18 - Logan

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Lucy s'accroche à moi comme une huître à son rocher. Ses pleurs continuent de se déverser sur mon t-shirt, totalement trempé à l'endroit où repose sa tête. Je la berce, caresse ses cheveux, en lui murmurant encore et encore que je suis de nouveau là, que plus rien ne nous séparera cette fois. La voir ainsi est la pire des punitions que l'on puisse m'infliger. Je souffre autant qu'elle, si ce n'est plus, totalement impuissant face à ce qui la ronge. Du pouce et de l'index, je me masse l'arrête du nez pour éviter de me refoutre à chialer comme une gonzesse.

Plusieurs minutes s'écoulent, longues, silencieuses, avant qu'elle ne relève son regard vers le mien. Le blanc de ses yeux devenus rouge sous l'effet de son chagrin fait ressortir l'émeraude de ses iris. De la pulpe du pouce, je chasse les quelques perles salées qui roulent encore sur ses joues. Sa peau est si douce, si parfaite, qu'elle fait naître une douce chaleur sous mon épiderme.

Ses lèvres esquissent un léger sourire qui me fait grave fondre. Je crève d'envie de venir les caresser, mais me retiens à la dernière seconde, en me rappelant que son mec est en bas, sûrement en train d'attendre que l'un de nous redescende.

— Merci, me dit-elle d'une voix timide.

Comme je ne sais pas trop pour quelles raisons elle me remercie, je fronce les sourcils.

— D'être resté avec moi au moment où je me suis effondrée.

Voir qu'elle est encore capable de lire mes interrogations muettes me rend heureux. Notre lien n'est peut-être pas totalement mort. Si j'y bosse à fond, je parviendrai peut-être à ressouder la partie manquante.

— Je sais qu'il te faudra du temps pour me pardonner, mais je ne t'abandonnerai plus. Je te le promets.

En guise de réponse, elle niche sa tête dans mon cou. Son léger souffle sur ma peau réveille aussitôt ma queue. Pas très à l'aise avec cette bosse qui déforme mon jeans, je me tortille comme un ver. J'ai la frousse qu'elle se rende compte du putain d'effet qu'elle me fait. Quand elle se redresse pour venir m'interroger du regard, sa main effleure cette partie de mon anatomie. Elle ne l'a sûrement pas fait exprès, mais bordel je donnerai tout pour qu'elle recommence, même si la situation ne s'y prête pas du tout.

Le grognement bien sonore de son estomac me sauve la mise, je vais pouvoir lui donner un prétexte pour me relever et m'éloigner d'elle.

— T'as faim ?

— Je crois que mon estomac a déjà répondu à ma place. Je n'ai pas mangé depuis…

Plutôt que de m'avouer depuis quand elle n'a rien avalé, elle plonge un regard inquiet dans le mien. Visiblement, elle craint de m'en dévoiler trop et moi ça me fout en rogne de savoir qu'elle ne mange pas à sa faim. Putain, nous sommes en pleine croissance ! Comment une daronne peut-elle priver sa gamine d'une chose aussi essentielle que la bouffe ? La mienne n'oserait jamais.

— Alors, debout, mademoiselle Calaan, votre preu chevalier va aller vous débusquer de quoi combler ce creu dans votre estomac.

Morte de rire, elle se relève. Hypnotisé par ce son, je la regarde s'avancer vers la porte en restant assis encore quelques secondes. Elle est si belle. Belle à se damner même.

— Même si je sais où se trouve votre cuisine, je n'ai pas trop envie de fouiller dans vos placards. Alors debout, Lancelot !

À l'évocation de ce surnom, je ne peux m'empêcher de pouffer. J'aime l'entendre me taquiner, ça me rappelle tous les moments que l'on passait tous les deux à se chamailler. Je me rends compte encore une fois à quel point j'ai été con de l'éloigner de moi.

Je me relève et effectue une révérence. J'ai l'air d'un idiot à m'incliner ainsi devant elle, mais je m'en tape. Tout ce qui compte, c'est de l'entendre rire encore une fois. Et quand ce son mélodieux se répercute à nouveau à mes oreilles, je souris comme un crétin.

