Chapitre 11 :

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Sous la protection d’Amanda, Iris retourna dans sa chambre discrètement et sans se faire prendre par M. Past. La jeune fille n’arrivait pas à dormir. Elle se faisait du souci pour Maryline et Samuel. Que leur était-il arrivé ? Au bout d’un moment, la fatigue prit entièrement la place et elle s’endormit. Iris ne se réveilla pas intentionnellement, ni, par son réveil, qui, pourtant sonnait depuis un moment. La jeune fille était réveillée par les cris de Kendra et les secousses qu’elle exerçait sur elle. La petite fille essayait de la réveiller depuis un moment.

Ah ! Tu es enfin réveillée, il était temps. Dépêche-toi ! Habille-toi, il y a Samuel et Maryline au réfectoire. Que s’est-il passé ? Je veux savoir !

Iris grogna, comme toute personne normale, elle n’aimait pas être réveillée en fanfare. Surtout de cette façon-là. Elle se frotta les yeux et bailla. Il lui aurait fallu plus d’heures de sommeil, mais elle n’arrivait pas à se plaindre tout en pensant à ce qu’avaient pu subir ses deux amis. Cela aurait été un crime. La jeune fille se doucha en à peine cinq minutes et rejoignit Kendra devant la porte de sa chambre. La petite fille n’avait pas beaucoup dormi non plus. Puis, elles prirent la direction de la cafétéria.

T’ont-ils dit quelque chose ? voulut savoir Iris.

Non, je ne les ai pas vus, déclara la petite fille.

Alors qui te l’a dit ?

Sandra et Lilian.

En faites, Kendra ne savait rien et Iris espérait de tout son cœur que ses amis allaient bien. Elle ne savait pas que ce que Nicolas leur avait réservé, mais sûrement pas quelque chose de tendre. Ce n’était pas son genre. Arrivée à la cafétéria, tenant son plateau, Iris les vues de dos, les autres enfants y étaient aussi installés.

Tu pionçais encore ! s’exclama Lilian en lui adressant un geste de la main.

Salut, annonça Iris en posant son plateau et en se tournant vers les deux revenants.

L’expression de Maryline était neutre et froide, et Iris ne savait pas trop quoi dire. Que pouvait-elle dire face à cela ? Elle était plus soulagée en voyant un peu plus de douceur sur le visage de Samuel.

Comment t’es-tu échappée ? demanda Maryline.

Le ton de sa voix n’était pas… Pas très chaleureux. Absolument rien de chaleureux mais pas non plus sévère. Que leur avait-il fait ? Ils n’étaient pas comme cela, quelque chose de grave s'était passée. On leur avait fait quelque chose. Iris raconta donc comment Amanda était arrivée, leur discussion. Elle expliqua que c’était la doctoresse l’agent de l’association et les premières bases de la société secrète sans entrer pas dans les détails. Elle n’arrivait pas à le faire de toute manière, elle était trop absorbée à imaginer ce qu’avait pu subir ses amis.

Et vous ? Que s’est-il passé ? Qu’a-t-il fait ?

Pas de réponse. Maryline et Samuel ne lui avaient pas répondu. Une vague de tristesse et de colère montait en elle. Leur attitude la blessait. Ils étaient amis. Et ils étaient tous dans le même bateau, ils pouvaient lui dire. Iris se tourna vers les autres enfants en quête de réponse.

Ils ne veulent rien dire, déclara Lilian.

Past vous a dit de ne rien dire sous peine de quelque chose ?

Aucune réponse, ils ne daignèrent même pas la regarder.

Sympa. Une réponse serait la bienvenue, siffla-t-elle entre ses dents.

Lorsqu’elle vit M. Past passer pour sortir de la salle. Elle ne put s’en empêcher. Elle abattit très fort son poing contre la table à en renverser son verre, puis elle se redressa brusquement. Sa chaise bascula en arrière. Elle l’attrapa avec son pied pour la dégager de son passage. D’un œil surpris, les autres mêmes Maryline et Samuel ne dirent rien et la regardèrent partir… Pour parler à Past. Si ses deux amis ne lui donnèrent aucune réponse, peut-être qu’il dirait quelque chose, même si cela paraissait peu probable.

Iris reste ici ! Ne fais pas ça ! hurla Samuel inquiet quand il réalisa ce qu’elle comptait faire.

