meilleure amie en ce moment. Jamais, je n'ai dû me montrer aussi patient avec une fille. Une véritable première pour moi. Pourtant, je n'échangerai ce que je vis pour rien au monde.

Ma montre vibre à mon poignet, il est temps de se lever. Dans moins d'une heure, retour à la réalité. Je me demande comment les gars vont réagir quand ils vont capter qu'on est en couple. En même temps, si ça ne leur plaît pas, ils pourront aller se doucher. Les matchs principaux sont finis et même si je me bats avec la moitié de l'équipe, je m'en fous royalement. La seule réaction qui pourrait m'inquiéter, c'est celle de son… non, je ne peux plus employer ce terme pour désigner le gars qui a pris soin de Lu, quand j'étais le roi des connards. Sans lui, je n'ose même pas imaginer ce qu'elle serait devenue. Certainement plus là pour que je puisse la serrer dans mes bras. Au final, ce type mérite mon respect pour ce qu'il a fait pour elle. Bref, j'ai un peu la frousse qu'il n'accepte pas qu'on sorte ensemble. Même si Lu n'arrête pas de me répéter qu'entre eux, ce n'est qu'une très forte amitié, je me demande très souvent si lui n'a pas de vues sur elle. Et si c'est le cas, il n'acceptera pas de s'être fait griller par un type qu'il ne peut pas blairer depuis le début de l'année.

Ma montre vibre à nouveau pour me forcer à quitter ce lit. Lu dort toujours comme un bébé. Ses traits détendus la rendent si belle que je ne parviens pas à en détacher mon regard. Je crois que je pourrais passer des heures à contempler la plus belle nana de l'univers sans m'en lasser. Cependant, si je le fais, je ne suis pas certain qu'elle ne me fasse pas la tronche ensuite. Les cours sont très importants pour elle, elle compte sur ses notes pour décrocher une bourse à l'université. Il est donc temps que je la sorte de son sommeil. D'un bisou sur la joue, puis dans le cou, je la réveille. Elle émet un grognement de frustration, qui me fait sourire comme un con.

— Laisse-moi dormir, Logan.

De nouveaux bisous et voilà miss ronchon qui ouvre les yeux. Quand elle s'étire, laissant une bande de peau blanche apparaître au niveau de son flanc, des idées salaces me traversent le crâne. Je tente ma chance en laissant mon doigt glisser dessus avec sensualité. Si je pensais allumer un brasier en elle, c'est une toute autre réaction que j'obtiens. Elle se contorsionne en riant. Visiblement, je la chatouille. N'empêche que l'effet est le même sur ma queue, je viens de me choper une gaule d'enfer qui va être dure à camoufler. J'ai intérêt de passer par la case douche en priorité, avant de descendre prendre le petit-déj.

— Bien dormi, amour ? demandé-je.

Elle tourne la tête vers moi et pose ses lèvres avec douceur sur ma joue. Je suis vraiment atteint pour que ce simple contact me fasse frissonner de la tête au pied.

— Toujours quand je suis dans tes bras, me sourit-elle.

Son sourire est contagieux, puisque mes lèvres en dessinent un à leur tour. Je suis certain qu'elle n'a pas idée d'à quel point elle est bandante dès le réveil. D'un bras autour de sa taille, je l'attire contre moi, je veux qu'elle s'en rende compte par elle-même. Je veux qu'elle apprivoise la bête bien gonflée sous mon boxer. Après le lavage de cerveau que lui ont fait subir les autres fils de pute, elle a encore du mal avec mes réactions de mec en rut.

Dès qu'elle passe ses jambes de chaque côté des miennes, elle en réalise la teneur. Si la surprise est sa première réaction, elle est vite remplacée par ce regard effrayé que je déteste voir chez elle. Pour ne pas qu'elle sombre, je l'attire vers moi et l'embrasse jusqu'à ce qu'un léger gémissement quitte ses lèvres. Putain que c'est bon !

— Je ne te ferai jamais de mal, tu le sais ça, bébé, hein ? soufflé-je haletant contre ses lèvres.

— Oui. Je suis désolée.

