Je marche !

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Estelle et Ingrid passèrent comme prévu, bien avant le rendez-vous. Elles prirent le thé avec Julia, Justine, Allie et moi dans le petit salon. Officiellement, il s’agissait de me soutenir, au cas où j’aurais à affronter une mauvaise nouvelle. J’espérais voir disparaître définitivement mon attelle afin de pouvoir me déplacer librement.

Pour m’occuper l’esprit, Estelle demanda si le roman avançait. Je répondis que j’avais matière à continuer. Plusieurs pages de notes n’attendaient que de trouver forme. La conversation cessa brusquement lorsque l’intendant frappa à la porte. Attentive au moindre bruit, j’avais failli lui ouvrir moi-même à cloche-pied.

Mes amies assistaient comme moi au dépeçage de l’attelle. Ma première impression porta sur une jambe passablement amaigrie. Le médecin m’invita à me lever à condition de m’appuyer essentiellement sur la jambe valide. Allie me soutenait. Il testa la solidité de l’os. « Tout va bien, dit-il. » Satisfait, il palpa le mollet. « Tout est normal. Il reste à fortifier tout ça. »

Il énuméra une longue liste de précautions à prendre et d’exercices à suivre. Hors de question de marcher tout de suite, juste poser le pied à terre, afin d’habituer la jambe.

— Elle ne vous a pas attendu pour se déplacer toute seule, clama Julia. Elle est capable de parcourir la plaine en sautillant sans s’arrêter et sans tomber.

À n’en pas douter, le praticien comprenait la référence.

— Peut-être pas la plaine, fis-je.

— La princesse possède cette réputation, nuança élégamment le médecin, faisant diplomatiquement référence à mes fugues ou aux nombreuses occasions où, naguère, j’arpentais les collines à dos de cheval. Elle gagnera cette nouvelle bataille.

Il prit congé. À peine avait-il quitté les lieux que je sautai de joie. Sur un pied évidemment. Par crainte, mes amies se précipitèrent pour me soutenir toutes ensemble.

.oOo.

Une énergie nouvelle m’habitait. En capacité de marcher, j’aurais sans doute arpenté le royaume durant des jours.

Cassy nous avait quittées. Julia et Lucette prévoyaient de rentrer chez elles, quoiqu’elles ne cessaient d’évoquer les ménestrels. La tempête affaiblie, ces derniers avaient rejoints la côte ouest, où Krys se trouvait encore avec ses troupes.

Nous scrutions les environs depuis le balcon. Afin d’occuper mes amies, je leur prêtai ma longue-vue. Sur le moment, seule l’attitude du peuple m’intéressait.

Dans la ville, chacun vaquait à ses occupations. Tout paraissait paisible. Les gens se saluaient lorsqu’ils se rencontraient. Des carioles chargées de victuailles, poteries, lingerie et matériaux de toutes sortes irriguaient un commerce déjà florissant. Les échanges entre capitale et cités du royaume n’avaient pas cessé.

La guérison approchait. Mes promesses me revinrent en mémoire. Le meurtre de mon père, la préméditation du coup d’État, les complots de toutes sortes, j’avais hâte de connaître la vérité. Et, alors que Krys s’échinait à protéger les villages frontaliers, l’esprit revanchard des Galiens les amènerait à fouler notre sol tôt ou tard.

J’espérais le plus tard possible.

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