Alek - 4.3

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Doucement, doucement… fit Alek tandis qu’Amicia se redressait lentement sur sa civière aidée par son coéquipier.

Combien de temps ? articula-t-elle d’une voix faible.

— Un peu plus de deux nuits, lui rétorqua le magister.

Comme rassuré par la réponse de son ami et coéquipier, Amicia se remit à bouger. Sa civière était posée sur une petite partie bordant le bassin. Un espace surélevé qui lui permit de s’asseoir épaulé par Alek qui lui tendait sa main. Se tournant sur son brancard, elle garda la sienne sur le linge qui recouvrait en partie son corps.

— Je vais chercher tes affaires, dit Alek en voulant la quitter, mais Amicia retint sa main pour l’en empêcher.

— Pas besoin de se presser autant, parvint-elle à articuler en ayant un souffle un peu coupé comme pour expulser toute la tension qu’elle avait ressentie à son réveil.

C’était compréhensible, elle venait juste de reprendre ses esprits et commençait à peine à avoir les idées claires.

— Une présence humaine et chaude est ce dont j’ai besoin.

Alek accepta bien volontiers et attendit à côté d’elle en lui donnant tout le temps dont elle avait besoin. Tous deux restèrent ainsi jusqu’à ce qu’Amicia fut la première à bouger.

La sentant vouloir se lever, non par ses pouvoirs mentaux, mais par la connaissance de ce moment déjà vu et vécu, il l’aida. Elle se mit debout faiblement et Alek la fit tenir sur ses jambes bien tremblantes en lui offrant son soutien. Elle lui sourit en retour pour le remercier avec son visage si blanc. L’aidant à marcher sur le carrelage, il observait ses pieds nus parcourir ce sol. Un sol qui aurait glacé les pieds de chacun en vue du froid ambiant, mais elle ne rechigna pas.

Progressant au rythme d’Amicia, Alek accéléra à mesure que son équipière reprenait petit à petit le contrôle de son corps pour marcher presque correctement. Tous deux se dirigèrent ainsi vers le fond de la salle et la rangée de casiers d’acier qui recouvrait le mur. Balayant les petits supports qui comprenaient des papiers d’identifications, ils recherchèrent le nom d’Amicia.

Le trouvant en premier, Alek qui aidait toujours Amicia à marcher la fit rejoindre son casier. Quittant Alek qui lui avait servi de soutien, elle le laissa sortir ses habits du casier situé en hauteur tandis qu’elle s’appuyait contre le mur. Quand il eut fini de les poser sur un tabouret non loin, elle le gratifia d’un petit signe de tête en souriant.

Sachant pertinemment ce qu’elle voulait dire par là, Alek qui s’était éloigné se retourna pour lui laisser un peu d’intimité dans cette partie plus déserte des bassins. Mais tandis qu’il l’entendait s’habiller, Alek céda à la petite voix qui lui disait de tourner la tête. Il abdiqua face à cette dernière, il se laissa regarder Amicia.

Son corps, jeune et athlétique, était renforcé par le froid dans lequel elle avait été plongée. Ses cheveux noirs, habituellement coiffés et tressés en arrière, descendaient cette fois dans son dos et recouvraient partiellement les tatouages violets qui couraient sur sa peau.

Sentant le regard de son camarade se poser sur elle alors qu’elle s’habillait, Amicia tourna légèrement la tête elle aussi, mais vit Alek déjà retourné après avoir volé un dernier regard. Consciente de ça, Alek ne sentit nulle pensée de gêne ou d’énervement de la part d’Amicia. Ne réagissant pas, elle finit de s’équiper et une fois cela fait, se dirigea vers Alek.

Entendant ses bottes sur le sol de dalle, Alek se mit à marcher à ses côtés lorsqu’elle le rejoignit.

— Alors, quoi de prévu aujourd’hui ?

— Pas trop d'activités demandant de gros efforts, je te rassure.

— Pas de course-poursuite effrénée et de combats ?

— Heu... non.

— Ha, alors enfin une journée plus tranquille…

— Je te pensais aventureuse, fit Alek en tenant la lourde porte d’entrée pour laisser sa camarade monter les escaliers.