Bordel, je hais quand elle s'excuse de la sorte ! Je ne suis pas stupide, je sais exactement tout ce qu'elle a vécu et je sais qu'il lui faudra du temps pour s'en remettre.

— Tu n'as pas à t'excuser ! Ce n'est pas de ta faute s'il y a des salopards sur Terre ! m'emporté-je.

— J'aimerais pouvoir être comme toutes les filles de notre âge, me confie-t-elle la voix tremblante.

— Et elles sont comment les filles de notre âge ?

Elle se mordille la lèvre, ses joues rougissent et elle triture ses doigts. Il ne m'en faut pas plus pour capter que ce qu'elle a en tête est lié au sexe.

— Elles… elles…

— Elles n'ont pas peur du grand méchant loup, c'est ce que tu veux dire ?

— Logan ! s'exclame-t-elle consternée.

Mortifiée, elle camoufle son visage dans mon cou tandis que j'explose de rire. Quand elle me flingue de ses jolies prunelles, je retrouve instantanément mon sérieux.

— Mais les autres filles ne sont pas toi et je ne voudrais être avec aucune autre. On surmontera tout ça ensemble, Lu, je te le promets. En attendant, si tu ne veux pas qu'on se pointe à la bourre au bahut, faut que j'aille prendre une douche.

Un quart d'heure plus tard, je la rejoins dans la cuisine. Pendant que je me lavais et m'occupais de ma queue, Lu m'a piqué un de mes sweats. Je ne sais pas à quoi elle pensait, mais merde, ça la rend super sexy et j'ai envie de lui faire des choses interdites aux esprits chastes. Ma séance solo n'a visiblement pas été assez bénéfique. Je la contemple quelques secondes, avant de m'approcher d'elle dans le plus grand des silences.

— J'ai comme l'impression que tu m'as piqué mon sweat, viens-je lui souffler au creux de l'oreille.

Surprise, elle sursaute et la cuillère qu'elle tenait plonge d'un coup sec dans son bol, faisant gicler le lait tout autour.

— Merde, tu m'as fait peur ! Je n'ai plus qu'à aller me changer !

Dommage ! Ou, non, tant mieux plutôt, ça m'évitera de me retrouver avec une trique toute la journée.

Pour me faire pardonner, je viens déposer un baiser dans son cou.

J'adore l'embrasser et comme je ne m'en lasse jamais, je lui en fais presque toute la journée. Deb trouve ça répugnant à force de nous voir, moi non, j'en raffole. D'ailleurs en parlant de ma sœur, je ne l'ai pas encore aperçue.

— Tu sais où est Deb ?

— Elle est déjà partie. Elle devait passer chercher Kim.

J'ai cru qu'elle faisait encore la tronche. Hier, on s'est un peu pris la tête tous les deux. Il était hors de question que je n'accompagne pas Lu au bahut alors que Deb souhaitait y aller avec sa meilleure pote. Elle m'a reproché de passer tout mon temps avec elle. À force de l'entendre, ça m'a soûlé et je me suis laissé emporter. Il va falloir qu'elle comprenne que je ne lâcherai plus ma copine, je veux passer tout mon temps libre avec elle. Que ça lui plaise ou non. J'ai plus d'une année à rattraper avec elle, alors j'aimerais bien qu'elle me lâche un peu avec ses conneries.

Tandis que Lucy finit d'avaler ses céréales, je me sers un jus de fruit et attrape les derniers pancakes qui traînent sur le comptoir. Je me servirai sûrement un bol de céréales ensuite. J'ai un appétit d'ogre en ce moment, bizarrement. Moi qui croyais qu'on vivait d'amour et d'eau fraîche, c'est carrément le contraire qui m'arrive. Encore heureux que je vais passer pas mal d'heures à soulever de la fonte cette semaine, ça évitera à la bouffe de venir se loger là où elle n'a pas besoin d'être. Je ne voudrais pas ressembler à un gros lard dans quelques mois et qu'un gars mieux foutu que moi viennent rafler mon plus beau trophée.

— À quoi tu penses ? me questionne-t-elle.