Iris était aussi prévisible qu’imprévisible. Mais là, c’était trop tard, rien ni personne ne pourrait lui faire changer d’avis.

Iris revient, on t’a dit ! répéta Maryline, tout aussi fort, et en tapant la table.

Ils se réveillaient trop tard, car Iris laissait éclater sa fureur. Qu’on lui fasse du mal, cela l’énervait, mais elle n’aimait pas non plus que l’on fasse cela à ses amis, encore moins si c’était à cause d’elle. Et en l’occurrence, il avait fait du mal à Maryline et Samuel à cause d’elle, et elle ne pouvait pas accepter cela. Past dépassait vraiment les bornes. Il se croyait tout permis, et Iris n’arrivait pas à le laisser faire. Cela la mettait hors d’elle. Il était mauvais, très mauvais. Trop mauvais. La jeune fille lança un coup de pied contre la porte pour l’ouvrir. Elle avait rattrapé M. Past, il était même tombé à cause dans la porte. La jeune fille attendit qu’il se relève, poings fermés et le regard menaçant, comme si elle n’allait jamais laisser tomber ce qu’elle voulait de lui. Et c’était vrai, elle ne laisserait pas tomber. Elle aurait une réponse, que ce soit de lui ou non. Le surveillant se releva, en faisant une grimace de douleur. Son dos lui faisait visiblement souffrir. Iris en était ravie et satisfaite que ce soit sa faute. Quand il se releva, il lui lança un regard assassin.

Qu’est-ce qu’il y a encore ? grogna-t-il entre ses dents.

Qu’est-ce que vous leur avez fait espèce d’imbécile sans cerveau ? rugit-elle d’un coup.

Elle avait crié tellement fort qu’il portait les mains à ses oreilles, les autres qui venaient d’ouvrir la porte pour sortir et voir ce qui se passait aussi. Ils n’avaient jamais vraiment vu Iris très énervée. Sur ce point, ils la voyaient. Mais il valait mieux ne pas la voir du tout. M. Past mit un moment à se rendre compte qu’elle parlait d’hier soir. En y repensant, il eut un sourire cruel, ce qui énerva encore plus la jeune fille. D’autant plus qu’il ne lui répondait pas. Mais la jeune surdouée attendit qu’il réponde. Bien sûr, le but du surveillant était de l’énerver, pas de lui répondre.

Répondez où vous allez le regretter ! s’exclama Iris.

Iris calme-toi on t’a dit ! répondit Samuel. Il ne…

Tais-toi. Il va finir par me répondre, même s’il ne m’aime pas.

Iris savait que non, mais elle était tellement en colère contre M. Past et ses amis que la jeune fille n’en avait rien à faire. Absolument rien. Ils auraient beau la rappeler à l’ordre, rien n'y ferait. Rien. Elle ne lui accorda même pas un regard. Ils ne voulaient pas lui dire, et ils ne voulaient pas non plus que le surveillant lui dise. Qui voulaient-ils qui le fassent à leur place ? Les murs de la récréation ? Seuls eux ou le surveillant le savaient. Et s’ils voulaient se murer dans le silence, il ne restait plus que le surveillant. Et il allait parler. Sauf qu’il ne semblait rien vouloir dire. La jeune fille lui fit une balayette, prit par surprise, il perdit l’équilibre mais ne tomba pas.

À ce rythme-là, tu auras bien pire qu’ils ont eu.

La jeune fille s’approchait pour lui faire face mais fut retenue de justesse par Samuel. Iris ne reculait pas et elle était très près du visage du surveillant.

Iris écoute le, arrête un peu, chuchota le jeune homme à l'oreille de son amie.

Mais Iris resta muette à sa demande, fixant d’un regard plus que tueur l’adulte.

Que se passe-t-il ici ? Que fais-tu encore Nicolas avec cette fille ? se renseigna une voix qu’Iris fut ravie d’entendre.

Amanda paraissait un peu fatiguée. La nuit avait été un peu longue pour elle. Et elle devait faire très attention. Cacher les moindres indices, tenir sa couverture, informer l’association. Cela ne devait pas être de tout repos. M. Past leva les yeux et rougit en voyant la jeune femme derrière Iris, une main sur l’épaule de la jeune fille.

Je… Je… C’est elle qui a commencé !

