Malden - 1.3

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Le hangar de la brigade était une structure froide d’acier et de briques ou les hommes paraissaient petits. Le sol de dalle était couvert d’une fine pellicule de poussière ou de résidus provenant du travail manuel des hommes sur les nombreux véhicules. Des détails aussi bien visuel qu’olfactif en piquant le nez d’Alek.

Cà et là les quelques flaques d’eau provenant des ouvertures du toit se mêlaient au pétrole qui avait coulé de certains fûts empilés dans d'impressionnantes pyramides. La vaste surface composait un vrai labyrinthe qui grouillait d’activités. De nombreuses caisses, barils et autres contenants grignotaient l'espace, les hommes de la brigade sortaient armes, munitions et rations pour préparer le voyage à venir.

D’imposants piliers étaient répartis à intervalles réguliers dans les lieux tels d’innombrables arbres qui supportaient de leurs branches d’aciers le haut et distant toit en dent de scie qui finissait la structure du hangar.

Malgré l’obscurité qui s’abattait sur la cité nation, sur le hangar, l’endroit ne désemplissait pas et l'activité des soldats ne faiblissait pas. Bien au contraire, les hommes au travail étaient éclairés par les lampes à pétrole ou par les outils et chalumeau qui émettaient des halos de lumière orangée dans d’impressionnantes gerbes d’étincelles. Chaque unité utilisait ce dernier moment de calme pour travailler sur les transports, sur leurs chenillards avant le départ.

Ces mastodontes d’aciers étaient les bêtes de somme de l’armée impériale. Des véhicules, des maisons et parfois même les cercueils de leurs équipages et unités. Chacun de ces véhicules était usiné sur un même châssis de deux grosses chenilles latérales, un moteur central et un important espace d’activités intérieur protégé par la carapace d’aciers de l’engin. La différence entre les véhicules de la brigade résidait dans les modifications et spécifications de chaque unité. Certains avaient aménagé sur la partie supérieure des espaces protégés tel un second étage comparable aux tours crénelés des châteaux de l’ancien monde. D’autres encore avaient installé armes ou canon, voire laisser le toit libre pour gagner en résistance.

Ceci s’ajoutait aux dessins, équipements, bagages qui recouvraient les engins ainsi que les précieuses plaques de blindage ou d’acier monnayés par les hommes au travers du jeu des rois*.

Des rails d’aciers couvraient le sol, le toit et des draisines et grues zigzaguaient dans le hangar pour transporter l’équipements ou pétrole, demandés par les équipages. Les pilotes de ces engins rivalisaient en agilités pour ne pas écraser les soldats qui grouillaient au sol et qui ne faisaient pas attention à ce qui se passait autour d’eux.

Malden qui avait quitté l’allée principale du hangar avançait dans un espace dégagé qui créait une sorte de chemin parallèle moins occupé, mais loin d’être désert. Il ne faisait pas exception à ses camarades et ne s‘occupait pas du ballet aérien que composaient les grues autour de lui. Il progressait dans une allée former de piles de caisses où il naviguait son attention prise par ses camarades de la brigade qui se pressaient tout autour de lui et qu’il essayait d’éviter.

Tandis qu’il arrivait à une sorte de croisement, il fut tiré en arrière par une voix l’appelant. Une grue du toit se stoppa face à lui dans un crissement de roue aigus. Un chargement de caisse se tenait à présent à la place qu’il occupait plus tôt et qu'il aurait été douloureux de rencontrer.

— Faite un peu attention là-haut, ces obus sont destinés à l’union et non pas à l’un de nos officiers ! fit l’homme qui avait alerté Malden.

Le pilote de la petite grue coulissante assis dans son siège déporté, comme suspendu dans le vide, fit un signe de main pour s’excuser et activa ses nombreuses manettes pour faire repartir son engin. Il émit un petit nuage noir lors de son départ.

— Alors lieutenant, toujours pas rentré ? fit le visage amical du médecin de son unité répondant au nom de Milo.

— Je me suis dit que j'allais voir si tout se passait bien avant de partir.

— Vous faites bien, entre Padduck qui bricole tout et n’importe quoi. Et Colm qui essaie d’escroquer les autres membres de la brigade, ça s'annonce encore mouvementer avant le départ.

— Il faut bien qu’ils s’occupent, tu as l’heure ?

Milo qui avait remis ses petites lunettes rondes en place sur son nez sortit alors une montre de sa poche et la montra à son officier. Les aiguilles indiquaient dix-neuf heures. Malden n’était pas en retard, mais il ne pouvait se permettre de perdre trop de temps.

— Un repas de famille ?

— Tout juste, mais un crochet à la maison des Ombres s’impose avant.

— Vous faites bien, on aura besoin de toute l’aide possible.

Malden acquiesça et continua à progresser jusqu’à ses hommes accompagnés par Milo. Le médecin était un bourgeois d’une des familles des niveaux intermédiaires, inférieurs aux nobles. En tant qu’aîné il avait suivi des études en médecine coûteuse aux frais de son père qui le destinait à encore plus de richesse. Mais la nouvelle conscription avait désigné son petit frère de seize ans comme appelé volontaire et ne se résignant pas à le voir partir si jeune il avait pris sa place. Au grand dam de son paternel qui ne lui avait d’ailleurs pas pardonné.

Milo était devenu avec le temps l’un des hommes de confiance de Malden, un ami en soi et des plus cultivé qui plus est. Les deux hommes qui avaient marché quelques minutes depuis leur péripétie avec la grue arrivèrent en vue des véhicules de l’unité.

Comme il s’en était douté, les hommes étaient encore en plein travail. Les chenillards étaient envahis par une horde de soldats. Le chef mécanicien du groupe agenouillé sur l’une des chenilles éclairées par la lumière de son chalumeau se leva à l'approche de Malden. Il portait uniquement un tablier de cuir par-dessus son marcel blanc et il enleva son masque d’acier pour saluer les deux hommes en approche.

*Le jeu des rois est un jeu de cartes bien connu dans la cité nation et plus généralement l'Empire. Le classement se fait par ordre d’importance et les pus éminentes familles nobles sont représentées ainsi que l’empereur sont représentés sur ces petites effigies tous répartis en cinque familles.

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