— T'aurais encore des sentiments pour moi si je devenais aussi gros que Moby Dick ?

Elle explose de rire.

— T'as d'autres questions aussi débiles à me poser ?

— Non, mais imagine que je devienne aussi gros que ceux qui s'empiffrent d'hamburgers toute la semaine et traînent ensuite sur leur canapé toute la journée.

Elle lève les yeux, visiblement dépassée par ma connerie.

— Le jour où tu deviendras aussi gros qu'eux, c'est que le foot n'aura plus aucune importance pour toi. Ce qui, selon moi, n'est pas prêt d'arriver.

Elle n'a pas tort. J'aime trop le foot, c'est ma plus grande passion. Après elle et nos jeux, bien entendu.

— Mais pour répondre à ta question, je pense que oui.

— Ah, tu penses seulement ?

Je la taquine et ça la fait rire une nouvelle fois.

— Idiot ! me lance-t-elle en me donnant une légère tape sur l'avant-bras. Bon, je vais me changer et ensuite, on y va sinon on va finir en retard.

— Dommage ! Maintenant qu'on est seuls, j'aurais bien traîné toute la journée au lit avec toi, lui lancé-je, avec un clin d'oeil.

Je sais que je la cherche et même si rien n'en sortira tant qu'elle n'aura pas dépassé ses frayeurs, ça m'amuse. Encore plus quand je vois ses joues rougir.

— Logan !

— Ben quoi ? demandé-je en haussant les épaules pour feinter l'innocence.

— T'es vraiment pas croyable !

Quinze minutes plus tard, je suis installé derrière mon volant, prêt à en découdre avec le premier qui osera ramener sa gueule. Les hauts-parleurs crachent mes morceaux préférés sur lesquelles Lu chante totalement faux. Ça me fait tellement marrer que je me joins à elle, une véritable cacophonie s'en réchappe. Alors que nous ne sommes plus qu'à une centaine de mètres du parking, elle se renferme d'un coup. Je n'aime pas ça du tout.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je, plus que surpris par ce changement brusque.

— Rien.

J'aime encore moins son silence. Je ne veux plus jamais de ça entre nous. Les non-dits, non merci, ça nous a assez détruits.

— Bébé, je ne suis pas dans ton crâne, alors dis-moi ce qui ne va pas. Sinon j'te garantie qu'on sera à la bourre, parce que je ne te lâcherai pas tant que tu n'auras pas craché le morceau.

— J'ai peur. Ça te va comme réponse ?

Pas vraiment, puisque je n'ai aucune idée de ce qui lui fous la trouille.

— De quoi ?

— Tu vas bientôt retrouver tes potes.

— Et ?

Elle souffle bruyamment comme si mes réponses l'exaspéraient. Mais, merde, je ne suis pas devin !

— Tu ne devrais pas avoir la trouille qu'ils t'emmerdent, parce que je ne les laisserai pas faire. T'es ma copine, que ça leur plaise ou non !

D'un simple regard, j'essaie de la convaincre de mes propos. Je pensais la rassurer, mais vu comme elle joue nerveusement avec ses mains, ce n'est pas tout à fait le cas.

— J'ai peur que tu ne veuilles plus de moi, une fois que tu les auras revus. Puis, il y a cette cheerleader, elle est tellement plus belle que moi.

J'appuie fortement sur le frein pour arrêter ma caisse, tant je suis atterré par ce qu'elle vient de dire. Elle l'a peut-être sortie avec une toute petite voix, mais c'est suffisant pour que ses mots soient venus me gifler avec la force d'une tornade. Comment peut-elle penser une seule seconde que je me fous de sa gueule ? Parce que, ouais, c'est ainsi que je comprends ce qu'elle vient de me balancer.

— Tu ne me fais toujours pas confiance à ce que je vois ! grogné-je en la fixant.

— Ce n'est pas ça !

En plus, elle n'ose même pas venir affronter mon regard. Comment peut-elle imaginer que je puisse penser l'inverse maintenant ? Putain, ça me fout hors de moi ! Depuis presque trois semaines, je me tue à lui prouver qu'elle n'est pas un jeu, qu'elle peut compter sur moi et elle doute encore !