C’était… assez gamin, c’était cela. C’était une réplique totalement immature et enfantine. Étonnant de la part de M. Past, il commençait à perdre ses moyens. C’était drôle et étonnant. Était-ce à cause d’Amanda ? L’homme ne dit rien de plus et partit. La doctoresse, agent de l’association entraîna Iris avec elle suivit des autres.

Essaye de ne pas te faire remarquer trop souvent Iris, déclara-t-elle.

Mais personne ne veut me dire ce qui s’est passé ! s’indigna la jeune fille.

Amanda soupira. Après avoir remis en garde la jeune fille, elle repartit dans l’aile des adultes. Samuel entraîna Iris dans sa chambre pendant que Maryline alla dans la sienne suivie des autres. Arrivée dans la chambre du jeune homme, Iris s’affala sur le lit et ferma les yeux.

Bien installée Madame Je-Veux-Tout-Savoir-Donc-Je-Crie-Et-Je-Hurle-Contre-N’importe-Qui ? dit Samuel d’un ton moqueur en s’installant à côté de la jeune fille.

Il s’allongea lui aussi. Iris rouvrit les yeux et fixa le plafond.

Tu sais que je vous en veux à toi et Maryline, souffla Iris.

Je sais, commença Samuel d'un voix douce.

Il se redressa et Iris décida de se relever aussi. Puis elle le regarda furtivement avant de poser ses yeux sur l’oreiller à la housse bleue. Samuel, lui, la fixait elle.

Bon… OK ce n’était pas cool. Mais les petits étaient présents et on ne voulait pas t’inquiéter encore plus. On a cru qu’il t’avait attrapé et fait subir quelque chose de bien pire. Mais visiblement non. Tu ne dois pas être punie. Tu ne supporterais pas. Past te réserve une punition atroce. Tu n’imagines pas.

Raconte-moi, insista Iris d’un ton neutre.

Son ami soupira, la regarda puis fixa le vide. Il ne voulait pas raconter, Iris le voyait bien. Mais il n’avait pas le choix. Elle ne lui laissait pas le choix. Il devait lui dire, car elle avait le droit de savoir. Elle devait être au courant.

Eh bien. Quand nous sommes sortis, il nous a menacés avec son revolver. Il le pointait sur nous et nous disait de ne pas nous enfuir, ni de parler, ni de hurler ou tenter quelque chose. On n’a rien osé faire. Puis il a fermé la porte avec les verrous de l’extérieur. Je ne comprends pas pourquoi il y en a d’ailleurs mais ce n’est pas grave. Il nous a emmenés jusqu’à une salle du rez-de-chaussée. Ces salles froides et très peu éclairées. Il a rangé son arme et nous a lié les mains. Il nous a forcés à nous asseoir. Et il nous a séparés, mais je sais qu’il m’a fait la même chose qu’il a faite à Maryline. Il nous a déliés et nous a forcés à parler. Bien sûr on n’a rien dit. Hors de question. Puis, il aurait deviné que tu étais là-bas. Du coup… Il nous a en quelque sorte torturés.

Iris ferma les yeux. C’étaient des révélations plus qu’horribles. Cela ne pouvait pas être possible. Il ne pouvait pas être allé aussi loin. Pas avec eux, avec elle oui. Mais pas avec eux.

Qu’est-ce… Qu’est-ce que tu veux dire par torturer exactement ?

Samuel la regarda avec tristesse. Il s’éloigna dans le lit, s’appuya contre l’oreiller et le lit, et replia ses jambes qu’il enferma de ses mains. Ce n’était manifestement pas la partie la plus facile.

Eh bien… Ce n’est pas exactement torturer, mais ce n’était pas une punition habituelle non plus. Il nous a montré des images du cahot de l’extérieur. Des bâtiments qui explosent, certains s’enflamment, d’autres se détruisent. Des rafales de mitraillettes, des missiles et des bombes qui détruisent tout. Des attaques dans les foules ainsi que des explosions de toutes parts. D’Opartisk et des autres clans, de partout.

Il marqua une pause, comme si le pire restait à venir, comme si ce qu’il venait de dire n’était pas déjà effroyable, horrible et inhumain. Comme si tout paraissait normal. Mais c’était la nouvelle vie, le nouvel environnement, le nouveau quotidien des citoyens d’Opartisk. Ce n’était pas un cauchemar, c’était la réalité. Et Iris n’aimait pas se savoir à l’abri, et pourtant, elle ne se sentait pas en sûreté, où qu’elle soit. Même dans le désert, territoire neutre n'appartenant à personne.