Nous longeons le couloir côte à côte, à plus d'une reprise nos mains se frôlent. Si je pouvais j'enroulerais mes doigts sans hésitation autour des siens, néanmoins, avec la balustrade qui donne sur le salon, vaut mieux ne prendre aucun risque. Ce qui vient de se passer dans la chambre m'a épuisé, je dois retrouver un peu de force avant de me battre avec son mec.

Alors que nous arrivons à la première marche, elle s'arrête net. Soucieux, je me tourne vers elle pour en connaître la raison. Elle me paraît inquiète. A-t-elle la trouille de descendre ? Si c'est le cas, je ne vois pas trop pourquoi. Les seules personnes qui se trouvent au rez-de-chaussée, elle les connaît, ils ne lui feront aucun mal. Quoique, je ne connais pas assez son chien de garde pour en mettre ma main à couper en ce qui le concerne.

— Un problème ?

— Je ne sais pas comment je vais aller en cours demain.

Je fronce les sourcils, pas très certain de bien comprendre. Avec ce qui lui est arrivé, je ne pensais pas qu'elle puisse avoir envie de revenir au bahut.

— On est bientôt en vacances, il vaudrait mieux que tu restes ici jusqu'à la rentrée, non ?

Je ne sais pas quelle connerie je viens de sortir, mais elle me foudroie du regard.

— Je ne peux pas manquer les cours ! s'emporte-t-elle.

— Pourquoi pas ?

Après tout, si elle n'y allait pas, ce serait justifié, non ?

— Parce que moi je ne suis pas pleine aux as et je n'obtiendrai jamais une bourse sportive, alors si je veux pouvoir aller à l'Université, je n'ai pas le choix !

Je comprends mieux pourquoi elle n'a jamais séché les cours alors que je lui faisais vivre l'enfer. Malgré tout ce qu'elle subissait, autant chez elle, qu'au bahut, elle poursuivait ses rêves d'une vie meilleure. Sa force me rend encore plus accro à elle.

— Manquer une semaine de cours ne fera pas chuter tes résultats pour autant.

J'essaie de la persuader comme je peux, elle a besoin de repos, j'en suis convaincu.

— J'ai besoin de voir Killian. Sans lui, je ne suis pas sûre de ne pas faire de conneries, m'avoue-t-elle en baissant la tête.

Si elle m'avait poignardé dans le dos, elle ne m'aurait pas fait plus mal. Comment ai-je pu croire un seul instant que ma simple présence pourrait suffire à la rassurer ?

Plutôt que de lui montrer qu'elle vient de m'atteindre bien plus qu'elle ne peut l'imaginer, je me tourne et descends les escaliers, sans même l'attendre. Ce n'est qu'au moment où mes yeux percutent mon rival – parce que, au final, c'est ce qu'il est. – qu'une idée me traverse le crâne. Ce gars m'a prouvé à plus d'une reprise qu'il a le sang chaud, je ne pense pas qu'il aie la trouille de venir avec moi dans les bas quartiers pour aller y récupérer les affaires de Lu.

— Eh, mec ! l'interpellé-je. Suis-moi dans la cuisine, Lucy a faim.

— T'as besoin de moi pour ouvrir tes placards ? me nargue-t-il.

Putain, mais quel connard, ce gars !

— Pas vraiment, j'ai juste besoin qu'on cause deux secondes, toi et moi.

Il émet un ricanement, qui me fout hors de moi. Ce n'est franchement pas le moment de m'énerver, mes nerfs sont bien assez en boule comme ça !

— Toi, tu veux qu'on cause ? J'aurais plutôt pensé que tu crevais d'envie de me foutre sur la tronche !

Il n'a pas tort, mais pour elle, je dois enterrer la putain de hache de guerre deux minutes. Ensuite, on verra.

— Et de quoi tu veux qu'on cause ?

Bordel, il me soule d'insister sur le dernier mot.

— On a un intérêt commun, réponds-je en tournant la tête en direction de Lucy qui vient de nous rejoindre.

Avant même de me répondre, il franchit les quelques pas qui les séparent et glisse son bras autour de ses épaules.

— Tu veux me demander l'autorisation de la baiser, c'est ça ?

