Lèvius - 2.2

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Lèvius descendit le restant des marches en faisant attention, il arriva au premier étage du manoir.

Les escaliers donnaient dans le large vestibule où les parois de bois ouvragés étaient décorées tour à tour par des tableaux et autres œuvres d’exceptions. Les conduites de gaz ou de pétrole étaient, elles, visibles sur la fin des murs juste avant le plafond où prenaient d'ailleurs place des lustres impressionnants et travaillés qui éclairaient les vastes lieux.

Le Baron avança dans cet espace d’accueil et prit le couloir partant sur sa gauche pour quitter l’entrée et sa grande porte. Saluant les serviteurs sur son passage, Lèvius progressait dans cet interminable passage et longeait les fenêtres sur sa droite. Ces dernières donnaient sur la cour principale du domaine et la fontaine sculptée en son centre. L’attelage qu’il avait utilisé pour revenir de l’assemblée impériale s'y tenait toujours et des employés s’occupaient de préparer l’engin pour son stockage dans l’un des hangars des dépendances.

Après avoir progressé dans le couloir et reporté son regard vers sa gauche, Lèvius longeait un mur où se répétaient portes et décorations. La plupart des entrées étaient fermées et silencieuses. Lèvius s’engagea dans la première pièce ouverte, celle d’où provenaient discussions et rires. Celle d’où émanait une chaleur humaine. Il passa le vestibule. Le Baron Devràn arriva dans la salle à manger du manoir ou une bonne partie de sa famille attendait pour dîner.

— Ha, Lèvius, content que tu te joignes enfin à nous.

— Je n’allais quand même pas venir trop tôt et vous gêner pendant vos débats et commérages, dit-il à Alina. N'est-ce pas ma fille ? ajouta-t-il à destination de cette dernière.

— Pourquoi une si piètre estime de moi père, répondit Louise dont le sourire premier s'était effacé.

— Ta mère déteint juste sur toi à moins que ce soit son héritage, dit Lèvius le regard complice.

Puis tous deux rirent.

— Quel humour Baron, fit Alina.

— Je fais de mon mieux malgré l’âge.

Lèvius Devràn accrocha sa canne sur le dossier de son siège pour prendre place. La salle à manger était une pièce aux proportions plus qu'importantes. Comme souvent dans le manoir, le sol était fait d’un plancher clair et rare, le type de bois que l’on pouvait qualifier « d’exotique » chose peu courante dans la cité nation. Le laquage était net et luisant après le passage des servants qui avaient dû préparer l'endroit durant la journée.

Comme preuve ostentatoire de la maisonnée, le mobilier de la pièce était quasiment fait de bois aux tons et sculptures diverses. Les chaises, au nombre de sept, n'étaient pas entièrement occupées. Lèvius présidait le repas de sa position isolée à l’extrémité tel que le voulait la tradition pour le maître de famille qu'il était. Alina se tenait à sa droite suivie de Louise et face à elles prenaient place les jumeaux. Vilius et Paul

Vilius l’héritier des Devràn avait les cheveux brun foncé plutôt courts et coiffés sur le côté. Le regard froid comme en accord avec sa personnalité. Paul quant à lui, presque à l’exact opposé de son sosie, était quelqu’un de spontané et amical. Il avait une crinière mi-longue peigné en arrière et les mêmes yeux marron que Vilius, leur père et les différents membres de la famille.

Les sièges ainsi occupés ou vides entouraient la vaste table composé d’une dalle de marbre chargé d’assiettes, verres et autres couverts aussi nombreux que variés. Le lustre éclairait la pièce de sa lumière vive.

— Tout s’est bien déroulé à l’assemblée ? reprit Louise de suite réprimandée par le regard de sa mère proche.

— Si par bien se passer tu veux insinuer se faire piéger, disons que oui. Enfin pour nos adversaires.

— Vous emmènerez bientôt Vilius avec vous, non ? songea Paul.

