Chapitre 22 :

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C'était sûrement les surveillants qui ramenaient leurs amis ici, mais alors, pourquoi taper aussi fort ? Il y avait de quoi faire sauter au plafond les personnes qui ne s’y attendaient absolument pas. Les deux surdoués présents dans la salle s’échangèrent un regard. Iris fit un pas vers le côté jusqu’à ce que son bras touche celui de Samuel. Le jeune homme fronça les sourcils, plusieurs secondes s’étaient déjà écoulées depuis les trois coups contre la porte mais elle ne s’était pas ouverte.

Entrez ! finit par dire le conseiller.

Rien ne se passa. Personne n’ouvrit la porte. Past s’installa à côté de la porte, Iris et Samuel se mirent à la fixer, les quatre autres adolescents, les regardaient eux aussi. Le conseiller Christian poussa un soupir puis se rassit. Les deux surdoués finirent par se détourner de la porte. L’adulte haut placé dans l’État leur fit signe de la main de se rasseoir. Pourtant, ils ne le firent pas.

Pas la peine d’être autant déstabilisé… Ce sont sans doute des jeunes qui n’ont pas respecté le couvre-feu, et qui pensent s’amuser en embêtant les grandes personnes. Je pense que le directeur a dû être confronté à ce genre de chose… Pour l’instant il profite d’une nuit bien méritée.

Comme pour contredire les propos du conseiller, trois autres coups, exactement similaires se firent entendre derrière la porte. Cette fois-ci, les deux surdoués ne se retournèrent pas vers la porte.

Bon… Nicolas, punissez ces énergumènes et allez voir où en sont vos chers collègues. Ils mettent vraiment du temps, et c’est étonnant de leur part. Ils prennent leur travail très à cœur.

Iris lança un profond regard de mépris au conseiller qui l’ignora et reporta son attention sur Nicolas Past. M. Past se décolla encore du mur et ouvrit la porte. Il avança dans le couloir et tourna la tête pour regarder des deux côtés. Il finit par se retourner vers la salle, l'air surpris.

Il n’y a personne d’autre que moi dans le couloir, chef…

Le conseiller Christian se racla la gorge, visiblement irrité par la révélation du nouveau militaire. Il s’enfonça dans son siège et son regard se noircit. Les événements de la nuit ne lui plaisaient pas du tout. Pire, cela l’énervait au plus au point. Ses confrères n’allaient absolument pas être contents, ni du refus des surdoués, ni de la révélation sur l’existence d’une association d'opposants. Et puisque c’était lui qui devait les informer des dernières nouvelles, ils allaient s’en prendre plein la figure par certains de ses collègues. Leurs relations n’allaient pas s’améliorer, avec certains autres conseillers, elles commençaient à devenir déplorables, et il allait devoir éclaircir et arranger tout cela lors de la prochaine réunion.

Bon… Tant pis. Si cela les amuse tant que cela d’ennuyer les personnes plus mûres qu’eux. Qu’il en soit ainsi, on ne peut pas y faire grand-chose, et de toute façon je ne reste pas. Allez donc me chercher les autres surdouées, ordonna le conseiller Christian.

Il fixa intensément l’ancien surveillant personnel des surdoués puis ce dernier referma la porte derrière lui, marchant seul, dans les couloirs déserts et sinistres. Le silence voulut persister mais il ne dura que quelques secondes avant que l’une des personnes dans la salle l’empêche de durer.

Que comptez-vous faire ? questionna une voix d’homme.

C’était Kilian qui venait de poser cette question intéressante. Un frisson parcourut l’échine d’Iris puis elle se força à reporter son regard vers le sol. Quand elle sentit une présence autre que Samuel à ses côtés elle ne s’empêcha pas de tourner la tête. Bien évidemment… Ils étaient devant le bureau, et Kilian s’était avancé, attendant une réponse qui allait peut-être venir. Iris se demandait si elle devait reculer, se déplacer, ou en profiter pour lui crier de lui expliquer son stupide choix. Les autres décisions à part la dernière étaient puériles. Elle n’avait pas à être comme cela, c’était s’abaisser à un niveau bien bas. Pourtant, elle n’opta pas pour la dernière décision.