Je serre les poings de rage tandis que Lucy, visiblement outrée, lui balance un coup dans l'estomac. J'en suis bien content. Ça n'empêche pas cet enfoiré de se marrer comme une baleine, tout comme ma frangine. Putain, j'ai l'impression qu'ils se foutent tous les deux de ma gueule et ça me gonfle !

— Si je voulais la baiser, crois-moi que tu serais la dernière personne au courant, répliqué-je acerbe pour ne pas perdre la face devant eux.

Je vois Lucy l'attirer vers elle, elle semble lui chuchoter quelque chose, avant qu'il ne hoche la tête.

— Ok, mon gars, je te suis, m'annonce-t-il en se détachant de Lucy.

Une fois dans la cuisine, je prends tout mon temps pour fouiller dans les placards à la recherche de quoi nourrir ma jolie brune. Ce n'est que lorsque j'ai déposé sur le comptoir des chips et une canette de jus d'ananas que je me décide à lui toucher deux mots de mon idée.

— Lucy veut retourner en cours demain, commencé-je.

Son regard s'agrandit, visiblement aussi surpris que moi par cette nouvelle. Puis, il hoche la tête, comme si c'était tout à fait normal.

— Et ?

— Ses affaires sont encore chez elle, il faudrait qu'on aille les récupèrer.

— Pas de souci, je m'en charge. Si tu connais son adresse, balance, j'irai dans la journée.

Quoi ? Hors de question qu'il me laisse en plan. C'est mon idée à la base, pas la sienne.

— On y va ensemble ou pas du tout !

À la grimace qu'affiche sa gueule, ça ne semble pas trop lui plaire. S'il croit que ça m'enchante plus que lui, il se fourre le doigt dans l'œil. Néanmoins, je ne veux pas lui laisser l'occasion d'avoir toutes les louanges ensuite.

— D'accord, capitule-t-il, contre toute attente. Par contre, on prend ma caisse. C'est à prendre ou à laisser, à toi de voir !

D'un signe de tête, j'approuve. Je ne suis pas stupide au point de ramener ma bagnole dans la zone, elle serait bien trop visible. La sienne risque beaucoup moins que mon bébé.

Les bras chargés, je retourne dans le salon. Quand Lucy me voit débarquer avec la bouffe, un petit sourire se plaque sur ses lèvres. Je la lui donne avant de laisser son chien de garde prendre ma place. Tandis qu'il lui parle, je décide d'aller discuter un peu avec ma frangine, déjà histoire de savoir où sont passés nos vieux.

— Papa est parti voir John. Il a des trucs à voir avec lui pour protéger Lucy, m'informe-t-elle.

John est le commissaire de la ville, mais aussi le meilleur pote de mon père. À eux deux, je sais qu'elle est entre de bonnes mains.

— Quant à maman, elle est partie faire des courses, ajoute-t-elle On va avoir une bouche supplémentaire à nourrir en attendant l'arrivée de son père.

— Son père ?

— Oui, son père, me confirme-t-elle, sans me donner aucun détail supplémentaire.

Cette information met un grabuge de dingue sous mon crâne. Je ne sais pas du tout où vit son daron, cependant je suis certain que ce n'est pas dans le comté, sinon, il n'aurait jamais laissé quelqu'un s'en prendre de la sorte à sa gamine. Puis, Lu ne m'a jamais parlé de lui, comme s'il n'existait pas pour elle. Savoir qu'elle risque de partir loin de moi est pire qu'une flèche empoisonnée. Comment ferai-je pour me faire pardonner si elle n'est plus ici ? Comment lui dirai-je que mes sentiments pour elle n'ont jamais changé ?

Atterré par cette nouvelle, je laisse mes yeux dévirer vers elle. À tort. En la découvrant dans les bras de l'autre connard, une foutue douleur se répand dans mes tripes. C'en est si douloureux que mon estomac se contracte, limite si je ne dois pas filer aux chiottes pour dégueuler mon dernier repas.

— Bon, mec, on se tire ? lancé-je, histoire de les décoller.

— Vous allez où ? s'enquiert Lucy.

Elle se recule un peu, afin de porter un regard surpris à son gars, avant de tourner la tête dans ma direction.

