Et il poussa un râle d'agonie

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 Et il poussa un râle d’agonie. C’était là ses dernières paroles. Après quoi son corps s’effondra dans la boue et il ne fit plus jamais le moindre geste. Mais que cet inaudible soupir ne soit pas ce que vous retiendrez de lui ! Ses dernières paroles étaient « A la guerre ! A l’assaut ! ». Il poussait cette exclamation et elle nous prenait tous, elle traversait les rangs comme un vent frais qui vivifiait le cœur. Nos sens étaient approvisionnés de courage et d’énergie nouvelle. Nous étions prêts pour la bataille à venir.

Tandis que le corps de notre grand Capitaine traine sur le champ que des milliers de paire de botte a remué, je vais vous brosser son portrait. Il est entré petit dans les ordres militaires de Gimlé et il n’est sorti du monastère que pour répondre à la guerre et batailler. Il a participé à la bataille des Champs Verts en l’an 458. Il a secouru le roi en mauvaise posture, en récompense de quoi il a obtenu ses premiers grades dans l’ordre, d’apprenti il devint aspirant puis très vite adjudant. A ce nouveau poste obtenu en 467 il avait en charge l’entrainement au corps à corps des recrues. Il assura cette responsabilité dix ans avant d’être reconnu par son ancienneté et de gravir l’échelon suivant, celui de chevalier. Le jour de sa nomination, la guerre éclata de nouveau avec le royaume de l’est et il parti avec l’armée. Il commandait le flanc gauche à présent. Il avait pour second un homme que vous connaissez tous, Raoul, le patron de votre couvent. A la bataille de Durlan, un petit village près de la frontière entre les royaumes en guerre, son génie militaire fit de cette escarmouche une victoire éclatante. Ses troupes sous son commandement ont percé les défenses, pourtant de réputation impénétrable, dès le premier choc. La bataille a ainsi tourné court. Notre héros du jour reçu les plus grands insignes que le Roi pouvait offrir, la médaille du mérite militaire et la nomination au grade de Capitaine de l’ordre de Gimlé. Il avait 38 ans, nous étions en 477.

Vous pouvez encore voir la médaille sur le corps refroidissant du Capitaine. Vous remarquerez aussi que l’armure qu’il a est celle typique de son grade. Le plastron de plate grise polie comme si elle devait briller au soleil. Le haubert de maille en dessous et une chemise de lin en justaucorps. Les armoiries royales apparaissent sur le devant et aussi sur les épaulettes. Celles-ci sont en fer un peu plus léger que les plates. Les gants et le reste de la protection des bras est du même acabit. Enfin pour les jambières, les cuissardes et les bottes, souvent les Capitaines harmonisaient l’armure complète, ce Capitaine là préféra changer pour du cuir du pantalon aux chausses, facilitant ses mouvements. En effet, la leçon qu’il enseignait souvent à ses recrues le premier jour était le jeu de jambe. Disait-il, le placement des pieds à terre et le déplacement des jambes dans le combat augure la vie ou la mort. Être agile et précis dans le mouvement serait la base de la guerre.

Vous serez tenté de ne pas croire en la leçon de ce héros de guerre, puisque vous l’avez devant vous étalé à terre. Il a pourtant occis plus d’ennemis que vous envisageriez de faire sur plusieurs générations !

Comme tous ses pairs ce jour-là, le grand Capitaine mourut en l’an 500, à l’âge de 61 an, lors de la bataille des Plaines Acides. Cette bataille tient son nom, oh ! vous pouvez le voir dès à présent, parce que la terre fut tellement retournée par les soldats qu’elle avait secrété une sorte d’acidité qui rongea très rapidement les armures des morts. Après les armures, leur corps. Vous apercevez l’armure attaqué par ce liquide verdâtre. Vous pouvez maintenant voir quelques gouttes pénétrer les mailles puis passer les cerceaux et entamer la chemise. Après quoi le corps. Il sera rongé comme cela entièrement, de la racine des cheveux jusqu’à la plante de ses pieds. Il n’en restera plus rien d’ici quelques minutes.


 Malheureusement les images s’arrêtent ici. Nous avions la vision sur notre grand Capitaine par les yeux d’un des soldats morts à côté de lui. Mais ce soldat a lui aussi été agressé par l’acide. C’est pourquoi le film s’arrête ici.

Cette technologie est ingénieuse et permet d’avoir des images tellement magnifiques des grands faits de notre histoire. Pouvoir voir au travers des yeux de certaines personnes il y a bien des années c’est une chance immense.

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