Journal de Cha’o

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Cette nuit, j’ai rêvé de la neige. Ce moment à jouer ensemble comme des enfants me semble si irréel, presque incongru. J’envie l’insouciance des autres, leur capacité à rire et vivre l’instant. J’ai conservé ce souvenir je pense comme on garde des holos : pour ne pas oublier, pour transporter cet instant de joie éphémère de peur qu’elle s’estompe.

En me levant, la réalité m’a rattrapé durement. Je me suis isolé de l’équipe pour ne pas trahir, pour ne trahir personne. Chaque jour passé avec eux me blesse : je dois cacher et mentir chaque seconde. Si je perdais le contrôle, ils sauraient... Me haïraient sûrement. Savoir qu’ils me le reprocheront, que je les blesserai un jour, c’est déjà assez dur comme ça.

Cela fait près de 4 semaines que le Valeria est entré dans la zone vide à la recherche de réponses pour Kshantu. Ce serait l’endroit où ses parents auraient été contaminés par l’ombre. S’il avait su ce qui nous attendait là-bas, jamais il ne nous y aurait entraîné.

Pas de soleil, pas de planètes. Rien : une zone sans vie ni lumière comme il en existe entre les amas d’étoiles. Mais dans ce cas, la situation est singulière. Ce territoire est une blessure dans la trame de l’univers. Les autres l’ignorent, mais nous plongeons au cœur des ténèbres.

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L’alarme nous a tous tirés de la torpeur qui nous envahissait : une station de défense d’Akilesh nous demandait de nous identifier. La terreur a frappé tous les passagers. Méti a immédiatement ordonné de fuir, de faire demi-tour. Akiko lui a annoncé que c’était impossible, que nos cristaux d’énergie avaient été consumés. Il est impossible de faire marche arrière !

Bien sûr, notre pilote a supposé que c’était dû à une forte influence de l’ombre, mais cet endroit n’est ni à l’Ouhn, ni à l’ombre : il est juste mort. Sans les modifications d’Allistair, nous n’aurions jamais atteint cet endroit. Sans ma participation alchimique, nous aurions eu de quoi fuir.

Tout ce qui compte, c’est d’aller sur la planète. Enfin ce qui s’en approche. Elle est éventrée et disloquée en morceaux massifs retenus par des charges d’énergie. La puissance de l’être qui empêche ce monde d’exploser est incroyable.

En bas se trouve le centre de la toute première civilisation, la planète capitale de l’empire d’Akilesh. Pas celle des histoires de Sebekk ! Plus ancienne, plus terrifiante. C’est ici que tout a commencé : la vie, la mort, la haine qui menace la survie de l’univers.

Je dois en trouver la cause et cela signifie fausser compagnie au groupe.

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L’Impérium nous avait devancé. Une frégate modifiée : un chouette travail, mais insuffisant. Visiblement, un acolyte des ombres se trouvait à bord. Le fait qu’il s’agisse d’un inquisiteur, ceux-là même qui chassent les ombres, n’est pas rassurant.

Il ne reste de l’équipage que le pilote, un individu louche selon moi, mais personne ne semble s’en inquiéter. Méti manque de prudence en l’accueillant à bras ouverts, ou peut-être que je deviens parano.

Les autres Dakshis sont descendus sur la planète. Nous devons les rattraper et mettre la main avant eux sur les archives impériales. Heureusement, je sais ce que je cherche et où je dois le trouver. La ville est immense et en ruines : avec de la chance, ils n’ont rien trouvé pour le moment.

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Méti ne semble pas vouloir descendre au sol, quant à Kshantu il veut comprendre ce que ses parents ont trouvé et pourquoi ils ont été emprisonnés. Son désir de les sauver est louable, mais il est sûrement déjà trop tard pour eux : je doute qu’ils aient donné la localisation de cet endroit sans un coup de pouce.

S’ils ne sont pas déjà morts, cela ne saurait tarder, j’en arrive même à leur souhaiter de l’être. Qu’est-ce que je deviens ? Je n’arrive plus à me supporter ces temps-ci, ni même à vraiment sourire.

Suis-je devenu un monstre ? Comment en suis-je arrivé à trouver normal et commun de penser que des gens meurent sans que je ne fasse rien pour les aider ?