— On a un truc à faire, réponds-je, évasif.

— T'inquiète, on ne va pas s'entretuer, si c'est qui te perturbe, tient bon d'ajouter l'autre.

Ce n'est pourtant pas l'envie qui m'en démange, c'est encore plus vrai lorsqu'il se penche au-dessus d'elle pour… En fait, je ne sais pas ce qu'il fait, je préfère tourner la tête à cet instant pour éviter de le voir lui rouler une pelle ou je ne sais quoi.

Je reste dans la même position, les yeux braqués sur la porte, jusqu'à ce qu'il me devance et qu'il me lance, d'une voix narquoise :

— Faut pas que je te porte aussi pour que tu bouges ton cul !

Qui a dit que mon idée de me coltiner ce gars était bonne ? Putain, j'aurais sûrement dû demander à Reed de me filer un coup de main au lieu de le proposer à ce connard. Je sens déjà que l'ambiance va être des plus tendues dans sa caisse.

Sans un mot, le front haut, je me dirige vers sa bagnole. Dès qu'il est installé, je lui fournis l'adresse, mais comme il n'est pas du coin, je me vois obligé de jouer au copilote jusqu'à ce qu'on s'arrête devant chez Lucy.

Rien à changé ici, c'est toujours aussi pourri. Je me demande d'ailleurs comment on peut vivre dans un tel taudis. Un des volets tient à peine debout tandis que la porte semble à moitié défoncée. Pourquoi ne suis-je pas revenu plus tôt pour voir si tout allait bien ? J'aurais dû me douter que ce n'était pas le cas. J'aurais dû capter qu'elle avait besoin de moi, mais qu'elle n'osait pas venir me demander mon aide.

Putain, quand est-ce que cette sale culpabilité va me lâcher ?

— Vu ce que m'a dit Lucy sur ce salopard, j'ai bien envie de m'amuser un peu.

Les sourcils froncés, je me tourne vers le chien de garde de Lucy. Va falloir qu'il m'explique, parce que là, je pige que dalle. Pour toute réponse, il me lance un sourire qui en ferait frissonner plus d'un. Ce gars a une idée derrière la tête et qu'elle quelle soit je pense qu'il vaut mieux que je l'ignore.

— J'avance le premier. Quoi que je fasse, tu te contentes d'aller récupérer les affaires de Lucy, ensuite on se casse très vite.

Son ton qui n'appelle aucune répartie ne me plaît pas du tout. Je pourrais lui balancer une réplique bien acerbe, mais je crois qu'il vaut mieux que je la ferme sur ce coup-là.

Nous quittons sa bagnole en même temps. Les deux portières claquent l'une après l'autre. La rue est calme, un peu trop à mon goût, même si ce n'est pas très étonnant vu le froid qu'il fait.

Comme convenu, je suis l'autre enfoiré. Je me demande si un jour, je pourrais l'appeler autrement que par ces jolis noms. J'admets, toutefois, qu'ils lui vont comme un gant. Ce n'est pas parce qu'il me file un coup de main que je vais changer d'avis sur lui.

Il frappe à la porte et nous attendons patiemment que quelqu'un vienne nous ouvrir. La rage se met à bouillonner dans mes veines lorsque la personne qui se trouve dans cette baraque appuie sur la poignée. Je vais enfin pouvoir voir la gueule du fils de pute qui a brisé la fille de mes rêves.

Quand enfin elle s'ouvre, je n'ai pas le temps de capter ce qui se passe. Ce vieux croulant vient de se retrouver avec une lame sous la gorge. Il supplie le mec de Lucy de ne pas lui faire du mal. Comme pris dans un mauvais film, je regarde la scène qui se déroule sous mes yeux, sans bouger d'un millimètre.

— Pardon ? Je n'ai pas trop compris ce que tu me disais. Tu me supplies, c'est bien ça ?

— J'ai eu un contretemps, mais je vous jure que je vais vous payer.

Une grimace s'affiche sur ma tronche, perplexe. Je n'ai aucune idée de ce dont il parle, contrairement au grand blond qui le fait reculer jusqu'au mur à l'opposé. Lui semble bien plus comprendre que moi. J'en ai confirmation quand il lui crache :

— Tes petites manigances, j'en ai rien à foutre. Nous, on est là pour Lucy.