— Alors, quoi ? Tu penses vraiment que quand je vais revoir mes potes, mes sentiments vont s'envoler ? C'est ce que t'essaies de me dire ?

— Non !

— Pourtant, c'est ce que tu viens de faire !

Me prendre la tête avec elle était très loin de ce que j'avais imaginé en me réveillant, mais là, ça m'a trop gavé pour que je laisse passer. Je veux qu'elle se foute dans son putain de crâne que je suis grave accro à elle !

Pourtant, quand je remarque la larme qui roule sur sa joue, je ne peux m'empêcher de me traiter de tous les noms. Comment ai-je pu lui crier ainsi dessus ? Merde ! Je m'en veux tellement que je fais la seule chose que je suis capable de faire dans ces cas-là. Je pose ma main sur sa nuque, l'attire à moi et la galoche comme un possédé.

— Même si ça me fait chier, je préfère largement les perdre eux, que toi. Promets-moi de ne plus douter de mes sentiments, lui soufflé-je tout contre sa bouche.

— Je te le promets, me répond-elle aussi haletante que moi.

Je hoche la tête et redémarre ma bagnole.

Quand on arrive enfin sur le parking, mes potes m'attendent à mon emplacement habituel. En les apercevant, Lu se contracte.

— Je vais vraiment devoir tous les affronter d'un coup ?

Pour la rassurer, je presse ma main sur sa cuisse. Kate ne dira rien. Même si elle a choisi son camps lorsque je me suis à détester Lu, elle m'en a quand même tenu rigueur. Elles étaient aussi amies avant. Reed sait déjà ce que je ressens pour elle et ne m'a pas jugé. Il n'y a que Chris qui risque de poser un sérieux problème, surtout vu la manière dont il la reluque à présent. Il doit se demander ce que je branle avec elle et si c'est une nouvelle façon de m'amuser.

— Sors le premier !

Je me tourne vers elle et pose mes lèvres sur les siennes. S'ils ne captent pas mon message, ils sont vraiment cons ou totalement aveugles, au choix.

— D'accord, mais maintenant ils sont tous les trois au courant pour nous.

— Tu l'as fait exprès, non ?

Je lui lance un sourire en coin.

— Ouep. Mais, j'en avais envie aussi.

Lorsque ses lèvres s'étirent dans un magnifique sourire qui me rend barge, je me demande si je vais réussir à quitter ma caisse ou si je vais rester ici pour l'embrasser jusqu'à ce qu'on soit à la bourre au premier cours. L'option de rentrer me trotte aussi dans la tête.

— Allez, sors !

Quand madame décide, j'obéis. De toute façon à ses côtés, mes neurones semblent être grillés les trois-quarts du temps.

J'ai à peine le temps de mettre un pied dehors que Kate se jette à mon cou.

— C'est pour ça que tu as ignoré mes appels pendant les vacances, beau gosse ? me demande-t-elle en désignant ma caisse d'un signe de tête.

— Ouais.

Elle m'observe attentivement en plissant les yeux.

— C'est un mauvais coup que t'es en train de lui faire ou c'est sérieux ?

— C'est ma copine.

Espérons que la réponse lui suffise pour qu'elle comprenne que c'est du sérieux, que je n'ai jamais été autant amoureux.

— Alors, c'est ça ton putain de secret ? C'est à cause de cette pute que tu ne veux pas de Mandy ? entends-je Chris grogner.

Putain, il veut mon poing dans la gueule d'insulter ma copine ? Je sais, je lui en ai laissé la possibilité autant qu'il le voulait, mais ça c'était avant. À présent, je ne veux plus de ces mots. On la respecte comme il se doit, point barre. Furax, je me tourne vers lui, regard meurtrier et poing prêt à aller s'abattre. Mes yeux tombent sur ma copine qui semble pétrifiée devant lui.

Putain, mais pourquoi j'ai entraîné ce con dans mon jeu sordide ?