Mais le pire… C’était de voir les cadavres, enchaîna l'adolescent. Des personnes sans vies, des corps inanimés. Des vies gâchées à cause d’une guerre sans merci et absurde. Il y avait des cadavres totalement démontés. Les corps étaient séparés en plusieurs parties, et la tête était encore plus loin. Il y avait du sang partout, sur le sol, les murs, les corps. C’était horrible. De voir cela, c’était affreux. Entendre les rafales et tous les bruits de ces armes de destruction massive c'est horrible, car c’est un des bruits de la mort.

Iris resta un moment sans rien dire. Ce que venait de lui décrire son ami était totalement horrible. La jeune fille ne pensait pas que c’était autant le cahot dehors, et elle devait en toucher quelques mots à Amanda. Iris pressa la main de son ami comme si cela pouvait le réconforter.

C’est horrible, comment a-t-il pu faire cela ? commenta la jeune fille.

Il haussa les épaules et secoua la tête. Il s’était redressé et était maintenant assis, les jambes qui pendaient au bord du lit. Iris préféra s'asseoir en tailleur.

Maryline pense avoir reconnu sa tante et sa cousine parmi les cadavres. C’est sûrement pour cela qu’elle était assez brutale avec toi. Ce n’est pas de ta faute je t’assure, tu n’as pas à t’en faire. C’est juste que Maryline aurait sûrement préféré ne pas voir leurs corps démantelés. Mais tu n’as pas à t’en vouloir.

Iris ne dit rien. C’était déjà difficile comme cela. Ce que M. Past leur avait fait était horrible, et la jeune fille ne pouvait pas accepter cela. Ses amis ne pouvaient pas accepter cela. Mais une question lui restait dans la tête. Cela, c’était déjà horrible. Alors que comptait-il faire si cela avait été elle ? Qu’est-ce qu’il pouvait être plus horrible et traumatisant que cela ?

Vous a-t-il dit ce qu’il voulait me faire ? s’informa-t-elle en ramenant ses jambes contre sa poitrine.

Samuel secoua la tête.

Dans une première partie la même chose, parce qu’il sait que tu es sensible aux choses de l’extérieur. Puis, il a trouvé un logiciel qui a été développé dans notre clan depuis la guerre. Un logiciel qui… permet de monter de fausses vidéos et de fausses images à partir de vrais fichiers. Avec cela, il voulait te montrer des vidéos de nous avec des tortures physiques et des images des cadavres, recouverts de sangs ou alors explosés. Le pire, c'est que ce n'est pas réel. Ce type est vraiment prêt à tout pour te faire mal Iris.

Je le sais, c’est une ordure, donc on va tout faire pour ne plus l'énerver et sortir d’ici.

Après sa discussion avec Iris, la jeune fille intima à son ami de ne rien dire aux plus jeunes sauf à Lilian et Sandra. Mais ils devaient les prévenir que c’était vraiment horrible et qu’ils avaient le droit de ne pas le savoir. Bien évidemment, ils acceptèrent et Samuel leur raconta. Iris, quant à elle trouva Amanda et lui parla de ce que lui avait dit Samuel. La jeune femme en parlerait à Nicolas pour qu’il soit plus doux. Iris lui demanda aussi pourquoi l’association ne faisait rien contre les dégâts et les attaques. Amanda lui expliqua que ce n’était pas le rôle de l’association de se battre contre les armées adverses. Ils avaient des infiltrés dans différentes armées, mais c’était très difficile d’obtenir des rapports très souvent. Cela pouvait être toutes les trois semaines comme une fois par mois, voire rien du tout pendant un long moment. Un très long moment. Mais l’association faisait son possible.

L’association faisait son possible certes. Mais rien n’était encore résolu. Ni la guerre et ses causes, ni les raisons des venues des enfants d’Opartisk dans le désert car ce n’était pas qu'à cause de la guerre. Mais Iris avait compris plusieurs choses : c’étaient plusieurs causes, et ils se servaient d’eux, ils étaient des sortes de rats d’expériences. Des expériences pour démontrer quoi ?

C’était le mystère.

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