L'autre connard paraît soulagé de savoir qu'on n'est pas ici pour une histoire de blé.

— Cette petite salope n'est pas là !

Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines en l'entendant parler ainsi de Lucy. Si son mec ne se trouvait pas entre moi et ce salopard, je lui arracherais la langue pour qu'il ne prononce plus jamais ce genre de mots. Je remarque vite que je ne suis pas le seul à être hors de moi, puisque McKenzie a un brusque mouvement du corps.

— Une seule insulte encore à son égard et je peux t'assurer que tes revendeurs n'auront jamais leur fric !

— Vous êtes qui ? panique l'autre vieux.

— Crois-moi, tu n'as aucune envie de le savoir. Je peux juste te donner un indice, d'où je viens, on m'appelle le Destructeur. Rien ne me résiste.

C'est quoi cette connerie ? Halluciné, j'écarquille les yeux, en me demandant un instant s'il joue la comédie ou si ce qu'il dit est vrai. Il doit sentir mon regard peser sur lui, puisqu'il se retourne dans ma direction. Sa façon de poser ses yeux sur moi est limite flippante.

— Bon, tu vas chercher ses affaires ou t'attends que sa femme rentre et appelle les flics ?

Comme sorti de transe, je secoue la tête pour me reconnecter à la réalité, puis me dirige dans la chambre de Lucy. Je n'y suis pas entré souvent, mais bien assez pour savoir exactement où elle se situe.

Peu de temps après, j'en pousse la porte. Rien a changé, toujours la même décoration sommaire. Pire, nos souvenirs, qu'elle gardait précieusement sur une étagère, ont disparu. Seule sa pile de livres semble être intacte. Je capte alors ce qu'elle a voulu me dire par c'est tout ce qu'il me reste lancé en début d'année. Il lui a tout pris. À cet instant, je me fais la promesse de racheter le bouquin que je lui ai jeté et même plus si elle le désire.

Des bruits étranges se font entendre dans la pièce à côté tandis que je récupère ce dont elle a besoin. Avant de quitter la chambre, j'aperçois un bout de papier sur le sol. En l'attrapant, je constate que c'est le mot que je lui ai écrit. Mon cœur se met à battre la chamade en imaginant qu'elle ait pu le lire avant que ce monstre ne la détruise.

— Face à un gars, tu fais moins le malin, hein ? entends-je au moment où je referme la porte.

Je ne sais pas ce qui se passe, toutefois, je ne vais pas tarder à le savoir.

Quand je rejoins le mec de Lucy, je remarque que le type en face de lui est sacrément amoché. Il a dû recevoir plus d'une beigne pour être ainsi. Même si ce n'est pas moi qui lui ai foutu la raclée de sa vie, j'en jubile.

— C'est bon, j'ai tout ce qu'il faut ! lancé-je à McKenzie.

— Ok, on s'arrache alors !

Nous avons à peine atteint la porte d'entrée que l'autre salopard nous interpelle. Dans un même mouvement, nous nous arrêtons pour faire face à cette merde.

— Le jour où je retrouverai cette petite salope, je vais tellement la défoncer qu'elle ne pourra plus marcher.

Mes nerfs, déjà mis à rude épreuve, me lâche à cet instant. Ma vision s'obscurcit, tandis qu'une bête féroce grogne en moi. Rien ni personne ne pourra m'arrêter.

Ce n'est qu'au moment où McKenzie pose sa main sur moi que je réalise ce que je viens de commettre. Mes doigts sont en feu tandis que l'autre fils de pute est étendu sur le sol plié en deux. Si mon père apprend ce que je viens de faire, je suis mort. Faire justice soi-même est très loin des principes qu'il nous inculque depuis qu'on est mômes.

— On se casse !

Totalement sonné, je le suis sans un mot.

— À l'avenir, j'éviterai de t'emmerder, me lance-t-il une fois dans sa caisse.

Je lui lance un bref regard, avant de reporter mon attention droit devant.

Il est clair que moi aussi, je vais éviter de le chauffer, je n'ai aucune envie de me frotter à sa lame.

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