— Tu crois vraiment que Baldwin peut avoir des sentiments pour toi ? lui demande-t-il, sarcastique.

S'il continue, je vais le bouffer.

— Ta gueule, ducon ! m'enervé-je.

Il me lance un défi silencieux à travers son regard, qui ne me plaît absolument pas.

— Logan n'a qu'une seule envie, te baiser. Une fois que ce sera fait, il te laissera tomber comme la merde que tu es... Tu sais comment je le sais ?

— Ferme-la, Chris ! lui intime Kate.

Quand il la regarde secouer la tête, je pense qu'il va lui obéir. À tort. Quand il se penche vers Lu, je fonce sur lui. Je ne veux pas qu'elle apprenne qu'il m'a lancé un cap ou pas cap de la foutre dans mon lit et que comme un con j'ai dit cap, parce que ça c'était aussi avant. Bien avant même. Avant que je la vois avec celui qui est devenu son meilleur pote. Avant que je ne réalise à quel point je suis dingue d'elle. Si elle le sait, alors le peu de confiance qu'elle a en moi risque de s'envoler comme une putain de fumée.

— Est-ce que c'est vrai ?

Putain, trop tard ! Je viens de le percuter, mais il lui a déjà tout balancé, ce salopard !

Je me tourne aussitôt vers elle et découvre ses yeux voilés par une infinie tristesse. Fautif, je ne peux que baisser la tête.

— Je croyais en toi, Logan ! Tu m'as même fait promettre !

Je m'approche d'elle et tente de la prendre dans mes bras. Elle me repousse avec force en me tuant d'un simple regard. Une boule se forme dans ma trachée, empêchant l'air de pénétrer dans mes poumons.

— Ne t'approche pas de moi !

— Lu, écoute…

Elle secoue la tête.

— J'aurais mieux fait de venir avec ta sœur. Je serais avec Killian maintenant. Au moins, lui, n'a jamais joué avec mon cœur… Si tu me cherches, tu devrais me trouver dans ses bras.

Putain, de coup bas ! Elle ne pouvait pas me faire plus mal qu'en me parlant de lui. Elle sait à quel point je suis jaloux. Je la regarde s'éloigner sans être foutu de réagir. Si je la vois dans les bras de son chien de garde, je risque de vraiment péter un câble. Il vaut mieux donc que je reste à l'écart pour ne pas laisser ce putain de sentiment m'entrainer dans les bas-fonds.

— Au moins, cette pute ne s'accrochera plus à…

Chris n'a pas le temps de terminer que mon poing s'abat sur sa sale gueule. Si je la perds, je le tue carrément.

— T'es taré ou quoi, mec ? Cette fille est…

— Chris, un conseil, juste, ferme-la ! lui intime Reed.

— Cette fille est sa copine, intervient Kate. Alors, n'ajoute rien.

Je les écoute, mais ne les regarde même plus. Mes yeux sont fixés vers les portes du bâtiment qu'elle vient de franchir. J'ai horriblement mal au cœur et seule elle pourra me soulager.

— Logan ! m'appelle Kate. Regarde-moi !

Tel un robot, je baisse mon regard vers elle.

— Va en cours, je vais aller lui parler. Entre filles, on se comprend, elle m'écoutera.

J'opine du chef. De toute façon, je n'ai pas le choix, sauf de sécher, mais sans elle, ça n'a plus vraiment le même goût.

Alors que j'attends comme un con dans notre salle de cours, certains tentent de me taper la causette, mais je leur fais rapidement comprendre que je suis dans une humeur de dogue et qu'ils feraient mieux de se casser. Si elle me largue, je ne sais pas ce que je vais devenir ! Je n'imagine pas m'endormir, ni me réveiller sans elle et encore moins passer une journée sans l'avoir près de moi. Je l'ai vraiment dans la peau, n'en déplaise à certains.

Quand elle arrive enfin, mon cœur manque un battement. Je ne sais pas trop comment agir et j'ai grave la trouille, pire que si nous étions sur le point de nous faire écraser par l'équipe adverse. Je reste assis et attends de voir si elle va venir vers moi. De toute façon, je suis assis à sa table, alors elle n'aura pas le choix. Sauf, si elle décide d'aller s'asseoir à la place que j'occupais avant, mais ça signifierait pour elle se mettre à côté de Chris. Je ne suis pas très certain qu'elle en ait bien envie.

