Que pensez-vous de...

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« Que pensez-vous de la situation des pélicans homosexuels en Boznie-Herzégovine ?

- Et vous, si vous avancez et que je recule, comment voulez-vous ? comment voulez-vous que je vous encule ?

- D’accc. cord. Alors je vais vous laissez entre vous, je reviens plus tard, d’accord ? »

Ils ne m’ont pas répondu, ils partaient déjà dans un autre univers burlesque. Moi-même je ne les écoutais plus. En me levant du canapé et en me tournant vers le reste de la salle, je reconnus une ancienne connaissance que j’avais rencontré dans une soirée il y avait déjà bien quelques mois.

Je me dirigeais vers elle, au passage je pris, au bar, un verre de jus et un de champagne. Le jus c’est pour moi et le champagne, j’espère, pour elle. Elle est seule dans son coin alors je l’approche sans trop me poser de question, je n’envisage même pas cinquante solutions différentes pour l’aborder.

Au lieu de cela, elle me vit approcher et me fit un sourire. C’est ce type de sourire dont je n’arrive toujours pas à reconnaître, est-ce celui du plaisir de me voir, même si on se connait peu ? est-ce celui de la façade gentille totalement feinte parce qu’on n’a pas le courage ou l’envie de rembarrer la personne qui s’approche de nous ? ou est-ce un sourire profond de soulagement du « Ah ! il y a tout de même quelqu’un que je connais dans cette soirée ! Je ne vais pas le lâcher d’une semelle ! »


« Salut Marie ! Comment ça va ?

- Ça va très bien, merci, et toi avec tes études de…

- D’Histoire ! Ça va bien, merci. Ce n’est pas la joie tous les jours, mais on tient bon, hein. Il n’y a que cela à faire après tout, non ?

- Hmm. La vie est longue et le monde est grand, il y a toujours de multiples possibilités.

- Tu donnes toujours des cours d’anglais ? Ça se passe toujours bien ?

- Ça se passe toujours bien, rien de nouveau, c’est une routine que l’on s’attache.

- Oui, j’ai connu ça aussi, bon plus sobrement, je n’ai donné cours que six semaines, mais j’ai eu le temps de goûter à cette expérience. »

Un temps file durant lequel on boit une gorgée de nos verres. Je reprends la conversion avec un truc rapide.

« Je me demande souvent à quoi ça ressemble la Thèse. Du genre, tu as droit à un bureau dans le bâtiment ? Tu t’y rends souvent pour travailler ou tu es le plus de fois à la bibliothèque ?

- Houlà, le bureau n’a vraiment rien d’exceptionnel, c’est une salle petite, il y a quatre bureaux et autant d’ordinateur puisqu’on se les partage. On est six doctorantes en tout.

- Ah ! Six, c’est pas mal ! Vous vous marchez dessus des fois, non ?

- On se supporte je dirais. Quand on travaille sérieusement, on a des écouteurs aux oreilles pour ne pas être dérangé par les bruits des autres. D’autres fois on peut discuter quelques minutes.

- D’accord, d’accord… »

Après mon acquiescement poli je ne sais pas du tout quoi ajouter ou quel autre sujet enchaîner. Je manque beaucoup d’improvisation dans la situation. J’utilise alors ma roue de secours, le sujet de la soirée.

« Il est bien sympa de nous avoir invités Jojo. Et je suis content de te voir ce soir. J’espère que ce qu’il va nous montrer va te plaire.

- Moi aussi, aha ! Je t’avoue que j’ignore complétement ce qu’il va faire.

- Pareil…

- Tu ne l’aidais pas à la technique au fait ?

- Si bien, sûr. Mais ce soir je n’ai pas fait grand-chose. J’ai placé les tables et les chaises avant que les invités n’arrivent. Pas grand-chose en somme.

- Et lors de ses lives ?

- Oh bin, ce n’est pas grand-chose. J’assiste à ces lives et à la fin il m’arrive de lui donner mon sentiment. Je m’attarde sur la forme.

- Par exemple ?

- Par exemple… hm… Ah oui, par exemple je lui ai fait la remarque pour la citation des livres. On cite le titre, l’auteur et les éditions quand on veut faire les choses bien. Et s’il donne une citation, on indique la page. C’est mon passif d’historien qui parle… la méthode… la présentation.

- C’est bien ça !

- Ça l’est. »

On s’échange un sourire. Là encore je ne sais pas s’il est fondamentalement franc. Le mien non plus par ailleurs.

Et je remercie que je remarque du coin de l’œil quelqu’un qui essaye d’utiliser l’ordinateur pour projeter quelque chose. Je vais aller l’aider en souhaitant une bonne soirée à mon interlocutrice.


Après quoi la soirée commence, nôtre hôte nous invite à prendre place alors je vais rejoindre ma place. Cette place que j’avais quitté à côté de ces deux rigolos qui, quand je reviens vers eux, s’échangent encore quelques paroles :

« Pense-tu que l’on peut dire à un vers à soie qu’il tisse un mauvais coton ?

- Probablement, probablement… Et à une ombre qu’elle n’a pas la lumière à tous les étages ? »

Je n’avais aucun doute que ces deux-là passaient une bonne soirée.

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