— Après un passage au bassin, on apprécie d’autant plus une journée calme.

— Tu m’étonnes.

Tous deux commencèrent alors à monter les longs escaliers, au rythme d’Amicia qui ouvrait la marche en se tenant à la rambarde pour s’aider. Grimpant les marches une à une sous la lumière orangée des lampes, ils progressèrent un bon moment.

Mais leur arrêt ne se fit pas au premier étage du collège. Amicia arrivant à un embranchement dans les couloirs sous-jacents des lieux se dirigea vers un couloir et une porte gardée par deux hommes en faction.

Ces derniers, reconnaissant les insignes et habits des deux arrivants, leur ouvrirent le passage sans poser de questions. Les deux magister entrèrent alors dans un sas qui fut clos des deux côtés lorsque la porte d’entrée se referma derrière eux.

Ainsi, en attente dans cet espace de transit, Alek regarda un homme derrière des grilles de protection. Cette seule personne étrangère aux deux magister dans la pièce frappa contre le mur bordant sa gauche et bientôt la seconde porte de l’endroit s’ouvrit lentement face aux deux arrivants.

— Tu es prête ? lui lança Alek avant qu’il ne rejoigne les cellules et salles d’interrogatoires du bâtiment.

Acquiesçant pour lui donner sa réponse, Amicia fut retenue par la main d’Alek quand elle voulut avancer. Étonnée, elle lui lança un regard remplaçant bien toute question et Alek passa sa main sur le sourcil de la magister en y enleva les dernières traces de glace, de givre sur son visage.

Remerciant Alek d’un signe de tête, tous deux bougèrent et traversèrent la porte ensemble.

L’endroit était composé d’une volée de portes d’aciers, de cellules bordant le chemin. Au contraire des passages qu’avait pris Alek en descendant, ce lieu était entièrement clos et sécurisé. C’était l’endroit de détention des plus dangereux locataires des lieux en vue des nombreuses allégeances de ces hommes de main.

Saluant au passage les gardes lourdement équipés qui patrouillaient, Alek écouta sa coéquipière lui parler à nouveau.

— A-t-on pêché quelques bonnes prises avec tout ça ?

— La garde a déjà fait le tri, ils nous ont laissé le meneur de la petite troupe, un des hommes de « Taille-pierre » . Pas un grand décideur bien évidemment, mais on ne sait jamais, il pourrait peut-être avoir des pistes pour notre enquête.

— Qui ne tente rien n’a rien, hein ?

— C’est l’idée.

— En tout cas, si ce suspect s’avère être inutile, alors tu m’en devras une

— Quoi tu as peur que l’on soit dans une impasse après tout ce qu’on a fait, ai un peu de foi en moi. Ou au moins en les trois.

— En les trois, ça, c’est sûr…

— Alors là, tu es dur.

— Encore une chose...

Étonnée, Amicia attendit qu’Alek s’exprime.

— Je suis… désolé pour tout ça.

— Quoi tu as cru que c’était fini pour moi quand ils m’ont embarqué ? Ça t’aurait arrangé hein...

— Non… non, répondit-il en souriant. Mais je suis sérieux en disant ça.

— Je le sais bien voyons, allez vient.

Alek, ouvrant la nouvelle porte face à eux, il laissa passer Amicia en lui emboîtant le pas en refermant derrière eux. Tous deux venaient d’apparaître dans une nouvelle salle de transit. Non pas délimiter par deux grosses portes d’acier inamovible comme avant, mais par une petite porte qui se tenait derrière un homme assis.

Cette personne, qui devait attendre depuis déjà un moment les deux magisters se dirigea vers eux après s’être levé face à leur arrivée. Son visage âgé et sévère trahissait son rang. Arborant une moustache travaillée sur sa tête dégarnie, il était habillé dans un accoutrement proche de celui des deux magisters.

Mais ses habits, plus travaillés, décorés par des insignes informaient sur la nature de l’homme.

Le supérieur d’Alek et Amicia, le maître d’armes Kaeso.

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