— J’avais en effet promis de l'y conduire une fois adulte, votre anniversaire est dans quelques mois après tout.

— Alors Vilius, prêt à te frotter à la politique, fit Louise d’une voix bien sarcastique.

— Si ça doit être fait, répondit l'intéressé d’un ton bien neutre.

— Ce n’est pas une question de désir, fils, mais un devoir. Tu es l’héritier des Devràn, que tu le veuilles ou non.

Leur mère les avait trop gâtés, Lèvius en était sûr.

Ces enfants ne semblaient pas comprendre l’importance de leur rôle. De leur famille et des conséquences de leurs actes. Notamment Vilius qui avait comme principale occupation de n’en trouver aucune et de rejeter sa place de successeur, sa responsabilité. Alek était venue au monde en tant que premier fils, mais ses aptitudes d’arcaniste lui avaient fait perdre sa perspective de recevoir le titre de Baron. Le premier des deux jumeaux à naître fut ainsi choisi de facto pour héritier, mais par un coup du sort ou malchance celui des deux qui était apparu en premier n’avait pourtant aucune envie de politique. Il était froid, distant et n’avait soit dit en passant pas de désirs tout simplement.

Le second des frères, lui, s’était fait à son rôle et futur. Il avait abandonné toute idée de pouvoir et ne se destinait qu'à aider la famille de son humble place. Vilius et Paul étaient tels le jour et la nuit, deux personnes si différentes. Si Paul avait été un choix d’héritier préférable, c’est bien Malden que son père aurait vu comme le meilleur d’entre tous. Malheureusement la guerre l’appelait et il était le plus jeune. Le plus inexpérimenté et pourtant le plus mature de ceux présents.

— Notre Empire pour un peu de paix, hein, Vilius ? fit Paul d’un ton moqueur en donnant un petit coup de coude à son jumeau.

— Du respect, fit Alina en entrant à nouveau dans la discussion.

Vilius échangea un regard bien sombre avec son frère, il n’eut pas le temps de s’exprimer que des pas retentirent alors proche de la pièce. Les serviteurs apparurent un à un en apportant le premier plat. Se plaçant derrière chaque occupant et siège des absents de la table, les arrivants posèrent à l'unisson leurs assiettes. En un ballet chorégraphié où chaque détail avait son importance. Ils se reculèrent tous et laissèrent le vieux et grisonnant intendant du manoir parler.

— Ballottin de volaille sur son lit de salade, fit Agathon de sa voix forte.

Salué d’un signe par le Baron, il s’éclipsa suivi par la foule d'employés qui quitta la pièce bien respectueusement.

Alors que tout le monde s’apprêtait à manger, Lèvius prit la parole.

— Paul, veux-tu réaliser la prière avant de commencer ?

Acquiesçant, le jeune homme s'exécuta, tandis que le reste des présents baissait la tête en fermant les yeux.

— Béni soit ce repas par les Dieux. L'abbaye de Kenneth qui nous garde de la sauvagerie. Le temple de Sol qui fait tourner notre cité d’acier. Et loués soit le temple d'Ashai, la mort qui nous a accordé cette journée supplémentaire.

Une fois trois des plus importantes religions remerciés, la famille mangea. Autour des assiettes se tenait une foule de couverts destinés spécifiquement à chacun des plats finement mise au point par le chef et ses servants des immenses cuisines en sous-sol.

L’entrée avait été faite avec soin, chacun des aliments présents était rare. La nourriture était peu diversifiée dans la cité nation. L'essentiel des denrées venait des innombrables fermes souterraines d’Aldius qui permettaient à de grandes quantités d’être préparés, mais avec peu de variété. Seules les colonies spécialisées dans les vivres offraient à des mets plus précieux et absents des tréfonds de la ville d’acier. De la nourriture vendue bien évidemment à prix d’or. Le plat d’entrée représentait ainsi ces divers horizons de par sa conception mêlant aliments rares et communs.

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