Je dois arrêter de m’apitoyer sur moi-même : j’ai une mission. Même si ça me coûte mon âme, je dois aller au bout. Ne pas le faire serait bien pire. Trop génial ! Comme on dit : on a toujours le choix, jusqu’à ce qu’on n'ait plus le choix.

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Cet endroit est un cauchemar ! Une puissance alchimique a littéralement détruit cette portion d’univers. Le profane pense à une fissure d’ombre, une balafre menaçant d’engloutir tout. La vérité c’est que l’univers saigne, il souffre. Ses cris sont ceux des suppliciés coincés ici, prisonniers de leur souffrance.

Tu m’étonnes qu’ils soient tous dingues.

Les parents de Kshantu, bien qu’ils se soient juste plantés sur ce qui se passe, ont fait une vache de découverte ! Bon, d’accord, ils sont visiblement pas formés à l’alchimie, pas comme moi. Maman, Papa, qu’est-ce qui vous a pris ? Sans vous je serais comme les autres, insouciant, ignorant. Je préférerais tellement être ignorant parfois...

Arrête d’être un crétin Cha'o ! Ça c’est pour que tu relises, pense à tous ces gens qui resteront en vie si tu te foires pas ! Tu as pas le droit de renoncer parce que c’est dur ou douloureux ou que tu pleures en cachette la nuit. Qu’est-ce qu’un avenir si c’est pour ne trouver que mort et désolation ? Autant tout donner et permettre aux autres… Ouais, bon, fais ton devoir mec !

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L’arrivée de T'hom le Casti chelou et Johnny 27 le robot assassin cow-boy bizarre m’a vachement arrangé : ça rajoute du bordel et j’ai besoin de diversion. Comment T'hom se retrouve avec un automaton, alors là… Mystère. Mais il est fait pour tuer, ce truc-là. Autant garder un acide alchimique, juste au cas où il craque.

Kaeso m’a vachement mâché le travail ! Il a déclenché un foutu cirque avec le proto-Kephalé... Soi-dit en passant, je comprends mieux ce qui se passe avec Akiko maintenant.

PENSE À LE DIRE À METI CRETIN !

J’ai dû attirer les consciences avec une recette alchimique qui agit comme une balise, sans danger et facile à masquer : j’aime mon idée. Je voulais pas que mes amis aient mal par ma faute. Mais flûte de flûte ce fichu Kerem a l’œil du poisson-renard !

J’ai bien cru que j’allais devoir le tuer mais bon, j’ai réussi à le convaincre. Je sais pas si… J’ai quand même bien failli ! Faut que je me calme. Je ferais jamais ça, n’est ce pas ? Pas comme dans les flashs. Je suis pas le semeur de mort ! Je le serai jamais !

Allez, on se calme. Avec tout ça, on est descendu. Meti va chercher des info pour réparer la fissure, en fait soigner la plaie. Elle finira par capter, na. Je la guiderais bien mais y a rien qui urge. J’en ai profité pour me tirer, choper ce que je voulais et deux trois autres trucs au cas où.

Je vais pouvoir étudier ce qu’Akilesh a fait, comprendre pourquoi et comment tout ça s’est passé, empêcher qu’il recommence, pire que la plaie devienne un cancer.

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On est revenus. Je travaillais à donf quand y a eu des détonations. Johnny et Obsidian se la sont joué duel. Bien sûr, personne me dit rien à moi ! Visiblement, il l’a provoqué, et paf : l’automaton pouvait pas aller contre sa nature. Je pense qu’on lui a collé du matos genre électronique ou je sais pas, une alchimie trop bizarre ! Faudrait que je regarde ça.

Les crétins... Obsi au tas, son arc mort et Johnny en rade... Beau boulot les p’ti gars ! Et c’est moi le môme hein ?

Mais comme toujours, super Méti a rabiboché tout le monde. La reine sait toujours ce qu’elle fait. Du coup, j’ai mes infos, Méti les siennes. Maintenant, reste à savoir ce qu’on en fait et si je pourrais ne tuer personne, ou comment ne pas devenir un monstre. Parfois, je perd tellement pieds, je me rappelle plus, et Méti est soupçonneuse. Je veux pas la tuer moi ! Pourquoi je devrais ? Et je veux pas les obliger à me tuer non plus.

Maman... Pourquoi tu m’as pas mieux protégé dans ton ventre, pourquoi ? Je sais que tu veux pas me répondre, je le sais bien. Je veux juste savoir si tu savais, si tu m’aimais ?

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