La jeune fille avait exigé des explications, elle les avait voulues, mais la colère commençait à prendre le dessus, et ce sentiment lui coupait l’envie de donner une chance à son ami et de s’expliquer. En y pensant, elle ne voulait pas non plus en donner à Cassandra. Ses deux meilleurs amis étaient tous les deux de bons traîtres. Traîtres accompagnés de leurs deux compères. Traîtres, avec qui elle n’avait maintenant plus rien à voir. Iris prit donc une décision radicale et différente des trois qui lui étaient venues immédiatement à l’esprit : elle l’ignora, désormais plus personne qui avait été en lien avec elle ne s’appelait Kilian. Ni Cassandra d’ailleurs. Iris savait qu’elle pouvait réussir à faire comme si leur présence lui était égale, mais elle savait aussi que, malheureusement, ils resteraient toujours dans son esprit.

Kilian voyait bien qu’Iris faisait comme s’ils n’avaient jamais été amis. Comme s’il ne la connaissait pas. Néanmoins, d’une manière ou d’une autre, qu’ils soient ennemis ou amis, ils restaient liés par leurs promesses respectives qu’ils s'étaient tous deux faites à la même personne par rapport à l’autre. Et même s’ils ne les avaient pas respectées, ils restaient quand même liés car rien ne pouvait effacer leur ancienne amitié de longue date.

Merci d’avoir soulevé ce point-là, Kilian. Il est assez dérangeant… Je n’y ai pas vraiment pensé (Le conseiller se tut pendant un long moment avant de relever son regard sur Iris et Samuel). Je pense… Nous avons proposé à d’autres jeunes de votre âge de se joindre à nous. Certains ont accepté. Vous serez logés sans être vus de la population tous en pouvant voir régulièrement certains chefs militaires et les autres conseillers. Et… Nos chers surdoués seront sûrement confinés hors de la portée de leur chère association secrète. Secrète ? Elle ne l’est plus vraiment, elle porte plutôt mal son nom.

Il les narguait d’avoir percé à jour leur secret. Iris serra les poings et s’enfonça les ongles dans la peau. Mais pour qui se prenaient-ils ? Pour les chefs intouchables. Malheureusement, c’était la réalité. Il était plus puissant qu’eux et occupait une place dans le rang le plus haut de la société d’Opartisk. Alors qu’il ne la méritait pas. Aucun conseiller ne méritait d’être élu et considéré comme tel. Ils étaient si stupides et irresponsables ! La surdouée serra les dents en plus de ses poings, de toute façon, s’il n’avait pas eu une intervention de la part des traîtres, les surdoués seraient partis tranquillement sans qu’ils sachent où ils s’étaient volatilisés. La jeune fille n’avait plus une once de compréhension ou d’indifférence en elle. Puisqu’ils décidaient de les enfermer, elle, déciderait qu’elle serait leur pire cauchemar. Rectification : dans tous les cas, enfermée ou non, prisonnière ou non, elle leur pourrirait la vie jusqu’au dernier instant.

L'un d'entre vous a-t-il quelque chose à ajouter ?

La question s’adressait principalement à Kilian, Cassandra, Liam et Charles, pas à Iris et Samuel. Les deux dernières se regardèrent puis Samuel attrapa le bras d’Iris quand elle se pencha en avant vers le conseiller, le regard étincelant de haine, et un ricanement glacial qui lui chatouillait les lèvres.

Oui, moi j’ai quelque chose à dire ! cracha Iris.

Le conseiller haussa un sourcil et un demi-sourire narquois se dessina lentement sur son visage qui commençait à être creusé par la fatigue. Ses cernes devenaient bleuâtres, un peu violets et il clignait plus souvent des yeux. Il bailla.