Un triste sourire se dessine sur ses lèvres au moment où nos regards se croisent. C'est dur de la voir ainsi en sachant tout ce qu'elle a vécu. Je voudrais retourner en arrière et ne pas rentrer dans le foutu jeu de mon pote. Elle ne serait pas là à souffrir encore par ma faute.

Quand elle pose ses jolies fesses sur le siège près du mien, un léger soulagement me saisit. Toutefois, il est de courte durée, car elle ne me dit rien et se contente de fixer le tableau. Je tente un geste dans sa direction, le sang battant un peu plus rapidement dans mes veines. Elle ne me fuit pas. C'est plutôt bon signe. Du moins, je crois.

— Dis-moi quelque chose, mon chaton, la supplié-je en dessinant des arabesques sur le dos de sa main.

Je suis presque sûr que toute la classe vient d'entendre l'un des surnoms que je lui donne, mais je m'en tape. Ils pourront bien aller le raconter à tout le bahut si ça leur chante. Moi, je ne veux pas la perdre, c'est tout.

— Kate m'a parlé.

Les yeux rivés sur le tableau, je hoche la tête.

— Ça m'a fait mal, Logan.

— Chris est un con. Il n'aurait jamais dû te le dire, sans savoir ce que je ressens vraiment pour toi.

Au moment où je sens son regard sur moi, je me tourne dans sa direction. En plongeant mes yeux dans les siens, je réalise alors qu'elle est vraiment blessée.

— Je te détestais à l'époque, alors je me foutais pas mal de le faire ou pas. C'était juste un challenge, tu vois ? Mais si j'avais su à ce moment-là tout ce que tu m'as dit, jamais je ne l'aurais fait.

Je préfère jouer la carte de l'honnêteté, elle le mérite.

Puis, sous son regard incrédule, je pars sur l'estrade du prof.

— Oh ! appelé-je au silence l'ensemble de la classe.

Au son de ma voix, le vacarme cesse. Ça a du bon d'être un sportif, un nerd n'aurait jamais obtenu ça. On lui aurait ri à la gueule, alors que moi j'ai leur respect.

— Depuis plus d'un an, je vous ai demandé la pire des choses qui soit, humilier Lucy Calaan. Je regrette amèrement ce que j'ai fait et encore plus, parce que je suis l'un des gars les plus populaires de ce bahut. Sans ça, vous ne m'auriez jamais suivi. Aujourd'hui, je veux que ça cesse, parce que non seulement, elle ne le méritait pas et en plus, c'est ma copine. Si un seul d'entre vous s'en prend à elle, il devra me rendre des comptes.

Devant cette déclaration, tous les élèves restent bouche bée. Dans quelques secondes, ils se mettront à parler dans notre dos, mais au moins j'ai fait ce qu'il me semblait bon pour que Lucy comprenne que je ne me fous plus d'elle.

— Elle doit être vraiment très bonne au pieu pour réussir à te retourner le cerveau ainsi, me lance Chris, mauvais, alors que je regagne ma place.

Je lui lance un sourire et lui donne une claque dans le dos. Il peut croire ce qu'il veut, ce n'est pas mon problème.

— Bien plus que tu ne pourras jamais l'imaginer.

Quand je finis de rejoindre ma place, la tristesse dans le regard de Lu a laissé place à cette lueur que j'aime voir briller dans ses yeux. Cet amour qu'elle semble me porter et qui me fait sentir vivant, au même titre que l'adrénaline lors d'une finale. Je lui lance un sourire en coin et sa réaction ne se fait pas attendre, elle mordille sa lèvre. Je crève d'envie de l'embrasser, mais monsieur Wacker se pointe au même moment. Je vais devoir attendre. Je sais, cependant, que ce n'est que partie remise.

— Merci, me souffle-t-elle, en posant sa main sur la mienne.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Tytia75 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0