Eh bien, prenez donc la parole mademoiselle Smarta. Par contre, dépêchez-vous, Nicolas ne va sans doute pas tarder à revenir avec vos autres amis. Je suis certain qu’ils vont être ravis d’apprendre tout ce qui s'est passé.

Iris avança d’un pas mais ne put se pencher plus, l’emprise que Samuel exerçait sur son bras était ferme. Elle lui jeta un rapide coup d’œil avant de fixer le conseiller, s’efforçant de ne pas laisser échapper ses mots de sa bouche. Elle ferma les yeux et examina ce qu’elle comptait faire… Même si ce n’était pas grand-chose, c’était à l’encontre des conseillers, à l’encontre de l’État… La jeune fille pouvait écoper d’une punition ou quelque chose dans le genre, sauf qu’elle n’avait plus rien à perdre par rapport à eux. Ils avaient tous les pouvoirs, elle n’en avait pas. Ils étaient des représentants de l’Opartisk, elle n’était rien. Mais ils étaient idiots et elle surdouée donc intelligente.

Iris ne prit pas une grande inspiration, elle ne devait pas sortir ses mots comme cela. Elle devait prendre son temps, n’oubliez aucun mot, ne laissez aucun mot à la légère et les peser correctement tous en mettant l’humeur et le ton qu’elle voulait. Surtout, elle ne devait pas asséner cela !

Vous n’êtes qu’un idiot. Des idiots. Vous avez fait la plus grosse erreur de votre vie en nous remettant dans la guerre. Le pire, c’est que vous en êtes conscients. Mais vous avez bien trop de fierté et d’orgueil pour l’avouer. Vous ne risquez rien alors que les vies des Opartiskains sont menacées par votre faute ! Des milliers d’êtres vivants sont morts à cause de cette guerre ! Guerre absurde, on ne sait même plus pourquoi elle existe tellement elle dure ! Alors oui, ne prenez pas la peine de vous demander pourquoi vous êtes tant détestés je vais vous répondre : parce que vous êtes stupides et vous avez pris une décision idiote et irrévocable qui met en danger tout le monde !

Le conseiller soupira puis se rembrunit. Iris se détourna du conseiller et se tourna vers Samuel. Le garçon encra son regard dans le sien puis écouta la réponse du conseiller sur le long discours de rebelle dicté par Iris.

La guerre est le seul moyen pour revenir dans la mondialisation et profiter du commerce. Sans guerre, aucune chance de commerce. Puis… Peut-être que la guerre fait de nombreuses victimes, je le reconnais, mais la maladie fait de plus en plus de dégâts, bientôt, nous devons déplorer d’autres morts qui ne sont pas le fruit de la guerre, et nous devons trouver ses origines et des remèdes pour stopper cette épidémie. Ce que font tous les clans de leur côté ! Et on essaye d’utiliser nos alliances avec certains peuples pour pouvoir accéder à leur résultat, mais pour l’instant rien n’aboutit.

Iris fronça les sourcils. La maladie commençait donc à vraiment faire des morts ? Dans tous les cas, pas en Opartisk. Elle était d’accord qu’il fallait arranger cela, et que cela devienne une priorité pour tout le monde, vraiment. Même si, les surdoués paraissaient immunisés d’une manière ou d’une autre, tout le monde n’était pas surdoué. La jeune fille ne répliqua rien de plus. Un silence s’installa pendant un moment jusqu’à ce que trois nouveaux coups, violents et espacés se firent entendre de l’autre côté du couloir.

Oui Past ! Entrez !

Il n’ouvrit pas. Le conseiller Christian bougonna puis se leva pour aller ouvrir la porte. Il n’y avait personne en face de lui. Jurant que c’étaient encore des gamins qui s’amusaient, ne respectant pas le couvre-feu, il s’avança dans le couloir. Tournant sa tête à droite, il eut un mouvement de recul. Le bruit étouffé d'un coup de feu fut perceptible. Le conseiller s’écroula au sol.

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